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Afrique du Sud : ouverture du ciel et décollage du tourisme

En 2013, Israël avait signé un accord «Ciel ouvert» (Open sky) avec l’Union Européenne. Les objectifs étaient d’augmenter le nombre de compagnies aériennes étrangères opérant dans le pays, accroître le nombre de routes desservies, réduire les tarifs et stimuler le tourisme.

Depuis, le nombre total de billets internationaux d’Israël a augmenté de 46% entre 2012 et 2016, passant de 6 441 569 à 9 399 299. La capacité a encore augmenté pour atteindre un record de 11 041 535 en 2017. Imaginez ce que Open Sky pourrait apporter à l’industrie du tourisme en Afrique du Sud !

Une ouverture fructueuse

Cette croissance incroyable peut être attribuée aux transporteurs à bas prix (low cost) entrant sur le marché, grâce à un cadre institutionnel plus propice. EasyJet est devenue la troisième compagnie aérienne la plus active de l’aéroport Ben Gourion. Les compagnies grecques Aegean Airlines, hongroise Wizz Air, turque Turkish Airlines et la compagnie aérienne russe Aeroflot ont toutes enregistré une hausse significative de leur nombre de passagers.

Le succès d’Open Sky a même permet d’évoquer une éventuelle ouverture à des vols (de compagnies aériennes étrangères) sur des lignes locales dans le pays, par exemple, entre Tel Aviv et Eilat. Ces compagnies aériennes pourraient également être autorisées à établir à l’avenir des bases d’intervention locales dans les aéroports israéliens.

Les voyageurs israéliens : les grands gagnants

Ce sont les voyageurs israéliens qui ont bénéficié du plus fort impact. Avec l’augmentation du nombre de compagnies aériennes à bas coûts, opérant à partir d’une plus grande variété de sites étrangers, les Israéliens ont pu voyager moins cher, ce qui leur a permis d’augmenter leur qualité de vie et de dépenser davantage dans leurs activités sur les lieux de séjour. Plus il est facile pour les gens de voyager en provenance et à destination d’un pays, plus grandes sont les chances qu’ils utilisent leur argent pour le faire.

L’Afrique du Sud, avec son industrie touristique qui ne demande qu’à être libérée, pourrait voir une croissance incroyable des voyageurs étrangers et profiter de la création d’emplois si elle optait également pour l’Open Sky.

Des réticences

Dans un premier temps, les compagnies aériennes israéliennes ont été réticentes à l’ouverture parce que l’accord signifiait plus de concurrence de la part de leurs homologues européens. Quand une industrie n’est pas étouffée par des réglementations gouvernementales, des restrictions et des coûts bureaucratiques, la concurrence accrue signifie que les entreprises qui étaient auparavant protégées doivent améliorer leurs services et leurs produits, et faire de leur mieux pour baisser leurs prix .

Notant les inquiétudes des compagnies aériennes locales en Israël, les autorités ont mis en œuvre le programme Open sky en plusieurs étapes avec une deadline qui se terminait en 2017. Les compagnies aériennes ont ainsi eu le temps de s’adapter à une concurrence accrue et de régler les problèmes de sécurité qui augmentent les coûts de fonctionnement en Israël. Désormais, la plupart des contraintes imposées aux compagnies aériennes étrangères ont été levées.

La pluralité des offres pour la quiétude des passagers

En Afrique du Sud, il existe une poignée de compagnies aériennes privées qui arrivent difficilement à survivre, enserrées dans un environnement où le gouvernement maintient artificiellement South African Airways à coup de subventions. Ce choix est peu stratégique car la concurrence et la présence d’un secteur privé fort est un avantage. Prenons l’exemple de l’effondrement récent de la compagnie SAX (Kenya) qui aurait pu être désastreux pour ses passagers.

C’est le secteur privé, avec les compagnies Comair, SA Airlink et de quelques autres plus petites, qui a repris tout les horaires de SAX du jour au lendemain pour assurer la continuité du service. Alors que les passagers auraient pu avoir des vols retardés ou bloqués, la situation est restée fluide grâce à l’existence d’une offre diversifiée offerte par la dynamique du secteur privé, pourtant souvent condamné.

Le succès d’Open Sky en Israël ne peut être contesté. En 2016, 17,3 millions de passagers internationaux ont transité par l’aéroport Ben Gourion, contre 12,4 millions en 2012. Sur les quatre premiers mois de 2017, le trafic des passagers a augmenté de 20% par rapport à la même période en 2016. En avril 2017 l’aéroport Ben Gourion a reçu 25% de passagers supplémentaires qu’en avril 2016.

En Afrique du Sud, la concurrence limitée dans l’industrie du transport est regrettable. Le gouvernement devrait adopter une politique Open Sky et faciliter autant que possible l’exploitation et la compétitivité des compagnies aériennes locales et étrangères. Cela se traduirait par plus de choix et de meilleurs prix pour le voyageur sud-africain, tout en stimulant le tourisme.

Chris Hattingh, analyste pour The Free Market Foundation

Article publié en collaboration avec Libre Afrique

Ruth Dresselgn Deneka, « autonmiser les jeunes »

Ruth Dresselgn Deneke, Ethiopienne, mène une double vie. Pharmacienne de son métier, elle s’est investie, auprès de multinationales opérant dans l’industrie pharmaceutique, afin de faire reculer le diabète dans son pays et en Afrique. C’est par ailleurs une femme engagée au sein de nombreuses associations et club, en faveur de l’autonomisation des jeunes notamment..

Parlez-nous de vous, Ruth. Où commence votre histoire ?

Mon histoire est simple. Je suis née et j’ai grandi à Addis-Abeba, en Éthiopie, au milieu de bouleversements, d’un environnement politique instable, de difficultés économiques mais avec une caractéristique déterminante au sein de mon peuple : l’espoir. Des jeunes pleins d’espoir qui, malgré les obstacles rencontrés par le régime post-communiste, créeraient des entreprises ingénieuses, rechercheraient des idées novatrices et, surtout, travailleraient ensemble pour une vision d’un avenir meilleur. Cet espoir a défini mes années de formation. Cela m’a poussé à m’impliquer davantage dans mon entourage. Cela m’a laissé penser que je pouvais avoir un l’impact sur mon environnement en devenant une militante et un membre proactif de ma communauté. C’est pourquoi je me suis donnée pour mission de travailler avec les jeunes en faveur de l’autonomisation à travers des organisations internationales et panafricaines. Cela a été possible grâce à mes études à l’Ecole nationale indienne et plus tard à School of Tomorrow. J’y ai trouvé l’opportunité d’apprendre une langue étrangère, l’anglais, et de regarder le monde différemment grâce à la diversité de ceux qui m’entouraient. C’est pourquoi j’aime passionnément voyager, vivre dans de nouveaux endroits, autour de personnes de différents horizons, de nourritures et de cultures multiples. Après mes études secondaires, j’ai poursuivi mon engagement dans les causes sociales et j’ai choisi une formation qui pourrait avoir un impact. J’ai obtenu une licence en pharmacie (BPharm) à l’Université d’Addis-Abeba et je suis devenu pharmacienne. J’ai ensuite commencé à m’engager professionnellement dans le secteur de la santé, en mettant l’accent sur le diabète, l’anémie et la nutrition maternelle et infantile.

Vous avez axé votre carrière dans l’industrie pharmaceutique. Pourquoi le choix de ce secteur?

J’ai réalisé, à travers tout le travail que j’ai fait dans les communautés, que l’impact sur la société ne se résume pas au militantisme, ni à essayer de changer le statu quo. L’impact peut être créé en rendant les systèmes efficaces et efficients. De plus, j’ai pris conscience à l’université que le secteur pharmaceutique a des répercussions qui sauvent des vies. Je crois que la santé d’une société a une incidence sur l’économie d’un pays et, par conséquent, je voulais jouer un rôle dans le système de soins de santé d’une manière ou d’une autre, d’où ce choix. C’est ainsi que je me suis impliquée dans les questions de nutrition maternelle et infantile en travaillant pour Pfizer et Nestlé.

Vous vous êtes concentrée sur le diabète. Est-ce la raison pour laquelle vous avez rejoint Julphar Diabètes ?

Je me suis en effet concentrée sur le diabète lorsque j’ai rejoint les industries pharmaceutiques du Golfe (Julphar) en tant que principal responsable pour les questions liées au diabète. Parce qu’il s’agit d’un secteur sensible et nécessitant une attention particulière. Je me suis impliquée dans le secteur pour assurer l’accès à l’insuline dans le pays et travailler avec tous les acteurs. Je travaille ainsi en étroite collaboration avec l’organisme gouvernemental qui fournit des médicaments à l’ensemble du pays en assurant leur disponibilité et leur distribution. J’ai également d’autres mandats tels que le portefeuille anémie, la chaîne d’approvisionnement et la gestion des appels d’offres. Comme je l’ai mentionné plus, je travaille en étroite collaboration avec les organismes gouvernementaux qui proposent des appels d’offres pour l’ensemble du pays.

Ruth Dresselgn, la lutte contre le diabète en Afrique

La santé d’un côté, les jeunes de l’autre. C’est votre combat, l’autonomisation des jeunes ?

Autonomiser les jeunes a été et reste le but de ma vie. Le continent africain a un potentiel et des ressources incalculables. L’une de ses richesses est sa jeunesse. Grandir parmi des jeunes ingénieux et compétents, qui ont créé des opportunités face à l’adversité, m’a inculqué le besoin de soutenir ceux qui peuvent faire la différence. Je crois être une militante et un influenceur panafricain.

C’est dans ce contexte que vous avez fondé le Club Rotary à Arada, l’une des banlieues d’Addis-Abeba…

J’ai créé le club Rotary d’Arada dont je suis la secrétaire pour l’année civile 2017-2018. En outre, j’ai décidé d’occuper des postes de direction dans de nombreuses structures africaines, pour les encourager à apporter un fort soutien aux jeunes. Pour en citer quelques-unes, je dirige : Afrique 2.0, le panel des Jeunes Africains et Initiative de Paix des Artistes Africains impliqués dans l’Agenda 2030 et les ODD (NLDR : Objectifs de développement). Je souhaite fermement jouer un rôle clé dans la valorisation de ce potentiel des jeunes et travailler sur le capital humain pour réaliser la promesse du développement de l’Afrique. Pour en revenir au Rotary, c’est un réseau mondial d’1,2 million de voisins, amis, leaders et de solutionneurs de problèmes existants qui bâtissent un monde où les personnes s’unissent et agissent pour créer un changement durable à travers la planète, dans nos communautés et en nous-mêmes. Le club Rotary Arada a été créé en 2015 par des Rotaracts éminents et des amis qui croyaient qu’ils pouvaient avoir un impact sur leurs communautés. Les membres sont des leaders professionnels dans leurs secteurs et qui influencent par le biais du leadership et le service à la communauté. Nous travaillons en réseau avec d’autres clubs Rotary et Rotaracts nationaux et internationaux grâce à des programmes d’échange.

C’est pourquoi vous avez rejoint Women in Africa Initiative ?

Oui, Women in Africa est une initiative extraordinaire qui autonomise les femmes en Afrique, un pilier transversal qui a un impact sur les facteurs socio-économiques et politiques du continent. Être l’ambassadeur de l’Éthiopie est une formidable opportunité pour être en réseau avec des femmes incroyables qui peuvent me guider et me façonner pour le leader que je veux être. Certains des projets auxquels je participe au service de notre communauté sont spécifiquement axés sur les femmes. Le projet d’assainissement du Rotary club Arada d’Addis-Abeba en collaboration avec une nouvelle génération de Rotaracts et un projet de soins contre le cancer axé principalement sur les femmes. Le projet de retour à l’école que soutient les Rotaracts, avec plus de 50% de femmes bénéficiaires. Les projets et politiques d’Africa 2.0, du panel des Jeunes en Afrique et de l’Initiative de Paix des Artistes Africains impliquent les femmes dans toutes leurs questions transversales.

Découvrir le Women In Africa – WIA Initiatives

Loon de Google arrive au Kenya

Google Loon

L’opérateur Telkom Kenya se servira du réseau de ballons stratosphériques à partir de l’année prochaine pour connecter des habitants isolés. C’est le premier déploiement commercial de cette technologie

Facebook et Google sont occupés depuis plusieurs années à développer des plates-formes à haute altitude destinés à connecter les populations de la planète encore exclues d’Internet. Si le premier vient d’échouer à mettre en place son drone Aquila, le deuxième officialise cette semaine le premier déploiement commercial au Kenya de ses Loon, ce réseau de ballons stratosphériques.

Une sacrée victoire, cinq ans après les premières expérimentations au sein du Labo X de Google. Le lancement se fera en coopération avec l’opérateur Telkom Kenya qui va s’appuyer sur les ballons pour étendre la couverture de son réseau.

Une simple carte SIM 4G pour les utilisateurs

Postés à 18 000 mètres au-dessus du sol, ces ballons sont gonflés à l’hélium et sur-pressurisés pour ne pas éclater. Ils sont également dotés d’émetteurs et de récepteurs radio 4G pour connecter les ballons entre eux et à Internet, via une ou plusieurs stations de base. C’est ainsi qu’ils fournissent un réseau aux utilisateurs au sol, pour qui le procédé est transparent. Il leur suffit d’acquérir une carte SIM pour accéder à Internet, exactement comme pour la téléphonie mobile.

Alimentés à l’énergie solaire, les ballons (et leurs composants électroniques) sont contrôlés par un système complexe de navigation pour les maintenir dans la mesure du possible au-dessus de zones précises malgré les vents et la météo. Heureusement, chacun d’eux peut couvrir jusqu’à 5000 kilomètres carrés. Mais leur durée de vie est limitée et ils doivent être remplacés régulièrement. Des essais ont été effectués en Nouvelle-Zélande, en Afrique du Sud, au Pérou ou encore à Puerto Rico après le passage de l’ouragan Maria en 2017. Pour mémoire, cette réussite américaine est également un peu hexagonale, puisque le CNES, l’Agence spatiale française, a collaboré au projet.

Alphabet avait déjà annoncé la semaine dernière créer une filiale spécialement dédiée à Loon, et une autre à Wing, son projet de drone de livraison. Les ballons décolleront donc les premiers.

Avec 01net

Le dormeur d’Aïn Kerma

Le dormeur d’Aïn Kerma, en terre algérienne, ne doit pas reposer tranquille.

Plus de 50 ans après, les ‘damnés de la terre’ vous souhaitent encore un ‘bon mercredi’ en biberonnant de l’imagerie coloniale. Frantz Fanon avait pourtant prévenu : « L’humanité attend autre chose que cette imitation caricaturale et dans l’ensemble obscène ».

Mais rien n’y fait, la niaiserie est une vague qui menace les côtes de l’émergence afro. Chaque jour, des vignettes digitales viralisées par les réseaux viennent s’échouer, tels des poulpes hideux, sur nos profils.

Pour souhaiter un ‘bon mardi’ avec ce couple d’Aryens au soleil couchant, ‘bon mercredi’ avec Disney, des marguerites ou un glacier des Alpes. Fanon, réveille-toi, ils sont devenus fous ! Déjà largement privés du contrôle de leur vie politique, plongés dans un ennui sidéral doublé d’un effroi mimétique, écartelés entre le fantasme du Wakanda et la fascination des Galeries Lafayette, des millions de gens brûlent du data pour bombarder des messages créés par les dibiteries numériques des églises super-réveillées et des e-commerçants de pacotille.

N’y a-t-il pas d’autres horizons pour rêver ?

La zone de libre échange africaine au secours de millions de pauvres

Récemment les pays africains ont créé, signé et ratifié la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLEC).

Cet accord est l’un des plus importants efforts de libéralisation commerciale depuis la création de l’Organisation mondiale du commerce en 1995. Le 1 juillet dernier, lors du 31ème Sommet de l’Union africaine (UA) à Nouakchott en Mauritanie, le nombre total de signataires de la ZLEC a atteint 49 parmi les 55 États membres de l’Union africaine (UA). Peut-on dire que le libre-échange est devenu le courant dominant de la politique africaine?

Des objectifs attractifs

Si les 55 nations de l’UA ratifiaient l’accord proposé, la ZLEC correspondra à un marché de 1,2 milliard de personnes et un PIB cumulé de 2,5 billions de dollars. Elle vise à améliorer les échanges commerciaux sur le continent en supprimant immédiatement les droits de douane sur 90% des marchandises, les 10% restants des droits de douane sur les « marchandises sensibles » seront progressivement supprimés.

Être capable de commercer librement avec ses voisins est vital pour la croissance économique.

En 2016, seulement 18% des exportations totales de l’Afrique étaient commercialisées sur le continent africain. En Europe et en Asie, le commerce intra-régional représentait respectivement 69% et 59% des exportations totales. La Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique estime que grâce à la ZLEC, le commerce intra-africain pourrait augmenter de 52,3% d’ici 2022.

Il pourrait encore doubler, une fois les 10% de droits de douane supprimés. Si elle est adoptée, la ZLEC a le potentiel de révolutionner le commerce africain et d’ajouter des milliards au PIB du continent. Aussi, la qualité de la gouvernance étatique pourrait également s’améliorer grâce à l’émulation créée par la ZLEC afin de mettre en place des environnements d’affaires accueillants et stables.

Il faut désormais transformer l’essai !

Pour la mise en œuvre de la ZLEC, 22 pays doivent ratifier l’accord. Jusqu’à présent, six l’ont fait. Malheureusement, avant le week-end dernier, la ZLEC n’avait pas le soutien des deux nations les plus riches du continent. Alors que le Nigeria reste réticent à coopérer, l’Afrique du Sud, la plus grande économie du continent, a finalement signé l’accord. Certes, l’UA a une longue histoire de promesses ratées et d’actes dénués de sens.

Si la ZLEC réussit, cela signifiera une vraie rupture par rapport aux politiques du passé de l’Afrique. Comme l’explique le professeur George Ayittey, président de la Free Africa Foundation: « La plupart des nations africaines ont pris la voie socialiste après l’indépendance. Dans beaucoup d’endroits en Afrique, le capitalisme a été assimilé au colonialisme, et comme ce dernier était mauvais et prédateur, le premier l’aurait été aussi par extrapolation. Le socialisme, l’antithèse du capitalisme, était considéré comme la seule voie vers la prospérité de l’Afrique … et dans son sillage suivait l’atrophie économique, la répression et la dictature ».

Rompre avec les idées reçues sur le socialisme

L’expérience socialiste de l’Afrique a commencé au Ghana, première colonie africaine à obtenir son indépendance en 1957. Kwame Nkrumah, que beaucoup considèrent comme le père du socialisme africain, a poursuivi la pleine appropriation de l’économie par l’État. Nkrumah a encouragé les Africains à « n’être contents qu’une fois démolie cette structure misérable du colonialisme pour ériger à sa place un véritable paradis ».

Ahmed Sekou Touré de la Guinée en 1958, Modibo Keita du Mali et Léopold Sedar Senghor du Sénégal en 1960, Kenneth Kaunda de Zambie en 1964 et Agostinho Neto de l’Angola en 1975 sont quelques-uns des leaders qui suivirent l’exemple de Nkrumah. Ainsi, « comme on pouvait s’y attendre, pays après pays, la ruine économique, la dictature et l’oppression suivaient avec une consistance meurtrière … En Afrique, le socialisme était mis en œuvre à travers l’appareil de l’Etat, le parti unique. L’État possédait tout et s’immisçait fortement dans l’activité économique », explique Ayittey.

Sur la route de la liberté pour le recul de la pauvreté

Si l’on compare le passé de l’Afrique avec son présent, on voit que la ZLEC est parrainée par Paul Kagamé, Président de l’UA et Président du Rwanda. Kagamé se décrit comme un libre-échangiste passionné et un disciple de Lee Kuan Yew, le premier dirigeant de la nation indépendante et libre-échangiste de Singapour.

Il n’est pas le seul: Mahamadou Issoufou, le président du Niger, a quant à lui noté qu’il était facile de mobiliser ses pairs pour signer l’accord car «la plupart des dirigeants voulaient déjà créer une zone de libre-échange en Afrique». La ZLEC signifiera «plus d’intégration et plus de croissance pour l’ensemble du continent», a déclaré Issoufou. Au-delà de la ZLEC, les tendances générales à travers le continent indiquent des attitudes changeantes envers la libre entreprise.

Comme le note Marian L. Tupy de l’Institut Cato, «l’histoire d’amour de l’Afrique avec le socialisme a persisté jusqu’aux années 1990, quand, enfin, l’Afrique a commencé à se réintégrer dans l’économie mondiale». Selon le rapport Economic Freedom of World, l’économie de l’Afrique devient plus libre, son score de liberté économique est maintenant égal à la moyenne mondiale de 1996. Tupy poursuit: «Les relations commerciales avec le reste du monde ont été quelque peu libéralisées (après 1990) et les pays africains ont commencé à déréglementer leurs économies, grimpant ainsi les échelons dans le rapport du « Doing Business » de la Banque mondiale.

Malgré cette tendance à la libéralisation, de nombreuses nations africaines continuent d’être en proie à la corruption, dirigées par des dictateurs et confrontées à la pauvreté persistante. Mais la ZLEC et le désir de 49 nations de poursuivre le libre-échange intra-africain est un symbole du changement des attitudes dans ce qui était autrefois décrit comme «le continent sans espoir».

Des dictatures socialistes au libre-échange, les perspectives de croissance africaine semblent bien meilleures que jamais. Espérons que cet accord ajoute des milliards de dollars à l’économie du continent, permettant à des millions de personnes de sortir de la pauvreté.

Alexander Hammond, analyste pour the Humanprogress.org
Article publié en collaboration avec Libre Afrique

Twitter dominé par les influences extérieures

Lors des élections africaines, Twitter est dominé par des influences extérieures

Une enquête de Portland a révélé que la majorité (53 %) des chefs de file qui s’étaient exprimés sur Twitter en période électorale en Afrique, au cours de l’année écoulée, étaient extérieurs au pays dans lequel se tenaient les élections.

Dans le cadre de sa quatrième enquête « How Africa Tweets » (Comment tweete l’Afrique), Portland, une agence de communication stratégique internationale, a analysé des milliers de comptes Twitter afin de déterminer le lieu et la profession des voix les plus influentes lors de conversations sur Twitter, dans le contexte de 10 élections africaines récentes.

L’enquête a évalué les principaux hashtags utilisés lors des élections en Angola, en Égypte, en Guinée équatoriale, au Kenya, au Lesotho, au Libéria, au Sénégal et au Somaliland entre juin 2017 et mars 2018 et a analysé les personnes influentes prenant part à ces conversations.

Les organes de presse, les journalistes, les bots et les comptes faisant campagne pour une cause ou un thème (comme pour encourager les femmes à voter) se sont révélés être les voix les plus influentes sur Twitter pendant les élections. Il convient de noter que, les hommes politiques et les partis politiques avaient moins d’influence et représentaient moins de 10 % d’influence dans 9 sur 10 élections analysées.
Les principales conclusions de l’enquête de Portland étaient les suivantes :

• La majorité (53 %) des chefs de file étaient extérieurs au pays dans lequel se tenaient les élections. En moyenne, un peu plus de la moitié (54 %) de ces voix extérieures étaient originaires de pays hors d’Afrique. Les États-Unis, le Royaume-Uni et la France, dans cet ordre, étaient les pays présentant le plus de voix infuentes extérieures à l’Afrique et ayant façonné les conversations autour des élections sur Twitter. D’autre part, l’Afrique du Sud, le Nigéria et le Kenya étaient les pays africains les plus influents.  Au Libéria et en Guinée équatoriale, des voix extérieures au continent (principalement américaines) représentaient la plus grosse part des voix influentes dans les élections.

• Des bots et des comptes affichant des comportements de machine étaient actifs lors de toutes les élections. Au Kenya, les bots représentaient un quart des voix influentes. Par contre, au Rwanda, ils ne représentaient que 4 % des voix influentes. Pour toutes les élections, les bots servaient principalement à créer l’agitation, en faisant des commentaires négatifs au sujet des principaux thèmes, candidats et des anomalies électorales présumées. Après les élections, de nombreux bots ont supprimé leur contenu électoral, certains attirant l’attention sur des discussions hors d’Afrique.

• Les hommes politiques et partis politiques n’étaient pas les principaux moteurs des conversations dans leur pays, les journalistes locaux et les organes de presse ayant une influence bien supérieure. Au Kenya, le nombre d’hommes politiques ayant influencé une discussion sur Twitter a doublé entre le premier et le deuxième tour, sans pour autant atteindre 10 %. Au Sénégal, aucun homme politique n’a été identifié parmi les comptes influents. Cependant, on note une exception notable au Rwanda où 1 compte influent sur 3 était un compte politique, le chiffre le plus élevé parmi toutes les élections analysées.

• Bien que les hommes politiques et les partis politiques n’étaient pas particulièrement influents sur Twitter, les principaux hashtags utilisés en période d’élection les mentionnaient directement par exemple #umaangolaparatodos (Angola) et #Weah (Liberia). Le Kenya faisait clairement figure d’exception puisque les principaux hashtags étaient soit génériques #electionske2017 soit centrés sur les thèmes électoraux comme #nowweknow et #noreformsnoelections.

• Les organes de presse et journalistes non nationaux représentaient 1 compte sur 5 alimentant les discussions et les débats dans le cadre de ces 10 élections. En Angola, la proportion était de 2 sur 5. Même au cours des élections où les journalistes et organes de presse présentaient une influence moindre, ils faisaient tout de même partie des voix les plus respectées.
Robert Watkinson, partenaire de Portland pour l’Afrique a déclaré :

« C’est la première fois qu’une enquête analyse qui sont les personnes influentes qui façonnent le débat sur Twitter au cours des élections africaines.

Pour les organisations qui souhaitent atteindre leur public et prendre part à des conversations critiques concernant l’avenir de l’Afrique, notre enquête a révélé que Twitter continue à être une plate-forme clé où s’expriment les voies locales et internationales. Il convient toutefois de nuancer l’interprétation de ce phénomène. »

Partenaire chez Portland et responsable de SPARC (Stratégie Planification, Analytique, Recherche + Créatif), Gregor Poynton a déclaré :

« C’est le premier élément de leadership éclairé lancé par Portland en utilisant l’expertise intégrée de notre unité nouvellement formée, SPARC. L’équipe a mis au point une méthodologie sur mesure en utilisant un outil d’intelligence sociale de pointe et en cartographiant chaque compte afin de comprendre les réseaux d’influence derrière chaque élection. Nous sommes ravis de partager nos conclusions aujourd’hui, dont une publication des ensembles de données analysés. »
Pour consulter la version complète du rapport, consultez :
https://prt.land/howafricatweets

L’intelligence collective, levier de performances

Dans un monde qui ne cesse d’évoluer à grande vitesse, avec le développement des nouvelles technologies et du digital, l’entreprise doit faire preuve de flexibilité pour faire face aux différentes situations qu’elle n’imagine même pas aujourd’hui

L’entreprise 2.0 remet en cause le modèle traditionnel qui favorise plutôt l’individualisme et la rétention d’information. Aujourd’hui, cela a changé avec l’émergence d’internet et des outils tels que les réseaux sociaux ou toute autre plateforme permettant la collaboration entre les individus.

Pour ce faire, elle adopte diverses stratégies de développement notamment en favorisant une organisation de type communautaire (ou 2.0). En effet, ce nouveau mode de management, sublime la performance globale de l’entreprise car il induit un climat de travail sain et favorable aux prises de parole tout en tirant tous les bénéfices de la diversité composant le groupe.

L’intelligence collective c’est quoi ?

La plupart des auteurs s’accordent sur la définition suivante : « l’intelligence collective est différente de la somme des intelligences individuelles qui la composent » (Ribette, 1996). Pour Lévy (1997), l’intelligence collective réfère à l’intelligence réalisée à différents niveaux collectifs de l’organisation, sinon dans l’organisation toute entière ; il ne s’agit donc pas de la somme des intelligences individuelles. L’intelligence collective désigne les capacités cognitives d’une communauté résultant des interactions multiples entre ses membres. L’intelligence collective, c’est donc l’intelligence des équipes de travail. (Source : Tissot Edition)
L’intelligence collective dans une société humaine provient d’interactions complexes répondant à diverses conditions :

• Une communauté d’intérêt
- une libre appartenance : une adhésion fondée sur des buts communs et une confiance mutuelle entre les membres ;
- une structure horizontale : des règles (tacites ou explicites) identiques pour tous les membres et une organisation dynamique. En effet, la  répartition des rôles est fondée sur le volontariat et la complémentarité des compétences ;
- une gestion collective : l’autonomie des membres ou chacun est responsable de sa propre action et des décisions stratégiques basées sur le vote ou sur le consensus.

• Un espace collaboratif
- des outils de coopération : un réseau de communication permettant l’interaction entre tous les membres ;
- un processus d’apprentissage : un système de régulation, la constitution d’un corpus de connaissances communes et le partage de pratiques permettant l’émergence d’une conscience commune.
A l’heure des économies digitales, des réseaux sociaux et de l’émergence d’une viralité croissante dans le partage des informations, des savoirs et des pratiques, les nouveaux modes de communication permettent aux individus de construire une nouvelle donne en matière de création de richesse. Cette richesse passe désormais par le développement et le partage des savoirs, la coopération, et la capacité à décloisonner les modes de fonctionnement pour insuffler une plus grande transversalité et un engagement collectif des équipes.

Comment développer l’intelligence collective ?

• une liberté d’action et de l’autonomie : les collaborateurs d’un groupe ont besoin de ressentir des possibilités d’action, de percevoir certaines marges de manoeuvre qui les responsabilisent pour interagir efficacement entre eux grâce des pratiques managériales facilitatrices : délégation et management de situation qui consiste à adapter sa gestion en fonction de l’autonomie, de l’expérience et de l’expertise de chacun.

• de la confiance et de l’engagement : pour qu’un individu veuille partager son intelligence individuelle afin de la mettre au service d’une intelligence de groupe, il faut que ce dernier se sente en confiance. Il doit estimer que le partage de son savoir, ses pratiques et informations qu’il détient lui se plus bénéfique et avantageux qu’il n’engendrera de contraintes ou de sanctions (confiance horizontale par rapport à ses pairs et verticale par rapport à sa hiérarchie). Son niveau d’engagement est lié directement à son niveau de confiance. C’est pourquoi l’entreprise doit se pencher sur les facteurs qui favorisent ou entament l’engagement de ses collaborateurs.

• un objet d’application concrète : pour que l’intelligence collaborative se développe, l’entreprise doit engager des projets collectifs et transversaux, basées sur des démarches participatives afin que ses équipes prennent part à la mise en oeuvre des changements qui s’opèrent dans son organisation. Tout comme le muscle, l’intelligence collaborative se travaille sans quoi elle s’affaiblit dans le temps.
« Les communautés deviennent multidimensionnelles, c’est-à-dire qu’elles ont à la fois une existence réelle et numérique. » Antonio Casilli, sociologue français spécialiste des réseaux sociaux.

Et chez isahit, cela s’applique comment ?

Créée en 2016, la communauté d’isahit ne cesse de s’accroître. Elle regroupe aujourd’hui plus de 300 personnes, majoritairement des femmes d’Afrique francophone, qui travaillent sur la plateforme digitale et échangent via des groupes de discussion privés sur Facebook.
Notre plateforme de tâches digitales requiert des connaissances basiques en informatique notamment (navigation sur internet et l’utilisation basique d’un ordinateur par exemple). Des consignes par projet sont fournis pour aider notre communauté à bien réaliser les tâches digitales disponibles sur notre plateforme.

Lorsque les membres de notre communauté veulent réussir, ils peuvent compter non seulement sur l’aide de l’équipe d’isahit pour les guider mais aussi les autres membres qui ont une meilleure compréhension ou des connaissances plus étendues dans les groupes privés Facebook, par exemple. Nous organisons également des ateliers / formations en ligne qui consistent à faire intervenir chaque participant sur un sujet déterminé au préalable afin de les responsabiliser et les mobiliser. Par ailleurs, grâce aux suggestions des membres de notre communauté, nous faisons évoluer notre plateforme au fur et à mesure dans le but de la rendre performante et efficace sur tous les plans : techniquement et humainement.
Nous sommes convaincus que l’intelligence collaborative résultant de la mise en commun des intelligences individuelles de la communauté est une source de richesse qui peut accroître certainement les performances et l’engagement de chaque collaborateur.

Le site de Isahit et l’article avec ce lien

‘Là, c’est pas du Beyoncé…’

‘Là, c’est pas du Beyoncé…’, lâche ma voisine de bar enroulée dans un boa tricolore.

Un cœur monte, qui entonne la Marseillaise, appel aux armes, désir de gloire. La version stadière élude – et c’est heureux – le passage contre les ‘cohortes étrangères’ et les ‘phalanges mercenaires’ de la maison d’Autriche, millésime 1792. Ceux qui chantent sur la pelouse s’appellent les Bleus, le bleu de Catherine de Médicis, le bleu des Alpine et aussi celui de Jeanne Lanvin. Ils rapportent à la maison la mallette Vuitton façonnée à Asnières contenant le célèbre trophée des ateliers Bertoni, le carrossier de la DS. Ils sont l’histoire de France, puisque français et guinéens, algériens, congolais, haïtiens, philippins, sénégalais, togolais, guadeloupéens, espagnols, mauritaniens, maliens, martiniquais, camerounais, marocains, italiens, catalans.

Une moyenne de 25 ans, rien à voir avec la génération b-b-b et la récup’ qu’on en fit. 1998 vs 2018, grand basculement du rapport à la nation : d’autant plus fort qu’il fait respirer en son sein de fières identités culturelles, d’autant plus sincère qu’il n’exige plus de certificat de virginité aux rêveurs du multiple.

Comme on dit au sud de l’Ogoué, ‘Un seul doigt ne peut pas laver la figure’.

Cinekin le cinéma de Kinshasa

Disparu dans l’histoire de la Rdc, le cinéma congolais a repris grâce à Mr Steve karl munga

Une aventure qui exigeait plus la crédibilité et la franchise des congolais pour arriver à convaincre les studios responsables de la production des films au niveau international, afin de gagner leur confiance comme dans tout pays évolué de la planète dans le domaine de cinéma.

À cause de l’inexistence des salles de cinéma en RDC, les experts en matière de cinéma pouvait croire que le Congo allait mal. Alors il fallait donc sauver et soigner l’image du Congo dans ce secteur, en apportant une nouvelle culture au congolais en créant des salles de cinéma moderne dans le respect des normes internationales. C’est a dire la » programmation mondiale « .

Depuis sa création en octobre 2016, cinekin a impacté une bonne partie de la jeunesse Congolaise avec plus de 110.000 visites en 16 mois. Nous profitons de cette occasion pour saluer l’encouragement et le soutien que nos cinekinois nous témoignent cela nous a rendu encore plus fort. Par ailleurs, même les studios ne cessent de réitérer leur confiance à cinekin preuve toutes les semaines, nous diffusons des nouveaux films dans nos salles de cinéma.

Cinékin a pour objectif de créer un emploi à nos compatriotes, contribué au développement de la jeunesse Congolaise et à ouvrir son esprit culturel grâce au cinéma. Créer cette envie de suivre le film en famille, entre amis dans un beau cadre au standard international, c’est ce que fait cinekin. Grâce à un film, l’homme peut acquérir plusieurs connaissances qui peuvent influencer son comportement ou son son mode de vie. Nous voulons également amener la société congolaise a une évolution selon le temps dans le domaine de cinéma. Créer nos propres studio comme sous d’autre cieux. Par exemple l’on note plus de 63 salle de cinéma à Bruxelles et à Paris plus de 431 salles, et la Rdc jusqu’en 2016 en avait aucune, voilà qui justifie notre vision.

Nous souhaitons ouvrir plusieurs salles de cinéma en Rdc , d’ailleurs cinekin sera bientôt a lubumbashi. En tant que pionnier et leader du marché en RDC, nous sommes prêts à disponibiliser notre formule de business en lancant nos franchises sde salle de cinema à tout celui qui compte créer une salle de cinéma. Actuellement cinekin a 3 salles de cinema a kinshasa et plusieurs autres salles seront ouvertes en fin 2018 et 2019.

Pour nous contacter par rapport aux franchises Veuillez nous joindre sur franchise@cinekin.cd

Pour voir nos films et horaires c’est sur www.cinekinagenda.com

Nos adresses www.cinekin.cd

L’Afrique Digitale avec Le Point

Le Point Afrique - Conférence Afrique Digitale
Le Point Afrique - Conférence Afrique Digitale

Mercredi 17 octobre 2018 de 14h à 18h30
Institut du Monde Arabe
, Paris

Avec 300 centres d’innovation recensés dans 54 pays, l’Afrique s’affiche comme le prochain « hub » de l’innovation mondiale.

C’est bien le digital qui porte cette dynamique du continent, qui voit chaque jour naître de nouvelles pépites de la tech, que ce soit dans le domaine de la banque, santé, éducation, e-commerce, énergie… Et alors les pays du nord se lancent pleinement sur l’intelligence artificielle, l’Afrique n’est pas en reste puisque Google vient d’annoncer l’ouverture d’un centre de recherche en IA au Ghana.

Entre financement des infrastructures, régulation, interopérabilité…Comment garder l’avance de l’Afrique en matière de mobile et tech ?

Après 3 éditions a succès, Le Point vous donne RDV le 17 octobre prochain à l’occasion de sa 4ème conférence annuelle « l’Afrique Digitale », dans ce lieu d’exception qu’est l’Institut du Monde Arabe !

S’inscrire à la Conférence Afrique Digitale

LE PROGRAMME DE LA CONFÉRENCE

  1. Focus sur la nouvelle stratégie de la France pour accompagner le développement de l’Afrique
  2. Des programmes de formation nationaux à l’accès aux nouvelles technologies, comment faire du capital humain le moteur d’un développement inclusif du digital sur le continent africain
  3. Cadre légal, coopération internationale, politique nationale et plateforme anti-cybercriminalité : quel plan d’action pour renforcer la cybersécurité en Afrique ?
  4. Microfinance, assurance, m-paiement: le virage de l’Afrique, nouveau laboratoire mondial de l’innovation dans les services financiers
  5. De la modernisation des administrations africaines aux initiatives de smart city : quand les villes et états africains se digitalisent

 

L’illectronisme frapperait un quart des Français

L’illectronisme frapperait un quart des Français.

Clavier, data, applis, les doigts dans la colle. Relire le discours de Michel Serres à l’Académie française : « Nos institutions luisent d’un éclat qui ressemble à celui des constellations dont l’astrophysique nous apprit jadis qu’elles étaient mortes déjà depuis longtemps ».

Alors que s’esquisse le profil du budget 2019 devant le Parlement, et peut-être un bonus pour la Recherche, formons le vœu de voir les universitaires sortir de leur cage de Faraday. Marseille abrite les Rencontres des études africaines, soit l’apex d’une entreprise intellectuelle commencée il y a 358 ans.

A la clôture ce jeudi soir, quelque 200 communications auront été délivrées, sources de riches reformulations de ‘l’aventure ambiguë’… dont vous ne saurez rien ! Sur des tréteaux fragiles, nos puits de science empilent des revues savantes que les étudiants africains ne peuvent pas se payer. Partager sur les réseaux étrangers, échanger en mode accessible, brancher le WiFi, n’y pensez pas ; laissons donc les labos anglo-saxons faire le buzz, capter de lucratifs partenariats privés et conseiller les barnums multilatéraux.

Pour le choc afro, coup de boule arty-filmique à la fondation (capitaliste) Luma à Arles : « Apex », by Arthur Jafa.

Espèce de bachi-bouzouk !

Souvenir tintinesque du Crabe aux pinces d’or, Haddock toujours aussi énervé

Savez-vous que les bachi-bouzouks défilent aujourd’hui sur les Champs-Elysées ?

Descendants des cavaliers mercenaires de l’empire ottoman, les spahis sont depuis longtemps entrés dans la légende. Deux de leurs hommes ont perdu la vie à Menaka au Mali, pour Barkhane. Unité de la cavalerie blindée, compagnon de la Libération, engagé notamment fin 1940 dans la campagne d’Erythrée contre les fascistes italiens, le 1er régiment de spahis porte les attributs en or hérités des troupes d’Algérie et la tenue orientale.

Leurs frères sénégalais, immortalisés par Pierre Loti, forment aujourd’hui la garde présidentielle. Créateur du corps en 1831, le Corse Vantini fut enlevé par les pirates, placé au service du Bey, converti à l’islam sous le nom de Yusuf.

Prolongeant sa mémoire, le 1ere classe Yusuf-le-bélier est depuis lors la mascotte des spahis.

Enchanter l’autoritarisme ?

Samuel Umtiti
Samuel Umtiti

Enchanter l’autoritarisme ?

Alors, c’est comment ?

Ici à Marseille, les Rencontres des études africaines en France ouvrent le débat autour des ‘pratiques de domination’ et de ‘l’hégémonisme structurel’.

Le président du Cameroun – et bientôt candidat ‘idéal’ – Paul Biya vient d’annoncer la prochaine élection pour le 7 octobre. Quand il est arrivé aux affaires il y a bientôt 36 ans, Samuel Umtiti avait « moins 11 ans ». Il était, à Yaoundé, une possibilité de la vie, un code génétique improbable. Qui, devenu un homme sous le ciel, refuserait toujours de jouer pour les Lions, préférerait attendre la cape bleue, et marquerait un mardi sur la terre de Pierre le Grand. Cqfd.

Les bébés libres sont quand même les plus forts. « Toujours abuser de la liberté », conseillait Eluard.

Samuel Umtiti
Samuel Umtiti

Événement sur le eLearning à Kigali

Les entreprises africaines doivent se former au risque de perdre leur compétitivité sur le marché mondial

En septembre, les éminents spécialistes mondiaux de l’apprentissage en ligne se retrouveront à Kigali, capitale du Rwanda, pour eLearning Africa, la plus grande conférence africaine sur les TIC appliquées à l’éducation et la formation. Certains d’entre eux ont déjà commencé à sonner l’alarme. Ils estiment, en effet, que si l’accent n’est pas mis sur la formation continue et si les entreprises n’utilisent pas les nouvelles technologies pour doter leurs travailleurs de nouvelles compétences vitales, tous les bénéfices tirés de la croissance économique régulière enregistrée dans la majeure partie de l’Afrique ces dix dernières années pourraient être réduits à néant.

« Ce point de vue est partagé par bon nombre des experts de notre réseau », indique Rebecca Stromeyer, organisatrice de la conférence. « Ils estiment que, même si la technologie a aidé de nombreux pays africains à faire de réels progrès ces dernières années, ces résultats pourraient être rapidement réduits à néant si les gouvernements et les employeurs ne font pas leur maximum pour doter les étudiants et les travailleurs des compétences dont ils ont besoin pour travailler sur les marchés et les lieux de travail de demain à l’ère de la quatrième révolution industrielle.

« Les choses commencent déjà à bouger très rapidement. Les travailleurs doivent être flexibles. Ils doivent savoir comment acquérir rapidement de nouvelles compétences et ils doivent être à l’aise dans un environnement d’accélération constante du changement technologique. Il est tout à fait possible de les former et de les préparer à cela.

« Les pays africains ont l’avantage de ne pas être écrasés par le poids de systèmes dépassés et figés qui ont tendance à tirer les autres pays en arrière. Les entreprises africaines ont la capacité de dépasser leurs concurrents, mais elles doivent comprendre qu’il leur faut pour cela investir dans l’économie de la connaissance, dans les technologies et dans la formation de leurs travailleurs. Une main-d’œuvre techniquement compétente et suffisamment flexible pour s’adapter rapidement aux changements sera un bien précieux dans l’économie du futur.

« Malheureusement, contrairement à leurs concurrentes européennes, américaines et même chinoises, de nombreuses entreprises africaines n’ont même pas de DRH, sans parler d’un responsable de l’apprentissage sur le lieu de travail (formation continue) et du renforcement des capacités des travailleurs existants et nouvellement embauchés. Les entreprises et les gouvernements doivent comprendre qu’avec l’accélération du changement, cela deviendra bientôt un problème existentiel. »

L’édition 2018 d’eLearning Africa mettra fortement l’accent sur la formation continue et sur l’« économie de la connaissance » qui sera au programme de la table ronde ministérielle annuelle organisée le jour de l’inauguration de la conférence et à laquelle participent des ministres de l’Éducation et des TIC de nombreux pays africains.

La conférence principale accueillera également des intervenants issus des rangs des personnalités de renom de l’industrie « edTech » mondiale. Parmi eux figurera Elliott Masie, expert international en technologies de l’éducation, à qui l’on doit le terme « eLearning ». M. Masie est bien connu pour ses opinions sans concessions sur le secteur en pleine évolution de l’apprentissage et des performances des travailleurs.

Il affirme toujours que sa « carrière professionnelle a porté sur la formation en entreprise, les performances organisationnelles et les technologies émergentes ». Tout au long de cette carrière, il a développé des modèles pour « accélérer la diffusion de l’apprentissage, des connaissances et de la collaboration dans les entreprises ». Il a été un ardent défenseur du « déploiement efficace » de technologies d’apprentissage et de collaboration pour appuyer l’efficacité et la rentabilité des entreprises. Pendant la conférence, il parlera en toute objectivité des perspectives des entreprises et économies africaines. Il montrera notamment comment les leaders politiques et les PDG africains peuvent utiliser l’apprentissage et la formation comme moteur de prospérité durable.

« Elliott Masie est vraiment un grand nom du secteur, »  ajoute Mme Stromeyer,  « il comprend parfaitement le vaste potentiel de l’Afrique. Il est conscient des immenses opportunités qui s’ouvrent aux entreprises africaines. Mais il sait également que si les leaders africains ne commencent pas à prendre en main la question de la formation professionnelle, ils risquent de perdre très rapidement tout ce qu’ils ont acquis. Ses propos sur ce qui doit être fait sont d’importance vitale pour les entreprises africaines. »

La conférence eLearning Africa, qui a lieu chaque année dans une capitale africaine différente, rassemble plus de 1 500 participants du monde entier, notamment des enseignants professionnels, des leaders politiques, des entrepreneurs et des investisseurs. La conférence est également accompagnée d’une grande exposition qui permet aux entreprises, aux organisations et aux institutions de présenter leurs derniers produits, services, formations et solutions.

Le numérique : un outil de convergence des acteurs du développement

Conférence « Le numérique : un outil de convergence des acteurs du développement »

Le 3 septembre 2018 de 16h à 17h30 au Forum Mondial Convergences

  • Quels sont les freins à la mise en place d’outils numériques pour les acteurs du développement ?
  • De quels types d’innovations digitales dépend l’efficacité des projets de développement ?
  • Le numérique en convergence ou en opposition à la mise en réseau des acteurs ?
  • Quels outils et stratégies d’utilisation des données mettre en place pour répondre aux objectifs de développement durable ?

Intervenants

  •  Gilles Babinet, représentant du digital pour la France à l’Union Européenne, auteur et entrepreneur.
  •  Isabelle Mashola, fondatrice de Isahit plateforme de métiers numériques pour les femmes en Afrique.
  •  Thierry Barbaut, responsable numérique et communication à l’Agence des Micro Projets – ONG La Guilde
  •  Haweya Mohamed, fondatrice de la marketplace Afrobytes, hub des technologies entre la France et l’Afrique.
  •  Thomas Samuel, directeur de Sunna Design, société de conception et de déploiement d’énergies renouvelables intelligentes.

Modérateur: Raphaël Lurois, chargé de projet, ONG La Guilde.

En savoir plus: communication@agencemicroprojets.org

Adresse : Palais Brongniart : 16 place de la Bourse, 75002 Paris

Inscriptions sur le site de Convergences

« Le numérique : un outil de convergence des acteurs du développement » Le 3 septembre 2018 de 16h à 17h30 au Forum Mondial Convergences
« Le numérique : un outil de convergence des acteurs du développement »
Le 3 septembre 2018 de 16h à 17h30 au Forum Mondial Convergences

Les progrès de l’inclusion financière contribuent à un monde durable

Mary Banda, en Zambie (a), tient un petit restaurant sur l’un des plus anciens marchés de Lusaka. Avant de prendre conscience de l’utilité des services financiers, elle gagnait peu d’argent. Mais depuis qu’elle a entrepris de déposer son argent à la banque et d’utiliser des services d’argent mobile, son affaire est florissante.

Le recours aux services financiers simplifie la gestion de son entreprise et fait progresser ses bénéfices. Avec l’argent ainsi gagné, elle peut payer les frais de scolarité de ses enfants.

Selon elle, les femmes ne doivent pas avoir peur des banques : « C’est très important de mettre de l’argent de côté car nous travaillons dans le secteur informel, et nous n’avons donc aucune protection sociale ».

Le concept d’inclusion financière peut sembler obscur, mais il a une signification bien réelle pour les 1,2 milliard de personnes qui, depuis 2011, ont pu ouvrir un compte bancaire, dont plus de 500 000 sur les trois dernières années.

Avec un compte courant, plus besoin d’espèces pour effectuer des transactions, ni de mettre ses économies sous son matelas. En leur donnant accès au système financier formel, les services financiers facilitent la vie quotidienne des particuliers, leur permettent d’accroître leurs actifs, d’atténuer les chocs causés par des situations d’urgence, des maladies ou des accidents, et de réaliser des investissements productifs.

Ainsi, au Tadjikistan, Mohirahon B (a) a créé sa propre entreprise de couture, après avoir suivi une formation qui lui a appris à gérer son budget. Et, en Égypte, Sameh Seddik (a) a bénéficié d’un programme de micro-prêts qui lui a permis de développer son activité à Louxor et d’employer désormais 40 couturières. De même, en facilitant l’accès au financement dans les zones rurales, le Mexique (a) favorise la réussite des petits agriculteurs et des entreprises rurales.

Sans accès aux services financiers, ces micro-entrepreneurs n’en seraient pas là.

Le Groupe de la Banque mondiale et l’inclusion financière

L’inclusion financière est devenue un enjeu majeur du développement et c’est un sujet dont on parle beaucoup chez les responsables politiques et les professionnels du développement, mais aussi dans le secteur privé. Rien d’étonnant à ce que l’on retrouve l’inclusion financière dans sept des 17 Objectifs de développement durable.

En 2011, le Groupe de la Banque mondiale a lancé Global Findex, une base de données sur les progrès de l’inclusion financière dans le monde, dont la troisième édition a été publiée en avril 2018.

Parallèlement, dans le cadre de ses efforts visant à améliorer la stabilité du secteur financier, à faire prospérer le secteur privé et à créer des emplois, la Banque a constaté qu’un très grand nombre de personnes n’avaient pas accès à un compte bancaire, un sésame pourtant précieux pour participer à la vie économique.

D’après les données Findex pour 2011, 2,5 milliards d’adultes étaient « non bancarisés » et, dans les pays en développement, près de 200 millions de micro, petites et moyennes entreprises n’avaient pas accès au crédit et à des services financiers d’un coût abordable.

C’est pourquoi, en 2013, le Groupe de la Banque mondiale a présenté une nouvelle stratégie mondiale (a) sur l’inclusion financière et lancé l’initiative « UFA2020 » (a), qui vise à généraliser l’accès à un compte courant chez tous les adultes du monde entier. Depuis, une trentaine de partenaires du secteur financier se sont engagés à contribuer aux efforts destinés à concrétiser cet objectif.

Beaucoup de progrès ont été réalisés ces dernières années en faveur de l’accès aux services financiers, et le nombre d’adultes non bancarisés a baissé pour atteindre 1,7 milliard, selon les dernières données Findex .

Le nombre de personnes non bancarisées continue de baisser, même en tenant compte de la croissance démographique.

L’inclusion financière mobilise tous les pans du Groupe de la Banque mondiale et fait partie intégrante des opérations de prêt et de conseil de l’institution. La Banque mondiale travaille en partenariat avec les autorités nationales et les organismes de réglementation afin de soutenir des réformes responsables, tandis que les investissements de la Société financière internationale (IFC) contribuent au développement d’entreprises performantes à l’international, ce qui stimule la demande de services financiers. Le Groupe de la Banque mondiale s’efforce en outre d’éliminer les disparités entre les hommes et les femmes dans le domaine de l’inclusion financière. Il s’agit là de l’un des thèmes d’IDA-18.

Et en ce qui concerne l’initiative UFA2020, le Groupe de la Banque mondiale est en bonne voie pour atteindre son objectif d’accès universel aux services financiers et parvenir ainsi à bancariser un milliard de personnes grâce à ses services de prêt, de conseil et d’analyse

Les nouveaux leviers de l’accès aux services financiers

Les mutations et les innovations technologiques rapides, en particulier la diffusion de la téléphonie mobile, boostent l’accès aux services financiers et l’inclusion. Selon la GSMA, l’association des opérateurs de téléphonie mobile, les paiements mobiles se chiffrent actuellement à un milliard de dollars par jour, via 276 systèmes déployés dans 90 pays. Les téléphones portables et autres points d’accès permettent aux personnes qui en ont besoin de bénéficier de services financiers sans avoir à parcourir de longues distances pour se rendre dans une agence bancaire.

Les sociétés de technologie financière (ou fintech) bouleversent le paysage du secteur financier en facilitant comme jamais auparavant l’accès à ses services. Ainsi, les super-plateformes, comme Ali Baba/Ant Financial, s’adressent à un nombre croissant de personnes grâce aux places de marché internet et aux réseaux sociaux.

L’innovation et la « mobilité » des services financiers jouent depuis quelques années un rôle déterminant.

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Détenir un compte courant, c’est un bon début, mais l’utiliser, c’est mieux

Les objectifs de l’inclusion financière ont eux aussi évolué. Avoir accès à un compte bancaire est une bonne chose, mais ce n’est pas suffisant. Détenir un compte ne signifie pas l’utiliser, comme le montrent les données Findex.

Sur certains marchés émergents, le taux de bancarisation est aujourd’hui d’au moins 80 %. C’est le cas en Chine, en Inde, au Kenya et en Thaïlande. Désormais, c’est l’utilisation de ces comptes en banque qu’il faut améliorer. Toujours selon Findex, à l’échelle mondiale, un cinquième des comptes ne sont pas actifs (aucun dépôt ni retrait sur les 12 derniers mois).

L’exemple de la Chine montre comment on peut favoriser cette transition : aujourd’hui, plus de 80 % des adultes en Chine sont titulaires d’un compte en banque et 85 % des adultes qui font des achats en ligne payent également en ligne (et non en espèces à la livraison).

Pour accroître l’utilisation des comptes bancaires, un pays peut décider de numériser les paiements en espèces (salaires et transferts publics). Il peut aussi commencer par investir dans des outils essentiels, comme les titres d’identité numériques et les historiques de crédit en ligne. En effet, lorsqu’on peut prouver qui l’on est et fournir un historique de crédit, il est nettement plus facile d’ouvrir un compte dans un établissement financier.

Combler les écarts restants

S’il est important de s’attacher à renforcer l’utilisation des comptes bancaires, les pays doivent aussi continuer à élargir l’accès au financement pour des catégories de population plus difficiles à atteindre, tels que les femmes, les pauvres et les ruraux. D’après les dernières données Findex, environ la moitié des personnes non bancarisées sont des femmes, vivent dans des ménages à faibles revenus ou sont inactives.

Les services financiers doivent être adaptés aux attentes de celles et ceux qui y accèdent pour la première fois et qui sont susceptibles d’avoir besoin d’un accompagnement spécifique pour apprendre à les utiliser ainsi que de produits personnalisés.

Grâce aux compétences financières (connaître et savoir utiliser les services financiers) qu’elle a acquise, Mohirahon a pu prendre suffisamment confiance en elle pour ouvrir sa propre boutique. De même, Farzona, une Afghane réfugiée au Tadjikistan, a suivi des cours d’éducation financière et appris à consigner tous ses achats. « Cela m’a aidé à limiter les dépenses inutiles. Maintenant, je sais bien gérer mon argent. J’ai ainsi pu accroître mon épargne, et le budget de mon ménage », explique-t-elle.

Ces formations aident les nouveaux consommateurs qui pénètrent dans le secteur financier formel à prendre des décisions en connaissance de cause. Cependant, ils doivent aussi être à l’abri des pratiques commerciales dangereuses, d’où l’importance de cadres solides pour protéger les consommateurs (a).

Par ailleurs, il est essentiel d’axer les efforts sur l’inclusion financière des femmes, qui joue un rôle clé dans l’autonomisation féminine et l’égalité entre les sexes. Même si 65 % des femmes disposent désormais d’un compte bancaire, contre 58 % en 2014, l’écart entre hommes et femmes reste de 9 points de pourcentage dans les pays en développement. Les pays qui affichaient un écart entre les sexes en 2011, à la création du Findex, le conservent aujourd’hui, et il est particulièrement marqué en Asie du Sud.

« Lorsque l’État verse directement les prestations et allocations sociales sur le compte bancaire numérique d’une femme, cela a un impact énorme : les femmes acquièrent ainsi un pouvoir de décision au sein du ménage et, disposant d’outils financiers plus nombreux, elles investissent dans la prospérité de leur famille et contribuent à la croissance économique générale.  »
Melinda Gates
Coprésidente de la Fondation Bill et Melinda Gates.

L’importance des services financiers est de plus en plus mise en exergue dans les situations de fragilité et de conflit. La capacité à fournir des services financiers de qualité avant, pendant et après des épisodes de crise humanitaire (a) peut améliorer la résilience des individus et préserver leurs moyens de subsistance. Par exemple, les transferts financiers d’urgence, en particulier par des moyens numériques, peuvent réduire la vulnérabilité et atténuer l’incidence des crises.

Pourquoi c’est important

L’inclusion financière procure de nombreux autres avantages sur le plan du développement, en particulier du fait du recours à des services financiers numériques (services d’argent mobile, cartes de paiement et autres applications fintech).

Les détenteurs de comptes bancaires sont également plus susceptibles d’utiliser d’autres services financiers, comme le crédit et l’assurance, afin de créer et de développer une entreprise, d’investir dans l’éducation ou la santé, de gérer le risque et de surmonter les chocs financiers, avec, à la clé, une amélioration de leur niveau de vie.

 

5e Rencontres des études africaines en France

Reputation Squad prend part aux 5e Rencontres des études africaines en France et aux 4e Rencontres des jeunes chercheurs qui se tiennent cette semaine à Marseille.

Un précipité d’intelligence loin du buzz, lancé hier par la conférence inaugurale du prof. Issiaka Mandé – UQAM | Université du Québec à Montréal – sur le thème « Les sociétés contre l’Etat contemporain ».

Des centaines de chercheurs français et étrangers présentent leurs travaux et animent les débats autour du thème joliment choisi ‘Afriques enchantées, Afriques en chantiers’. Kilimandjaro cérébral (IRD, CNRS – Centre national de la recherche scientifique, Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco)Aix-Marseille Université entre autres) au cœur d’une cité jumelée avec Abidjan et Dakar, miroir d’Alger et d’Alexandrie : décoloniser l’économie, féminités recomposées, éclairer la nuit africaine, domination autoritaire, transafricaine de l’indocilité, Franc CFA, afrocentricité, gouvernance de l’eau, technologies.

Alluvions des articles de presse et des télégrammes diplomatiques des années à venir. Mieux accompagner les échanges internationaux, faciliter les conversations, valoriser les talents, amplifier l’écho des altérités, notre métier.

Ruth Dresselgn Deneke : autonomiser les jeunes

Ruth Dresselgn Deneke, Ethiopienne, mène une double vie. Pharmacienne de son métier, elle s’est investie, auprès de multinationales opérant dans l’industrie pharmaceutique, afin de faire reculer le diabète dans son pays et en Afrique. C’est par ailleurs une femme engagée au sein de nombreuses associations et club, en faveur de l’autonomisation des jeunes notamment..

Parlez-nous de vous, Ruth. Où commence votre histoire ?

Mon histoire est simple. Je suis née et j’ai grandi à Addis-Abeba, en Éthiopie, au milieu de bouleversements, d’un environnement politique instable, de difficultés économiques mais avec une caractéristique déterminante au sein de mon peuple : l’espoir. Des jeunes pleins d’espoir qui, malgré les obstacles rencontrés par le régime post-communiste, créeraient des entreprises ingénieuses, rechercheraient des idées novatrices et, surtout, travailleraient ensemble pour une vision d’un avenir meilleur. Cet espoir a défini mes années de formation. Cela m’a poussé à m’impliquer davantage dans mon entourage. Cela m’a laissé penser que je pouvais avoir un l’impact sur mon environnement en devenant une militante et un membre proactif de ma communauté. C’est pourquoi je me suis donnée pour mission de travailler avec les jeunes en faveur de l’autonomisation à travers des organisations internationales et panafricaines. Cela a été possible grâce à mes études à l’Ecole nationale indienne et plus tard à School of Tomorrow. J’y ai trouvé l’opportunité d’apprendre une langue étrangère, l’anglais, et de regarder le monde différemment grâce à la diversité de ceux qui m’entouraient. C’est pourquoi j’aime passionnément voyager, vivre dans de nouveaux endroits, autour de personnes de différents horizons, de nourritures et de cultures multiples. Après mes études secondaires, j’ai poursuivi mon engagement dans les causes sociales et j’ai choisi une formation qui pourrait avoir un impact. J’ai obtenu une licence en pharmacie (BPharm) à l’Université d’Addis-Abeba et je suis devenu pharmacienne. J’ai ensuite commencé à m’engager professionnellement dans le secteur de la santé, en mettant l’accent sur le diabète, l’anémie et la nutrition maternelle et infantile.

Vous avez axé votre carrière dans l’industrie pharmaceutique. Pourquoi le choix de ce secteur?

J’ai réalisé, à travers tout le travail que j’ai fait dans les communautés, que l’impact sur la société ne se résume pas au militantisme, ni à essayer de changer le statu quo. L’impact peut être créé en rendant les systèmes efficaces et efficients. De plus, j’ai pris conscience à l’université que le secteur pharmaceutique a des répercussions qui sauvent des vies. Je crois que la santé d’une société a une incidence sur l’économie d’un pays et, par conséquent, je voulais jouer un rôle dans le système de soins de santé d’une manière ou d’une autre, d’où ce choix. C’est ainsi que je me suis impliquée dans les questions de nutrition maternelle et infantile en travaillant pour Pfizer et Nestlé.

Vous vous êtes concentrée sur le diabète. Est-ce la raison pour laquelle vous avez rejoint Julphar Diabètes ?

Je me suis en effet concentrée sur le diabète lorsque j’ai rejoint les industries pharmaceutiques du Golfe (Julphar) en tant que principal responsable pour les questions liées au diabète. Parce qu’il s’agit d’un secteur sensible et nécessitant une attention particulière. Je me suis impliquée dans le secteur pour assurer l’accès à l’insuline dans le pays et travailler avec tous les acteurs. Je travaille ainsi en étroite collaboration avec l’organisme gouvernemental qui fournit des médicaments à l’ensemble du pays en assurant leur disponibilité et leur distribution. J’ai également d’autres mandats tels que le portefeuille anémie, la chaîne d’approvisionnement et la gestion des appels d’offres. Comme je l’ai mentionné plus, je travaille en étroite collaboration avec les organismes gouvernementaux qui proposent des appels d’offres pour l’ensemble du pays.

Ruth Dresselgn, la lutte contre le diabète en Afrique

La santé d’un côté, les jeunes de l’autre. C’est votre combat, l’autonomisation des jeunes ?

Autonomiser les jeunes a été et reste le but de ma vie. Le continent africain a un potentiel et des ressources incalculables. L’une de ses richesses est sa jeunesse. Grandir parmi des jeunes ingénieux et compétents, qui ont créé des opportunités face à l’adversité, m’a inculqué le besoin de soutenir ceux qui peuvent faire la différence. Je crois être une militante et un influenceur panafricain.

C’est dans ce contexte que vous avez fondé le Club Rotary à Arada, l’une des banlieues d’Addis-Abeba…

J’ai créé le club Rotary d’Arada dont je suis la secrétaire pour l’année civile 2017-2018. En outre, j’ai décidé d’occuper des postes de direction dans de nombreuses structures africaines, pour les encourager à apporter un fort soutien aux jeunes. Pour en citer quelques-unes, je dirige : Afrique 2.0, le panel des Jeunes Africains et Initiative de Paix des Artistes Africains impliqués dans l’Agenda 2030 et les ODD (NLDR : Objectifs de développement). Je souhaite fermement jouer un rôle clé dans la valorisation de ce potentiel des jeunes et travailler sur le capital humain pour réaliser la promesse du développement de l’Afrique. Pour en revenir au Rotary, c’est un réseau mondial d’1,2 million de voisins, amis, leaders et de solutionneurs de problèmes existants qui bâtissent un monde où les personnes s’unissent et agissent pour créer un changement durable à travers la planète, dans nos communautés et en nous-mêmes. Le club Rotary Arada a été créé en 2015 par des Rotaracts éminents et des amis qui croyaient qu’ils pouvaient avoir un impact sur leurs communautés. Les membres sont des leaders professionnels dans leurs secteurs et qui influencent par le biais du leadership et le service à la communauté. Nous travaillons en réseau avec d’autres clubs Rotary et Rotaracts nationaux et internationaux grâce à des programmes d’échange.

C’est pourquoi vous avez rejoint Women in Africa Initiative ?

Oui, Women in Africa est une initiative extraordinaire qui autonomise les femmes en Afrique, un pilier transversal qui a un impact sur les facteurs socio-économiques et politiques du continent. Être l’ambassadeur de l’Éthiopie est une formidable opportunité pour être en réseau avec des femmes incroyables qui peuvent me guider et me façonner pour le leader que je veux être. Certains des projets auxquels je participe au service de notre communauté sont spécifiquement axés sur les femmes. Le projet d’assainissement du Rotary club Arada d’Addis-Abeba en collaboration avec une nouvelle génération de Rotaracts et un projet de soins contre le cancer axé principalement sur les femmes. Le projet de retour à l’école que soutient les Rotaracts, avec plus de 50% de femmes bénéficiaires. Les projets et politiques d’Africa 2.0, du panel des Jeunes en Afrique et de l’Initiative de Paix des Artistes Africains impliquent les femmes dans toutes leurs questions transversales.

Pour en savoir plus rendez-vous sur le site de Women in Africa – WIA initiatives

La technologie en levier du développement

Le téléphone mobile est un levier de développement de entrepreneuriat - Photos Thierry BARBAUT - Côte d'ivoire 2017
Le téléphone mobile est un levier de développement de entrepreneuriat - Photos Thierry BARBAUT - Côte d'ivoire 2017

Nous devons veiller à ce que la #technologie qui façonne notre avenir contribue à l’inclusion sociale de tous, en particulier des populations les plus vulnérables. La directrice générale de la Banque mondiale est optimiste et nous explique pourquoi.

KRISTALINA GEORGIEVA

À chacun de mes voyages, je constate que la technologie améliore l’existence de millions de personnes marginalisées. Dans la plupart des cas, les changements sont à peine visibles, ils se produisent à petite échelle et d’une multitude de façons. La technologie aide, silencieusement, les habitants de zones reculées, les femmes et les jeunes à sortir de leur exclusion.

Et parce que ce phénomène est discret et passe inaperçu, j’ose espérer que nous ne sommes qu’au début d’une révolution lente et néanmoins profonde. Voici les raisons de mon optimisme.

Des écoles s'équipent en Informatique et Internet au Kenya - crédits photo Thierry Barbaut Info Afrique
Des écoles s’équipent en Informatique et Internet au Kenya – crédits photo Thierry Barbaut Info Afrique

Aissata vit à Ganyah, un village isolé de Guinée qui a été durement touché par la crise Ebola. Elle investit une partie des allocations qu’elle reçoit chaque mois dans un dispositif de microcrédit mis en place avec d’autres femmes, afin de cultiver des légumes et de les vendre sur le marché. Elle peut ainsi nourrir ses enfants et les envoyer à l’école. La technologie a littéralement transformé les perspectives d’avenir pour la famille d’Aissata, car, sans technologie, elle ne pourrait pas figurer sur le registre des bénéficiaires sociaux.

En Guinée mais aussi au Chili, en Turquie, à Djibouti, au Pakistan ou encore en Indonésie, les registres sociaux mettent les individus en relation avec les services publics (protection sociale, santé et inclusion financière), tout en donnant la priorité aux plus pauvres. Et les plateformes technologiques invisibles mais fiables sur lesquelles s’appuient ces registres permettent d’économiser des millions de dollars par rapport à l’époque où le numérique n’existait pas.

Le registre social du Pakistan couvre désormais 85 % de la population du pays. Il inclut 70 programmes différents et a permis d’économiser 248 millions de dollars. En Afrique du Sud, un processus analogue a évité la perte de 157 millions de dollars. En Argentine, la mise en relation des bases de données de 34 programmes sociaux avec des numéros d’identification uniques a permis de mettre au jour de nombreuses erreurs sur l’éligibilité des bénéficiaires, avec, à la clé, une économie de 143 millions de dollars sur huit ans.

Deux milliards de personnes dans le monde travaillent dans le secteur informel, généralement sans protection sociale. Dans les pays à faible revenu, la couverture sociale est quasiment inexistante, et même dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure, seulement 28 % de la population en bénéficie. Les écosystèmes de paiement mobiles et numériques créent toutefois de nouvelles opportunités.

En Inde, des innovations telles que le système d’interface de paiement unique (UPI) facilitent l’accès des pauvres aux transactions sans espèces. Les plateformes de micro-assurance et les incitations douces servent à encourager les individus à cotiser de manière flexible, volontaire et sans espèces. L’État verse des prestations complémentaires qui permettent aux travailleurs informels d’être couverts.

En Zambie, quelque 75 000 filles et femmes vivant dans des zones rurales et isolées peuvent choisir de recevoir des versements numériques sur un compte bancaire mobile ou sur une carte prépayée. Et l’Afrique de l’Ouest a pour ambition de fournir 100 millions d’identités numériques d’ici à 2028, y compris aux populations nomades, aux sans-abri, aux minorités et aux personnes vivant dans une zone de conflit.

En Indonésie, « Family Hope », un programme de transferts monétaires, couvre dix millions de ménages pauvres, jusque dans les zones les plus reculées de l’est de l’archipel, afin d’atteindre les objectifs de développement humain. Au Liban, un partenariat de la Banque mondiale et du Programme alimentaire mondial renforce la coordination avec l’aide humanitaire et permet des opérations d’aide alimentaire grâce à une carte électronique ciblant les ménages libanais les plus pauvres ainsi que les réfugiés syriens.

À l’heure où la « gig economy » gagne du terrain, y compris dans les pays développés, il faut trouver des solutions afin que les programmes de protection sociale offrent aux travailleurs informels la possibilité d’accéder à des prestations et à des services, quel que soit leur employeur. Dans son Rapport sur le développement dans le monde 2019 (a), la Banque mondiale s’intéresse de près à ces aspects de l’avenir du travail.

Grâce à la technologie, il est possible d’atteindre les personnes exclues, alors même qu’un plus grand nombre d’aspects de l’économie physique deviennent virtuels. Il est impossible de résister à cette tendance inexorable. Elle offre des possibilités considérables pour mettre à profit les avancées notables réalisées ces dernières décennies en direction d’un monde plus juste, mais pour y parvenir, il faut accompagner ce mouvement.

La Banque mondiale fait figure de leader lorsqu’elle s’efforce de veiller à ce que la technologie qui façonne notre avenir contribue à l’inclusion sociale de tous, en particulier de ceux qui risquent le plus d’être laissés sur le bord du chemin. Et pour preuve : 85 % des financements alloués à ses 92 projets dans le secteur de la protection sociale et de l’emploi sont consacrés à cet enjeu.

Comment aider les villes à bâtir le socle de la croissance de demain ?

Les infrastructures de base transforment les conditions de vie. Il suffit parfois d’une route…
L’accès à une eau salubre et à l’assainissement améliore la santé des enfants, limite les maladies liées à la contamination de l’eau et peut réduire le risque de retard de croissance.

L’éclairage des rues contribue à la sécurité dans un quartier, à la lutte contre les violences faites aux femmes, au dynamisme du petit commerce et des autres activités économiques, ce qui peut aider les populations à sortir de la pauvreté.

Une route revêtue peut élargir le champ des possibles pour les petits entrepreneurs en leur donnant accès à de nouveaux marchés et fournisseurs, ainsi qu’à des opportunités pour développer leur activité.

Remédier au déficit de financement des infrastructures urbaines

La part des villes dans la croissance économique mondiale est déjà comprise entre 70 et 80 % environ, et, du fait de l’expansion urbaine, elle est vouée à augmenter. Les villes devraient accueillir 2,5 milliards de personnes de plus sur les 35 prochaines années, ce qui représentera près du double de la population de la Chine. Composante fondamentale de la connectivité, de la santé publique, de la protection sociale et du développement économique, l’infrastructure, sous toutes ses formes (infrastructure de base, sociale et économique) jouera un rôle essentiel pour accompagner la croissance urbaine.

À l’échelle mondiale, on estime qu’il faudra investir entre 4 500 et 5 400 milliards de dollars par an pour construire les infrastructures urbaines résilientes qui manquent. Les villes auront besoin de partenaires, car le secteur public ne peut répondre à lui seul à ces besoins et l’aide publique au développement ne peut apporter qu’à peine 3 % de ces montants. Elles doivent donc commencer à explorer des solutions de financement innovantes et faire appel au secteur privé.

Le 9e Forum urbain mondial (a), qui s’est tenu cette année, a invité les secteurs public et privé, les banques multilatérales de développement (BMD) et la société civile à relever ensemble le défi que représente le financement du Nouvel agenda urbain. La Banque mondiale — qui est, parmi les BMD, le plus important bailleur de fonds destinés au développement urbain — a participé activement aux discussions (a) en faisant part de son savoir et de son expérience dans ce domaine, et en proposant des stratégies pour l’avenir.

Kigali, novembre 2017, une ville qui impressionne : masterplan, connectivité, propreté, sécurité... photo Thierry Barbaut
Kigali, novembre 2017, une ville qui impressionne : masterplan, connectivité, propreté, sécurité… photo Thierry Barbaut

Une ville durable est une ville financièrement viable

Afin de favoriser l’investissement privé dans des projets urbains, les villes doivent générer leurs propres recettes, améliorer leur gestion financière et se doter d’un cadre réglementaire. La Banque mondiale aide les autorités municipales, régionales et nationales à renforcer leurs capacités institutionnelles et budgétaires, à mieux gérer leurs ressources actuelles et à les mobiliser pour attirer davantage de capitaux privés.

La Banque mondiale recourt à divers instruments financiers et techniques pour soutenir le développement d’infrastructures urbaines et offrir des opportunités de croissance, en ciblant tout particulièrement les populations pauvres et vulnérables.

[Consultez ici les publications de la Banque mondiale consacrées au développement urbain] (a)

À propos de cette série de billets (a)
Autres billets (a)​

Renforcer les systèmes d’allocation de ressources reposant sur la performance

Avec son programme axé sur les résultats (a), la Banque mondiale dispose d’un instrument financier qui s’appuie sur les institutions et processus d’un pays, et subordonne directement le décaissement de fonds à l’obtention de certains résultats. Cette approche contribue à renforcer les capacités du pays, accroît l’efficacité et l’efficience, et permet de produire des résultats concrets et durables.

Par exemple, le programme de renforcement des collectivités locales urbaines en Tanzanie (a) vise à améliorer les services publics dans 18 municipalités en consolidant le système d’allocation budgétaire reposant sur la performance. Les villes alloueront aux petites infrastructures des ressources financières pour améliorer les routes, les espaces publics pour les marchés et commerces, et la gestion des déchets solides, ce qui leur permettra d’offrir des services et des opportunités à leurs habitants.

La Banque mondiale finance également des projets axés sur les résultats au Sénégal et au Kenya (a), où des systèmes de transfert budgétaire interadministrations ont été mis en place pour inciter à améliorer la performance. Les moyens financiers ainsi dégagés ont permis aux autorités locales de construire des infrastructures urbaines essentielles dans différents secteurs : eau, assainissement, routes, santé et éducation, notamment.

Améliorer la gestion financière municipale

Le Programme pour la solvabilité des villes (CCI) (a) constitue une autre approche destinée à améliorer les résultats financiers et à renforcer les capacités institutionnelles au niveau local. Environ 600 responsables municipaux en bénéficient dans 250 villes et 25 pays. Ce programme apporte aux villes un appui concret en matière de gestion financière : elle les aide à générer leurs propres recettes, à rationaliser leurs dépenses et à gérer leurs actifs en vue d’améliorer leur solvabilité.

Organisées sur cinq jours, les Creditworthiness Academies s’adressent à des villes de différentes tailles, qu’il s’agisse de petites municipalités pauvres et ayant peu de capacités ou de métropoles riches disposant de grandes capacités. En Ouganda, le CCI a aidé la municipalité de Kampala (a), la capitale du pays, à obtenir sa première note de crédit de « qualité investissement ».

Investir davantage dans des infrastructures urbaines résilientes

Dans le cadre de sa stratégie de maximisation des financements pour le développement, le Groupe de la Banque mondiale travaille avec les États et le secteur privé sur différentes approches pour mettre en place les infrastructures physiques et sociales nécessaires. Cette stratégie consiste notamment à promouvoir les partenariats public-privé (PPP), à faciliter l’accès des pays aux marchés financiers et à apporter des garanties pour encourager les investissements du secteur privé.

Dans le cadre de son Programme pour la résilience des villes (CRP) (a), la Banque s’attache à appliquer cette stratégie pour trouver des solutions au manque de financements municipaux dans les infrastructures. Ce nouveau programme mondial destiné spécifiquement aux villes s’appuie sur le cadre solide que la Banque mondiale a mis en place en aidant les États, depuis de nombreuses années et sous la forme d’une assistance technique ou d’un soutien financier, à attirer les investissements.

Le CRP accompagne les municipalités dans l’identification et la conception de projets représentant des opportunités d’investissement. Des spécialistes aideront les villes à élargir l’éventail des possibilités de financement et à trouver des bailleurs de fonds supplémentaires, tels que des investisseurs privés ou institutionnels. En catalysant à la fois le financement privé et le financement public, le CRP aide les villes à entretenir et à pérenniser leurs infrastructures. Près de 50 municipalités y participent actuellement.

Plus la population afflue vers les villes, en quête d’opportunités, plus des approches globales du développement doivent être privilégiées. C’est en relevant ensemble ces défis que les pouvoirs publics, le secteur privé, les BMD et la société civile pourront bâtir des villes et des communautés inclusives, résilientes et durables, pour tous.​par Sameh Wahba

Deux stratégies simples pour les demandeurs d’emploi

Entreprise complexe par essence, la recherche d’emploi peut se révéler particulièrement difficile et éprouvante pour les jeunes et ceux qui entrent sur le marché du travail pour la première fois

En Afrique subsaharienne, les taux de chômage des jeunes sont deux fois supérieurs à ceux des adultes, pour les hommes comme pour les femmes (OIT, 2013a). Dans cette région, 11 millions de jeunes vont se présenter sur le marché du travail chaque année au cours des dix prochaines années. Cette dynamique pourrait réduire considérablement la pauvreté si les jeunes parvenaient à accéder à des emplois productifs générateurs de croissance économique (Chakravarty et al., 2017). D’où l’intérêt des deux stratégies simples et efficaces que nous présentons dans ce billet pour aider les demandeurs d’emploi.

Avoir un plan fait la différence

La recherche d’emploi est un processus autocontrôlé : chacun décide du temps qu’il va consacrer à cette recherche et combien de lettres de candidature il va expédier chaque semaine. Parfois vous respectez votre plan, d’autres fois, non. Comme beaucoup de jeunes gens ne sont ni à l’école, ni au travail ni en recherche d’emploi, il importe particulièrement de comprendre comment optimiser ce processus.

C’est dans cet esprit qu’une équipe du Laboratoire d’innovation pour l’égalité des sexes en Afrique (a) et de la cellule Emploi (a) de la Banque mondiale a conçu et testé, en collaboration avec des chercheurs du Middlebury College (université de Stellenbosch) et de l’université du Cap, un outil de planification de l’action appliqué à la recherche d’emploi. Conjugué à un atelier de 90 minutes sur l’orientation de carrière, organisé par les autorités d’Afrique du Sud, cet outil a aidé de jeunes chômeurs à aller au bout de leurs intentions et à adopter une stratégie de recherche d’emploi plus efficace. Avec des résultats remarquables : les participants ont reçu 24 % de réponses de plus d’employeurs potentiels et 30 % d’offres de plus. Cinq à douze semaines après avoir participé à l’atelier et mis en œuvre leur plan d’action, ces demandeurs d’emploi avaient 26 % de probabilités de plus d’être employés.

L’utilité de la lettre de recommandation

L’information ne circule pas forcément bien entre les demandeurs d’emploi et les employeurs potentiels Ces derniers ont souvent du mal à évaluer si un travailleur est qualifié ou a le bon profil pour occuper tel ou tel poste. Ces asymétries d’information entourant les compétences des travailleurs peuvent entraîner des affectations peu adaptées, une baisse de la productivité et un renforcement des inégalités. Alors même que les employeurs apprécient d’avoir une lettre de recommandation en appui à leur décision d’embauche, rares sont les candidats à y recourir.

Nous avons entrepris une expérience de terrain visant à apprécier l’impact des lettres de recommandation (a) d’anciens employeurs. Comme le souligne (a) Martin Abel, qui a participé à ces recherches, l’expérience confirme toute leur utilité potentielle. Le fait d’inclure ces recommandations dans un dossier de candidature augmente la probabilité d’obtenir une réponse de 60 %. Par ailleurs, le fait de sensibiliser les demandeurs d’emploi à l’intérêt de ces documents a accru de 67 % la part de ceux qui s’efforçaient d’en obtenir un. L’expérience montre, de manière intéressante, que ces courriers pourraient jouer un rôle encore plus déterminant pour les femmes à la recherche d’un emploi. Celles qui pouvaient présenter de bonnes références étaient plus susceptibles d’obtenir une réponse et un rendez-vous (ce qui n’était pas le cas pour les hommes). Les femmes ayant obtenu un document type avaient environ 50 % de chances supplémentaires d’être employées, le taux d’emploi doublant pour celles qui utilisaient effectivement les lettres.

CONCLUSION

La définition d’un plan d’action et le recours aux lettres de recommandation sont deux stratégies qui marchent pour améliorer les performances en matière de recherche d’emploi et d’embauche. En outre, les lettres de recommandation ont un impact réel sur les femmes demandeurs d’emploi, qui se heurtent souvent à des contraintes supplémentaires liées à des problèmes d’accès aux ressources clés. Ces solutions, peu coûteuses, peuvent être facilement mises en place au sein des agences de l’emploi pour améliorer les chances des jeunes de trouver du travail.

Pour en savoir plus sur ces études, consulter les documents de travail : The Value of Reference Letters (a) et Bridging the Intention-Behavior Gap? (a).

Sources :

  • Organisation internationale du travail (2013a). Indicateurs clés du marché du travail, 8e édition. Organisation internationale du travail. Tiré de databank.worldbank.org
  • Chakravarty, Shubha; Das, Smita; Vaillant, Julia. 2017. Gender and Youth Employment in Sub-Saharan Africa: A Review of Constraints and Effective Interventions. Policy Research Working Paper, No. 8245. Banque mondiale, Washington, DC.

Avec la Banque Mondiale et son blog en français.

Les produits du terroir, facteurs d’émancipation féminine

Pays du jasmin, la Tunisie excelle aussi dans l’huile d’olive. Avec la harissa, autre emblème national, les produits du terroir procurent revenus et dignité aux femmes rurales

L’huile d’olive tunisienne ravit les plus fines papilles. L’une d’entre elles a remporté en 2017 la médaille d’or dans une prestigieuse compétition internationale. Et cette année encore, le pays connaît une production record. En 2018, les exportations du précieux liquide doré ont augmenté de 124,57% en quantité et de 157,53% en valeurs. Ces bons résultats positionnent la Tunisie au deuxième rang des producteurs mondiaux. Ainsi, le secteur, pourvoyeur d’emplois dont la plupart sont occupés par des femmes, apparaît comme une bénédiction dans un pays en crise économique depuis la révolution.

A Sidi Saâd, localité rattachée à Mornag, dans le Sud-Est de Tunis, des dizaines de femmes, de tout âge, s’affairent au petit matin sur la route. Elles sillonnent les sentiers pour atteindre les oliveraies perchées sur les hauteurs de la bourgade. La saison vient de commencer et l’heure de la cueillette a sonné. Cette année, la récolte s’annonce prometteuse. L’Office national de l’huile (ONH) espère une production de plus de 180 mille tonnes.

« La cueillette des olives, un beau spectacle. Oh ! bon vieux temps si tu reviens. »

« As-tu ramené les peignes et les bâches en plastique ? », demande Halima à sa fille Noura. Enthousiaste et débordante d’énergie, la petite répond par l’affirmative.« La cueillette des olives, c’était tout un beau spectacle. Oh ! Bon vieux temps si tu reviens » s’exclame Halima. Le champ d’olives à cueillir par Noura, sa mère et bien d’autres employées saisonnières payées à la journée (15 dinars/ 5,99 USD), compte plus de mille arbres. Une fortune considérable, de l’avis de Halima.

« Cette année, le litre d’huile est fixé à 14 dinars (5,59 dollars). Une aubaine pour les propriétaires », soupire Halima. Des propos qui ne plaisent guère à Ibrahim, le propriétaire du champ. Il rectifie : « Quand la saison est bonne, tout le monde en tire profit. L’olivier, ce présent divin, est très précieux, il peut sauver une économie aux arrêts. L’Etat s’est engagé à planter 10 millions d’oliviers entre 2016 et 2020, selon le ministre de l’Agriculture, Samir Bettaieb ».

Un million d’emplois, dont une majorité occupés par des femmes

Une orientation stratégique de l’Etat car ce secteur emploie, directement ou indirectement, plus d’un million de personnes. Il fournit 34 millions de journées de travail par an, soit 20 % de l’emploi agricole, d’après des statistiques officielles. Une activité largement occupée par les femmes, mais l’absence de recensement et la prégnance de l’informel empêchent toute évaluation. Ces femmes sont poussées vers les champs par le chômage de leurs maris.

En 2015, l’ONG Oxfam estimait que le secteur de l’huile d’olive en Tunisie favorisait l’autonomisation financière des femmes rurales « en raison d’une forte mobilisation de main-d’oeuvre féminine et de son importance comme produit d’exportation, principalement vers les pays européens et les Etats Unis ».

Les coopératives pour tirer un meilleur fruit de leur labeur

Afin de profiter au mieux des fruits de leur labeur, les autorités locales incitent les productrices à se regrouper. Le Cepex, entre autres structures, les accompagne pour améliorer leur packaging, renforcer leur compétivité et atteindre l’objectif suprême : l’export. Il en va ainsi de l’huile d’olive mais également de la harissa. Autre produit phare du terroir local, sa culture, de la production à la commercialisation, en passant par la cueillette, reste une affaires de femmes. Les paysannes dans les champs, les citadines dans les usines.

Symbole de la féminisation du secteur agricole tunisien, le gouvernement a inauguré, le 8 mars dernier, journée internationale des droits des femmes, un point de vente de produits du terroir à Sfax. Cette démarche, généralisée à toutes les régions du pays, s’inscrit dans le cadre de la stratégie nationale d’autonomisation des femmes rurales. Sur les étals des points de vente, de l’huile d’olive, de la harissa, mais également des épices, du pain traditionnel, ainsi que des articles de vannerie et de poterie… Désormais, les femmes de Bir Ali Ben Khelifa, Mahrès et Kerkennah, et des autres localités isolées de la région ont désormais, leur point de vente, et un revenu.

La journée s’achève à Sidi Saâd. Alors qu’Ibrahim salue ses ouvriers Halima et les autres glanent, silencieusement mais soigneusement, les graines éparpillées ici-et-là, dans les ombres dansantes des arbres. Il ne faudrait pas laisser une miette de ce trésor.

Des Afriques et mille réalités

Vincent Garrigues
Vincent Garrigues

Une interview de Albane Dreyer

Vincent Garrigues : « Il y a ‘des’ Afriques, mille réalités »

Vincent Garrigues
Vincent Garrigues

Directeur clientèle en charge du pôle Afrique et Moyen-Orient de Reputation Squad, Vincent Garrigues est un spécialiste reconnu des médias et des relations presse sur ces deux régions du monde qu’il connaît sur le bout des doigts.

Ancien journaliste au service Afrique de Radio France Internationale et ex-correspondant étranger pour RMC et RTL notamment, il a mené de nombreuses missions de communication, aux Emirats arabes unis comme en Afrique pour des institutions consulaires, des organisations internationales et des groupes privés… Ce qui en fait un interlocuteur de choix lorsqu’il s’agit d’évoquer la conversation vers les Suds.

La communication en Afrique est-elle si différente de la communication en Europe ?

Je parlerais de diversité plutôt que de différence. Si la globalisation des tendances tend à uniformiser les goûts et certains comportements, elle n’efface pas, et c’est heureux, les totems identitaires. Une campagne de communication en Estonie est-elle réplicable en Espagne ou en France ? A priori non, pour des raisons évidentes de préhension culturelle. Et pourtant oui, pour de nombreux ‘produits’ du panier mondialisé. Ces balises de la post-modernité existent donc aussi sur le continent africain.

A côté de cela, il faut faire un peu de géographie politique et tordre le cou aux idées simples : les aires musulmanes du Sahel, l’Afrique des forêts pluviales, la dynamique afropolitaine des cités géantes comme Lagos ou Nairobi, la singularité modeuse de Johannesburg, le laboratoire rwandais, l’esprit atlantique de Casablanca et Dakar, etc., autant d’écosystèmes et de rythmes pour des modernités alternatives. En Afrique comme en Europe, pour toucher les gens il faut articuler l’intimité, la culture, les mobilités, les identités, la globalisation et le pouvoir. Sans jamais perdre de vue ces nouvelles classes moyennes dopées par la croissance de leurs Etats, aujourd’hui 150 millions de personnes et quelques 900 millions en 2040.

Qu’avons-nous à apprendre des pratiques de communication sur le continent africain ?

Le kongossa — un terme familier désignant les rumeurs populaires — a manœuvré la dynamite des fake news bien avant les réseaux inventés par les geeks de la Silicon Valley. Ainsi, voyons le continent comme un Empire de la rumeur vagabonde hérissé de digues grosso modo inutiles, celles des ‘médias d’Etat’ sous contrôle, que personne ne croit mais que tout le monde regarde. Le charivari du Net et la doxa propagandiste cohabitent, compliquant les initiatives de communication. Puisqu’en vérité, aucune source n’est fiable. Donc aucun message. Il nous faut donc d’abord apprendre à décrypter ces univers, à en intégrer la rythmique si particulière, ce balancement entre la plus surgissante immédiateté et un temps infini. Puis on verra que le rapport oral/écrit n’est pas celui que l’on connait, et là encore, nous aurons à reparamétrer les instruments. Puis on comprendra que les termes de l’échange sont volontiers façonnés par quelque chose qu’un courriel aller-retour ne remplacera jamais, soit un contact direct, une poignée de main, un regard. Quelque chose de très incarné, suffisamment chargé de confiance et de dignité pour oser dépasser ce “passé qui ne passe pas” entre l’Afrique sub-saharienne et le Nord.

Le continent saute à pieds joints dans l’ère numérique, en reprenant possession de ses espaces politiques et en repensant ses économies.

Quelles sont les principaux axes de développement du département Afrique ?

Avant toute projection incantatoire sur l’émergence — un mantra contesté par les jeunes élites africaines -, il faut ouvrir les yeux sur ce qui se passe : nouveau scénario géopolitique, nouvelle géométrie de l’universalité, hybridation des tendances et affirmation des identités, réécriture permanente d’un modernité devenue multiple, sublimation vaguement totalitaire des grands commencements, dissémination de l’ici dans l’ailleurs. Le courant du post-colonialisme fait tomber les statues les unes après les autres, érige ses mythes transitoires et engage des centaines de millions d’humains dans un processus de « sortie de la grande nuit », comme le disait Frantz Fanon. Le continent saute à pieds joints dans l’ère numérique, en reprenant possession de ses espaces politiques et en repensant ses économies.

Ainsi, en s’appuyant sur les forces vives de Reputation Squad, multilingues et habituées à travailler sur les territoires de la diversité, nous souhaitons intensifier les échanges avec les acteurs des Suds. Sérendipité, ductilité, agilité, sensibilité sont nos viatiques. Pour coller avec les aspirations de la génération en passe de prendre les commandes, pour entrer en conversation avec leurs jeunes enfants élevés en mode multi-écrans, pour engager le débat avec et entre ceux qui animent déjà les nouvelles routes du commerce, le matin à Dubaï, le soir à Abidjan, le lendemain à Harare, l’agence peut investir tous les terrains de la création visuelle, sonore et écrite. Nous aimons la couture sur mesure, parce qu’il ne nous viendrait pas à l’idée de porter le costume du voisin. Il y a bien “des” Afriques — mille réalités comme autant d’aspirations à tresser un récit -, pour lesquelles certains recyclent d’anciens plans de communication comme autant de vieux tours de magie.

Le mobile représente-t-il un enjeu de communication significatif sur le continent africain ?

Soyons clair : nos clients veulent du frais qui claque au vent, du stylé bien dosé, de l’énergie et du sens. Pour que cela fonctionne en pleine intégration avec les dynamiques sociales dans tel pays ou telle région, Reputation Squad déploie des actions de ‘communication augmentée’ en valorisant en tout premier lieu le mobile.

Selon l’Union internationale des télécommunications, on comptera bientôt 500 millions d’utilisateurs de smartphone sur 30 millions de km², pour une population constituée à 70% de moins de 25 ans et urbanisée à 41%. Le seul Nigéria sera, à la moitié du siècle, le troisième pays du monde et sa quatorzième économie. Sans avoir connu de révolution industrielle, l’Afrique, continent digital, fait déjà 42% de ses transactions e-commerce par le smartphone. Un véritable aggiornamento s’impose à nos manières de voir, de commercer, d’échanger avec ce continent au sud dans lequel furent inventés, je le rappelle, les technologies des transferts financiers par téléphone et celles du cloud.

Nous sommes en plein virage, au moment où l’accompagnement par de vrais spécialistes est le plus utile.

La communication gouvernementale a-t-elle pris le tournant du digital en Afrique francophone ?

C’est très variable selon les territoires et les modes de gouvernance. En fait, tout le monde prend conscience du caractère incontournable du numérique, mais nombreux sont ceux qui hésitent encore à franchir le pas. Chaque jour qui passe rapproche ces résistants de leur obsolescence programmée. Les Africains, le peuple le plus jeune de la planète, les a déjà condamnés. Quand ils sont actifs sur les réseaux, les gouvernants ont parfois du mal à prendre du champ avec les poncifs de la propagande. Donc oui, le tournant est pris. Disons que nous sommes en plein virage, au moment où l’accompagnement par de vrais spécialistes est le plus utile. Les choix à faire engagent l’avenir des territoires et des peuples, la qualité de leur réputation, la force de leur image, la pertinence de leur identité.

La course africaine vers le digital, telle l’éclair, frappe encore d’effroi les générations matures, promptes à jouer localement les tech-gourous parce qu’elles peuvent s’offrir tous les smartphones à la mode. Pour s’en servir, en revanche, mieux vaut demander à leurs enfants ou petits-enfants, qui, grandissant dans des économies plus ouvertes mais aussi plus chahutées, savent attribuer des usages distincts à leurs outils numériques. Nés avec le web, ils le maîtrisent mieux. Les plus anciens, en Afrique comme ailleurs, oublient leurs mots de passe, ouvrent des profils sans queue ni tête et postent parfois des vidéos très privées depuis leur bureau.

Une forme d’opinion publique est née, encore largement ignorée par les pouvoirs, qui circule sur les plateformes digitales.

La presse française joue-t-elle encore un rôle important auprès des opinions des pays francophones ?

Hors Maghreb et Afrique australe, il n’y a aucun média africain endogène qui puisse revendiquer une audience internationale et afficher une crédibilité par-delà ses frontières. L’agence Pana et Africa N°1 sont de lointains souvenirs. Du coup, c’est — c’était ? — un boulevard pour les médias de tous les ailleurs, occidentaux, arabes et asiatiques. Chez les francophones, assurément, ce qui n’a pas été entendu sur RFI ou vu sur France24 ne peut pas être tout à fait vrai.

Volontiers indifférents au torrent de fantaisie qui dévale les colonnes de la presse locale, les dirigeants politiques tendent l’oreille dès que leur pays est cité, et s’irritent bien plus de 10 mauvaises lignes dans un hebdo parisien que d’un dossier complet dans le journal du coin. Alors la presse “française” joue-t-elle un rôle important ? Source-mère, la dépêche de l’Agence France Presse peut encore décider, ici et là, en tant que seule expression de la vérité, du sort de tel ou tel système. Ce modèle se noie peu à peu dans l’espace numérique indivis.

Dans ce contexte, fort d’une connaissance fine des enjeux et du milieu, un bon conseiller en communication travaillera l’amont et l’aval, facilitera l’expression des acteurs publics et des influenceurs, accompagnera le partage des idées là où il le faut. Ce travail de fond, en ce qu’il éclaire le réel — qui reste bien le réel -, fera éclore in fine des voix inédites. Il convient donc de proposer des récits cohérents, sourcés, instruits par l’exemple. Les stratégies publiques doivent être clairement présentées, les résultats aussi. Les prises de parole politiques doivent être séquencées et adaptées à l’auditoire, commentées, partagées. Les projets à vocation commerciale gagnent à être confrontés à l’opinion, à risquer le débat, à prendre le vent de face. In fine, les différentes actions de communication créent l’archipel de ces liens consubstantiels à l’équilibre social et à l’adhésion culturelle, qui sont autant de messages positifs fléchés vers les citoyens, la région, le monde.

Sur les réseaux, les écrans, les pages, partout rebondit une conversation “spontanée” truffée de règles invisibles. Il n’y a pas ou peu de bibliothèques au sud du Sahara, les médias traditionnels n’ont aucune audience chez les moins de 30 ans, alors comment faire ? Une forme d’opinion publique est née, encore largement ignorée par les pouvoirs, qui circule sur les plateformes digitales. Instinctive, frondeuse, le dos tourné aux vieilles civilisations scripturaires, cette nouvelle foule bien plus puissante que les dépêches AFP est en marche. Elle pèsera bientôt un quart de l’humanité. Imaginez un peu : soixante pour cent des continentaux ont moins de 25 ans ! Cela fait d’ores et déjà 630 millions de jeunes qui tracent leur route, échangent des infos, rêvent leur vie en ayant accès aux 36 millions d’articles en 291 langues de Wikipédia, aux 6 milliards d’heures vidéo de YouTube et à une myriade de télévisions. Notre vocation, c’est d’être au cœur de ce décentrement épistémique.

La 4ème révolution industrielle : une chance pour l’Afrique !

Boris de Fautereau présente à Thierry Barbaut le centre de tri de déchets

Alors que l’Afrique a connu une forte croissance économique pendant près de deux décennies, le rythme de son industrialisation n’a pas été proportionnel. En moyenne, l’industrie africaine génère 700 USD de PIB par habitant, soit moins d’un tiers qu’en Amérique latine (2 500 USD) et à peine un cinquième de l’Asie de l’Est (3 400 USD). Pourquoi une telle situation ?

Des allures de coquille vide

Rappelons par ailleurs que les exportations africaines sont constituées de produits de faible technologie et de matières premières non transformées, représentant plus de 80% des exportations dans de nombreuses économies, même parmi les plus importantes du continent. L’Afrique ne produit encore que 1,9% de la valeur ajoutée mondiale dans l’industrie manufacturière, une part qui n’a pas augmentée depuis des décennies malgré la résilience économique mise en évidence par les performances du PIB.

C’est pourquoi il faut modérer notre enthousiasme quand nous évoquons exagérément un «  bond en avant ». On ne peu décemment pas parler de « bond en avant » quand le bond se limite à l’accès aux nouvelles technologies sans avoir maîtrisé les anciennes. Le capital humain fait toujours défaut et il reste à acquérir les compétences qui ne peuvent pas être greffées. Toute technologie a besoin d’une main-d’œuvre humaine intelligente et bien formée.

Le mobile, une arme de développement massive pour l'Afrique
Le mobile, une arme de développement massive pour l’Afrique

L’industrialisation de l’Afrique : un enjeu mondial

L’industrialisation de l’Afrique est un enjeu important, un deal gagnant-gagnant pour le monde entier. Elle contribuerait à accroître la productivité en stimulant le progrès technologique et l’innovation tout en créant des emplois plus qualifiés dans le secteur formel. L’industrialisation de l’Afrique favoriserait également l’intégration entre les secteurs des services et de l’agriculture, entre les économies rurales et urbaines, et entre les industries de consommation, et celles des biens intermédiaires et des biens d’équipement. Elle rendrait également les prix des produits manufacturés moins volatils et moins susceptibles de se détériorer à long terme, sans oublier qu’elle aiderait également les pays africains à mettre fin à leur dépendance vis-à-vis des exportations de matières premières. Un continent africain économiquement développé serait une véritable bénédiction pour la paix mondiale: ça réduirait le nombre de conflits et l’ampleur des migrations illégales dans le monde.

Le pouvoir des NTIC

La 4ème révolution industrielle pourrait bien être en Afrique et elle entrainerait de grandes opportunités. De nombreux pays africains s’approprient rapidement les innovations et utilisent les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) pour fournir des services publics et favoriser l’inclusion dans les processus de prise de décision. Des entrepreneurs africains bien connus et respectés sont en tête de pelotons aux côtés de grandes entreprises et marques multinationales. De plus, une nouvelle vague de jeunes entrepreneurs africains lancent des startups fructueuses sur des plateformes numériques dans plusieurs secteurs d’activités et stimulent le commerce électronique sur le continent. Pourtant, les gains de productivité et de croissance économique restent limités. Alors que l’Internet contribue en moyenne à 3,7% du PIB dans de nombreuses économies avancées, il ne contribue qu’à 1,1% du PIB africain, selon l’Internet Society. Cela signifie qu’Internet est principalement utilisé pour la consommation en Afrique plutôt que pour la production. Cela doit changer.

Avec la diffusion rapide des NTIC et l’émergence de la robotique et de l’intelligence artificielle, l’Afrique est également confrontée à un besoin urgent de transformer ses modèles d’éducation afin de préparer un avenir qui défie déjà le continent. La 4ème révolution industrielle détruira de nombreux emplois routiniers et peu qualifiés que les robots peuvent effectuer de manière plus rentable. Mais il créera également un large éventail de nouveaux emplois à condition que les secteurs public et privé consacrent plus de ressources à l’apprentissage. Le continent doit être fort en recherche et développement. Et ceci est un défi important. Selon l’UNESCO, les moyennes régionales des parts du PIB consacrées à la RD sont de 2,1% pour l’Asie de l’Est et le Pacifique, 2,4% pour l’Amérique du Nord et l’Europe occidentale et à peine 0,4% pour l’Afrique subsaharienne.

L’Afrique devrait profiter de gains significatifs et d’une efficacité améliorée en évoluant plus rapidement vers une économie basée sur Internet. Selon McKinsey, l’Internet peut générer des gains de productivité en Afrique dans les secteurs de l’éducation, de la santé, des services financiers, de l’agriculture, du commerce de détail et des administrations publiques, de l’ordre de 148 à 318 milliards de dollars. Les NTIC ont également révolutionné le secteur financier grâce à la banque et services mobiles, ce qui a permis de promouvoir davantage l’inclusion financière. Les systèmes financiers inclusifs permettent un large accès aux services financiers à des coûts abordables, et en particulier pour sortir des millions de groupes pauvres et défavorisés de la pauvreté. Cependant, la réalité reste décevante avec moins d’un adulte sur quatre en Afrique seulement qui a accès à un compte bancaire dans une institution financière formelle. L’Afrique doit répondre aux exigences de la révolution numérique pour pourvoir en tirer parti. La simple consommation du contenu Netflix, Facebook et YouTube (aussi drôle, amusant soit-il) ne fera pas l’affaire.

Les défis à relever pour ne pas rater le train du progrès

L’Afrique a fait des progrès substantiels dans la scolarisation au cours des vingt dernières années, mais la qualité générale de l’éducation reste insatisfaisante. Les programmes d’études, les politiques, les investissements et l’engagement du secteur privé sont en retard et décalées par rapport aux besoins induits par les changements technologiques. Les employeurs font donc face à une pénurie de compétences. C’est à ce niveau que l’Afrique doit apprendre des autres nations car c’est un défi incontournable qu’elle devra relever si elle veut réellement bénéficier de tout le potentiel des NTIC et avancer vers un modèle de développement unique.

Akinwumi Adesina, Président de la Banque Africaine de Développement.

Article publié en collaboration avec Libre Afrique

Le Gabon excelle dans les TIC en Afrique Centrale

  • Conscient des avantages socioéconomiques offerts par les technologies de l’information et de la communication, le Gabon a investi massivement depuis 2012 dans la construction d’un réseau haut débit à fibre optique.
  • Le coût de l’accès à internet a été divisé par 10 depuis 2010, et le nombre d’abonnés a été multiplié par 7 sur la même période.
  • Selon l’Union Internationales des Télécommunications (UIT), agence spécialisée des Nations Unies pour les technologies de l’information et de la communication, en 2017, le Gabon a gagné 10 places dans le classement mondial des TIC et se positionne désormais 6e pays le plus connecté du continent africain.

Impossible de sillonner aujourd’hui les villes du Gabon sans remarquer les grandes affiches publicitaires qui font la promotion d’offres d’accès à internet à des prix encore inimaginables il y a quelques années.

Une aubaine pour Alphonse, jeune cadre de 34 ans dans la fonction publique. WhatsApp, Facebook, LinkedIn ou Instagram sont autant d’applications que l’on trouve sur le téléphone de ce jeune homme ultra-connecté pour son travail et ses loisirs. « Avec la multiplication d’opérateurs internet et de la téléphonie mobile, le prix des abonnements internet a nettement diminué et l’offre de Gabon Telecom s’est beaucoup améliorée » explique-t-il. « Je travaille entre Libreville et Port Gentil, grâce au haut débit, je peux désormais effectuer en un clic des transactions et formalités administratives qui me prenaient un temps fou avant, à cause de la lenteur et du manque de fiabilité du réseau. »

Des avantages indéniables

Depuis quelques années le numérique révolutionne de nombreux domaines et les technologies de la communication et de l’information (TIC) offrent de plus en plus de solutions aux pays en voie de développement. Dans certains pays, elles permettent notamment de réduire les distances en donnant accès à des services bancaires, administratifs ou médicaux aux habitants.

Internet peut aussi être un formidable outil de sensibilisation, d’enseignement à distance, et de collecte de données indispensables aux politiques de développement. Certains pays réalisent des sondages et d’enquêtes auprès des ménages via la téléphonie mobile.

La liste de ces avantages est longue, encore faut-il que le réseau soit rapide, fiable et bon marché. C’est pour cela que le Gabon a décidé d’améliorer la couverture de son réseau et de se doter du haut débit par la fibre optique à travers le projet Central African Backbone (CAB).

 

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L’élargissement du réseau à fibre optique permet d’améliorer la productivité et l’efficacité de l’administration.

Trouver le bon financement et un cadre légal attractif

Débuté en 2012, le projet vise à augmenter le taux de pénétration de l’internet haut débit en élargissant la couverture du réseau de l’ensemble du territoire gabonais et en baissant les prix. Il fait partie d’un programme régional avec les autres pays de la sous-région Afrique centrale afin de booster par la même occasion l’intégration régionale. Il s’agit d’une série de projets complémentaires, financés par la Banque mondiale, destinée à améliorer les infrastructures de communications entre le Cameroun, la Centrafrique, le Tchad, Sao Tomé-et-Principe, le Congo et la RDC, calquée sur d’autres programmes régionaux déjà réalisés ou en cours en Afrique de l’Ouest et en Afrique de l’Est (Regional Communications Infrastructure Program).

Pour atteindre cet objectif, le gouvernement a commencé par élaborer une stratégie numérique et a mis en place de nouvelles politiques publiques et de régulation pour créer un environnement propice au développement du secteur, favoriser la concurrence et l’innovation, mais aussi attirer de nouveau investisseurs internationaux. Ayant débuté ses opérations en octobre 2017, le Groupe Vivendi Africa (GVA) est le dernier opérateur à être arrivé sur le marché. Il a lancé à Libreville sa première offre internet très haut débit par fibre optique en Afrique, en utilisant les poteaux électriques. « Nos équipes construisent le meilleur réseau de télécommunications possible pour les Gabonais, car nous sommes persuadés que l’accès à l’internet très haut débit est un facteur de développement économique et social » explique Marco de Assis, directeur général de GVA.

L’État a aussi investi massivement dans les infrastructures internationales et nationales, notamment pour construire une station d’atterrissement des câbles sous-marins de fibre optique et un réseau terrestre de plus de 1100 km par le biais d’un partenariat public-privé (PPP).

Un pari gagnant

Ces investissements ont payé puisque le coût de l’accès à internet a été divisé par 10 depuis 2010, passant d’une facturation de 10 000 francs CFA/Mo en 2012 à 1 500 F CFA/ Mo aujourd’hui (soit de 18 à 2,8 dollars). Le nombre d’abonnés a ainsi été multiplié par 7 sur la même période.

Ces excellents résultats ont d’ailleurs permis au projet de bénéficier d’un financement additionnel de 23 millions de dollars en 2016. « Ce financement additionnel va permettre d’étendre le réseau Backbone pour le relier avec celui du Cameroun et de la Guinée équatoriale et deux capitales provinciales supplémentaires, afin de couvrir toujours plus de villes et villages, et permettre au Gabon de poursuivre sa transition numérique. L’ambition du Gabon est de devenir un « hub numérique régional », confie Charles Hurpy, chargé de projet et spécialiste en télécommunication à la Banque mondiale.

À ce rythme, la Gabon ne devrait pas tarder à réaliser cette ambition, puisqu’il a gagné 10 places dans le classement mondial 2017 de l’indice de développement de l’internet, réalisé en novembre 2017 par l’agence spécialisée des Nations Unies pour les technologies de l’information et de la communication (UIT). Il est aujourd’hui le 6e pays le plus performant d’Afrique pour le secteur des TIC, après l’Île Maurice, les Seychelles, l’Afrique du Sud, le Cap vert et le Botswana.

Une ambition que la Banque mondiale souhaite accompagner, en soutenant dès à présent la modernisation complète du système national d’information sanitaire. La Banque mondiale entend également aider le Gabon à promouvoir un écosystème dynamique de l’innovation numérique, créateur d’emplois et de services locaux et régionaux.

Avec la Banque Mondiale

1337 la nouvelle école de codeurs au Maroc sur le modèle de 42

1337 code
1337

1337, prononcer treize puis trente sept, est la nouvelle école de codeur qui vient d’ouvrir à Khouribga au Maroc

L’école de codeur 42 ouverte à Paris est un succès avéré. Le modèle s’exporte petit à petit. Aux états-unis dans la sillicon vallée et aussi en Afrique avec WeThinkCode mais sous « franchise ». Le modèle reste le même: une école gratuite qui forme ceux qui souhaite comprendre le code source, la matrice du langage informatique…

Même principe pour l’école 1337 au Maroc, des codeurs passent par la désormais fameuse piscine et les meilleurs restent pour se challenger…

1337 l'école de codeur sur le modèle 42 de Free et Xavier Niel au Maroc
1337 l’école de codeur sur le modèle 42 de Free et Xavier Niel au Maroc

La piscine, c’est une immersion durant 4 semaines dans le monde du codage. À la manière d’un marathonien, vous serez plongé dans le bain. Tous les jours durant un mois, week-ends compris, tu travailleras sur des projets informatiques. Tout en faisant connaissance avec les autres candidats, tu devras rendre et évaluer ces projets. Le programme de la piscine, c’est comme un nouveau départ.

On repart de zéro et il n’est pas besoin d’avoir de connaissances informatiques pour commencer. La seule exigence… savoir se servir d’un ordinateur et réussir le test en ligne.

Une apnée totale qui nous permettra d’identifier les plus motivés et confirmer l’aptitude des étudiants « admissibles » pour le développement informatique. Une occasion unique de découvrir l’école et ses méthodes d’apprentissage.

1337 au Maroc:

JE CODE, TU CODES, NOUS CODONS… 

1337, c’est la première formation en informatique par excellence au Maroc, entièrement gratuite, ouverte 24h/24 7j/7 et accessible à tous sans pré-requis de diplôme. C’est une immersion complète dans un univers où le futur est déjà présent, où l’informatique et les lignes de codes sont plus qu’un concept flou et rébarbatif…

La pédagogie de Treize, Trente-Sept s’articule autour du peer-learning. Un fonctionnement participatif qui permet aux étudiants de libérer leur créativité grâce à l’apprentissage par projet. Pour former les futurs codeurs de demain, il fallait repenser l’apprentissage, faire de l’informatique quelque chose de ludique, de passionnant et aux antipodes de la vision restrictive que le grand public peut en avoir.

Treize, Trente-Sept utilise les méthodes techniques et pédagogiques de 42 Paris, élue meilleure école de code au monde par CodinGame.

Treize, Trente-Sept, une école du présent tournée vers le futur.

Le site de l’école 1337: 1337.ma

À environ, 1 h 30 de Casablanca, 3 h de Marrakech, Khouribga est une petite ville sympa. Treize, Trente-Sept est située au cœur d’un endroit idéal pour faire tes études, entouré de parcs et d’infrastructures culturelles et sportives.

Quand tu ne seras pas en train d’aligner des lignes de codes, tu pourras profiter de l’immense médiathèque de la ville et de son auditorium, mais aussi des espaces verts du campus. N’hésite pas à sortir un peu… histoire de respirer de l’air frais et trouver l’inspiration pour tes projets.

On aurait pu te donner l’adresse postale de l’école, mais franchement, ce ne serait pas marrant. Voici plutôt les coordonnées GPS : 32.882163,-6.897713.

Alors, en voiture, en autocar, en grand taxi ou en train en route vers la capitale du code.

Les Investissements Directs Étrangers ou IDE

Le Franc CFA
Le Franc CFA

Dans l’actualité africaine, on assiste à la montée du nationalisme qui se nourrit quelques fois des idées reçues sur la présence étrangère

Certains s’offusquent du fait que des puissances étrangères disposent des intérêts en Afrique. Or, quoi de plus normal ! Sur le plan géopolitique et/ou géostratégique, tout pays émancipé dispose des intérêts à l’étranger.

On ne s’imagine plus une vie en autarcie; une société dans laquelle aucun intérêt étranger ne serait admis. La confusion inquiète lorsque la présence d’un intérêt étranger est considérée comme étant la manifestation de l’impérialisme. Dans cette perspective, les Africains doivent-il continuer à voir dans les investissements directs étrangers (IDE) un outil de domination occidentale ?

Des idées reçues et des amalgames

Les IDE sont des flux de capitaux étrangers réalisés dans un pays pour développer une activité économique. Cela intègre la multinationalisation des entreprises qui passe soit par la création de filiales, la fusion des entreprises, l’acquisition des parts, les prêts et emprunts intra-groupes ou toute autre relation financière. En réalité, chaque pays a besoin de capitaux pour financer son développement et les IDE en sont une source par excellence, sans oublier le transfert de technologie et de bonnes pratiques. C’est ainsi que les pays bien gouvernés investissent continuellement dans l’amélioration de l’attractivité de leurs territoires. Le problème est que lorsqu’on parle de multinationales en Afrique, les gens pensent automatiquement au pillage et rappellent le passé sulfureux de certains grands groupes comme Elf ou Bolloré actuellement mis en examen en France.

A cause de cette mauvaise image, les IDE sont considérés comme un moyen qu’utilisent les puissances étrangères pour maintenir leur hégémonie en Afrique. La méthode serait de contrôler la politique pour mieux contrôler l’économie et le commerce. Quand ces multinationales s’intéressent à des secteurs sensibles comme le fichier électoral, le fichier des citoyens, l’eau, l’électricité, le transport aérien, la téléphonie, plusieurs africains n’en veulent pas car y voyant du néocolonialisme, source du malheur du continent. Pourtant, il faut faire la part des choses. Ce n’est pas parce que tout était bon pour le colon auparavant qu’il faut rejeter tout ce qui vient de l’étranger.

Ce qu’il faut comprendre

Certes, les IDE sont entachés par des problèmes qu’il convient de résoudre, mais ne constituent pas pour autant une menace pour la souveraineté nationale. Le premier de ces problèmes se trouve au niveau de la qualité des investissements attirés. Les pays bien gouvernés attirent des « investissements rares » en référence à ce que l’on ne retrouve pas sur leurs territoires et à ce qu’ils visent pour leur émergence. En Afrique, les pays mal gouvernés comme ceux du pré-carré français attirent des investissements dans des secteurs à plus-value faible et très peu créateurs de richesses comme ceux de la distribution ou de l’exportation des produits bruts.

Cette mauvaise orientation des investissements est le reflet du manque structurel de diversification des économies d’accueil qui crée ce biais dans l’allocation sectorielle des IDE. Ce faisant, la concentration des IDE dans les industries extractives limite leur impact en matière de création d’emplois car ce type d’industries est intensif en capital et souvent enclavé par rapport au reste de l’économie avec peu d’effet d’entraînement.

Un autre problème que l’on doit relever est l’absence de transparence. Les conditions d’entrée et d’exercice sur le marché de plusieurs multinationales restent opaques et non-transparentes. En l’absence ou en manque de communication, les spéculations vont bon train sur la présence des investisseurs étrangers en Afrique. Ainsi, l’on soupçonne le montant des investissements annoncés, la contrepartie politique, les privilèges accordés, etc.

De nos jours, il est inadéquat de ne pas communiquer largement sur la présence étrangère en Afrique. Sur le chemin de la démocratie, le citoyen est souverain et dispose d’un droit de regard sur la gestion de la chose publique. Il est donc légitime qu’il cherche à savoir ce que l’investisseur apporte et ce que le gouvernement de son pays offre en retour ; il est légitime de vouloir savoir si son pays gagne ou perd dans le cadre de ses échanges avec l’étranger. C’est une question de droit à ne plus violer : le droit à l’information.

Enfin, le manque de libre compétition de certaines entreprises étrangères sur le marché est nuisible à l’image des IDE. Beaucoup d’entreprises arrivent dans des avions présidentiels lors des visites d’Etat et s’installent dans le cadre des accords de coopération qui ne respectent toujours pas la liberté économique des Etats africains. Or de nos jours, des pays d’Afrique ne peuvent plus continuer à être la chasse gardée de certaines puissances étrangères.

Le continent doit ouvrir ses économies à la concurrence et user de son droit de choisir pour accueillir la meilleure offre de partenariat pour le développement. L’absence de libre compétition donne l’illusion que les entreprises étrangères n’ont aucun apport à l’économie locale. L’illusion est qu’elle vient essentiellement tirer profit du continent en pillant ses ressources. Or, la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED) indique que l’Afrique a attiré plus de 49 milliards de dollars d’investissements directs étrangers (IDE) en 2017. Selon le cabinet Amadeus, l’Afrique devrait brasser au total jusqu’à 144 milliards d’IDE à horizon 2020. Sur le principe, un tel montant représente une manne ou mieux, un capital important pour l’économie locale. Toutefois, il reste à réussir son orientation dans des secteurs créateurs de richesses.

Somme toute, les citoyens africains ne devraient pas contester l’afflux des IDE, mais leur qualité. L’enjeu de qualité des IDE est la responsabilité partagée entre les investisseurs étrangers et les gouvernements locaux qui doivent améliorer leur gouvernance, offrir un climat des affaires favorable et alléger la pression réglementaire et fiscale sur les secteurs créateurs de richesses.

Louis-Marie KAKDEU, PhD & MPA – Avec Libre Afrique

 

La BAD va financer les infrastructures solaires domestiques

Dans les zones rurales très reculées de certains pays africains, l’accès à l’électricité des bénéficiaires à faible revenu se fait encore par le biais de systèmes traditionnels et archaïques – lampes torches à pile ou lampes à pétrole polluantes et extrêmement nocives pour la santé.

C’est en réponse à ce besoin latent, que le Conseil d’administration de la Banque africaine de développement (BAD) a approuvé, la proposition visant à aider Zola EDF Côte d’Ivoire (ZECI), à mobiliser un prêt en monnaie locale de 15,75 milliards de FCFA (soit environ 24 millions d’euros) arrangé par Société Générale de Banque en Côte d’Ivoire (SGBCI) et Crédit Agricole Corporate and Investment Bank (Crédit Agricole CIB). La Banque apportera une garantie partielle de crédit  couvrant une portion de la facilité de prêt garanti, en guise d’élément catalyseur. Le véhicule ad hoc de financement en cours de création (NEoT CI) pour mobiliser le prêt privilégié adossé à des créances a pour sponsor NEoT Offgrid Africa (NOA) plateforme d’investissement spécialisée sur les énergies distribuées en Afrique, gérée par NEoT Capital et avec pour investisseurs Meridiam et EDF. Par ailleurs, la fondation Grameen Crédit Agricole participera au financement de ZECI et suivra les aspects sociaux et environnementaux pour toute la durée de la transaction.

Le projet expérimentera une structure de financement pilote adossé à des créances en monnaie locale afin de permettre à ZECI – une coentreprise à 50/50 créée par Off-Grid Electric (OGE) et EDF – d’assurer l’accès aux systèmes solaires domestiques (SSD) prépayés à environ 100 000 ménages supplémentaires vivant en milieu rural en Côte d’Ivoire (CI), d’ici à 2020. Cette opération serait la première structure de financement en monnaie locale,  à grande échelle et utilisant la technique de titrisation pour le secteur des énergies renouvelables hors-réseau en Afrique.

Le modèle commercial de ZECI, qui consiste à vendre des kits solaires répondants aux standards internationaux de qualité, dans le cadre de contrats de location-achat, d’une durée de 3 ans (création de créances prévisibles payables avec de l’argent mobile), facilite l’accès des clients à revenus faible et moyen et mal desservis à une énergie propre. En outre, il contribue à leur inclusion financière, notamment par le biais de la constitution d’historique de crédit, ainsi qu’à l’accès au financement et à la propriété d’actifs.

Présentant le projet, les Directeurs du département de l’énergie renouvelable et du département du développement du secteur financier, Messieurs Ousseynou Nakoulima et Stéfan Nallétamby ont souligné la viabilité de l’opération, son alignement avec les High 5s de la Banque, notamment « Éclairer l’Afrique et l’alimenter en énergie » (Nouveau pacte pour l’énergie en Afrique, en particulier en atteignant l’objectif de 75 millions de ménages desservis d’ici à 2025, « Améliorer la qualité de la vie de tous les Africains », et le 3e Programme phare de la stratégie d’industrialisation qui consiste à « créer des marchés de capitaux liquides et efficaces », en appuyant la mise au point de nouveaux mécanismes de financement innovants.

Par ailleurs, M. Amadou Hott, Vice Président de la Banque africaine de développement en charge de l’Energie a précisé que, « le financement s’inscrit dans la droite ligne du Plan de développement national 2016-20 de la Côte d’Ivoire, du Plan stratégique du secteur de l’énergie et du programme « Électricité pour Tous » (PEPT) mis en place par les autorités ivoiriennes en vue d’électrifier toutes les localités d’ici à 2020. »

Les membres du Conseil ont souligné la pertinence de l’opération proposée, qui complètera celle relative au Projet de renforcement des réseaux de transport et de distribution (PRETD) en Côte d’Ivoire (approuvée le 2 novembre 2016) en vue de financer le renforcement des réseaux de transport et de distribution d’électricité, en assurant l’accès à une énergie propre pour les ménages mal desservis.

Tout en fournissant de l’électricité propre, l’opération aura un impact substantiel sur plusieurs ménages à revenus faibles dans les milieux ruraux et permettra également d’améliorer les résultats en matière de santé, dans la mesure où elle contribuera à réduire le recours au pétrole lampant nocif. Elle devrait améliorer la situation socioéconomique de la population cible, en particulier des femmes. Par le recours au paiement mobile, le projet fait la promotion de l’inclusion financière des populations rurales. Il contribue également au développement du secteur financier grâce à l’expérimentation d’un modèle de financement adossé à des créances.

Comment dompter les éléphants blancs au Bénin ?

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Le 07 mai dernier, de la tribune du Parlement, le ministre du cadre de vie, José Didier Tonato, a présenté le rapport de l’audit technique, juridique et financier du chantier de construction du nouveau siège de l’Assemblée nationale, démarré en 2008.

Le document lu devant les députés révèle de graves irrégularités. A ce jour, le chantier est inachevé et irrécupérable.

Comment expliquer ces scandales à répétition dans le pays et que faire pour arrêter la saignée ?

Le pays enlisé sous les « éléphants blancs» ?

Le chantier inachevé du siège du parlement béninois vient révéler les graves dysfonctionnements concernant toute la chaîne de la gouvernance des marchés publics au Bénin. D’abord, la procédure de passation des marchés publics n’a pas été respectée, ce qui n’est pas de nature à garantir l’efficacité et la qualité de la commande publique, puisque ce n’est pas l’entreprise la plus compétitive qui remportera l’appel d’offre. Ainsi, dans le cas du chantier du nouveau siège du Parlement béninois, les passations faites en maîtrise d’ouvrage déléguée n’ont jamais été entérinées par la Direction nationale de contrôle des marchés publics comme l’exige la loi.

Quand les défauts de conception, d’exécution et de suivi-évaluation ne débouchent sur aucune sanction, d’évidence il s’agit d’un éléphant blanc. En témoigne le rapport d’audit du chantier qui stipule que les travaux ont démarré sans permis de construire. En 2008, dans un mémorandum sur l’affaire CEN-SAD, l’ancien Ministre des Finances, Soulé Mana Lawani avait révélé que dans ce dossier, le ministre chargé de l’urbanisme et le Chef de l’Etat avaient sélectionné les entreprises avant même l’introduction d’une communication en Conseil des ministres sollicitant le gré à gré.

Dans certains cas, les dossiers de gré à gré sont ficelés à l’insu du Conseil des ministres. C’est le cas, souligne-t-il, du marché de réhabilitation du Centre International des Conférences (CIC) et du Palais des Congrès évalué à plus de cinq milliards de FCFA. Conséquence : les travaux ont été mal exécutés et le bâtiment du CIC est inexploitable depuis des années.

L’Exécutif étant de connivence avec le pouvoir judicaire, l’impunité incite à la fraude et aux détournements. En atteste le cas Sacca Lafia. Actuel ministre de l’Intérieur et de la sécurité publique, il est le dirigeant sous lequel le projet de construction des turbines à gaz de 120 Mw à Maria-Gléta (pour environ 50 milliards de FCFA), a été conçu et les travaux ont démarré sous ses auspices. Malheureusement ces turbines n’ont jamais fourni le moindre Mégawatt et jamais le ministre en question n’a été inquiété.

Quelles solutions ?

La clé de voûte de ces scandales est la défaillance de l’Etat qu’il urge de corriger en posant des actes concrets. En effet, combattre la corruption liée aux passations des marchés passe d’abord par la simplification du cadre juridique régulant la commande publique. Moins les règles du jeu sont compliquées, moins le pouvoir de l’administration est discrétionnaire, plus les cas de corruption sont rares. Celle-ci se nourrit de la complexité des lois et des réglementations qui conduisent inéluctablement au système des privilèges et de clientélisme. De même, la prévention de la corruption ne peut être envisagée dans un système où l’Etat est joueur et arbitre. D’où la nécessité d’ouvrir le système de contrôle des marchés publics à des experts neutres pour des contre-expertises dont les résultats seront publiés sur internet. Une évaluation indépendante et objective des marchés publics serait un début pour réhabiliter l’égalité des chances et la reddition des comptes.

Les immixtions du pouvoir politique dans la sphère judiciaire sont flagrantes. Il est clair que certaines décisions de justice renforcent l’impunité. Il faut dès lors consolider l’état de droit en procédant à une réforme avec un point d’honneur sur les questions d’équité et de protection des magistrats. En cela, le juriste Michel Adjaka propose « la modification de la loi organique sur le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) pour en exclure les membres du gouvernement que sont le Président de la République et le ministre de la justice (qui nomment les présidents des cours et tribunaux après avis consultatif du CSM) ». Après cela, le CSM lui-même sera habilité à élaborer le budget du pouvoir judiciaire et en définir les clefs de répartition entre les cours et tribunaux, à gérer la carrière des magistrats, à définir de nouvelles règles de son fonctionnement qui excluent les parrainages politiques afin de mettre en compétition les magistrats aux postes à pourvoir.

Dans la même veine, il faut consolider les poursuites judiciaires à l’encontre de tous les protagonistes impliqués, particulièrement les élus et les hauts fonctionnaires coupables de corruption ou de népotisme. Ainsi, il devient nécessaire de modifier l’article 69 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale et l’article 137 de la Constitution béninoise afin de simplifier les procédures d’interpellation des personnes occupant des postes tels que député ou ministre qui actuellement ne peuvent qu’être interpellés, arrêtés ou jugés suivant un processus complexe. Ainsi, en cas de moindre soupçon, ces responsables doivent systématiquement être déchargés de leur fonction, interpellés puis écoutés comme tout citoyen avant de recouvrer leur attribut au cas ou ils seraient innocentés par la justice.

Enfin, pour une meilleure efficacité et qualité de la commande publique, mieux vaut développer les partenariats public-privé (PPP). L’association des secteurs privé et public réduit l’irresponsabilité qui entoure la gouvernance publique où les cadres n’assument guère les conséquences de leurs erreurs. Avec les PPP, la discipline du marché et le professionnalisme sont exigés à tous les niveaux de la chaîne sans exception, puisque les associés privés sont tenus de rendre compte à leurs actionnaires, d’être sûrs d’un retour sur investissement sous peine de sortir du marché. Ce qui n’est pas le cas dans le public.

Face à la prolifération des éléphants blancs au Bénin, la refonte du cadre juridique et réglementaire régulant les marchés publics, la consolidation de l’état de droit, la réforme du secteur de la justice garante de la liberté des magistrats et la gouvernance publique basée sur les PPP sont impératives. Faute de quoi, il sera toujours plus facile de jouer avec l’argent des autres, comprenez l’argent des contribuables.

Ariel GBAGUIDI, géographe-environnementaliste béninois avec Libre Afrique

Lambaréné et les écosystèmes menacés

Vue aérienne du Gabon
Vue aérienne du Gabon
  • Avec une couverture forestière de 80 %, le Gabon est une partie intégrante du 2e poumon vert de la planète après l’Amazonie et la préservation de ce patrimoine naturel est une priorité nationale.
  • La mise en place d’activités génératrices de revenus auprès des habitants de la région permet de préserver cet écosystème fragile et d’impliquer les citoyens.
  • Par ailleurs, le renforcement de capacités de surveillance sur les sites protégés aide également à protéger la faune et à lutter contre le braconnage.

Perdue dans l’immensité du paysage, Lambaréné admire depuis plus d’un siècle l’Ogooué, principal fleuve du Gabon, qui prend sa source au Congo et traverse le pays d’est en ouest avant de se jeter dans l’océan Atlantique, 1200 kilomètres plus loin. La ville a aussi la particularité d’être au cœur du site protégé de Ramsar* Bas- Ogooué, inscrit au patrimoine mondial des zones humides d’importance internationale en 2009.

Un patrimoine unique au monde

Pas étonnant donc, d’avoir le souffle coupé par les vastes étendues de mangroves, la profondeur des forêts marécageuses, le camaïeu des prairies humides et le scintillement des massifs de papyrus, lorsque l’on navigue le long du fleuve. Les nombreux lacs alentours et de la grande variété de la végétation, offrent nourriture, refuge et un habitat aux animaux qui cohabitent avec les habitants. Et ce riche écosystème confère un caractère unique au Bas-Ogooué.

Cependant, certains d’entre eux, tels que le lamantin, l’hippopotame, l’éléphant ou encore de nombreuses espèces d’oiseaux et de poissons, sont menacés par l’exploitation forestière, la pollution des eaux ou encore la pêche sauvage.


ImageLa prise de conscience collective sur la nécessité de préserver l’écosystème fragile du Bas-Ogooué, a permis de réduire la pression anthropique sur la faune et la flore et de développer de nouvelles activités génératrices de revenus.

Soucieux d’améliorer la protection de la biodiversité dans ces zones humides et surtout de mettre en place des mesures de gestion durable de ces écosystèmes, en collaborant avec la population locale et riveraine, le gouvernement a mis en place le Projet d’appui à la gestion durable des écosystèmes des zones humides critiques (PAZH) dans plusieurs sites prioritaires comme celui du Bas Ogooué.

À Lambaréné, de nombreuses personnes, comme Marilou Ossawa, ont été directement affectées par la mise aux normes des pratiques, notamment l’interdiction de certaines zones et techniques de pêche, pour favoriser une pêche écoresponsable. À 41 ans, Marilou est présidente de l’association Inongouna, une association qui regroupe des « marieuses », c’est-à-dire des marchandes de poisson fumé. La pêche est donc leur principale source de revenu. « Du jour au lendemain nous ne pouvions plus utiliser les mono filaments ou les autres techniques villageoises pour pêcher, ni même aller dans certains endroits. En plus, on nous a expliqué qu’à long terme, nos habitudes feraient disparaître les poissons. Et si demain les poissons disparaissent, qu’est-ce qu’on va vendre ? », confie-t-elle.

Une prise de conscience collective…

Elle a donc accepté de changer ses habitudes. Cela n’a pas été facile au début, mais aujourd’hui ça a payé : « Non seulement je comprends l’importance de pratiquer une pêche écoresponsable, mais en plus je participe à la préservation des ressources naturelles de ma région », explique Marilou ravie. « Les nouvelles techniques de pêche m’ont aussi permis d’augmenter mon chiffre d’affaires et celui des autres membres de l’association Inongouna. Les poissons que nous attrapons dorénavant sont plus gros et donc mieux vendus à 3000 francs CFA le kilo contre 300 francs en saison sèche. »

Image

Afin d’encourager de telles initiatives, le projet PAZH a fourni des financements et des dons à l’association Inongouna et à autres associations de la région dans le cadre de la mise en place d’activités génératrices de revenus (AGR). À travers la mise en place de ces AGR, le projet cherche à prendre en compte les besoins des populations riveraines et à réduire les effets de certaines restrictions mises en place pour préserver les ressources naturelles. Il les aide à trouver et explorer d’autres sources de revenus afin de diminuer la pression sur l’environnement.

… et la diversification de l’activité économique

Plusieurs types d’AGR sont ainsi mises en place et financées par le projet. Certaines dans le secteur de la pêche, comme pour Marilou, financent par exemple, la pisciculture, la transformation et la conservation de produits de pêche ou encore l’entretien et la réparation de moteurs de pirogues. D’autres interviennent dans le secteur du tourisme, de l’agriculture ou de l’élevage. Profitant d’un site exceptionnel et d’un potentiel touristique encore sous exploité, le Bas-Ogooué a de beaux jours devant lui. Couplés avec la promotion de l’artisanat local ou encore la vente de détail, des villages entiers pourraient revivre grâce à l’afflux de touristes nationaux et internationaux, mais aussi à la vente de produits du terroir.

Au total, avec près de huit AGR mises en place et financées à hauteur de 128,9 millions de francs CFA, le projet PAZH permet de promouvoir une gestion durable des écosystèmes des zones humides critiques, mais vise aussi à réduire la pauvreté des populations locales vulnérables en s’assurant de les impliquer dans la préservation de leur environnement tout en améliorant durablement leur niveau de vie.

* La Convention de Ramsar, officiellement Convention relative aux zones humides d’importance internationale particulièrement comme habitats des oiseaux d’eau, aussi couramment appelée convention sur les zones humides, est un traité international adopté le 2 février 1971 pour la conservation et l’utilisation durable des zones humides, qui vise à enrayer leur dégradation ou disparition, aujourd’hui et demain, en reconnaissant leurs fonctions écologiques ainsi que leur valeur économique, culturelle, scientifique et récréative.

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