Ruth Dresselgn Deneka, « autonmiser les jeunes »

Ruth Dresselgn Deneke, Ethiopienne, mène une double vie. Pharmacienne de son métier, elle s’est investie, auprès de multinationales opérant dans l’industrie pharmaceutique, afin de faire reculer le diabète dans son pays et en Afrique. C’est par ailleurs une femme engagée au sein de nombreuses associations et club, en faveur de l’autonomisation des jeunes notamment..

Parlez-nous de vous, Ruth. Où commence votre histoire ?

Mon histoire est simple. Je suis née et j’ai grandi à Addis-Abeba, en Éthiopie, au milieu de bouleversements, d’un environnement politique instable, de difficultés économiques mais avec une caractéristique déterminante au sein de mon peuple : l’espoir. Des jeunes pleins d’espoir qui, malgré les obstacles rencontrés par le régime post-communiste, créeraient des entreprises ingénieuses, rechercheraient des idées novatrices et, surtout, travailleraient ensemble pour une vision d’un avenir meilleur. Cet espoir a défini mes années de formation. Cela m’a poussé à m’impliquer davantage dans mon entourage. Cela m’a laissé penser que je pouvais avoir un l’impact sur mon environnement en devenant une militante et un membre proactif de ma communauté. C’est pourquoi je me suis donnée pour mission de travailler avec les jeunes en faveur de l’autonomisation à travers des organisations internationales et panafricaines. Cela a été possible grâce à mes études à l’Ecole nationale indienne et plus tard à School of Tomorrow. J’y ai trouvé l’opportunité d’apprendre une langue étrangère, l’anglais, et de regarder le monde différemment grâce à la diversité de ceux qui m’entouraient. C’est pourquoi j’aime passionnément voyager, vivre dans de nouveaux endroits, autour de personnes de différents horizons, de nourritures et de cultures multiples. Après mes études secondaires, j’ai poursuivi mon engagement dans les causes sociales et j’ai choisi une formation qui pourrait avoir un impact. J’ai obtenu une licence en pharmacie (BPharm) à l’Université d’Addis-Abeba et je suis devenu pharmacienne. J’ai ensuite commencé à m’engager professionnellement dans le secteur de la santé, en mettant l’accent sur le diabète, l’anémie et la nutrition maternelle et infantile.

Vous avez axé votre carrière dans l’industrie pharmaceutique. Pourquoi le choix de ce secteur?

J’ai réalisé, à travers tout le travail que j’ai fait dans les communautés, que l’impact sur la société ne se résume pas au militantisme, ni à essayer de changer le statu quo. L’impact peut être créé en rendant les systèmes efficaces et efficients. De plus, j’ai pris conscience à l’université que le secteur pharmaceutique a des répercussions qui sauvent des vies. Je crois que la santé d’une société a une incidence sur l’économie d’un pays et, par conséquent, je voulais jouer un rôle dans le système de soins de santé d’une manière ou d’une autre, d’où ce choix. C’est ainsi que je me suis impliquée dans les questions de nutrition maternelle et infantile en travaillant pour Pfizer et Nestlé.

Vous vous êtes concentrée sur le diabète. Est-ce la raison pour laquelle vous avez rejoint Julphar Diabètes ?

Je me suis en effet concentrée sur le diabète lorsque j’ai rejoint les industries pharmaceutiques du Golfe (Julphar) en tant que principal responsable pour les questions liées au diabète. Parce qu’il s’agit d’un secteur sensible et nécessitant une attention particulière. Je me suis impliquée dans le secteur pour assurer l’accès à l’insuline dans le pays et travailler avec tous les acteurs. Je travaille ainsi en étroite collaboration avec l’organisme gouvernemental qui fournit des médicaments à l’ensemble du pays en assurant leur disponibilité et leur distribution. J’ai également d’autres mandats tels que le portefeuille anémie, la chaîne d’approvisionnement et la gestion des appels d’offres. Comme je l’ai mentionné plus, je travaille en étroite collaboration avec les organismes gouvernementaux qui proposent des appels d’offres pour l’ensemble du pays.

Ruth Dresselgn, la lutte contre le diabète en Afrique

La santé d’un côté, les jeunes de l’autre. C’est votre combat, l’autonomisation des jeunes ?

Autonomiser les jeunes a été et reste le but de ma vie. Le continent africain a un potentiel et des ressources incalculables. L’une de ses richesses est sa jeunesse. Grandir parmi des jeunes ingénieux et compétents, qui ont créé des opportunités face à l’adversité, m’a inculqué le besoin de soutenir ceux qui peuvent faire la différence. Je crois être une militante et un influenceur panafricain.

C’est dans ce contexte que vous avez fondé le Club Rotary à Arada, l’une des banlieues d’Addis-Abeba…

J’ai créé le club Rotary d’Arada dont je suis la secrétaire pour l’année civile 2017-2018. En outre, j’ai décidé d’occuper des postes de direction dans de nombreuses structures africaines, pour les encourager à apporter un fort soutien aux jeunes. Pour en citer quelques-unes, je dirige : Afrique 2.0, le panel des Jeunes Africains et Initiative de Paix des Artistes Africains impliqués dans l’Agenda 2030 et les ODD (NLDR : Objectifs de développement). Je souhaite fermement jouer un rôle clé dans la valorisation de ce potentiel des jeunes et travailler sur le capital humain pour réaliser la promesse du développement de l’Afrique. Pour en revenir au Rotary, c’est un réseau mondial d’1,2 million de voisins, amis, leaders et de solutionneurs de problèmes existants qui bâtissent un monde où les personnes s’unissent et agissent pour créer un changement durable à travers la planète, dans nos communautés et en nous-mêmes. Le club Rotary Arada a été créé en 2015 par des Rotaracts éminents et des amis qui croyaient qu’ils pouvaient avoir un impact sur leurs communautés. Les membres sont des leaders professionnels dans leurs secteurs et qui influencent par le biais du leadership et le service à la communauté. Nous travaillons en réseau avec d’autres clubs Rotary et Rotaracts nationaux et internationaux grâce à des programmes d’échange.

C’est pourquoi vous avez rejoint Women in Africa Initiative ?

Oui, Women in Africa est une initiative extraordinaire qui autonomise les femmes en Afrique, un pilier transversal qui a un impact sur les facteurs socio-économiques et politiques du continent. Être l’ambassadeur de l’Éthiopie est une formidable opportunité pour être en réseau avec des femmes incroyables qui peuvent me guider et me façonner pour le leader que je veux être. Certains des projets auxquels je participe au service de notre communauté sont spécifiquement axés sur les femmes. Le projet d’assainissement du Rotary club Arada d’Addis-Abeba en collaboration avec une nouvelle génération de Rotaracts et un projet de soins contre le cancer axé principalement sur les femmes. Le projet de retour à l’école que soutient les Rotaracts, avec plus de 50% de femmes bénéficiaires. Les projets et politiques d’Africa 2.0, du panel des Jeunes en Afrique et de l’Initiative de Paix des Artistes Africains impliquent les femmes dans toutes leurs questions transversales.

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