La BAD va financer les infrastructures solaires domestiques

Dans les zones rurales très reculées de certains pays africains, l’accès à l’électricité des bénéficiaires à faible revenu se fait encore par le biais de systèmes traditionnels et archaïques – lampes torches à pile ou lampes à pétrole polluantes et extrêmement nocives pour la santé.

C’est en réponse à ce besoin latent, que le Conseil d’administration de la Banque africaine de développement (BAD) a approuvé, la proposition visant à aider Zola EDF Côte d’Ivoire (ZECI), à mobiliser un prêt en monnaie locale de 15,75 milliards de FCFA (soit environ 24 millions d’euros) arrangé par Société Générale de Banque en Côte d’Ivoire (SGBCI) et Crédit Agricole Corporate and Investment Bank (Crédit Agricole CIB). La Banque apportera une garantie partielle de crédit  couvrant une portion de la facilité de prêt garanti, en guise d’élément catalyseur. Le véhicule ad hoc de financement en cours de création (NEoT CI) pour mobiliser le prêt privilégié adossé à des créances a pour sponsor NEoT Offgrid Africa (NOA) plateforme d’investissement spécialisée sur les énergies distribuées en Afrique, gérée par NEoT Capital et avec pour investisseurs Meridiam et EDF. Par ailleurs, la fondation Grameen Crédit Agricole participera au financement de ZECI et suivra les aspects sociaux et environnementaux pour toute la durée de la transaction.

Le projet expérimentera une structure de financement pilote adossé à des créances en monnaie locale afin de permettre à ZECI – une coentreprise à 50/50 créée par Off-Grid Electric (OGE) et EDF – d’assurer l’accès aux systèmes solaires domestiques (SSD) prépayés à environ 100 000 ménages supplémentaires vivant en milieu rural en Côte d’Ivoire (CI), d’ici à 2020. Cette opération serait la première structure de financement en monnaie locale,  à grande échelle et utilisant la technique de titrisation pour le secteur des énergies renouvelables hors-réseau en Afrique.

Le modèle commercial de ZECI, qui consiste à vendre des kits solaires répondants aux standards internationaux de qualité, dans le cadre de contrats de location-achat, d’une durée de 3 ans (création de créances prévisibles payables avec de l’argent mobile), facilite l’accès des clients à revenus faible et moyen et mal desservis à une énergie propre. En outre, il contribue à leur inclusion financière, notamment par le biais de la constitution d’historique de crédit, ainsi qu’à l’accès au financement et à la propriété d’actifs.

Présentant le projet, les Directeurs du département de l’énergie renouvelable et du département du développement du secteur financier, Messieurs Ousseynou Nakoulima et Stéfan Nallétamby ont souligné la viabilité de l’opération, son alignement avec les High 5s de la Banque, notamment « Éclairer l’Afrique et l’alimenter en énergie » (Nouveau pacte pour l’énergie en Afrique, en particulier en atteignant l’objectif de 75 millions de ménages desservis d’ici à 2025, « Améliorer la qualité de la vie de tous les Africains », et le 3e Programme phare de la stratégie d’industrialisation qui consiste à « créer des marchés de capitaux liquides et efficaces », en appuyant la mise au point de nouveaux mécanismes de financement innovants.

Par ailleurs, M. Amadou Hott, Vice Président de la Banque africaine de développement en charge de l’Energie a précisé que, « le financement s’inscrit dans la droite ligne du Plan de développement national 2016-20 de la Côte d’Ivoire, du Plan stratégique du secteur de l’énergie et du programme « Électricité pour Tous » (PEPT) mis en place par les autorités ivoiriennes en vue d’électrifier toutes les localités d’ici à 2020. »

Les membres du Conseil ont souligné la pertinence de l’opération proposée, qui complètera celle relative au Projet de renforcement des réseaux de transport et de distribution (PRETD) en Côte d’Ivoire (approuvée le 2 novembre 2016) en vue de financer le renforcement des réseaux de transport et de distribution d’électricité, en assurant l’accès à une énergie propre pour les ménages mal desservis.

Tout en fournissant de l’électricité propre, l’opération aura un impact substantiel sur plusieurs ménages à revenus faibles dans les milieux ruraux et permettra également d’améliorer les résultats en matière de santé, dans la mesure où elle contribuera à réduire le recours au pétrole lampant nocif. Elle devrait améliorer la situation socioéconomique de la population cible, en particulier des femmes. Par le recours au paiement mobile, le projet fait la promotion de l’inclusion financière des populations rurales. Il contribue également au développement du secteur financier grâce à l’expérimentation d’un modèle de financement adossé à des créances.