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Internet: Les connexions des pays d’Afrique ne passeront plus par l’Europe

Les télécommunications en Afrique avaient pour règle quasi générale de passer par l’Europe, même lorsqu’il s’agissait de communiquer entre deux pays africains voisins, et même entre deux régions d’un pays.

L’Afrique est en train de s’affranchir de cette tutelle.

Bientôt, le trafic entre l’Afrique australe et l’Afrique de l’Est ne sera plus routé par l’Europe.

L’opérateur des télécommunications Liquid Telecom a annoncé s’être lancé dans le perfectionnement de son réseau de fibre optique à travers l’Afrique de l’Est. Ces travaux « ont déjà permis de décongestionner le réseau, améliorer la connectivité et fournir des taux de latence très bas sur le contient africain ».

fibre-internet-afriqueDepuis l’acquisition de Kenya Data Networks, de Rwandan ISP Stream et d’InfoCom, un fournisseur de service Internet en Ouganda, Liquid Telecom, a mis la priorité sur l’intégration de ces réseaux à son propre réseau de fibre optique existant pour créer un vaste réseau IP, sans failles, très redondant.

Nic Rudnick, le président directeur général de Liquid Telecom, a déclaré que « les récents problèmes d’Internet en Afrique de l’Est ont mis en exergue une fois de plus le besoin de l’Afrique en haut débit, en meilleure redondance et d’un réseau transfrontalier à grande échelle. Voilà pourquoi Liquid Télécom investit dans ses propres infrastructures ».

L’entreprise s’est lancée dans la construction de l’un des plus importants réseaux de fibre optique du continent avec des infrastructures qui vont du nord de l’Ouganda à la ville du Cap en Afrique du Sud. Elles parcourent le Kenya, l’Ouganda, le Rwanda, la Zambie, le Zimbabwe, le Botswana, la RD Congo et le Lesotho. Soit plus de 13 000 kilomètres. Au début du mois de juin, ce projet d’envergure a d’ailleurs décroché le prix de la « Meilleure innovation en infrastructures de réseau fixe » lors du Global Telecoms Business (GTB) Innovation 2013.

Le Cameroun voudrait éliminer les relais occidentaux

Le Ministère camerounais des postes et télécommunications travaille sur un projet de construction de « points d’échanges Internet à vocation régionale ». A en croire les experts interrogés par l’Agence Ecofin, ces points d’échange vont désormais mettre fin au transit par les relais occidentaux de toutes les communications téléphoniques et Internet passées à l’intérieur du Cameroun

Ce qui va annuler un coût de transit d’environ un milliard FCFA chaque année pour l’ensemble des opérateurs dans la structure des prix des communications téléphoniques et sur Internet et, partant, le coût des communications en général. Toujours selon les explications des experts, ces points d’échanges vont aussi booster la fluidité dans les opérations de communication, et même garantir une certaine sécurité. Ce d’autant que les actes de piratage, généralement rendus plus facile lors du transport des données, seront réduits avec l’annulation du transport desdites données, qui se fait jusqu’ici entre le Cameroun et les relais occidentaux.

Le mois passé, la Commission de l’Union africaine a encouragé les gouvernements à aller dans le même sens, en se dotant de points d’échange Internet afin de « gérer localement le trafic Internet.»

Thierry Barbaut

Guinée: Les éléctions législatives fin septembre

La Commission électorale nationale indépendante de Guinée  (Ceni) a suggéré mercredi 10 juillet que les élections législatives aient lieu  le 24 septembre prochain.

Une proposition conforme à l’accord signé début  juillet entre le pouvoir et l’opposition sous l’égide de l’ONU.

alpha-conde-info-afriqueAprès bientôt trois ans d’attente, les Guinéens pourraient se rendre aux  urnes d’ici quelques semaines. Mercredi, la Commission électorale nationale  indépendante (Ceni) a proposé que les élections législatives se tiennent le 24  septembre.

« La Commission électorale nationale indépendante (Ceni) a proposé au président de la République Alpha Condé la date du 24  septembre 2013 pour la tenue des élections législatives », indique l’instance  électorale dans un communiqué.

Cette proposition fait suite à un accord signé le 3 juillet à Conakry entre le pouvoir et  l’opposition sous l’égide de l’ONU, précisant que le scrutin devait avoir  lieu 84 jours après cette signature.

L’accord prévoit notamment le choix de l’opérateur technique sud-africain  Waymark, jusqu’ici contesté par l’opposition, pour recenser les électeurs et  accorde le droit de vote aux Guinéens de l’étranger à ces législatives, ce que  refusait jusqu’alors le pouvoir.

Manifestations sanglantes en Guinée

Les législatives en Guinée auraient dû avoir lieu dans les six mois suivant  l’investiture du nouveau président Alpha Condé, en décembre 2010, après son  élection en novembre comme premier chef d’État démocratiquement élu de ce pays à  l’histoire marquée par les violences politiques, militaires et ethniques.

Ces élections ont toutefois été reportées à de nombreuses reprises faute de  consensus sur leur organisation. L’opposition a longtemps accusé le pouvoir «  autoritaire » d’Alpha Condé de préparer des fraudes à ce scrutin afin de  s’assurer la majorité à l’Assemblée nationale.

Elle a organisé depuis le début de l’année de nombreuses manifestations à  Conakry pour des législatives « libres et transparentes ». Celles-ci ont presque  toutes dégénéré en violences avec les forces de l’ordre, qui ont fait une  cinquantaine de morts et de très nombreux blessés.

Les dernières législatives en Guinée remontent à juin 2002, sous la  présidence du général Lansana Conté, décédé en décembre 2008 après 24 ans au  pouvoir. C’est actuellement un Conseil national de transition (CNT, non élu) qui  fait office de Parlement.

Thierry Barbaut
Avec JA

Nigéria: Business et crédit entre Goodluck Jonathan et la Chine

Au troisième jour de son voyage en Chine, le président du Nigeria Goodluck Jonathan rencontrera les PDG de grandes entreprises chinoises, et le Premier ministre Li Keqiang.

Goodluck-JonathanCette visite d’Etat de quatre jours vise à accroître les échanges et les investissements entre la seconde économie mondiale et le premier producteur de pétrole d’Afrique. Goodluck Jonathan, reçu hier par son homologue Xi Jinping, va d’ailleurs ramener un grand prêt chinois qui permettra de financer des infrastructures au Nigeria.

Un prêt de plus d’un milliard de dollars avec un taux préférentiel à moins de 3%…

Voilà ce que le président nigérian Goodluck Jonathan est, entre autres, venu chercher à Pékin.

Cette somme servira à financer des aéroports, un tramway pour la capitale, Lagos, une centrale hydroélectrique, et des infrastructures pour le gaz et le pétrole. C’est la première tranche d’un prêt plus large de 3 milliards de dollars.

La Chine est devenue un gros investisseur en Afrique, où elle cherche à s’assurer des ressources naturelles et des débouchés pour ses produits. Pour cela, elle s’appuie sur le Nigeria, deuxième destination de ses investissements sur le continent. Les  échanges commerciaux entre les deux pays ont été multipliés par six en sept ans.

Le pétrole, un secteur clé

Mais il reste un secteur clé du Nigeria où Pékin a du mal à percer : le pétrole, qui reste dominé par Occidentaux Shell et ExxonMobil. Goodluck Jonathan va donc rencontrer aujourd’hui les dirigeants du géant Sinopec. La Chine devrait décupler sa demande de 20 000 barils par jour actuellement à 200 000 d’ici 2015.

Goodluck Jonathan rencontrera aussi ce jeudi les responsables de Huawei et de ZTE, leaders chinois des télécoms ainsi que le premier ministre Li Keqiang.

Delphine Sureau
Avec RFI

Médias: L’afrique confontée aux déformations des communications de l’occident

L’Afrique se retrouve bien souvent dans les nouvelles en occident seulement quand elle rentre dans la case qui a été créée pour elle ou quand cela correspond à un ordre du jour occidental.

Un journaliste britannique chevronné a pu déclarer lors d’un atelier des journalistes à Abuja que l’ont parle du Nigéria dans les médias britanniques seulement quand il s’agit de mauvaises nouvelles. Il n’y aurait donc pas de bonnes nouvelles en provenance du Nigéria ?

Fin juin sur France 24 tout ce qu’on pouvait voir, c’était le « criminel » Uhuru Kenyatta qui échappait au procès à la Haye et la « crise » au Togo. Ces deux nouvelles rentrent dans la case traditionnelle d’un « peuple incapable de bien faire par lui-même sans un coup de main ».

medias-afriqueL’occident pousse l’histoire d’une Afrique dépendante qui continue d’avoir besoin de l’aide, mais la réalité du continent montre que les africains gagneraient à profiter de l’échange international.

À continuer à enfermer l’Afrique dans cette case étriquée de l’aide étrangère, de la pauvreté, des maladies, des dictateurs criminels, de la famine etc., les citoyens de l’hémisphère Nord sont privés de l’expérience réelle de l’Afrique : un continent qui est en passe de changer et d’évoluer comme la dernière frontière du monde en développement. Ils ne sauront pas que le changement déferle sur le continent et que le ce dernier se lève rapidement, au-delà des stéréotypes et des ordres du jour occidentaux.

Aujourd’hui, on trouve des programmes sépciaux sur les principales plates-formes d’information, dédiés au progrès en Afrique par exemple, African Voices (Voix africaines) de CNN et African Dream (Rêve africain)de la BBC, une série sur les entrepreneurs africains à succès.

En dépit de cela, les Kenyans ont dû créer #SomeoneTellCNN sur les médias sociaux pour remettre les pendules à l’heure face à un flash d’actualités alarmant sur CNN relativement à une (inexistante) « Violence au Kenya ».

Autre exemple : le documentaire de la BBC Welcome to Lagos (Bienvenue à Lagos) dépeignait une micro-réalité sordide de la vie à Lagos, mais en la présentant comme la norme. Il serait juste d’avoir une suite décrivant une ville qui monte.

Cela dit,  généraliser en labellisant quelques plateformes médiatiques « médias occidentaux » est aussi injuste qu’une généralisation de 54 pays en une seule réalité.

Quels reportages pourraient être produits par les journalistes africains eux-mêmes pour que des nouvelles plus positives parviennent en Europe ou aux USA ?

Ce n’est pas tant le reportage lui-même qui compte que le chemin qu’il prend pour arriver en occident. Il existe de nombreux reportages d’Afrique qui reflètent un continent en mouvement, mais la plupart d’entre eux resteront limités à des auditoires africains.

Il y a une population croissante de jeunes en Afrique qui commencent à montrer un intérêt dans la politique et la gouvernance.

De plus en plus de Nigérians retournent au pays parce que, contrairement à avant, leur patrie, dans certains cas, offre bien davantage de promesses que les anciens « verts pâturages » qu’ils cherchaient à l’étranger.

La diaspora africaine a transféré 60 milliards de dollars au continent en 2012. Il doit certainement y avoir une histoire à raconter sur la façon dont ces sommes ont été gagnées. Générer 60 milliards de dollars doit avoir nécessité beaucoup d’activités productives à la diaspora d’un continent soi-disant pauvre, surtout quand il coûte plus cher d’envoyer de l’argent en Afrique que partout ailleurs dans le monde.

40% des Africains vivent dans des centres urbains. Ce chiffre est de 45% en Chine et 30% en Inde. Cela montre qu’une classe moyenne est  effectivement en pleine croissance (qui attire les investissements dans les biens de consommation et les biens de plus en plus luxueux).

De plus en plus l’Afrique profite de la culture de l’Afrique. Dans certains pays africains, les films nigérians sont plus populaires que les films hollywoodiens. Ce n’était pas le cas avant.

Les maladies et la pauvreté ne sont plus la norme. Il y a encore de la faim, comme il y a aussi de la prospérité. Il nous faut donc un « histoire » équilibrée qui racontetoute l’expérience de l’Afrique, plutôt qu’une expérience trop déséquilibrée vers la gauche ou vers la droite.

On ne peut vraiment connaître  l’Afrique tant qu’on ne l’a pas vue et rencontrée par soi-même. Tant que nous ne verrons pas l’Afrique à travers les yeux des Africains, nous  continuerons à subir l’illusion de la vraie Afrique.

Japheth Omojuwa,

analyste sur www.AfricanLiberty.org,

AFRIKArchi lance la deuxième édition du Concours ARCHIGENIEUR AFRIQUE 2013.

AFRIKArchi 2013 !

Ce concours est né de la volonté de soutenir et d’amplifier l’enseignement de l’Architecture, de l’Urbanisme et du Génie-Civil en Afrique, de faire naître et diffuser une image positive et dynamique des matériaux locaux africains utilisés dans la construction, de cultiver l’inspiration et la créativité, de donner aux étudiants l’opportunité de découvrir et d’apprécier les multiples possibilités architecturales et techniques.

AFRIKArchiLe concours est ouvert aux étudiants africains et de la diaspora africaine, inscrits dans des écoles et universités, ainsi qu’aux jeunes professionnels diplômés entre 2010 et 2013. Les candidats pourront participer seuls ou en équipe de quatre, maximum.

Compte tenu des enjeux multiples dont regorge le concours, il s’annonce à nouveau un motif de fierté Africaine. Par ce concours, l’association ambitionne d’encourager, stimuler et récompenser la créativité et l’inventivité des talents africains d’aujourd’hui et de demain.

Pour cette deuxième édition, il est demandé aux participants de « concevoir ou réhabiliter un marché en milieu urbain en Afrique ». D’après les organisateurs, le choix de ce sujet est lié aux multiples enjeux que peut revêtir un tel programme du point de vue des relations sociales, des flux et de la mobilité, de la gestion des stocks, de l’hygiène, ou encore des enjeux environnementaux.

Une conférence de presse est prévue le vendredi 13 septembre 2013 à La Cité de l’Architecture et du Patrimoine – Palais de Chaillot à Paris, puis le lancement est prévu le mardi 1er octobre 2013. Les participants pourront s’inscrire à partir le 15 Juillet jusqu’au 30 Novembre 2013 sur le réseau professionnel et social de l’association, AFRIKArchi Network, www.afrikarchi.com/afrikarchinetwork. La date limite de rendu des projets est le vendredi 31 janvier 2014 à minuit.

Pour plus d’informations, cliquez Dossier de Presse – Concours ARCHIGENIEUR AFRIQUE 2013 AFRIKArchi

AFRIKArchi

http://www.afrikarchi.com

Médecine: Télé-médecine et télé-enseignement entre l’Afrique et l’Inde

Lorsqu’en 2006 la Conférence des postes et télécommunications de l’Afrique centrale (COPTAC) désigne le Cameroun pour abriter le Centre régional de télé-enseignement du réseau panafricain des services en ligne, peu de personnes au sein de l’opinion publique croient en ce projet.

Un bâtiment flambant neuf au sein de l’Université de Yaoundé 1, en plein cœur de la capitale camerounaise, est aujourd’hui là pour démentir ceux qui avaient été sceptiques. Avec cinq amphithéâtres de 150 à 250 places, six salles de travaux dirigés de 70 places chacune, deux bureaux pour la recherche, et deux pour les juniors entrepreneurs, l’Université virtuelle d’Afrique centrale a fière allure.

Les ambitions sont grandes

En décembre 2012, elle comptait, selon une information rapportée par l’Institut de la Francophonie pour l’ingénierie de la connaissance et des formations à distance, près de 400 étudiants. Les ambitions sont grandes. L’Université virtuelle se propose d’offrir à distance les programmes académiques et professionnels en signant des accords de coopération interuniversitaire, et de mettre sur pied un mode d’organisation qui permettra en 2015 que le nombre d’étudiants qui utilisent les moyens électroniques pour se former atteigne 50 000.

Le programme, qui propose diverses formations, notamment dans le domaine de l’informatique, de la santé ou encore des finances, est l’une des manifestations de la présence indienne dans le secteur du télé-enseignement en Afrique.

Une architecture unique

telemedecine-AfriqueC’est en 2004, alors qu’il prononçait un discours lors de la cérémonie inaugurale du Parlement panafricain, que le Dr A. P. J. Abdul Kalam, ancien président de l’Inde, a émis l’idée de connecter tous les pays d’Afrique via le satellite et la fibre optique.

Le but initial de l’initiative était de connecter les dirigeants africains, afin qu’ils puissent faire face aux défis de l’enseignement ou de la santé, bénéficier de la vidéo-conférence et autres valeurs ajoutées. Suivant cette volonté exprimée, le ministre indien des Affaires étrangères va lancer le programme e-Network, qui s’appelle aujourd’hui Pan-African e-Network.

Ce réseau s’étend aujourd’hui, selon des informations disponibles sur le site du projet, dans 48 pays en Afrique qui ont signé un accord en vue de participer au processus. Une architecture unique gère ces relations et transite par un satellite qui met en liaison une des universités indiennes et une ou plusieurs universités africaines.

Ainsi la formation en ligne permet aujourd’hui à deux organisations régionales africaines des grandes universités, en plus de l’Afrique centrale couverte par le Cameroun, d’être reliées au concentrateur et d’atteindre 53 classes virtuelles. Il s’agit de la Makerere University en Ouganda et de la Kwame Nkrumah University of Science and Technology du Ghana.

Le Pan-African e-Network

Parti d’une simple idée, le projet Pan-African e-Network est aujourd’hui la manifestation la plus visible du gouvernement indien sur le continent africain, à travers un réseau de services d’éducation et de soins de santé. Dans la pensée de ses précurseurs son but était de connecter à travers le continent africain 53 centres d’apprentissage, 53 hôpitaux, cinq universités régionales et cinq hôpitaux régionaux.

Le projet a pour mission d’aider l’Afrique dans le renforcement des capacités à travers un enseignement de qualité, grâce au concours des meilleures universités indiennes. L’autre volet du projet consiste à la coopération en matière de santé, en facilitant les consultations entre les malades africains et des spécialistes basés en Inde.

Le projet, qui a été élaboré pour un coût global de 117 millions $, est piloté par le Ministère indien des affaires extérieures. TCIL (Telecommunication Consultants India Ltd) a été désigné comme l’agence d’exécution, chargée de livrer le service clé en main. Son rôle est de concevoir le réseau, d’acquérir et d’installer l’équipement, de fournir un soutien pendant cinq ans après la mise en service du réseau dans les pays respectifs, et d’apporter du conseil au Ministère des affaires extérieures et au gouvernement de l’Inde sur toutes les questions liées au projet.

Le projet comporte deux principales composantes : le télé-enseignement, fourni par les universités indiennes, et la télémédecine, fournie par les hôpitaux spécialisés en Inde. Le projet porte aussi sur la formation médicale continue (FMC) des médecins praticiens.
Par Idriss Linge pour le magazine Réseau Télécom No 62.

Mali: Début des éléctions

La campagne électorale a débuté ce dimanche au Mali. Cela fait suite à la levée, hier samedi, de l’état d’urgence imposé au Mali depuis janvier 2013.

Les 28 candidats à la Présidentielle devront batailler ferme sur le terrain pour briguer le maximum de voix.

L’état d’urgence avait été décrété au Mali le 12 janvier 2013. Cela faisait suite à l’offensive surprise lancée vers le sud par des groupes islamistes armés. C’est d’ailleurs cette offensive qui avait précipité l’intervention de l’armée française au Mali, le 11 janvier, contre les groupes jihadistes liés à Al-Qaïda. Le vendredi 19 avril 2013, les députés maliens avaient adopté, à l’unanimité, le projet de loi autorisant une deuxième prorogation de l’état d’urgence au Mali. La décision a été prise à l’unanimité – 129 voix pour, zéro abstention et zéro contre -.

 
Candidat_Election-maliCette décision de proroger l’état d’urgence décrété le 12 janvier 2013, avait été prise le 10 avril, en Conseil des ministres, sous la présidence du dirigeant malien par intérim, Dioncounda Traoré. Sauf que la décision de laisser courir l’état d’urgence qui devrait prendre fin le 6 juin 2013, a été prorogée une nouvelle fois.

En effet, le 4 juin dernier, en Conseil des ministres, il a encore été décidé de proroger l’état d’urgence. L’accord signé le 18 juin à Ouagadougou entre le gouvernement malien de transition et la rébellion touareg stipulait que la Présidentielle devait se tenir sur toute l’étendue du territoire malien, notamment à Kidal, une exigence de la Communauté internationale.

Et il aura fallu attendre ce samedi, à la veille du lancement de la campagne pour le premier tour de la Présidentielle prévue le 28 juillet prochain, pour voir les autorités maliennes lever la mesure.

La décision de lever l’état d’urgence, qui avait été reconduit à deux reprises depuis janvier 2013, est intervenue à la veille du lancement de la campagne électorale pour la Présidentielle qui a démarré ce matin. Sur les 36 candidatures, la Cour constitutionnelle en a validé 28. Les candidats sont sur le terrain pour battre campagne et tenter chacun de son côté, de convaincre les Maliens, sans doute encore sous le choc de la guerre qui a changé leur quotidien.

Thierry Barbaut

Lutte Sénégalaise: Une lutte passionnante à venir pour la saison 2013 et 2014

Boul Faalé

L’arène sénégalaise pourrait revivre avec les temps forts de la lutte avec frappe au cours de la saison 2013-2014 à venir.

Ce sera avec le choc quasiment ficelé par le promoteur Aziz Ndiaye et qui devra opposer le chef de file de la Génération Boul Faalé, Mohamed Ndao alias Tyson, à Gris Bordeaux de Fass.

L’arène sénégalaise pourrait revivre avec les temps forts de la lutte avec frappe au cours de la saison 2013-2014 à venir. Ce sera avec le choc quasiment ficelé par le promoteur Aziz Ndiaye et qui devra opposer le chef de file de la Génération Boul Faalé, Mohamed Ndao alias Tyson, à Gris Bordeaux de Fass. « Nous sommes en pourparlers très avancés sur cette affiche.

Boul FaaléJe puis vous révéler que Gris Bordeaux a reçu son avance sur cachet ce samedi. Quant à Tyson, on doit en principe conclure d’ici lundi « , nous a confié l’organisateur du combat, Aziz Ndiaye. Après avoir organisé le plus grand choc de la saison ayant été sanctionné par une belle victoire de Balla Gaye 2 (Balla Gaye) sur Tapha Tine (Baol Mbollo) le 2 juin dernier, le promoteur a vu son dernier choc, Eumeu Sène (Tay Shinger) / Modou Lô (Rock Energie) tomber à l’eau, suite à une blessure à l’œil du premier nommé, à une semaine du combat

Le choc initialement prévu le 30 juin dernier a été reporté à une date ultérieure, certainement la saison prochaine. Si le combat Tyson / Gris Bordeaux est monté, ce sera un grand retour du leader de la Génération Boul Faalé, qui tentera de redorer son blason après son combat perdu face à Balla Gaye 2, le 31 juillet 2011.

Quant à Gris Bordeaux, il devra tout faire pour faire oublier à ses supporters sa défaite aux points face à Modou Lô, le 15 juillet 2012. Pour l’heure, seul Gris Bordeaux a perçu son avance, d’après les assurances du promoteur. Il faudra attendre lundi pour savoir si oui on non le combat attendu depuis le 22 juillet 2007, alors que Gris Bordeaux battait Bombardier, aura effectivement lieu la saison prochaine.

Côte d’Ivoire: Extorsion, racket et corruption: Focus sur les maux de l’Afrique qui touchent toutes les couches de la population

Les forces de sécurité extorquent régulièrement et ouvertement de l’argent aux barrages routiers dans l’ouest de la Côte d’Ivoire, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui.

Ces barrages routiers, mis en place en principe pour lutter contre l’insécurité résultant des incursions transfrontalières et des actes de banditisme, sont devenus une entreprise lucrative et criminelle pour les militaires et les gendarmes, dont les exactions menacent les moyens de subsistance et le prix des denrées alimentaires dans une région déjà dévastée par la crise postélectorale de 2010-2011.

Human Rights Watch a interrogé 82 victimes et témoins d’actes d’extorsion dans l’ouest de la Côte d’Ivoire.

Ceux-ci ont déclaré que les principales cibles de cette forme de harcèlement sont les femmes qui vont au marché ou qui en reviennent, les immigrants originaires de pays voisins, les motocyclistes et les conducteurs de véhicules de transports en commun. Même des personnes qui doivent se déplacer pour obtenir des soins médicaux sont visées. Dans un cas, le retard aurait pu contribuer au décès d’un enfant de 3 ans. Il arrive que les membres des forces de sécurité menacent, détiennent illégalement et même passent à tabac les personnes qui ne peuvent ou ne veulent pas les payer.
« Des membres des forces de sécurité s’enrichissent sans vergogne sur le dos des gens dans l’ouest de la Côte d’Ivoire », a affirmé Matt Wells, chercheur sur la Côte d’Ivoire à Human Rights Watch. « Alors que le gouvernement Ouattara avait au départ promis de prendre des mesures énergiques contre l’extorsion aux postes de contrôle, cette pratique se poursuit à grande échelle dans cette région du pays. »
barrage-extorsion-Franc_CFA_billetLa plupart des conducteurs de véhicules et d’autres résidents de l’ouest de la Côte d’Ivoire ont affirmé constater, depuis l’arrivée au pouvoir d’Alassane Ouattara, une amélioration de la situation sur les principaux axes reliant les villes. Ils ont ainsi souligné une baisse du nombre de postes de contrôle sur ces routes par rapport à l’époque où Laurent Gbagbo était au pouvoir, ainsi qu’une diminution du nombre de détentions arbitraires et de passages à tabac – des pratiques auparavant fréquentes qui visaient les Ivoiriens du Nord et les immigrants d’Afrique de l’Ouest. Cependant, nombre de ces mêmes personnes ont expliqué que la pratique de l’extorsion aux barrages situés sur des routes secondaires était sans doute pire qu’avant.
Le gouvernement ivoirien devrait enquêter sur les membres des forces de sécurité impliqués dans des actes d’extorsion et les poursuivre en justice, a commenté Human Rights Watch. Le gouvernement devrait placer des unités de sa brigade anti-racket dans les grandes villes à travers le pays, et étendre la portée de son « numéro vert » anti-racket à tout le pays pour permettre à la population de signaler les exactions rapidement et anonymement par téléphone. Les efforts menés à Abidjan pour lutter contre l’extorsion ont du mal à parvenir jusqu’à l’ouest du pays.
L’ouest de la Côte d’Ivoire a été à plusieurs reprises le théâtre d’attaques transfrontalières lancées à partir du Libéria, les plus récentes remontant au 13 et 23 mars dans les villages de Zilebly et Petit Guiglo, respectivement. Si cela peut justifier une présence accrue des forces de sécurité dans la région, notamment la mise en place de postes de contrôle, cela ne doit pas servir de prétexte à la pratique de l’extorsion, a commenté Human Rights Watch.
En février et juin 2013, Human Rights Watch s’est rendu dans une cinquantaine de villages situés entre Duékoué et Toulepleu et entre Danané et Zouan-Hounien. Des dizaines de personnes ont été interrogées : des conducteurs, des commerçantes sur les marchés, des propriétaires de petits magasins et de maquis (restaurants), ainsi que des immigrants. Tous ont décrit la pratique fréquente et ouverte de l’extorsion aux barrages routiers et le comportement criminel connexe des forces de sécurité qui y officient.
Human Rights Watch a interrogé des motocyclistes, des chauffeurs de taxi et de minibus et même des cyclistes qui ont tous expliqué qu’ils étaient régulièrement contraints de verser de l’argent aux barrages routiers pour pouvoir poursuivre leur chemin. Les cyclistes paient en général 200 francs CFA (0,40 $US) à chaque barrage, tandis que les conducteurs de véhicules sont souvent tenus de régler entre 1 000 et 2 000 francs CFA (2-4 $). Le conducteur d’un gbaka (minibus) de 20 places basé à Guiglo a raconté à Human Rights Watch que les chauffeurs doivent verser le même montant à chaque poste de contrôle sur chacun des grands axes au départ de Guiglo, même lorsque tous leurs papiers sont en règle.
Les actes d’extorsion sont commis au vu et au su de tous. Human Rights Watch a pu constater à plusieurs reprises que des véhicules étaient retenus à des barrages. En février, près du village de Kahen, un chercheur de Human Rights Watch a été témoin d’une scène où un militaire se plaignait de devoir trouver de la monnaie pour un conducteur qui n’avait pas la somme exacte. Les barrages sur les routes secondaires sont souvent le théâtre d’actes d’extorsion particulièrement abusifs.
Sur les grands axes reliant les villes, toutes les forces de sécurité – dont l’armée, la gendarmerie, les douanes et l’unité des eaux et forêts – se trouvent fréquemment aux postes de contrôle et s’adonnent à des actes d’extorsion. Les conducteurs nous ont souvent déclaré : « Ils sont tous pareils. » Sur les routes secondaires non goudronnées, ce sont principalement les soldats de l’armée nationale, les Forces républicaines (ou FRCI), qui assurent la permanence des barrages et sont les principaux auteurs de tels actes, ont affirmé des victimes et des témoins.

Les motocyclistes et les chauffeurs routiers ont qualifié les actes d’extorsion d’« organisés », suggérant ainsi une pratique systématique.

Ils ont précisé qu’en général, ils ne donnent de l’argent qu’une fois par jour à chaque poste de contrôle, les membres des forces de sécurité notant leur nom ou le numéro de leur véhicule lors de leur premier passage. Un chauffeur à Guiglo a affirmé : « On entend un [soldat] crier à son ami, ‘Est-ce que la voiture numéro 322 est déjà passée aujourd’hui ? Non ? Bien, vous devez payer 1 000 francs [CFA].’ Ils ne cachent pas le racket. C’est comme si c’était leur droit, comme s’ils en avaient l’autorisation. »

Human Rights Watch a documenté trois cas lors desquels des membres des forces de sécurité ont battu ceux qui refusaient de payer, notamment un jeune homme qui s’est fait fracturer le bras et a dû passer trois jours à l’hôpital. Dans plusieurs autres cas, les forces de sécurité ont contraint les personnes à rester au barrage routier durant plusieurs heures, voire jusqu’au lendemain matin, en attendant que le chauffeur trouve quelqu’un pour lui apporter l’argent à payer.
Human Rights Watch a rendu compte de quatre cas lors desquels des soldats officiant à des barrages routiers ont empêché des personnes d’obtenir des soins d’urgence pour un membre de la famille souffrant. Ainsi, un père de famille qui avait essayé d’amener son enfant de 3 ans gravement malade à l’hôpital a expliqué que les soldats lui avaient réclamé 3 000 francs CFA (6 $). L’homme n’avait pas l’argent et il a supplié les soldats de le laisser passer, mais ceux-ci ont refusé – obligeant l’homme à se rendre à pied au village le plus proche pour y emprunter de l’argent. Plus d’une heure après son arrivée au poste de contrôle, le père versait la somme demandée et pouvait repartir avec son fils. L’enfant est mort avant d’atteindre l’hôpital régional où il aurait pu recevoir les soins dont il avait besoin.
« Certains soldats aux barrages routiers sont si impitoyables dans leur manière de demander de l’argent à tous les passants qu’ils sont même prêts à faire obstacle à ceux qui ont de toute urgence besoin de soins médicaux », a déclaré Matt Wells. « Cette attitude est répugnante, et elle ne fait qu’exacerber le sentiment de méfiance envers les forces de sécurité d’une grande partie de la population dans l’ouest de la Côte d’Ivoire. »
barrage-racket-afriqueDans certaines régions de l’ouest du pays, le nombre de barrages routiers et les montants réclamés augmentent les jours de marché afin de profiter de l’affluence des gens qui viennent vendre et acheter des marchandises. Human Rights Watch a rendu compte de la manière dont des membres des forces de sécurité à certains barrages extorquent de l’argent aux femmes qui achètent et vendent des marchandises au marché. Plusieurs marchandes ont ainsi expliqué qu’il leur fallait augmenter leurs prix de vente des denrées alimentaires pour pouvoir couvrir les paiements des sommes extorquées.

L’extorsion est si extrême autour du village de Kaade que plusieurs résidents ont déclaré qu’ils craignaient que le marché du dimanche n’y survive pas.
Human Rights Watch a également constaté que des immigrants du Burkina Faso sont la cible d’exactions spécifiques dans la région située aux alentours de Bloléquin. Même lorsqu’ils sont passagers d’un véhicule, les forces de sécurité leur confisquent souvent leurs papiers d’identité aux barrages routiers et leur demandent 1 000 francs CFA avant de leur rendre les papiers, affirmant que ceux-ci sont illégaux car délivrés dans une autre région de la Côte d’Ivoire. Or un représentant du gouvernement a déclaré à Human Rights Watch que ces papiers d’identité sont en réalité valides dans tout le pays.
Human Rights Watch a présenté ses conclusions à des représentants de la Présidence ivoirienne, du bureau du Premier ministre et de l’état-major de l’armée. Ces représentants ont promis d’enquêter rapidement, précisant qu’ils n’auraient « aucune pitié » pour les forces de sécurité impliquées dans des actes d’extorsion. Un représentant a fourni des documents qui renseignent sur la stratégie déployée par l’armée pour améliorer ses résultats dans le domaine des droits humains, y compris aux postes de contrôle. Cette stratégie repose sur une formation aux droits humains, dont une session sur le comportement à adopter aux postes de contrôle, ainsi que sur l’imposition de sanctions aux auteurs d’atteintes aux droits humains. Ce représentant a précisé que le procureur militaire avait engagé des poursuites à l’encontre de plusieurs soldats impliqués dans des actes d’extorsion et de racket.
L’extorsion est un acte illégal en vertu du droit ivoirien. Elle porte également atteinte au droit des personnes à jouir de la liberté de mouvement prévu par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et au droit à la propriété des personnes garanti par la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples. Dans certains cas où l’extorsion à un barrage routier a gêné l’accès à des soins de santé ou nui à la sécurité alimentaire, le gouvernement a également enfreint les droits à la santé et à l’alimentation prévu par le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels.
« Le gouvernement Ouattara a placé l’amélioration de l’économie du pays au cœur de son programme politique, mais l’extorsion à laquelle se livrent sans relâche les forces de sécurité dans l’ouest de la Côte d’Ivoire a des répercussions dévastatrices sur les moyens de subsistance de la population », a conclu Matt Wells. « Il est primordial que les autorités ivoiriennes mettent rapidement fin aux abus perpétrés par les forces de sécurité à l’encontre des personnes qu’elles sont censées protéger. »
Un passé marqué par des exactions aux barrages routiers La pratique de l’extorsion aux barrages routiers existait déjà avant l’arrivée au pouvoir d’Alassane Ouattara. Dans son rapport d’octobre 2010 intitulé « Terrorisés et abandonnés », Human Rights Watch a exposé la pratique fréquente de l’extorsion et du racket qui accablait alors l’ouest de la Côte d’Ivoire. Les forces de sécurité de la moitié sud de cette région, contrôlée à l’époque par le gouvernement Gbagbo, s’en prenaient régulièrement aux Ivoiriens du Nord et aux immigrants ouest-africains pour leur extorquer de l’argent ; dans certains cas, elles allaient même jusqu’à détenir arbitrairement et passer à tabac les personnes qui ne les payaient pas sur-le-champ. Dans la moitié nord du pays – alors sous le contrôle de l’armée rebelle des Forces nouvelles – des soldats dégageaient des bénéfices exorbitants de l’extorsion pratiquée dans les entreprises et aux barrages routiers.
Après avoir pris ses fonctions suite à la crise postélectorale de 2010-2011, le Président Alassane Ouattara a déclaré que les actes d’extorsion perpétrés par les forces de sécurité ne seraient plus tolérés et que les responsables seraient poursuivis en justice et démis de leur fonction. Human Rights Watch avait peu après publié un communiqué félicitant le gouvernement ivoirien pour les mesures prises et pour les progrès réalisés dans la réduction du nombre d’actes d’extorsion le long des routes principales en Côte d’Ivoire. Le gouvernement a créé une unité spéciale anti-racket – composée de membres de la police, de la gendarmerie, des douanes et de l’unité des eaux et forêts – pour venir à bout du problème de l’extorsion. Cependant, cette unité officie principalement à Abidjan et dans les environs.
Extorsion ouverte à l’encontre des conducteurs Tant sur les routes primaires que secondaires de l’ouest de la Côte d’Ivoire, des membres des forces de sécurité extorquent ouvertement de l’argent aux motocyclistes, aux chauffeurs de taxi et de gbaka (minibus) et même aux cyclistes de passage. Des conducteurs ainsi que des résidents des villages des départements de Guiglo, de Bloléquin et de Danané se sont plaints auprès des autorités locales, notamment auprès du préfet, du sous-préfet et des commandants locaux de la gendarmerie et de l’armée. Ils affirment que la situation reste inchangée après ces plaintes.
Les conducteurs ont expliqué qu’à leur arrivée à un poste de contrôle, les forces de sécurité – en général un soldat des Forces républicaines (FRCI), même si un gendarme est également présent – leur demandent les papiers du véhicule. Si les papiers sont en règle, la personne doit payer pour qu’on les lui rende.

S’ils ne sont pas en règle, les forces de sécurité réclament souvent des sommes bien plus importantes.
L’extorsion est généralement bien organisée. Un chauffeur de gbaka qui effectue la liaison Guiglo – Duékoué a déclaré que les agents officiant aux postes de contrôle notent le numéro du véhicule dans un carnet, si bien que les chauffeurs donnent de l’argent une fois par jour à chaque poste de contrôle. Un motocycliste dans un village situé entre Danané et Zouan-Hounien a raconté que, le long de cet axe, les militaires notent le nom du conducteur pour cette même raison. Sur les routes secondaires moins fréquentées, les auteurs de ces actes se contentent parfois de reconnaître les visages. Mais chaque nouvelle journée donne lieu à une nouvelle demande d’argent.
Aux postes de contrôle situés sur la route principale qui relie les villes de l’ouest de la Côte d’Ivoire, la somme extorquée aux conducteurs s’élève en général à 1 000 francs CFA (2 $). Les conducteurs affirment que toutes les forces de sécurité sont impliquées, y compris les militaires, les policiers, les gendarmes, les douaniers et les agents de l’unité des eaux et forêts. Sur les routes secondaires, ce sont des soldats en uniforme militaire qui officient presque exclusivement aux barrages routiers. Ils réclament entre 1 000 et 5 000 francs CFA, comme l’ont affirmé des conducteurs qui empruntent régulièrement ces routes.
Selon des témoignages de résidents corroborés par les observations de Human Rights Watch, certains militaires qui officient aux barrages routiers sur les routes secondaires portent l’ancien uniforme militaire, que le gouvernement a remplacé début 2012. Certains de ces hommes faisaient sans doute partie des combattants supplétifs qui se sont battus aux côtés des Forces républicaines pendant la crise postélectorale. Ces barrages existent au vu et au su de tous, et des résidents ont déclaré en avoir dénoncé un grand nombre aux autorités locales, sans qu’aucune suite n’ait été donnée. Cela révèle une acceptation au moins tacite du rôle permanent que jouent ces combattants supplétifs dans la sécurité, même s’ils ne font pas partie de l’armée.
Un chauffeur de taxi qui effectue régulièrement le trajet entre Guiglo et Bloléquin a raconté à Human Rights Watch qu’il est obligé d’entasser six passagers dans sa voiture prévue pour quatre passagers s’il veut compenser le coût de l’extorsion. Le chauffeur d’un minibus de 20 places s’est lui aussi dit contraint de « surcharger » son véhicule avec 22 à 24 personnes pour pouvoir gagner de l’argent malgré l’extorsion.
En cas de refus de payer, les forces de sécurité empêchent le véhicule de poursuivre sa route – soit en gardant les papiers du conducteur, soit en refusant de lever la barrière. Qui plus est, Human Rights Watch a rendu compte de trois cas au cours desquels des membres des forces de sécurité avaient passé à tabac des conducteurs qui ne les avaient pas payés. Un motocycliste a ainsi décrit ce qui lui était arrivé mi-mai :

barrage-routierJe suis arrivé à un barrage sur une piste juste à l’extérieur [d’un village situé entre Guiglo et Bloléquin]. Ma femme revenait de l’hôpital à Guiglo, alors j’essayais juste de rejoindre le goudron, où elle se trouvait, pour la ramener à notre campement.Au barrage, ils étaient quatre : trois FRCI et un gendarme. Ils m’ont arrêté et demandé mes papiers. Je ne les avais pas pris car j’allais seulement rouler sur la piste de brousse….
Ils ont demandé 5 000 francs CFA et mes clés. J’ai demandé pardon, laissez-moi aller au village retrouver ma femme et chercher de l’argent, et je reviendrai. Je me suis mis à marcher en direction du village [en laissant la moto garée au barrage], et ils m’ont crié que je devais leur donner mes clés.
Ils m’ont attrapé fermement, m’ont [tiré] les mains dans le dos et se sont mis à me donner des coups de poing. [Je me suis couvert la tête] alors qu’ils me frappaient sans cesse. Je ne sais pas si ce sont les coups ou la manière dont ils m’avaient attrapé, mais ils m’ont fracturé le bras. J’ai passé trois jours à l’hôpital. Je ne peux toujours pas travailler au champ. Ce n’est pas facile. Nous ne sommes pas contents. Chaque fois que l’on passe, que l’on ait ses papiers ou non, il faut payer – 1 000 francs [CFA], 2 000 francs, même parfois 5 000 francs.

L’homme était particulièrement peu disposé à remettre ses clés car, dans un autre cas documenté par Human Rights Watch, un soldat avait fait une virée sur une moto détenue à un poste de contrôle et l’avait détruite.
En octobre 2011, le gouvernement ivoirien a créé une unité anti-racket chargée de mettre un terme au phénomène d’extorsion aux barrages routiers et d’arrêter les personnes impliquées. Plusieurs conducteurs de Guiglo ont expliqué à Human Rights Watch que des agents de l’unité étaient venus dans la région au mois de mai et s’étaient même entretenus avec certains. Un de ces conducteurs a précisé qu’ils avaient toutefois vite déchanté quant au sérieux de l’engagement de l’unité, l’extorsion se généralisant de nouveau dès le lendemain du départ des agents.
Dans un village situé entre Guiglo et Bloléquin, un chef communautaire Baoulé a décrit son sentiment de frustration : « Tous les jours, des gens viennent à moi pour se plaindre de l’extorsion. Trop, c’est trop. Les gens vont bientôt se révolter. Quelqu’un va frapper un militaire FRCI, qui va alors ouvrir le feu et tuer cette personne. Après ça, tout le monde dira, ‘Et voilà, c’est encore l’Ouest qui explose’»
Selon une circulaire interministérielle de juillet 2011, le pays compte 33 postes de contrôle autorisés. Les dizaines d’autres barrages, dont la grande majorité de ceux qui se trouvent à l’Ouest, ne sont pas autorisés et enfreignent le droit des personnes à la liberté de mouvement prévu par l’article 12 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Même aux postes de contrôle autorisés par la loi, l’extorsion porte atteinte à la liberté de mouvement en rendant difficile le déplacement des personnes. Plusieurs conducteurs ont déclaré que leurs revenus avaient été affectés à la fois par les sommes qui leur extorquées et du fait que certaines personnes préfèrent éviter de se déplacer à cause des abus perpétrés aux barrages.
Un accès réduit aux soins de santé L’extorsion aux barrages routiers peut parfois avoir une forte incidence sur la capacité des personnes à recevoir des soins médicaux. En effet, les soldats qui officient à certains barrages, notamment sur les routes secondaires, bloquent la route aux personnes qui tentent de se rendre dans les cliniques ou les hôpitaux des villes et villages voisins afin de leur extorquer de 1 000 à 3 000 francs CFA (2-6 $).
Human Rights Watch a interrogé un Burkinabé qui vit dans un campement à l’extérieur de Kaade, un village situé à une trentaine de kilomètres de la ville de Guiglo en direction de Bloléquin. Cet homme a estimé que les demandes persistantes des soldats à un barrage routier ont entraîné un retard qui a contribué à la mort de son fils de 3 ans :

Mon enfant est tombé gravement malade en févier. Je l’ai emmené à moto depuis le campement, et nous sommes arrivés au barrage [juste à l’extérieur de Kaade, sur la route secondaire]. Les FRCI qui s’y trouvaient ont demandé 3 000 francs [CFA]. Je leur ai dit que mon enfant était très malade et leur ai demandé pardon, mais ils ont refusé et ont continué de demander les 3 000 [francs]. Je n’avais pas autant d’argent sur moi, [j’avais emmené mon garçon dans la précipitation], alors j’ai supplié et supplié, mais ils ont refusé… J’ai dû laisser mon enfant et la moto au barrage et me rendre au village pour demander de l’argent [aux gens]… [Après avoir réuni l’argent nécessaire], je suis allé payer les FRCI et on nous a laissé partir… Cela a pris plus d’une heure au total.
Je me suis précipité d’emmener mon enfant à l’hôpital de Guinkin [à un kilomètre de là], mais ils m’ont dit qu’il fallait l’amener à l’hôpital de Guiglo [le chef-lieu du département]. [Les soldats sur la route principale entre Guinkin et Guiglo n’ont pas demandé de l’argent en voyant l’enfant malade.] Lorsque nous sommes arrivés à Guiglo, on nous a dit que vu l’urgence, il fallait qu’il aille à Daloa. Alors que nous nous apprêtions à partir pour Daloa, mon fils est décédé…
C’est à cause du retard au barrage que mon enfant a perdu la vie… En rentrant [au campement], j’ai dit aux FRCI du barrage que mon enfant était mort à cause d’eux. L’un d’eux m’a regardé et m’a dit : ‘Je m’en fous de ça.’ »

Bien que l’on ignore si le garçon aurait survécu si les soldats n’avaient pas extorqué son père, le retard d’une heure a eu un impact négatif sur ses chances de recevoir un traitement potentiellement salvateur. Dans ce cas précis, les conséquences ont été particulièrement graves, mais Human Rights Watch a rendu compte d’abus similaires commis par des soldats contre des personnes qui tentaient d’obtenir des soins médicaux d’urgence.
Dans le village de Petit Guiglo, Human Rights Watch a interrogé une personne qui avait dû intervenir en avril lorsque des soldats avaient arrêté une femme à un poste de contrôle qui essayait d’emmener son enfant malade dans une clinique de Tinhou, à 20 kilomètres. Les soldats lui réclamaient 1 000 francs CFA (2 $) pour la laisser poursuivre son chemin à moto. Elle a supplié les soldats pour qu’ils la laissent passer en disant qu’elle ne pouvait pas payer, mais ils ont refusé. Le témoin a entendu les supplications de la femme et a payé les 1 000 francs CFA pour elle. Il a expliqué à Human Rights Watch : « Même si l’enfant meurt devant eux, ce n’est pas leur problème. Il faut payer 1 000 francs CFA. »
Human Rights Watch a également interrogé le père de jumeaux nés en début mai. L’un des jumeaux étant décédé au campement et l’autre étant tombé malade, le père avait demandé à un chauffeur de moto de les emmener à l’hôpital le plus proche. À un barrage, un soldat a réclamé 1 000 francs CFA (2 $). Le père a pu négocier pour ne payer que 500 francs CFA, en promettant de payer les 500 francs CFA restants à son retour. Ils sont arrivés à l’hôpital et l’enfant a pu être soigné.
Fin mai, au même barrage près de Kaade où le père de l’enfant de 3 ans avait été arrêté, des soldats ont refusé de laisser passer un homme et son épouse, alors que celle-ci allait bientôt accoucher, tant qu’ils n’avaient pas payé 2 000 francs CFA (4 $). Le mari a confié à Human Rights Watch :

L’accouchement s’annonçait difficile, alors j’ai décidé d’emmener ma femme du campement jusqu’à l’hôpital de Guinkin pour qu’elle puisse accoucher dans de bonnes conditions… J’ai payé [un motocyliste] pour qu’il l’emmène et j’ai suivi à vélo. En arrivant au barrage, j’ai trouvé le chauffeur de moto et ma femme. Trois FRCI les avaient arrêtés et demandaient 2 000 francs [CFA]. Il était environ 19 heures. Nous leur avons demandé pardon, pardon, ma femme va bientôt accoucher. Mais ils ont refusé. Nous avons encore passé une demi-heure à les supplier, mais ils ont dit qu’il fallait les payer pour passer. J’ai fini par donner 1 000 [francs CFA] et le chauffeur en a donné 1 000, et nous sommes allés à l’hôpital.
Ma femme a accouché [moins de cinq heures plus tard] le soir-même, vers minuit. Nous avons dormi à l’hôpital. Le lendemain matin, nous sommes retournés au campement avec ma femme et notre nouveau-né. C’étaient les mêmes FRCI au barrage, et ils ont de nouveau demandé 2 000 francs [CFA]. Nous leur avons encore demandé pardon, mais ils ont dit que si nous ne leur donnions pas 2 000 francs, nous ne pourrions pas partir. Alors nous avons donné les 2 000 [francs CFA].

En vertu de l’article 12 du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, les États parties comme la Côte d’Ivoire sont au minimum tenus de proscrire tout comportement qui a une incidence négative sur le droit des personnes à la santé, y compris leur accès aux soins médicaux. En ne réglant pas le problème de l’extorsion implacable aux barrages routiers qui retarde l’accès aux soins médicaux d’urgence, le gouvernement porte atteinte à cette obligation.
Les Burkinabés ciblés par des pratiques abusives Sous la présidence de Laurent Gbagbo, les forces de sécurité s’en prenaient régulièrement aux immigrants venus de pays voisins – notamment du Burkina Faso et du Mali – en vue de leur soutirer de l’argent et de leur faire subir des abus connexes, comme on peut le lire dans le rapport de Human Rights Watch intitulé « Terrorisés et abandonnés ». Le gouvernement Gbagbo estimait que ces populations immigrantes soutenaient l’opposition et en outre alimentait les tensions foncières entre les groupes ethniques typiquement pro-Gbagbo originaires de la région et les immigrants ouest-africains travaillant de longue date dans les plantations ivoiriennes de cacao et d’hévéa. Le sentiment anti-immigrant qui caractérisait le gouvernement Gbagbo semblait s

’étendre jusque dans les rangs des forces de sécurité, qui traitaient souvent les Burkinabés et les Maliens avec une hostilité manifeste.
D’après les entretiens réalisés dans l’ouest de la Côte d’Ivoire auprès de dizaines d’immigrants du Burkina Faso, le problème de l’extorsion ciblée perdure dans la région de Bloléquin, certes avec une animosité moindre. Plusieurs des Burkinabés interrogés par Human Rights Watch ont affirmé que, tout en leur extorquant de l’argent, les membres des forces de sécurité font parfois des remarques sur le fait que les Burkinabés – perçus comme des ouvriers agricoles prospères dans la région – en ont les moyens.
Hormis les jours de marché, les forces de sécurité réclament en général de l’argent aux chauffeurs mais pas à leurs passagers. À Bloléquin et aux alentours, les passagers Burkinabés échappent toutefois souvent à cette règle et sont contraints de payer même lorsque leurs papiers d’identité sont en règle. Cette divergence de traitement équivaut à une discrimination qui empiète sur les droits économiques et sociaux ainsi que sur le droit à la liberté de mouvement à l’intérieur d’un pays prévu par la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale.
Dès l’arrivée d’un véhicule à l’un des barrages routiers du département de Bloléquin – que ce soit une moto, un taxi, un gbaka 20 places ou parfois même un vélo –, les forces de sécurité demandent en général les papiers d’identité des personnes à bord. Des Burkinabés se trouvant à Bloléquin ou aux alentours ont confié à Human Rights Watch que les forces de sécurité avaient pour habitude de leur demander leur carte consulaire et un certificat de résidence. Un Burkinabé du village de Diouya-Dokin, juste à l’extérieur de Bloléquin, a affirmé que les forces de sécurité s’emparent souvent des papiers des immigrants et demandent ensuite à chaque personne de venir dans l’abri pour leur réclamer de l’argent. Il a ajouté : « Cela se produit tous les jours. »
Lorsque des immigrants de pays voisins se déplacent sans leurs papiers d’identité, les membres des forces de sécurité leur extorquent entre 1 000 et 5 000 francs CFA avant de les laisser franchir le barrage routier. Human Rights Watch a interrogé un Burkinabé habitant dans le village de Petit Guiglo et dont les papiers ont été calcinés dans l’incendie de sa maison lors d’une attaque transfrontalière lancée par le Libéria le 23 mars. Lors d’un déplacement effectué le 3 juin de Bloléquin à Petit Guiglo – un trajet de 55 kilomètres comptant cinq barrages routiers –, il a dû payer en tout 8 500 francs CFA (17 $). Il a essayé à chaque poste d’expliquer que ses papiers avaient brûlé, en vain.
Même quand les Burkinabés voyagent avec leurs papiers en bonne et due forme, les forces de sécurité aux postes de contrôle de Bloléquin et des alentours leur extorquent souvent de l’argent. Après la crise postélectorale, des centaines de Burkinabés qui avaient vécu dans d’autres parties de la Côte d’Ivoire sont venus s’installer dans la région de Bloléquin en quête de terres nouvelles pour y cultiver le cacao ou l’hévéa.
Human Rights Watch a interrogé plusieurs Burkinabés arrivés depuis peu d’autres régions. Ceux-ci ont expliqué que les forces de sécurité déclarent souvent que les papiers d’identité des Burkinabés ne sont pas valides parce qu’ils n’ont pas été délivrés à Bloléquin, pour ensuite leur extorquer 1 000 francs CFA à chaque poste de contrôle avant de les laisser passer. Le 6 juin, un résident du village d’Oulaïtaïbly a expliqué à Human Rights Watch qu’il avait payé en tout 4 000 francs CFA (8 $) à quatre barrages pour se rendre à Bloléquin la semaine précédente.
Un représentant du gouvernement officiant dans l’ouest de la Côte d’Ivoire a déclaré à Human Rights Watch que les papiers d’identité délivrés dans une région du pays sont valides sur l’ensemble du territoire ivoirien ; les demandes de ces forces de sécurité ne sont donc pas légales. En effet, un Burkinabé qui s’était récemment rendu de Bloléquin à Abidjan a confié à Human Rights Watch qu’après avoir quitté la région de Bloléquin, les forces de sécurité lui avaient rarement demandé ses papiers aux postes de contrôle et ne l’avaient jamais forcé à donner de l’argent au motif que ses papiers avaient été délivrés dans une autre région.
Par ailleurs, les Burkinabés qui ne s’acquittent pas des sommes réclamées par les forces de sécurité semblent faire plus souvent l’objet d’abus physiques et d’arrestations arbitraires. Un jeune homme de Petit Guiglo a ainsi expliqué qu’il s’était retrouvé à court d’argent à cause des sommes qui lui avaient été extorquées entre Bloléquin et Tinhou. Incapable de payer au barrage situé à la sortie de Tinhou, il a été détenu arbitrairement jusqu’au lendemain matin. Un Burkinabé du village de Dedjéan a commenté :

Je n’avais pas l’argent pour payer les FRCI au barrage à Diboké, alors ils m’ont dit de m’écarter [alors que le véhicule de transport poursuivait sa route]. Si on ne paie pas, on ne bouge pas, on ne récupère pas ses papiers. Ils m’ont fouillé de force pour voir si j’avais de l’argent, pour voir si je mentais, mais je disais la vérité… Je suis resté là jusqu’à ce que quelqu’un vienne payer les 1 000 [francs CFA].

Un chef communautaire burkinabé à Bloléquin a expliqué à Human Rights Watch qu’il devait souvent intervenir dans des cas impliquant des abus liés à des extorsions d’argent. Il a ainsi raconté que début juin, les forces de sécurité avaient battu un jeune Burkinabé et l’avaient forcé à passer la nuit au poste de contrôle parce qu’il refusait de payer les 1 000 francs CFA qu’on lui réclamait au motif que son certificat de résidence avait été délivré dans une autre région. Le chef communautaire burkinabé est intervenu pour libérer le jeune homme le lendemain matin.
Nombre des Burkinabés interrogés par Human Rights Watch ont signalé que l’extorsion aux barrages était « le plus gros problème » auquel la communauté était confrontée dans la région. Le chef communautaire de Bloléquin a précisé que l’extorsion sur les routes secondaires, que les gens empruntent pour se rendre à leur campement, a des répercussions particulièrement pernicieuses : « Imaginez devoir payer 1 000 francs chaque fois que vous allez dans votre champ de riz ou de maïs. Comment faire pour survivre ? On dépense plus qu’on ne gagne. »
Plusieurs chefs communautaires burkinabés ont expliqué à Human Rights Watch qu’au cours des douze derniers mois, ils avaient à plusieurs reprises discuté de la question de l’extorsion ciblant les Burkinabés avec les autorités régionales, y compris avec le préfet, le sous-préfet et des responsables des forces de sécurité. Les chefs communautaires burkinabés ont déclaré que les autorités avaient promis que les choses allaient changer, mais l’extorsion ciblée se poursuit sans relâche. Human Rights Watch a documenté des cas qui se sont produits jusqu’en début juin.
Extorsion les jours de marché et visant les entreprises locales L’extorsion semble être particulièrement grave les jours de marché, lorsque les habitants des villages et campements environnants se rendent dans un village pour y acheter et y vendre de la nourriture, des vêtements, des articles ménagers et d’autres marchandises. Ces jours-là, des soldats et des gendarmes établissent des barrages de fortune supplémentaires, réclament souvent des sommes plus importantes aux conducteurs qui souhaitent passer et ciblent parfois les femmes venues acheter ou vendre des marchandises. Plusieurs personnes ont précisé que l’extorsion avait entraîné une hausse du prix des denrées alimentaires dans une région où la crise postélectorale a déjà nui considérablement aux récoltes.
Dans un village situé près de Zouan-Hounien, des résidents ont confié à Human Rights Watch que les jours de marché, ils trouvent deux barrages supplémentaires sur les routes menant à leur village. Dans plusieurs villages des départements de Guiglo et de Bloléquin, des motocyclistes ont expliqué que la somme qui leur est d’habitude extorquée, 1 000 francs CFA, augmente, et parfois de beaucoup. Un Burkinabé a raconté à Human Rights Watch que trois soldats et un gendarme qui officiaient à un barrage routier lui avaient réclamé 6 000 francs CFA (12 $) alors qu’il se rendait au marché le 2 juin. Refusant de payer parce qu’il n’avait pas assez d’argent, on lui a pris les clés de sa moto de force. Il a dû se rendre au village à pied pour emprunter de l’argent à un cousin, puis payer les 6 000 CFA pour qu’on lui rende sa moto.
Les habitants d’un village de la région de Guiglo ont déclaré à Human Rights Watch que l’extorsion aux barrages routiers était si grave le dimanche, leur jour de marché, que les gens des campements environnants délaissaient le marché de ce village, lui préférant d’autres marchés nécessitant de passer par des barrages moins nombreux, même s’ils étaient plus loin. Les résidents ont affirmé que jusqu’à 2 000 personnes se rendent au village le jour du marché. Mais aux barrages situés à proximité du village, des membres des forces de sécurité réclament désormais 200 francs CFA par bicyclette et de 1 000 à 5 000 francs CFA par moto, selon les personnes et les marchandises qui sont transportées, et en fonction des caprices des soldats.

Les villageois craignent de voir les affaires de ce marché, essentiel à la subsistance de nombreux habitants, s’effondrer.
Une Malinké vivant à Bloléquin a expliqué que lorsqu’elle se rendait au marché de Tinhou ou qu’elle en revenait, la somme qu’elle devait verser aux barrages routiers dépendait des marchandises qu’elle transportait. Elle a ajouté qu’il faut généralement compter 1 000 francs par barrage, la permanence étant pour la plupart d’entre eux assurée par des soldats, mais un seul étant également exploité par l’unité des eaux et forêts :

Vous allez rire, mais aujourd’hui, c’est pire que pendant les années Gbagbo. Avant, je pouvais me faire entre 5 000 [et] 8 000 francs CFA [en achetant à Tinhou et en revendant à Bloléquin], mais maintenant je ne gagne pratiquement plus rien.

Une vendeuse de poissons aux marchés qui vit dans un village situé entre Danané et Zouan-Hounien a raconté à Human Rights Watch qu’elle devait payer 1 000 francs CFA par caisse de poisson aux forces de sécurité du poste de contrôle en quittant Danané,. Elle a ajouté qu’elle devait doubler ses tarifs pour compenser l’argent perdu du fait de l’extorsion.
Dans le village de Kaade, des résidents ont affirmé que les soldats extorquent également de l’argent aux entreprises locales, notamment aux petits restaurants (« maquis »)et aux magasins. À la mi-mai, les FRCI ont réclamé 500 francs CFA par semaine à chacun des 20 ou 30 entreprises du village. Depuis la fin mai, les soldats ont doublé leurs tarifs. Ils sont tellement persuadés de leur impunité qu’ils remettent des reçus hebdomadaires à chaque commerçant. Human Rights Watch a photographié des reçus où l’on peut lire : « Taxes sur les marchés », qui font apparaître le montant, la date et la signature du membre des forces de sécurité. La patronne d’un maquis a commenté :

Tous les dimanches, deux d’entre eux font la tournée de tous les maquis et magasins. Ils prennent 1 000 francs [CFA], en disant que c’est « leur droit » en échange de la sécurité qu’ils apportent. Ce qu’ils font, ce n’est pas bon. Ça joue sur mon commerce. Ils sont là pour nous racketter, pas plus.

L’ouest de la Côte d’Ivoire souffre déjà d’une insécurité alimentaire en raison des conséquences dramatiques de la crise postélectorale et des attaques qui se sont produites plus récemment le long de la frontière libérienne. De nombreux résidents ont fui au Libéria, pays voisin, et viennent seulement de rentrer chez eux. Beaucoup d’entre eux ont confié qu’ils n’avaient pas pu planter de cultures alimentaires ou commerciales l’année dernière, d’où des préoccupations quant à la possibilité d’une pénurie alimentaire cette année. L’extorsion aux barrages routiers, et toutes les répercussions que cette pratique peut avoir sur les marchés locaux, le transport des marchandises et le prix des denrées alimentaires, menace d’aggraver leur situation déjà précaire.
L’article 11 du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels prévoit le droit à l’alimentation et à un niveau de vie suffisant. Tout comme dans le cas du droit à la santé, les pays se doivent progressivement de concrétiser ces droits. Cependant, ils sont à tout moment tenus au minimum de ne pas affecter négativement le droit des personnes à l’alimentation et à un niveau de vie adéquat. On pourrait aller jusqu’à dire que du fait de l’extorsion pratiquée par les soldats aux barrages routiers ainsi que dans certains maquis et magasins dans l’ouest de la Côte d’Ivoire, le gouvernement ivoirien enfreint ces obligations. En outre, à travers la saisie arbitraire d’argent et d’autres biens, l’extorsion aux barrages routiers porte atteinte au droit des personnes à la propriété garanti par l’article 14 de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples.
Saisies de biens généralisées aux barrages routiers Dans plusieurs cas dont Human Rights Watch a rendu compte, les forces de sécurité officiant aux barrages routiers ont pratiqué des saisies flagrantes de biens, sans même tenter d’invoquer des préoccupations d’ordre sécuritaire ou l’absence de papiers d’identité en règle. Un homme âgé d’un village situé près de Bloléquin a ainsi déclaré :  

Le 18 avril, je rentrais de mon campement à pied. J’avais [un sac en bois] sur le dos avec dedans mes affaires personneles et cinq escargots que j’avais trouvés. Sur une route secondaire qui mène au village, un FRCI en uniforme militaire avait installé son propre poste de contrôle et a exigé que je lui montre le contenu de mon sac… Il était assis et caché, si bien qu’on ne le voyait pas, mais dès que je commençais à passer devant lui, il m’arrêtait en disant « Poste de contrôle »… Il a regardé [à l’intérieur de mon sac] et a pris trois de mes escargots. Je l’ai imploré en lui disant que c’était mon dîner. Il a répondu : « Moi aussi, je dois manger. »… J’ai dû les lui donner, on est obligé.

Recommandations Au ministre de l’Intérieur et au ministre délégué à la Défense :

  • Déployer des contingents de l’unité anti-racket dans les principales villes à travers le pays, au lieu de baser l’unité uniquement à Abidjan en lui confiant des missions occasionnelles à l’intérieur du pays ;
  • Ordonner à l’unité anti-racket d’effectuer des patrouilles régulières, ainsi que de mener des enquêtes complètes sur les membres des forces de sécurité qui pratiquent l’extorsion ou le racket et de les punir – notamment en les démettant de leur fonction et en engageant des poursuites contre eux ;
  • Veiller à ce que l’information sur le « numéro vert » anti-racket soit bien diffusé dans tout le pays et que les cas signalés fassent rapidement l’objet d’une enquête. Envisager d’afficher des informations sur ce « numéro vert » dans tous les postes de contrôle autorisés afin de rappeler aux forces de sécurité les conséquences pénales de l’extorsion ; et
  • Expliquer publiquement que les papiers d’identité délivrés aux immigrants dans une région du pays sont valides sur l’ensemble du territoire ivoirien. Entrer régulièrement en contact avec les chefs communautaires des pays voisins afin d’identifier les problèmes d’extorsion ciblée et discriminatoire et d’enquêter rapidement sur ces questions.

Human Rights Watch

Madagascar: Les malgaches payent cher la crise politique qui dure depuis 2009

L’instabilité politique est assurément l’une des principales contributions de Madagascar à l’histoire politique de l’Afrique de ces quatre dernières années.

La grande île fait en effet depuis 2009 l’objet d’une  longue crise politique largement entretenue par les « egos » des principaux protagonistes que sont l’ancien « président » Ravalomanana et l’actuel « président » Rajoelina. Cette crise politique, dont le dénouement semble jusqu’ici incertain à cause de la « mauvaise foi » des protagonistes du conflit et surtout de l’instrumentalisation des institutions, prélève un lourd tribu sur le secteur économique malgache, de même qu’elle entraine une déliquescence des institutions et des liens sociaux entre les citoyens. De fait, c’est l’avenir des malgaches qui est obéré par le jeu malsain auquel s’adonnent les protagonistes de cette crise.

Les crises politiques en Afrique, comme partout ailleurs ont ceci de particulier qu’elles affectent toujours par différentes grappes l’ensemble des institutions (entendues ici comme   règles formelles et informelles qui structurent les interactions entre les individus) engluées dans l’étau du complexe conflictuel. C’est pourquoi leurs effets, très souvent négatifs, perturbent les interactions économiques, sociales et politiques.

Le cas Malgache n’échappe pas à ce constat.

andry_rajoelina_info-afrique.comLa crise politique qui a éclaté en 2009 à Madagascar lorsque Andry Rajoelina, alors maire d’Antananarivo, la capitale,  a pris le pouvoir par « la rue », a mis un sérieux coup de frein à l’élan économique de Madagascar. Du fait de la perturbation des règles de coordination entre les agents économiques, le pays voit aujourd’hui ses indicateurs économiques et sociaux décliner drastiquement.

La banque mondiale estime en ce sens que durant la période de 2009 à 2013, où l’on a enregistré une forte croissance démographique (plus de 3 millions de personnes en plus entre 2008 et 2013) « la croissance [économique] a été nulle » alors qu’avant la crise celle-ci était d’une moyenne de 5% (1). Les investissements directs étrangers par exemple, du fait des incertitudes créées par le contexte de crise, ont connu une baisse de près de 19% au cours de la seule année de 2010.

La décrépitude continue du secteur économique malgache depuis 2009 du fait de la crise politique, comme on pouvait s’y  attendre, contribue pour une part assez importante à  la paupérisation de la population malgache. La proportion des individus vivant  avec moins de 2 dollars par jour est ainsi aujourd’hui estimée à plus de 92%.

Au-delà de cette situation économique, les autres coûts de la crise politique malgache sont aussi politiques et sociaux. Si l’on observe aujourd’hui une certaine polarisation de la société malgache, et surtout une instrumentalisation des institutions qui ignore l’existence des lois, c’est notamment à cause de cette situation d’instabilité politique. Les institutions juridictionnelles, politiques, et administratives  se retrouvent ainsi depuis le début de la crise instrumentalisés par le pouvoir en place. De fait, ces institutions, à l’instar des institutions juridictionnelles, censées jouir d’une certaine indépendance, ne le sont pas.

De façon  notoire, Rajoelina, à l’instar, il est vrai, des précédents présidents, a depuis le coup d’État de 2009 eu une maitrise quasi absolue sur toutes les institutions du pays qu’il a jusqu’ici utilisées pour assoir son pouvoir. C’est ainsi que dès le lendemain de son coup d’État il gouvernerait par ordonnance avec la bénédiction de la haute cour constitutionnelle pour, entre autres, « régler ses comptes » avec Marc Ravolomanana et instaurer à son tour une « présidarchie » (Président-Monarque).

rajoelina-RavalomananaDe fait, l’ancien président Marc Ravolomanana se trouve aujourd’hui sous le coup de 3 condamnations depuis son éviction du pouvoir dont une aux travaux forcés à perpétuité, que Rajoelina voudrait voir exécutée.

Cette instrumentalisation des institutions par le « régime spécial de Rajoelina », auquel s’ajoute « la mauvaise foi » dont ce dernier aura fait preuve bon nombre de fois, à l’instar de la non application des termes de l’accord de Maputo qui prévoyait un partage de pouvoir entre les différents protagonistes de la crise, aura entrainé dans son sillage une certaine polarisation des partisans des différents protagonistes. Ce qui est  de nature à accentuer le délitement des liens sociaux entre les citoyens malgaches.

On le voit donc, la crise politique en cours pèse lourdement sur l’avenir de Madagascar. Conscients de ce fait, les entrepreneurs qui, jusqu’ici, au même titre que les citoyens malgaches lambdas, sont les principales victimes de cette crise, ont entrepris une initiative citoyenne qui témoigne de l’ampleur de leurs exaspérations : « Pas de TVA pour l’État ». Au moins 50% des membres du groupement des entreprises malgaches n’ont pas payé, comme ils devaient le faire à partir du 15 juin dernier, la TVA à l’État (2).

Quand on sait que depuis le début de la crise 90 % de la TVA perçue par l’État proviennent des membres du groupement des entreprises malgaches, il ya fort à parier que cette opération risque d’avoir une influence certaine sur le pouvoir en place. Elle pourra  soit accentuer la crise si le « régime » de Rajoelina ne comprend pas le message ; ou alors être un moyen de ramener les protagonistes de la crise à la raison. Quoiqu’il en soi cette opération vient nous rappeler que jusqu’ici les citoyens neutres de cette crise ne se sont pas encore fait réellement entendre. Et si la solution à la crise était à envisager de ce coté ?

Sali Bouba Oumarou est analyste sur www.LibreAfrique.org, le 2 juillet 2013.

Egypte: De nombreux morts lors de nouvelles manifestations, les frères musulmans « appelent à un soulèvement »

Morsi depart du caire egypte

Point sur la situation en Egypte:

Les Frères musulmans égyptiens ont appelé aujourd’hui à un « soulèvement », après des tirs de l’armée contre une manifestation de partisans du président déchu Mohammed Morsi qui ont fait au moins 35 morts selon la confrérie.

soulevement-egypte-freres-musulmansDe nombreux islamistes ont été tués au cours de la dispersion d’un rassemblement des Frères musulmans par l’armée, près du siège de la Garde républicaine, dans la matinée de ce lundi 8 juillet. Les bilans divergent et oscillent entre 16 et 35 victimes, selon les sources. A la suite de ces incidents, les salafistes d’al-Nour quittent les discussions pour trouver un Premier ministre.

Les versions sur l’origine de la confrontation sont divergentes. Les Frères musulmans affirment que l’armée et la police leur ont tiré dessus pour les chasser de devant la maison de la garde présidentielle. Le ministère de l’Intérieur indique que les forces de sécurité sont intervenues après que les manifestants ont grimpé sur les murs de la caserne et tiré sur les militaires.

Le bilan semble lourd. Ahmed Aref, le porte-parole de la confrérie des Frères musulmans dont est issu Mohamed Morsi, parle de seize morts. Son collègue du Parti de la liberté et de la justice (PLJ), la branche politique des Frères musulmans, annonce 34 manifestants abattus. Une source médicale citée par la chaîne al-Jazira évoque le chiffre de 35 morts.

Seule certitude, l’avenue Salah Salem qui mène à l’aéroport est occupée par les forces de l’ordre. Ces dernières ont rasé des murs qui avaient été construits par les islamistes qui l’occupaient. Des tirs sporadiques continuent de se faire entendre dans la matinée, ce lundi 8 juillet. Cette artère est située à moins de deux kilomètres de la grande manifestation des pro-Morsi place Rabaa al Adawiya.

Al-Nour quitte les négociations

Sur le plan politique, pour le moment, c’est l’impasse. Après avoir rejeté Mohamed el-Baradei, les salafistes du parti al-Nour ont signifié leur refus d’un second candidat, Ziad Bahaa el Din.

Ils se retirent à présent de la coalition qui a directement ou indirectement approuvé la destitution du président Morsi. C’est ce qu’à annoncé en début de journée ce lundi Nader Bakkar, le porte-parole d’al-Nour : « Nous voulions empêcher le sang de couler et voici que nous avons un fleuve de sang ».

Egypte : couac sur la nomination de Mohamed el-Baradei au poste de Premier ministre

Mohamed el-Baradei sera-t-il nommé officiellement Premier ministre d'Egypte ?

Mohamed el-Baradei sera-t-il nommé officiellement Premier ministre d’Egypte ?

REUTERS/Mohamed Abd El Ghany/Files

En Egypte, le porte-parole de la présidence de la République a annoncé, samedi 6 juillet au soir, dans une conférence de presse, qu’aucune personnalité n’avait encore été nommée à la tête du gouvernement. Quelques heures plus tôt, l’agence Mena et la radio-télévision officielles égyptiennes avaient annoncé la nomination de Mohamed el- Baradei au poste de Premier ministre. Comment expliquer ce couac ?

La seule explication est que la présidence de la République est allée trop vite en besogne. Mohamed el-Baradei était en effet le candidat du mouvement des jeunes Tamarud ainsi que le chef du Front du salut national réunissant les partis laïcs.

La présidence a dû sous-estimer les objections des islamistes : le parti  Masr al-Qawiya de l’ex-Frère musulman Abdel Moneim Aboul Foutouh et surtout le parti salafiste al-Nour. Ce dernier, qui est resté neutre dans la confrontation entre les pro et anti-Morsi, n’a jamais apprécié Mohamed el-Baradei.

Echec des négociations avec les salafistes

Le Prix Nobel de la paix avait été accusé d’être un « laïc extrémiste ». Une campagne de dénigrement avait même eu lieu sur les médias sociaux montrant la fille d’el-Baradei en maillot de bain ou l’ancien directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) à table avec une coupe de vin devant lui.

Les négociations pour convaincre les salafistes ont vraisemblablement échoué. Ces derniers ont, en effet, officiellement annoncé qu’ils s’opposaient à la nomination d’el-Baradei. La présidence a donc annoncé qu’elle était attachée au consensus national sur la personne du Premier ministre. Exit donc el-Baradei ?

Pour l’heure, Ahmad al-Mouslimani, le conseiller de M. Mansour, a déclaré à la presse :  « Le président intérimaire Adly Mansour a bien rencontré aujourd’hui Mohamed el-Baradei mais il n’y a pas eu jusqu’ici de nomination officielle », ajoutant toutefois que l’ancien chef de l’AIEA était le « choix le plus logique ».

De nombreux morts place tahrir au Caire

Trente-sept personnes ont péri ces dernières 24 heures en Egypte, dans des affrontements entre partisans et opposants au président Mohamed Morsi renversé par l’armée et des attaques d’hommes armés dans le Nord-Sinaï, ont indiqué aujourd’hui le ministère de la Santé et des sources de sécurité.

« Trente-six personnes ont péri et 1079 autres ont été blessées », a indiqué samedi le ministère. Un prêtre copte a par ailleurs été tué par des hommes non-identifiés dans le Sinaï.

Ce bilan comprend 30 personnes tuées dans des heurts entre pro et anti-Morsi après que des affrontements ont éclaté vendredi soir entre les deux camps, fortement mobilisés pour une journée de manifestations émaillées de violences.

En outre, cinq policiers ont été tués par des hommes armés dans le Sinaï, peu après la mort plus tôt dans la journée d’un soldat dans cette région instable, frontalière avec Gaza et Israël, selon des sources au sein des services de sécurité.

Dix-sept personnes ont été tuées Samedi 5 Juillet dans des violences qui ont éclaté dans plusieurs villes d’Egypte, sur fond de manifestations de partisans du président déchu Mohamed Morsi, a annoncé la télévision d’Etat, qui cite le ministère de la Santé. Il n’a pas fourni plus de détails sur la localisation des victimes.

La Coalition islamiste, à laquelle appartiennent les Frères musulmans, avait appelé ses partisans à manifester massivement pour un « vendredi de rejet », deux jours après la destitution du chef de l’Etat par les militaires. Selon des sources proches des forces de sécurité, trois manifestants islamistes ont été tués dans l’après-midi devant la caserne de la Garde républicaine où est détenu le président destitué.  Cinq policiers égyptiens ont par ailleurs été tués à El Arish, dans la péninsule du Sinaï, et un soldat à Rafah


Et maintenant les viol comme arme…

Selon une enquête du quotidien britannique The Guardian, 169 femmes ont été victimes de viol depuis dimanche dernier sur la seule place Tahrir. 80 ont eu lieu mercredi. Le viol est développé comme une arme par les partisans de Morsi afin de décourager les femmes qui voudraient se mobiliser, indique l’enquête.

Au moins quatorze morts dans les affrontements principalement au Caire

Des manifestations pro-Morsi ont eu lieu dans plusieurs villes d’Egypte ce vendredi 5 juillet. Toutefois, la plus importante se déroulait au Caire, place Rabaa al-Adawiya, dans la banlieue de Madinet Nasr. Plus de cent mille personnes y étaient rassemblées, et parmi eux se trouvait le Guide suprême des Frères musulmans, Mohamed Badie.

manifestation-anti-morsi-caireDes milliers de manifestants avaient quitté la place Rabaa al-Adawiya plus tôt dans la journée pour marcher sur la maison de la Garde républicaine où se trouvait le président Morsi depuis le 30 juin.

Des accrochages ont opposé manifestants et militaires avec des accusations mutuelles de tir de cartouches. Le ministère de la Santé a indiqué qu’il n’y avait pas eu de morts.

Sur la place Rabaa al-Adawiya, où sont rassemblés depuis vendredi dernier des dizaines de milliers de personnes, Mohamad Badie, le Guide suprême de la confrérie, s’est adressé à la foule. « Nous occuperons les places jusqu’au retour du président Mohamed Morsi, que nous porterons sur nos épaules », a-t-il déclaré.

Il a aussi appelé tout le peuple égyptien à descendre dans la rue pour soutenir « son président légitime ». Dénonçant le coup d’Etat militaire, Mohamad Badie a toutefois indiqué être prêt à s’entendre avec l’armée une fois Mohamed Morsi redevenu président.

Deux jours après le renversement du président Mohamed Morsi par l’armée, des milliers d’Egyptiens fidèles au président déchu ont commencé à défiler dans les rues du Caire en début d’après-midi contre le coup militaire et la vague d’arrestations qui s’est ensuivie au sein du mouvement des Frères musulmans.

Au moins trois manifestants favorables au président islamiste déchu ont été tués et plusieurs autres blessés dans des échanges de tirs avec des soldats vendredi au Caire. Les tirs ont eu lieu aux abords d’un bâtiment de la Garde républicaine, une unité militaire chargée de protéger la présidence égyptienne. Un journaliste de l’AFP a vu deux corps sans vie qui ont été recouverts d’un drap blanc, et un troisième gisant, la tête fracassée par une balle. L’information a été confirmée de sources proche des services de sécurité.

Partis d’une mosquée de Nasr City, un faubourg du Caire, où ils campaient depuis plusieurs jours, des milliers de manifestants islamistes ont scandé « Morsi est notre président » et « Traîtres! » devant la Garde républicaine. Ils ont ensuite essayé d’accrocher sur les barbelés entourant le bâtiment une photo de l’ex-chef d’Etat, bravant à deux reprises les avertissements des soldats. Des échanges de tirs meurtriers ont ensuite éclaté. Les troubles en Egypte ont déjà fait une cinquantaine de morts depuis le 26 juin dernier.

Quatorze personnes au moins ont été tuées mercredi soir en Égypte lors d’affrontements entre partisans et adversaires de  Mohamed Morsi.

Crédits photo: AP Photo/Hamada Elrasam

À Marsa Matrouh, sur la côte méditerranéenne, les violences ont  fait huit morts, dont deux membres des forces de sécurité, a déclaré un haut  responsable local de la sécurité.
L’agence officielle de presse Mena fait état de trois morts à Alexandrie, la deuxième ville du pays. Une femme a été poignardée au ventre. Deux hommes ont été victimes de  tirs de chevrotine.
De violents incidents ont également été signalés à Minya, à 250 km  environ au sud du Caire. Trois personnes, dont deux policiers, ont été tuées  et quatorze autres blessées, toujours selon l’agence Mena.
On compte également des dizaines de blessés à Fayoum, plus près de  la capitale, où des inconnus ont fait irruption dans les locaux du Parti liberté  et justice (PLJ), l’émanation politique des Frères musulmans.
06:26

Les principaux événements de la nuit

 

– Morsi retenu au ministère de la Défense
Le président égyptien déchu, Mohammed Morsi, a été transféré à l’aube au ministère de la Défense, tandis que son équipe est détenue dans un bâtiment militaire. Il « est retenu de façon préventive », a affirmé le responsable sous le couvert de l’anonymat, laissant suggérer que l’ex-chef d’État pourrait être poursuivi. Les forces de sécurité ont également lancé 300 mandats d’arrêt contre des membres des Frères musulmans, dont des hauts dirigeants.» L’armée égyptienne rejoue le film du coup d’État qui ne dit pas son nom– Un rassemblement pro-Morsi attaqué au CaireDes cadres des Frères musulmans ont affirmé que des coups de feu ont été tirés en direction de la foule rassemblée près d’une mosquée dans une banlieue du Caire. Selon Gehad El-Haddad, porte-parole de la confrérie, quelque 2000 sympathisants islamistes se trouvaient encore rassemblés lorsque, peu après 3 heures du matin, des hommes en civil ont tiré pendant 15 minutes dans leur direction. Des témoins interrogés par Reuters parlent eux de quelques minutes seulement et n’ont pu dire s’il y avait des victimes.

La Constitution égyptienne a été provisoirement suspendue et le président Mohammed Morsi va être remplacé à la tête de l’Etat par le président de la Cour constitutionnelle, a annoncé aujourd’hui le chef de l’état-major de l’armée égyptienne.

Dans une déclaration à la télévision, le général Abdel Fattah al Sisi a annoncé que l’Egypte allait être dirigée par un gouvernement d’experts et qu’une commission serait chargée de réviser la Constitution.

Le chef d’état-major a appelé de ses voeux l’organisation d’une élection présidentielle et d’élections parlementaires ainsi qu’à la création d’un comité de réconciliation nationale incluant les mouvements de la jeunesse.

Abdel Fattah al Sisi a prévenu que l’armée et la police répondraient à toutes les violences. Ses déclarations ont été accueillies par des cris de joie et des scènes de liesse sur la place Tahrir où sont rassemblés les opposants à Mohammed Morsi.

Cependant, Mohammed Morsi aurait, selon un de ses proches, appelé à résister « pacifiquement » au « coup d’Etat ». Sur Twitter, il dénonce en effet le coup d’État militaire, qui doit « être rejeté pour tous les hommes libres  de la Nation »

Mohamed Morsi et plusieurs leaders islamistes interdits de quitter le territoire égyptien

Le président égyptien Mohamed Morsi et plusieurs chefs des Frères musulmans, dont Mohammed Badie, guide suprême de l’organisation et Khairat al-Chater, numéro 2 de la confrérie, sont interdits de quitter le pays dans le cadre d’une enquête sur une évasion de prison en 2011, selon des sources de sécurité. Cette information parvient aux agences de presse alors que l’ultimatum fixé par l’armée au président Morsi est arrivé à expiration.

Dimanche, entre 14 et 17 millions d’Egyptiens ont manifesté pour réclamer le départ de Mohamed Morsi. Ce mardi soir, un autre ultimatum est arrivé à son terme, celui lancé par l’opposition et le mouvement populaire Tamarod.

Morsi depart du caire egypteMohamed Morsi avait jusqu’à 17 heures (TU) ce mardi 2 juillet pour annoncer sa démission comme l’exigent la population et les partis de l’opposition. Dans le cas contraire, l’Egypte, d’Alexandrie (nord) à Assouan (sud), devait officiellement entrer en désobéissance civile.

Ce mardi, cette hypothèse s’est précisé de plus en plus jusqu’à l’heure fatidique. Le président islamiste ayant rejeté l’ultimatum lancé par l’armée, il n’avait plus aucune raison d’accorder la moindre considération à l’échéance fixée par l’opposition.

Face à la révolte d’une partie de la population, la présidence égyptienne pense pouvoir faire contrepoids en mobilisant ses propres partisans. Les Frères musulmans ont appelé les pro-Morsi à descendre dans la rue en signe de soutien au président islamiste. Dimanche dernier, des rassemblements dans les rues du Caire ont réuni 25 000 personnes. Une poignée en comparaison des millions d’Egyptiens mobilisés par le camp adverse.

Les manifestations ont fragilisé le pouvoir

Le pari de la mobilisation a été réussi. Celui du départ de Mohamed Morsi reste à voir… Mais la forte contestation semble bel et bien avoir fragilisé le pouvoir des Frères musulmans. Lundi, les premiers signes d’effritement se sont clairement fait sentir. Cinq ministres (Tourisme, Communication, Environnement, Affaires juridiques les premiers) ont démissionné. Dans la nuit de lundi à mardi, un important membre du cabinet, le ministre des Affaires étrangères, s’est joint au groupe.

Celui de l’Intérieur a affirmé dans un communiqué soutenir le peuple et ses revendications. Ce mardi, les porte-parole de la présidence et du gouvernement ont assené le coup de grâce en annonçant leur démission au même moment.

Toutefois, malgré ces nombreuses défections, la confrérie semble s’accrocher au pouvoir. Les Frères musulmans, arrivés au sommet de l’Etat en 2012,  ne comptent pas renoncer facilement à leur nouveau statut. Surtout après avoir passé une bonne partie du XXe siècle derrière les barreaux.

Les membres de la confrérie le savent : céder face à la contestation est synonyme pour eux d’un retour à la case départ. Pour leur défense, ils présentent l’ultimatum lancé par l’armée comme un coup d’Etat militaire, d’autant que Mohamed Morsi est un président civil qui a le mandat du peuple. Il a été élu démocratiquement en juin 2012.

L’ultimatum de l’armée, un coup d’Etat déguisé ?

En Egypte, l’armée est une institution solide. Elle l’a déjà démontré en 2011. Lors de la révolution du 25 janvier il y a deux ans, les militaires avaient pris le parti du peuple. Résultat : le régime d’Hosni Moubarak avait été renversé.

Dans ce pays de plus de 80 millions d’habitants où l’armée est issue des tranches les plus populaires de la société, le scénario risque désormais de se répéter.

Cette hypothèse préoccupe l’opposition au plus haut point. L’armée est certes proche du peuple, elle est considérée comme la garante de la stabilité du pays, mais l’institution militaire a déjà joué de mauvais tours aux Egyptiens.

Après la chute d’Hosni Moubarak début 2011, elle a récupéré le pouvoir durant un an et demi. Au début, elle a été acclamée par la foule mais elle a très vite déçu. Son tort ? Ne pas avoir réussi à maintenir l’ordre et à organiser rapidement des élections acceptées par tous les partis politiques. L’armée n’a pas non plus su résoudre les problèmes économiques de l’Egypte.

Dès son arrivée au pouvoir, Mohamed Morsi a eu d’ailleurs pour priorité de réduire les prérogatives de l’institution militaire. Il a également pris le soin d’écarter le maréchal Tantaoui, l’ancien homme fort de l’armée égyptienne. Ce dernier a été remplacé par le général Abdelfattah al-Sissi.

Les Egyptiens semblent faire confiance à ce militaire. D’autant qu’Abdelfattah al-Sissi a donné des garanties sur ses intentions. Lundi, il a affirmé dans un communiqué n’avoir aucune ambition politique.

Thierry Barbaut
Avec RFI

Power Africa: Obama présente le plan américain pour électrifier l’Afrique, focus sur sur cet énorme marché

En visite en Afrique du Sud, Barack Obama a annoncé un plan de sept milliards  de dollars, destiné à faciliter l’accès à l’électricité en Afrique  sub-saharienne.

« Doubler l’accès à l’électricité en Afrique subsaharienne ».

Nous parlions dans Info Afrique de cet incroyable Business la semaine dernière dans notre article: Electricité rurale en Afrique : Nouvelle frontière de développement et meilleur business modèle du monde ?

C’est l’objectif  fixé par le président américain Barack Obama dans un discours à l’Université du  Cap (UCT), dimanche 30 juin. En Afrique du Sud, deuxième étape de sa tournée  africaine, le président américain a annoncé un plan de 7 milliards de dollars  sur cinq ans, baptisé « Power Africa ». Il s’agit de répondre aux immenses besoins  énergetiques d’un continent en pleine croissance, mais dont le développement et  les investissements restent freinés par des déficits électriques chroniques.

 

« L’accès à l’électricité est fondamental pour saisir les opportunités  de ce monde. C’est la lumière qui permet à l’enfant d’étudier, l’énergie qui  permet aux idées de devenir des grandes entreprises » a déclaré Obama.  L’électrification, « c’est l’assurance pour les familles de subvenir à leur  besoin, mais aussi la clé pour connecter l’Afrique à l’économie mondiale » a-t-il  ajouté.

Énorme potentiel Africain

obama-afrique-power-africa« Plus des deux tiers de la population de l’Afrique subsaharienne vivent sans  électricité et plus de 85% des habitants des zones rurales n’y ont pas accès.  Power Africa va s’appuyer sur l’énorme potentiel énergétique de Afrique, y  compris les nouvelles découvertes de vastes réserves de pétrole et de gaz, et  sur le potentiel de développement d’énergies propres, géothermique,  hydroélectrique, éolienne et solaire », précise la Maison blanche dans un  communiqué.

Le plan américain devrait « aider les pays à développer de façon responsable  des ressources récemment découvertes, construire des centrales et des lignes  électriques, et élargir les solutions de mini-réseaux et de systèmes  hors-réseau ».

Bien que cette initiative soit annoncée en Afrique du Sud, le  pays n’est pas concerné par Power Africa, alors qu’il peine à produire  suffisamment d’électricité pour répondre à ses besoins. Les États-Unis vont  d’abord travailler avec l’Éthiopie, le Ghana, le Kenya, le Liberia, le Nigeria  et la Tanzanie, des pays affectés par des coupures d’électricité fréquentes,  mais qui ont des « objectifs ambitieux » en matière de production  d’électricité.

10 000 mégawatts pour l’Afrique

Les États-Unis vont leur apporter 10 000 mégawatts d’électricité « plus  propre » supplémentaires, ce qui permettra de connecter 20 millions de foyers et  d’entreprises. L’initiative américaine associera plusieurs agences  gouvernementales et des entreprises privées, avec l’objectif d’entraîner à terme  9 milliards de dollars d’investissements privés, selon la Maison Blanche.

Le  géant américain General Electric contribuera notamment à ce que le Ghana et la  Tanzanie produisent 5 000 mégawatts supplémentaires dans les cinq ans.

general-eclectric-afriqueLa Banque africaine de développement (BAD) a annoncé qu’elle était partie  prenante de l’initiative. Sur les cinq dernières années, l’institution  panafricaine a notamment engagé 1,63 milliard de dollars pour financer des  projets énergétiques dans les six pays bénéficiaires.

D’autre part, Heirs Holding, société d’investissement de l’homme d’affaires  nigérian Tony Elumelu, a annoncé son intention de contribuer à Power Africa à  hauteur de 2,5 milliards de dollars.

« Nouveau modèle »

La tourné africaine aura été l’occasion pour Barack Obama de renouer avec un  continent, que beaucoup l’accusent d’avoir négligé lors de son premier mandat.  En comparaison de Bill Clinton, à l’origine du African Growth and Opportunity  Act (Agoa), accordant un accès privilégié et défiscalisé aux exportations  africaines sur le marché américain, ou de George W. Bush qui avait fortement  soutenu la lutte contre le sida en Afrique, le faible engagement du président  d’origine kényane a déçu.

À Johannesburg et à Dakar, il a affiché sa volonté de  développer un « nouveau modèle » de partenariat entre l’Afrique et l’Amérique. « Un  partenariat d’égal à égal, au delà de la simple assistance, et concentré sur la  capacité de l’Afrique de résoudre ses problèmes et grandir », a promis Barack  Obama.

Le niveau du commerce sino-africain est désormais  deux fois plus important que celui du commerce afro-américain.

Loin derrière la Chine

Cette « nouvelle phase » de l’approche américaine en Afrique est encouragé par  l’intérêt croissant des entreprises nationales pour les perspectives d’expansion  sur un continent où les opportunités s’accélèrent. Leurs exportations dans les  49 pays africains ont atteint 21 milliards de dollars en 2011, soit une hausse  de 23 % selon le Bureau du représentant américain au commerce, cité par  Bloomberg. Les importations américaines issues d’Afrique ont, quant à elles,  bondi de 14 %, avec un total de 74 milliards de dollars en 2010, dont 60  milliards de pétrole brut.

Les États-Unis restent, en Afrique, loin derrière la Chine, qui y a  considérablement accru sa présence et son influence ces dernières  années. Le niveau du commerce sino-africain est désormais deux fois plus  important que celui du commerce afro-américain. Un retard qui risque d’être  difficile à rattraper, sans  une véritable réorientation stratégique.

Thierry Barbaut
AFP

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Egypte: Démission de 4 ministres et basculement de l’armée en faveur du peuple

Les prochaines heures s’annoncent décisives en Egypte.

L’opposition, qui avait mobilisé des millions de personnes Dimanche compte capitaliser sur le succès de la mobilisation.

Elle réclame la démission du président Morsi. Un ultimatum lui a été fixé à  mardi soir. Ce lundi, le chef d’état-major de l’armée somme à son tour le pouvoir de «satisfaire les demandes du peuple» sous 48 heures. Quatre ministres auraient démissionné.

Mise à jour Mardi 2 Juillet:

Egypte : Morsi rejette l’ultimatum de l’armée

Le président de la République reproche à l’armée de ne pas lui avoir soumis son appel au compromis.

La présidence égyptienne a rejeté, dans la nuit de lundi à mardi, l’ultimatum lancé quelques heures plus tôt par l’armée au chef de l’Etat islamiste Mohammed Morsi, lui laissant 48 heures pour satisfaire «les demandes du peuple», faute de quoi elle imposerait une feuille de route après les manifestations de masse de dimanche.

Dans un communiqué, les services de Mohammed Morsi affirment que «la déclaration des forces armées n’a pas été soumise au président» avant sa diffusion et contient «des signes pouvant causer la confusion». Le chef de l’Etat se dit déterminé «à poursuivre dans la voie qu’il a choisie pour mener une réconciliation nationale globale», poursuit le communiqué.

Place Tahrir notamment, ce lundi, des milliers de manifestants réclament le départ de Mohamed Morsi aux cris de « Dégage ! » Le tout dans une ambiance presque festive, les manifestants ayant le sentiment qu’ils sont en train de gagner leur bras de fer.

L’information, non confirmée à l’heure actuelle, selon laquelle quatre ministres démissionneraient du gouvernement égyptien, n’a fait que renforcer les contestataires dans leur conviction.

Le chef d’état-major prend parti

EGYPT-POLITICS-DEMO-TUNISIASelon un ou plusieurs haut-responsables gouvernementaux cités par les agences AFP et Reuters, les ministres du Tourisme, de l’Environnement, des Communications et des Affaires juridiques et parlementaires auraient rendu ensemble leur tablier au chef du gouvernement Hicham Qandil.

Officiellement, aucune explication n’est avancée pour le moment. Mais l’agence officielle égyptienne avait déjà évoqué les intentions de démission de certains membres du gouvernement, en signe de solidarité avec les manifestants. Aucun ministère clé ne semble concerné pour l’instant.

Les manifestants disent qu’ils ne quitteront les places égyptiennes que lorsque le président Morsi aura quitté son poste. Ils réclament aussi la fin de l’hégémonie des Frères musulmans, qui sont selon eux la source du mal dont souffre actuellement l’Egypte.

Ils ont reçu ce lundi après-midi un soutien de poids, en la personne du chef d’état-major des armées, le général Abdel Fatah al-Sisi, dans une déclaration lue à la télévision : « Les forces armées égyptiennes  renouvellent  leur  appel pour  que les revendications du peuple soient satisfaites. Elles donnent aux différentes parties une dernière chance et un délai de 48 heures afin d’assumer leurs responsabilités  face aux  circonstances  historiques que traverse le pays. Si les revendications populaires  ne se sont pas satisfaites, les forces armées seront dans l’obligation  de présenter une feuille de route et de  prendre des décisions qu’elles mettront en œuvre. »

Le général n’a toutefois pas franchi le pas de demander la démission du président, principale revendication des manifestants. Mais ses déclarations ont immédiatement suscité une explosion de joie sur la place Tahrir.

Bonbonnes de gaz

En marge des manifestations, des violences ont encore éclaté ce lundi. Cible principale : le siège des Frères au Caire. Le quartier général a été attaqué dans la nuit et jusqu’à tôt ce lundi matin. Il y a d’abord eu des manifestations devant les locaux, puis il semblerait que des occupants du siège aient tiré sur des manifestants.

Dans tous les cas, selon le ministère de la Santé, il y aurait sept morts parmi les manifestants, tous tués par des balles de fusils d’assaut. Il y aurait aussi des dizaines de blessés. Les manifestants ont utilisé des bonbonnes de gaz pour faire sauter les portes blindées du QG. Au stade actuel, ce dernier est complètement dévasté, à moitié brûlé.

Cela rappelle l’attaque qui avait eu lieu lors de la révolution du 25 janvier 2011 contre le président Hosni Moubarak. Le même scénario s’était produit au siège du Parti national démocrate (PND), qui avait été attaqué et incendié. Selon un dernier bilan officiel, les seules violences de dimanche ont fait 16 morts.

Thierry Barbaut
Avec RFI

Egypte: Enormes mannifestations au Caire avec demande du départ immédiat du président Morsi

En Egypte la situation est extrêmement tendue

La place Tahrir était de nouveau noire de monde ce dimanche 30 juin.

EGYPT-POLITICS-UNREST-FLAGC’est une véritable  démonstration de force de l’opposition égyptienne, qui appelle à ne pas quitter la rue tant que le président Morsi n’a pas renoncé au pouvoir, un an jour pour jour après son élection. Au Caire, le quartier général des Frères musulmans, le parti du président, a par ailleurs été attaqué avec des cocktails Molotov.

La mobilisation est très importante. Les rues du Caire sont aux mains des manifestants. Au moins des dizaines de cortèges ont rejoint la place Tahrir depuis différents quartiers du Caire. En fin d’après-midi, ils se dirigeaient vers le palais présidentiel.

Dans ces cortèges, toujours le même slogan : « Dégage ! » Certains disent aussi que le peuple veut la chute du régime. On voit toujours beaucoup de drapeaux égyptiens et les portraits de Khaled Saïd ou d’autres icônes de la révolution.

On a vu aussi quelques fumigènes, mais l’ambiance reste pour l’instant très bon enfant. Des familles se sont installées au bord de la route pour regarder passer ces manifestants. Tous devraient donc bientôt se retrouver devant le palais présidentiel où de nombreux manifestants sont déjà installés.

Les opposants réclament tous le départ de Mohamed Morsi

Les partisans du président se trouvent, eux, non loin du palais, devant la mosquée Rabia al-Adawiyya, placée sous haute sécurité. Ce dimanche, des blocs de béton ont été installés devant chaque entrée de ce bâtiment.

Les autorités craignent encore des débordements. Depuis mercredi, huit personnes ont été tuées dans des affrontements entre partisans et opposants du président.

Thierry Barbaut

Afrique du Sud: Puissants enjeux économiques pour la visite du président des USA Barack Obama accompagné de sa femme Michelle

L’Afrique du Sud a toujours été un pays porteur de l’économie du continent Africain, ce pays « modèle » reçoit donc la visite de Barack Obama et de sa femme.

L’un des objectifs de la visite de Barack Obama en Afrique du Sud est d’améliorer  la croissance économique africaine et de promouvoir le commerce international.

Mise à jour du Dimanche 30Juin:

Le président américain Barack Obama, en visite en Afrique du Sud, doit annoncer aujourd’hui un plan de 7 milliards de dollars destiné à faciliter l’accès à l’électricité en Afrique sub-saharienne, a déclaré la Maison Blanche. Obama doit annoncer cette initiative sur cinq ans, baptisée « Power Africa », lors d’un discours à 18H00 à l’Université du Cap (UCT).

michelle-barack-obama-afriqueDifficile d’imaginer ce que cela pourra donner concrètement, les deux pays ayant des stratégies divergentes en la matière. Malgré tout, les relations économiques entre l’Afrique du Sud et les Etats-Unis restent très fortes.

Les Etats-Unis sont le deuxième partenaire commercial de l’Afrique du Sud. C’est une destination importante pour les exportations sud-africaines, et notamment de produits manufacturés à haute valeur ajoutée. Les voitures fabriquées dans le pays pour le compte de constructeurs européens partent notamment pour les Etats-Unis.

Mais depuis quelques années, les Sud-africains font de plus en plus d’affaires avec la Chine, l’Inde ou des pays africains comme l’Angola.

Et puis, l’Afrique du Sud a rejoint le groupe des Brics, ce groupe informel d’économies émergentes constitué de la Chine, de l’Inde, du Brésil et de la Russie. Mais l’augmentation du commerce avec ces économies ne devrait pas bouleverser les relations commerciales traditionnelles de l’Afrique du Sud avec les Etats-Unis : les exportations vers la Chine par exemple concernent principalement les matières premières. A en croire de l’institut sud-africain des affaires internationales, Pretoria n’aurait donc aucun intérêt à abandonner un partenaire commercial comme les Etats-Unis.

 

Grand oral pour Barack Obama sur le campus de Soweto:

 

Barack Obama s’exprime ce samedi après-midi devant un parterre d’étudiants triés sur le volet, sur le campus de Soweto, le célèbre township de Johannesburg. Après une brève allocution, il se soumettra à un jeu de questions-réponses avec l’auditoire, ainsi qu’avec des jeunes entrepreneurs d’Afrique anglophone, via une liaison satellitaire.

Le président américain fera une courte allocution d’une quinzaine de minutes environ, car selon son entourage, il souhaite avant tout  échanger avec les jeunes dirigeants africains. C’est ce que l’on appelle un « town hall event » aux Etats-Unis, un événement qui implique un échange, et qui a une connotation informelle, même si, on peut s’en douter, tout est minuté et orchestré.

Barack Obama s’exprimera d’un podium d’environ 100 m², recouvert de moquette bleu, ce qui lui permettra de déambuler, d’écouter et de regarder les quelque 500 jeunes installés sur les quatre gradins qui l’entourent.

Des jeunes approchés par l’ambassade

Rien n’est laissé au hasard, on sait d’ores et déjà qu’il répondra à deux questions posées par des jeunes dans l’audience, mais il répondra également à trois questions posées grâce à une liaison satellite, par de jeunes entrepreneurs à Nairobi au Kenya, à Lagos au Nigeria  et à Kampala en Ouganda.

Certains des jeunes présents à Soweto ont été approchés par l’ambassade en début de semaine seulement. Ces entrepreneurs dynamiques, tous sur leur trente-et-un, se réjouissent naturellement de voir le président américain ici au campus de Soweto, un campus situé devant une centrale électrique à l’abandon depuis des décennies et qui domine le vaste township. Le complexe qui doit accueillir le président américain a été passé au peigne fin par les services de sécurité de la Maison Blanche

A l’extérieur de l’université, des étudiants frustrés de ne pas avoir pu entrer font part de leur déception et regrettent que ceux autorisés à pénétrer fassent partie des classes les plus aisées de la société. Plus loin, à côté de l’héliport où doit atterrir Obama, une manifestation hostile à sa venue a été organisée, le gros des troupes venant du parti communiste sud-africain.

Quelques minutes avant l’arrivée du président américain, la brigade anti-émeutes de la police sud-africaine est intervenue pour disperser les 200 à 300 manifestants rassemblés là en tirant des grenades incapacitantes.

Thierry Barbaut

Centrafrique: Situation épouvantable dans le pays, les rebelles sélékas sont hors contrôle et la communauté internationale n’intervient pas

Enfants soldats à Bangui
Des Kalachnikovs pour les enfants de la Seleka

Des membres de la coalition rebelle Séléka, qui a renversé le Président de la République centrafricaine François Bozizé le 24 mars 2013, ont pris pour cible et tué au moins 40 civils et ont intentionnellement détruit 34 villages ou villes depuis février dernier, a déclaré Human Rights Watch.

Au début du mois de juin, les chercheurs de Human Rights Watch ont recueilli des éléments de preuve détaillés concernant de nombreuses exactions dans des zones essentiellement rurales hors de la capitale, Bangui.

Le Bureau intégré des Nations unies pour la consolidation de la paix en Centrafrique (BINUCA) va soumettre un rapport sur la situation en Centrafrique au Conseil de Sécurité avant le 30 juin pour discussion au cours des semaines à venir.

Le Conseil de sécurité devrait envisager des solutions pour renforcer le maintien de la paix hors de Bangui et adopter des sanctions individuelles à l’encontre des leaders de la Séléka responsables de graves atteintes aux droits humains, a précisé Human Rights Watch. Le Conseil de sécurité doit aussi exiger des autorités de transition une entière coopération avec la mission d’enquête mandatée par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU concernant les abus commis dans le pays depuis décembre 2012.

Les nouveaux soldats de Bangui ? Des enfants !
Les nouveaux soldats de Bangui ? Des enfants !

« Le monde semble l’ignorer mais la situation en République centrafricaine est véritablement catastrophique », a expliqué Daniel Bekele, directeur de la division Afrique à Human Rights Watch. « Les combattants de la Séléka tuent des civils et réduisent des villages en cendres tandis que des villageois meurent dans la brousse à cause du manque d’assistance. »

Les Agences des Nations Unies et les organisations non gouvernementales humanitaires doivent tout mettre en œuvre pour atteindre les populations affectées, évaluer leurs besoins et leur apporter une aide indispensable, a indiqué Human Rights Watch.

Les chercheurs de Human Rights Watch se sont rendus à Bangui et dans les provinces de Mbomou dans le sud-est du pays et de Gribingui et Ouham dans le nord. Human Rights Watch a été en mesure de confirmer que, lors des attaques sur 34 villages et villes, principalement menées par des combattants de la Séléka entre le 11 février et le 2 juin, plus de mille maisons ont été incendiées et au moins quarante civils ont été tués. Les forces de la Séléka ont pris pour cible certaines communautés pour étouffer leur résistance et les piller. Au cours de ces attaques, les soldats de la Seleka ont tiré sur des civils au hasard, selon les conclusions de Human Rights Watch.

Plus tôt en 2013, Human Rights Watch avait documenté de graves atteintes aux droits humains à l’encontre de civils, notamment des pillages, des exécutions sommaires, des viols et des actes de torture commis par des membres de la Séléka à Bangui.

En juin, les chercheurs de Human Rights Watch ont interrogé plus de cent témoins des attaques visant des civils. Dans la préfecture de Ouham, les témoins ont décrit le meurtre de treize civils dans les villages de Bade, Bougone et Gbodoro le 19 mai ; le meurtre de dix civils dans le village de Ouin le 1er mai et le meurtre de cinq civils dans les villages de Boubou et Zéré les 18 et 20 avril. Human Rights Watch a aussi reçu des signalements dignes de foi de meurtres d’au moins douze civils dans la ville de Ouango dans la province Mbomou les 21 et 22 avril. Conformément au droit international humanitaire, le meurtre et le ciblage délibéré ainsi que le meurtre de civils constituent des crimes de guerre.

Des témoins ont raconté que les assaillants étaient des combattants de la Séléka en uniforme, parfois accompagnés de Mbarara armés – des éleveurs nomades qui se déplacent avec leurs troupeaux entre le Tchad et la République centrafricaine – qui circulaient à cheval ou à moto. La Séléka faisait feu sur les civils, souvent alors que ceux-ci s’enfuyaient. Un témoin dans le village de Gbade a raconté à Human Rights Watch : « Lorsqu’ils sont entrés dans le village, ils ont commencé à nous poursuivre [et] à tirer sur les gens dans leurs maisons ou sur ceux qui couraient en direction de la brousse. La plupart des villageois ont été abattus d’une balle dans le dos alors qu’ils fuyaient. »

Selon des témoignages, les forces de la Séléka et un représentant local autoproclamé, Adoum Takaji, sont arrivés dans le village de Ouin le 1er mai. Les villageois s’étaient enfuis dans la brousse en raison de violences ayant eu lieu quelques jours auparavant. Les membres de la Séléka et Adoum Takaji ont annoncé aux habitants qu’ils organisaient une réunion pour persuader la population locale de revenir dans leurs maisons.

Enfants soldats à Bangui
Des Kalachnikovs pour les enfants de la Seleka

Ils ont convaincu les habitants réticents de se rassembler, ont regroupé cinq hommes, les ont attachés ensemble et les ont abattus. Un témoin a raconté à Human Rights Watch : « Un des [hommes] n’a pas été tué sur le coup, alors ils lui ont tranché la gorge avec un long couteau. » Les combattants de la Séléka ont ensuite tiré sur les civils en fuite et tué cinq autres personnes. Tous les habitants du village ont fui vers la forêt voisine, où ils sont toujours.

Le ciblage des civils et les incendies de maisons ont forcé de nombreuses personnes à abandonner leurs villages. Human Rights Watch s’est entretenu avec des habitants des villages affectés, qui ont raconté qu’ils vivaient dans la brousse et les forêts environnantes. Les chefs des villages ont indiqué que des dizaines d’habitants, en particulier des personnes âgées, des nourrissons et des personnes malades, sont morts dans la brousse. Tous les villageois avec qui Human Rights Watch s’est entretenu vivent avec une assistance humanitaire minimale ou inexistante. Les conditions se sont aggravées depuis le début de la saison des pluies.

Les villageois des provinces de Gribingui et Ouham ont exprimé leur profonde préoccupation et leur peur de nouvelles attaques menées par les combattants de la Séléka. Un habitant du village de Boubou, qui vit dans la brousse craignant pour sa sécurité, a imploré les chercheurs de Human Rights Watch : « Envoyez de l’aide… rapidement pour que nous puissions vivre dans le village au lieu de dormir dans la forêt comme des animaux. »

Human Rights Watch a documenté la destruction de deux églises dans les villages de Yangoumara et Gbi-Gbi, et le pillage et la destruction d’une école à Yangoumara. Des témoins ont expliqué à Human Rights Watch que les forces de la Séléka ont mené des attaques en association avec des Mbarara armés. La destruction délibérée de biens civils, ainsi que de structures et de biens indispensables à la survie de la population civile, constitue également un crime de guerre conformément au droit international humanitaire.

Noureddine Adam, un général de la Séléka actuellement ministre de la Sécurité publique au sein du gouvernement de transition du pays, a nié que la Séléka était responsable de la moindre attaque documentée par Human Rights Watch. « Ces attaques ont été commises par d’autres groupes armés avant notre arrivée », a-t-il expliqué à Human Rights Watch. « La Séléka n’est pas impliquée dans ces destructions de villages ni dans les meurtres. »

Toutes les attaques documentées par les chercheurs de Human Rights Watch ont eu lieu dans des zones contrôlées par la Séléka. Les leaders de la Séléka sont en définitive responsables du comportement de leurs combattants et doivent enquêter efficacement sur les violations des droits humains et traduire en justice les responsables, a ajouté Human Rights Watch.

Dans les zones visitées par Human Rights Watch, aucune autorité de police ou de justice n’était présente. Le gouvernement de transition doit rétablir l’état de droit dans tout le pays en redéployant les autorités civiles locales.

Noureddine Adam a expliqué que quinze Préfets et commandants militaires avaient déjà été nommés et avaient reçu les ressources suffisantes pour exercer leurs fonctions. Il a précisé qu’ils seraient déployés prochainement pour rétablir une administration civile fonctionnelle.

carte_rebelles_rebellion_seleka_centrafriqueLe Conseil de sécurité de l’ONU doit soutenir les efforts de maintien de la paix dans le pays et indiquer clairement qu’il prévoit d’adopter des sanctions ciblées à l’encontre des responsables de violations des droits humains graves, a déclaré Human Rights Watch. Dans un rapport au Conseil de sécurité le 3 mai, le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a recommandé que des sanctions soient envisagées.

Le Conseil de sécurité de l’ONU doit aussi exprimer son soutien à la mission d’enquête en cours mandatée par le Conseil des droits de l’homme, exiger que le gouvernement de transition et les leaders de la Séléka coopèrent totalement, et charger le BINUCA de fournir toute l’assistance nécessaire à la mission.

La Communauté économique des États de l’Afrique Centrale (CEAC), l’Union africaine, l’Union européenne, le Conseil de sécurité de l’ONU et la France doivent favoriser les efforts de maintien de la paix en République centrafricaine, a déclaré Human Rights Watch. Ils doivent appuyer les efforts de la Mission de consolidation de la paix en République centrafricaine (MICOPAX), une force de maintien de la paix régionale conduite par la CEAC, pour déployer des troupes supplémentaires dans tout le pays. Ils doivent aussi favoriser le désarmement en cours des combattants de la Séléka à Bangui et lancer ce processus dans les provinces.

Des troupes supplémentaires et une police civile bénéficiant d’un soutien logistique suffisant et efficace à Bangui et dans les provinces devraient accroître la capacité de la MICOPAX à apporter sécurité et protection à les populations civile affectées.

Dans son rapport au Conseil de sécurité le 3 mai, le Secrétaire général a appelé les partenaires de la République centrafricaine à fournir une aide financière et logistique efficace à la MICOPAX. Le 14 juin, la Communauté économique des États de l’Afrique centrale réunie à Libreville s’est engagée à renforcer la sécurité à Bangui.

« Les chercheurs de Human Rights Watch, village après village, ont à chaque fois entendu le même appel de la bouche des habitants : ‘Ne nous abandonnez pas.’ », a déclaré Daniel Bekele. « L’ONU et les autres acteurs doivent redoubler d’efforts pour venir en aide à ces populations largement oubliées. »

Human Rights Watch

Tanzanie: La société Zantel lance « Z-Kilimo » un service mobile pour aider les agriculteurs

Zantel

L’absence d’informations à jour sur « comment accéder aux marchés, obtenir de meilleurs semences et améliorer leurs méthodes agricoles » sont les problèmes que rencontrent régulièrement les petite agriculteurs de Tanzanie.

ZantelPour résoudre ces difficultés, l’opérateur de téléphonie mobile Zantel, en partenariat avec le ministère de l’Agriculture et Sibesonke Limited, a lancé le service Z-Kilimo. Il fournira aux paysans les informations vitales dont ils ont besoin pour atteindre leurs objectifs agricoles.

Les agriculteurs n’auront qu’à composer le *149*50# pour accéder au service qui est similaire au service M-Farm lancé par l’entreprise du même nom au Kenya. D’après Francis Kiaga, le responsable en chef des ressources humaines chez Zantel, l’« agriculture est la colonne vertébrale de l’économie tanzanienne. Elle contribue de manière significative dans l’augmentation du taux de croissance du pays et dynamise sa prospection économique ». Donner un coup de mains aux agriculteurs c’est dont contribuer indirectement le développement du pays pour Zantel.

« Pour le moment, seulement 35% des villages ont des agents de vulgarisation. En 2015 chaque village devra avoir des agents de vulgarisation, conformément aux objectifs fixés par le gouvernement », a indiqué Mshindo Msolla, le secrétaire permanent du ministère de l’Agriculture.

Thierry Barbaut

Barack Obama: Début de la tournée Africaine avec le Sénégal, l’Afrique du Sud et la Tanzanie

Barack et Michelle en Afrique

Barack Obama arrive au Sénégal, pour une tournée qui le mènera ensuite en Afrique du Sud et en Tanzanie.

Barack et Michelle Obama à Dakar:

Première étape d’une tournée africaine d’une semaine qui le conduira ensuite en Afrique du Sud, puis en Tanzanie. Au programme de ce jeudi, un tête-à-tête avec le président sénégalais Macky Sall, un discours devant Cour suprême et une visite à la Maison des esclaves sur l’île de Gorée où il rencontrera aussi des leaders de la société civile.

Le président SénégalaisMacky Sall, lors d’une conférence de presse commune avec le président américain Barack Obama, a salué Nelson Mandela : « Je crois que Mandela a donné un exemple pour le monde entier. Pour nous, leaders politiques, nous devons beaucoup nous inspirer de son humilité et de sa capacité de renoncement, mais aussi de sa grandeur et du pardon qu’il a pu donner comme modèle.

Le président Obama l’a dit : c’est plus qu’une idole pour nous tous. Nous devrions toujours nous inspirer de sa pensée et de son comportement pour que d’abord l’Afrique du Sud continue à être une nation arc-en-ciel et que les leaders du monde entier puissent s’inspirer de son exemple ».

Un hommage auquel s’est associé le président des Etats-Unis, Barack Obama : « Nelson Mandela est un héros pour le monde dont l’héritage vivra à travers les âges ».

Ensuite Barack Obama s’est rendu devant la Cour suprême à Dakar. Une étape à laquelle le président américain tenait beaucoup. Il est arrivé à 14 heures, heure française, devant le grand bâtiment qui se trouve face à la mer sur un boulevard au nom évocateur, le boulevard Martin Luther King.

 

Obama en séance de travail

La Cour suprême au Sénégal regroupe le Conseil d’Etat et la Cour de cassation, c’est donc une juridiction très importante qui juge en dernier ressort. Le président américain participe actuellement à une séance de travail dans la salle d’audience de la haute juridiction, avec dix autres présidents de Cour suprême de pays africains : des anglophones (Botswana, Ghana, Kenya, Malawi, Ouganda et Zambie) et des francophones (Sénégal, Bénin, Côte d’Ivoire, Gabon et Niger).

Les entretiens portent notamment sur les fondamentaux de la démocratie : l’Etat de droit, l’indépendance de la justice et de la séparation des pouvoirs. Entre le pouvoir exécutif de celui qui gouverne, le pouvoir législatif de celui qui fait les lois, et enfin le pouvoir judiciaire. Ce sera l’occasion pour Barack Obama d’insister sur le message qu’il avait délivré en 2009 au Ghana : « L’Afrique a besoin d’institutions fortes plutôt que d’hommes forts ».

Et toujours en ce qui concerne ce thème de l’Etat de droit, Barack Obama doit également rencontrer en fin d’après-midi, juste après son pèlerinage à la Maison des esclaves sur l’île de Gorée, les leaders de la société civile sénégalaise. Pour le président américain, la société civile a un grand rôle à jouer dans les processus de démocratisation en Afrique. C’est l’un des messages du président Barack Obama à Dakar.

Une visite dont les enjeux sont importants et que les Africains attendaient depuis longtemps. Pendant neuf ans, de 2000 à 2009, cheikh Tidiane Gadio a été le ministre des Affaires étrangères du Sénégal. Aujourd’hui, il préside l’Institut panafricain de stratégie. Il répond aux questions de Christophe Boisbouvier.

Depuis qu’il est président, Barack Obama n’a visité qu’un seul pays africain, c’est le Ghana. Est-ce que cette tournée est, pour lui, une façon de se rattraper ?

Barack et Michelle en AfriqueOn peut le percevoir ainsi. L’Afrique était quelque part dans son agenda, mais peut-être plus du côté affectif que du côté économique ou politique ou autre, ce qui peut effectivement poser un problème pour certains. Mais là, c’est bien qu’il fasse trois pays africains en espérant que ce ne sera pas la dernière fois. Et si vous vous rappelez la très belle phrase de Mandela dans la lettre de félicitations adressée à Barack, Mandela disait : « Votre victoire prouve que personne dans le monde ne devrait avoir peur de rêver de changer le monde pour le rendre meilleur ».

Le choix du Sénégal, j’imagine que c’est un motif de fierté pour vous. Si Abdoulaye Wade avait été réélu l’an dernier, est-ce que le président américain serait venu cette année ?

Je ne crois pas. Pour Obama, si Wade, après le forcing du troisième mandat et le projet dont on l’accusait de dévolution dynastique du pouvoir, avait remporté les élections, je suis à peu près certain qu’Obama aurait survolé le Sénégal sans s’arrêter.

D’autant que les Américains avaient fait pression sur Abdoulaye Wade pour qu’il n’essaye pas de placer son fils à sa place ?

Absolument. Ça, j’étais témoin, ils ont tenté beaucoup de choses. Et le fait qu’ils ont tout fait, ils n’ont pas réussi comme le peuple sénégalais d’ailleurs n’a pas réussi, à le contraindre à accepter l’évidence que le Sénégal n’acceptera jamais une dévolution dynastique du pouvoir. Et Obama nous a accompagnés dans ce combat et nous lui en sommes très reconnaissants. Je pense que c’est la raison pour laquelle il vient féliciter en terre africaine du Sénégal le président Macky Sall et le peuple sénégalais tout entier, parce que c’est une victoire de tout un peuple. Nous avons plié, mais nous n’avons pas rompu. Et si ce n’était pas le cas, je crois qu’il ne viendrait pas au Sénégal du tout.

A l’escale de Dakar, on s’attend à un discours de Barack Obama sur la sécurité au Sahel. Mais est-ce que notamment aux Nations unies, les Américains n’ont pas traîné des pieds l’an dernier quand il fallait mobiliser des troupes contre les jihadistes du nord du Mali ?

Sur le dossier Mali, nous avons eu beaucoup de problèmes avec l’appui américain qui était réel, mais extrêmement timide. Le rôle que les Français ont accepté de jouer, l’Amérique n’a pas accepté de jouer le même rôle. Et je crois qu’il voulait faire très attention et être prudent, mais en même temps la situation est là : le terrorisme et les narcotrafiquants se sont solidement ancrés en Afrique. Et là on aurait vraiment espéré avec ce qui s’est passé au Mali, une réaction vigoureuse d’Obama et de l’Amérique, au côté des Africains. Mais là, nous avons eu quand même un appui plutôt faible.

Et de ce point de vue, est-ce que l’administration américaine ne vous a pas déçu ?

Les démocrates ont souvent moins faits pour l’Afrique que les républicains. C’est véritablement un paradoxe. Les démocrates ont le bon discours sur l’Afrique, sur les institutions, sur les investissements, mais les républicains, comme George Bush qui a été décrié au plan international avait une affection particulière pour l’Afrique. Il a beaucoup fait pour le continent, sur le programme contre le sida, il a été un leader mondial.

Et au même moment, Bush s’intéressait à la question des infrastructures en Afrique. Je me rappelle de conversations que j’ai eues avec Condoleezza Rice (ex-secrétaire d’Etat américain) sur la question, l’Amérique s’intéressait même à l’intégration régionale, pareil avec la Cédéao (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest), pareil avec la SADC (Communauté de développement d’Afrique australe) comme grandes entités d’intégration et apportait le soutien aux politiques d’énergie, politiques d’infrastructures. Là on est loin de ça avec l’administration démocrate.

En allant en Afrique du Sud et en Tanzanie, Barack Obama va visiter deux pays où s’est déjà rendu il y a quelques mois le nouveau numéro un chinois, Xi Jinping. Est-ce que c’est une simple coïncidence ?

Je le pense sincèrement. Je pense que Barack Obama se rend en Afrique du Sud en particulier pour Mandela, pour Madiba. C’est la rencontre deux grands destins, il voulait jouer sur ce symbole. Malheureusement l’histoire est telle que Madiba est apparemment est sur le départ, et que Obama est sur l’arrivée en Afrique du Sud. Bien entendu, l’économie revient en force toujours. Et là les aspects économiques se mêlent à des aspects affectifs et affectent le sens de l’histoire qui est très fort chez Obama. Je ne pense pas que cette tournée est une politique contre la Chine. Il faut prendre ce débat beaucoup plus au sérieux qu’on le fait actuellement.

Malgré le souhait que vous aviez exprimé en novembre dernier sur RFI, Barack Obama n’ira pas se recueillir sur la tombe de son père au Kenya. Est-ce que vous êtes déçu ?

Quelque part, je suis triste, oui. Si Raila Odinga avait été élu président du Kenya, Barack Obama irait au Kenya parce que tout le monde s’y attend, ça a une grande portée affective et émotionnelle pour beaucoup d’Africains. On comprendrait qu’il aille se recueillir sur la tombe de son père. Malheureusement, il y a le fait qu’il soit poursuivi par la Cour pénale internationale qui semble donc pénaliser un peu les rapports d’Obama avec le nouveau président du Kenya. Mais une fois ces questions-là réglées, il ne faut pas exclure de revoir Obama, ou en visite privée ou en visite officielle, fouler le sol kenyan. Comme il a un grand sens de l’histoire, c’est quelque chose qui ne va pas lui échapper. Il est important que durant son deuxième mandat, il aille au Kenya.

Par Christophe Boisbouvier
Pour RFI

Il y à 10 ans disparaissait le footbaleur Marc-Vivien Foé

Marc-vivien foe

Retour sur la perte du footballeur Marc-Vivien Foé

Il y a dix ans, le 26 juin 2003, disparaissait le footballeur camerounais Marc-Vivien Foé. Le milieu défensif, âgé de 28 ans, avait été alors victime d’une crise cardiaque sur la pelouse du stade Gerland à Lyon alors qu’il disputait un match international avec les Lions Indomptables contre la Colombie. Et ceci dans le cadre de la Coupe des Confédérations 2003. Son décès à l’hôpital avait énormément ému l’opinion publique.

Marc-vivien foeFoudroyé par une crise cardiaque en plein match et évacué inconscient sur une civière, ce 26 juin 2003, Marc-Vivien Foé ne pouvait pas comprendre qu’il ne rouvrirait jamais ses yeux alors qu’il portait encore le maillot de son équipe nationale. Il mourra peu de temps après son arrivée à l’hôpital, provoquant une immense émotion aussi bien au Cameroun qu’en France.

Lors de la finale France-Cameroun de cette Coupe des Confédérations 2003, les Lions Indomptables portaient tous pendant leur entraînement le maillot floqué du numéro 17, celui de Marc-Vivien Foé. Les Bleus aussi avaient rendu hommage à leur manière au milieu défensif camerounais, lorsque Thierry Henry buteur contre la Turquie en demi-finale, avait levé sa main et son regard vers le ciel.

Malformation cardiaque et  carrière de footballeur professionnel
L’autopsie réalisée après le décès a révélé que la crise cardiaque qui avait emporté le joueur n’était pas provoquée par un effort physique trop important pendant le jeu mais due à une hypertrophie cardiaque. Marc-Vivien Foé était né avec une telle malformation, qui dans son cas n’était ni héréditaire, ni génétique. En médecine, elle porte le nom de malformation congénitale.

Né le 1er mai 1975 à Yaoundé, dans le quartier Nkolo II, Marc-Vivien Foé a démarré vraiment sa carrière professionnelle à l’âge de 19 ans avec le club du Canon Yaoundé en 1994. Mais il ne jouera qu’un an pour le club de sa ville natale. Talentueux, il connaîtra aussitôt les grands championnats européens, notamment la Ligue 1 et la Premier League. Quand il est mort en 2003, il jouait à Manchester City.

Ses coéquipiers à Yaoundé se souviennent très bien de Marc-Vivien Foé. Jules-Denis Onana, notamment, ex-Lion Indomptable et capitaine du Canon Yaoundé dans les années 90. Il y a deux ans, à la date anniversaire de la disparition de Marc-Vivien Foé et en souvenir de celui qu’il appelle « son petit frère », Jules-Denis Onana lui adressait une lettre pleine d’émotions afin qu’on ne l’oublie jamais.

« Petit frère… en ce jour anniversaire j’aimerais encore partager des souvenirs avec toi», écrivait en 2011 Jules-Denis Onana, avec des mots tendres qui resteront toujours d’actualité. « Tu as mené une grande carrière au sein des Lions, pour la Nation. Pour ton premier retour en sélection après avoir signé à Lens, tu nous avais retrouvé en stage à Douala. Je me rappellerai toujours comment tu m’avais embrassé ce jour-la. Je me rappelle avec quelle fierté tu me racontais l’accueil qui t’avait été réservé au stade, lors de la présentation au public. Tellement de souvenirs… Mais aussi beaucoup de regrets que tu sois parti si tôt. Sais-tu, mon petit Marco, que ce fameux 26 juin, le jour où le destin t’a arraché à nous, mon premier fils fêtait son anniversaire ? Il te pleure chaque année désormais, en grandissant. Repose en paix petit frère. Nous pensons à toi. Je pense à toi », ce sont les mots de l’ancien international camerounais Jules Denis Onana, qui sonnent comme un hommage collectif que nous tous pouvons rendre ce 26 juin 2013 à Marc-Vivien Foé.

Thierry Barbaut
Avec RFI

Electricité rurale en Afrique : Nouvelle frontière de développement et meilleur business modèle du monde ?

Electricite en Afrique

Proclamés par les Nations Unies en 2000, les Objectifs du Millénaire pour le Développement ont dressé une liste ambitieuse de huit enjeux clés devant être adressés à horizon 2015, relatifs à la pauvreté, l’éducation, l’égalité des sexes, la santé, ou encore l’environnement.

Electricite en AfriqueLe septième objectif visait à développer un environnement humain durable, et mentionnait en particulier l’accès à l’eau potable. A contrario, l’accès à l’électricité n’y était pas évoqué, l’énergie étant considérée uniquement sous l’angle de la maîtrise de l’intensité énergétique (consommation d’énergie pour produire 1$ de PIB)…

Or, si l’objectif de réduction de moitié de la proportion de personnes sans accès durable à l’eau potable a été atteint en 2010, l’accès à l’électricité constitue toujours un frein majeur au développement de nombreuses régions dans le monde. Ainsi, 1,4 milliard de personnes n’avait pas accès à l’électricité en 2009, dont 585 millions en Afrique sub-saharienne [i].

L’électricité pour le consommateur africain : un produit rare, cher, et de mauvaise qualité

L’électricité est en effet un produit rare en Afrique : le taux d’électrification est limité à 42% à l’échelle du continent, soit le taux le plus faible de l’ensemble des régions en développement. De plus, ce taux moyen masque à la fois de fortes disparités régionales (99% au Maghreb, mais seulement 31% en Afrique sub-saharienne), mais également un clivage urbain / rural très marqué (69% en urbain contre 25% en rural) [i].

Moins de 10% des populations rurales d’Afrique sub-saharienne ont ainsi accès à l’électricité, la biomasse traditionnelle (bois transformé ou non en charbon) restant leur source d’énergie quasi-exclusive.

 

Taux d’électrification et population sans accès à l’électricité en Afrique [i]

 

Disponible pour moins de la moitié de la population, l’électricité reste également une ressource chère pour la consommateur africain. Dans les zones desservies par le réseau, le tarif résidentiel moyen s’élève à 12 c$/kWh [ii], soit un niveau proche des pays de l’OCDE (12 c€/kWh en France) pour un niveau de vie quinze fois inférieur. Dix pays africains proposent notamment des tarifs plus élevés que la moyenne de l’OCDE.

Hors réseau, dans les immenses zones rurales non desservies, les solutions d’alimentation électrique se font à un coût encore plus important, pouvant atteindre 30 à 50 c$/kWh pour un groupe électrogène, voire 70 c$/kWh avec l’utilisation d’un kit photovoltaïque.

Comparatif des tarifs résidentiels de l’électricité des principales régions en développement [ii]

Tarifs résidentiels de l'électricité

Enfin, la cherté de l’électricité n’est pas synonyme de qualité pour l’usager. Au sein même des zones électrifiées, l’acheminement n’est pas fiable. Les pannes, conséquences d’un système électrique insuffisamment entretenu, et les délestages, seule véritable solution de gestion du réseau électrique en l’absence de moyens de production suffisants, surviennent près de 10 jours par mois et génèrent des coupures de courant durant 6h en moyenne [iii].

Ces interruptions fréquentes de l’alimentation électrique impactent fortement la vie quotidienne mais grèvent aussi significativement l’activité économique (outils inutilisables, pertes de production, casse d’équipements, rupture de la chaine du froid, coupure des communications…). Une entreprise africaine de plus de 250 salariés sur deux dispose par exemple d’un générateur de secours pour y faire face. La mauvaise qualité de l’électricité entraine ainsi un manque à gagner considérable pour les pays d’Afrique sub-saharienne, évalué par la Banque Mondiale à plus de deux points de PIB [iv].

 

Accessibilité des prix, recouvrement des factures et couverture des coûts : le grand écart des producteurs d’électricité en Afrique

Pour les opérateurs d’électricité d’Afrique sub-saharienne, l’équation économique est en effet complexe à résoudre.

D’un côté, ces opérateurs doivent s’adapter à la donne économique locale. Avec 70% de la population vivant avec moins de 2$ par jour, l’accessibilité de l’électricité est limitée. Dans les zones électrifiées, une consommation moyenne de 40 kWh par mois (contre environ 600 en France) représente par exemple un coût de 5$. Et dans les zones rurales non desservies, une consommation moyenne plus réduite de 5 kWh par mois génère toujours un coût de 2$ dû à l’utilisation des groupes électrogènes.

En plus de cette accessibilité d’ores et déjà limitée, les producteurs font face à des difficultés de recouvrement.  Environ 40% des clients finaux ne payent pas leur facture : ce taux grimpe à plus de 55% pour les catégories les plus pauvres et s’établit toujours à 20% pour les catégories les plus aisées [iv], suggérant un état de fait ancré dans les pratiquesmais s’expliquant également par l’incapacité des opérateurs à collecter efficacement les règlements, du fait d’une organisation déficiente et de l’absence de système bancaire structuré.

De l’autre côté, les opérateurs électriques doivent exploiter des infrastructures électriques lourdes, centralisées et couvrant d’immenses territoires. Héritées pour partie de l’époque coloniale, ces infrastructures génèrent des coûts d’exploitation élevés, de 14 c$/kWh en moyenne, qui sont à peine couverts par les tarifs de vente. Déficitaire sur la fourniture d’électricité aux particuliers, le fragile équilibre financier des opérateurs est tributaire de la vente aux entreprises.

Seuls sept pays d’Afrique sub-saharienne couvrent ainsi leurs coûts de production historiques, le taux de couverture étant limité à 61% en moyenne pour les autres [iv]. Au-delà de la question de l’accessibilité, cette situation résulte aussi souvent d’un choix politique de subvention des prix de l’électricité.

Comparatif des tarifs domestiques de l’électricité et des taux de couverture des coûts de production [iv]

Tarifs et coûts de production

Cette non-couverture des coûts combinée aux difficultés d’accessibilité et à l’inefficacité du recouvrement pénalisent fortement la capacité des opérateurs africains à assurer la maintenance du système électrique, réduisant d’autant sa performance : près de 25% de l’électricité produite est ainsi perdue au cours de son transport et de sa distribution à cause des pertes dans le réseau et des fraudes [iv].

 

Pour relever le défi de l’électrification, la difficile extension des schémas électriques traditionnels centralisés

Dans ce contexte, les opérateurs électriques africains disposent de moyens limités qu’ils concentrent avant tout sur l’exploitation et la maintenance du système existant, sans être en capacité d’investir dans son développement.

La capacité de production électrique cumulée de la totalité des pays sub-sahariens (hors Afrique du Sud) se limitait à 34 GW en 2010, le même niveau que la Pologne (plus de 120 GW en France). Cette capacité a bien été multipliée par deux depuis 1980 mais la population de ces pays a également doublé sur la même période [i] : rapportée à la population, la capacité électrique disponible stagne ainsi depuis plus de trente ans.

Pour accompagner la croissance démographique et le développement économique du continent, et répondre à l’accroissement de la demande qui en découle, les Nations Unies estiment ainsi que 7 GW de capacités électriques additionnelles devraient être installés chaque année. Ceci représenterait un investissement annuel sur le système électrique de 41 Md$, soit plus de 6% du PIB du continent [ii].

Le développement des systèmes électriques selon le schéma traditionnel de production centralisée et d’extension du réseau nécessiterait donc des moyens considérables que les opérateurs africains peuvent difficilement supporter.

Dans le même temps, les investissements privés demeurent contraints par les schémas d’organisation des marchés africains de l’électricité. La majorité de ces marchés restent en effet structurés autour d’un énergéticien national couvrant toute la chaine de valeur, et sont peu avancés dans la dérégulation (séparation des activités de la chaine de valeur, ouverture à la concurrence…), constituant souvent des situations monopolistiques de fait.

Les incertitudes politiques et/ou juridiques pèsent également sur les décisions d’investissement, qui mobilisent des moyens lourds et nécessitent une visibilité sur plusieurs années voire décennies. Une étude de l’Université du Cap en 2010 a par exemple passé en revue les projets d’unités de production électrique centralisées portés par des opérateurs privés : sur 21 projets recensés dans 8 pays africains, la moitié avait fait l’objet de disputes sur le contrat (revue des conditions initialement négociées, notamment sur les tarifs de rachat de l’électricité produite ou les coûts d’approvisionnement en carburant, difficultés de paiement…) [iii].

 

Etat des lieux des projets de production centralisée indépendants en Afrique (capacité > 40MW) [iii]

projets de production centralisée

* BOO : build-own-operate /  BOOT = build-own-operate-transfer

 

Un avenir pour les systèmes de production d’électricité off-grid, s’appuyant en particulier sur l’énergie solaire 

Face aux difficultés d’extension du réseau électrique traditionnel, le développement de moyens de production décentralisés off-grid ou organisés autour d’une mini-grid locale présente donc une alternative intéressante dans les pays africains. Un changement d’approche qui peut constituer une véritable solution d’avenir, pertinente compte tenu des ressources du continent mais également viable économiquement.

Au vu du fort ensoleillement du continent, l’énergie solaire peut notamment représenter une solution prometteuse. Une étude menée par la Commission Européenne a ainsi montré que la production d’électricité au moyen de panneaux photovoltaïques est plus compétitive que l’utilisation d’un groupe électrogène sur une large part des zones rurales africaines [iv].

Avec un rayonnement atteignant 4 à 6 kWh par m² (à titre de comparaison : 2 kWh par m² en Provence), le solaire devient en effet plus rentable dans de nombreuses zones (jaune à rouge sur la carte). L’alimentation par groupe électrogène reste en effet tributaire des infrastructures routières pour le réapprovisionnement en diesel, dont les coûts sont par ailleurs en hausse continue.

 

Rentabilité comparée de la production électrique solaire vs. groupe électrogène en Afrique [iv]

Solaire vs Electrogène en Afrique

(NB : coûts d’un groupe électrogène incluant les subventions étatiques du diesel)

 

Avec 60% de la population sub-saharienne vivant dans les zones rurales, peu ou pas desservies par le réseau actuel, et avec des perspectives limitées d’extension à moyen terme, le déploiement de solutions d’alimentation électrique off-grid compétitives représente ainsi un marché considérable.

Il s’agit aussi et avant tout d’un axe de développement essentiel pour les pays d’Afrique sub-saharienne. Afin de favoriser l’accès à l’électricité en milieu rural, la plupart des Etats africains ont ainsi adapté leur régulation et mis en place des dispositifs spécifiques, en se dotant en particulier de fonds ou d’agences d’électrification rurale, souvent appuyés par des banques et agences de développement occidentales (AFD en France, KfW en Allemagne…).

Quels business modèles et quels acteurs pour développer ce marché gigantesque ?

Une difficulté majeure reste cependant de pouvoir valoriser ce potentiel en trouvant des modèles économiques adaptés aux populations pauvres et rentables dans la durée : une approche « Base of the Pyramid » qui reste complexe à mettre en pratique.

Total et EDF, en collaboration avec l’ADEME, ont fait figure de pionniers en mettant en œuvre dès le début des années 2000 un modèle spécifique d’entreprise pour l’électrification rurale : les SSD (Sociétés de Services Décentralisés), sociétés de droit local et constituées de personnels locaux, financées par les investisseurs privés et agences de développement, et bénéficiant de contrats de concessions de 10 à 20 ans pour électrifier des zones géographiques isolées.

 

Illustration : découpage des concessions d’électrification rurale au Sénégal [i]

Concessions électrification Sénégal

 

Un bilan intermédiaire de ces initiatives, dressé à Dakar fin 2009, a cependant présenté des conclusions mitigées [ii]. Les SSD ont bien atteint l’équilibre financier, se sont pérennisées et ont contribué à une nette amélioration de la qualité de vie des populations locales, mais elles ont eu un impact économique limité au-delà de l’embauche de personnel et présentent des performances économiques en-deçà des prévisions.

Si le concept semble être validé, le business modèle de ces sociétés reste ainsi à consolider, via une plus grande flexibilité dans la fixation des tarifs de vente de l’électricité (indexation selon les coûts)  et dans les choix technologiques, mais aussi via un élargissement de la clientèle et des services proposés.

Mais les énergéticiens ne sont pas seuls à s’intéresser à l’électrification en milieu rural. Les opérateurs télécom, fortement implantés sur un continent africain où le marché de la téléphonie mobile est en pleine explosion avec une croissance annuelle de près de 20% [iii], se montrent très actifs, avec comme enjeu la diffusion du mobile au-delà des zones électrifiées. Ces acteurs – moins contraints par le cadre régulatoire – disposent de l’avantage de pouvoir rentabiliser leur investissement à travers leurs offres de téléphonie, leur permettant de proposer un service de fourniture d’électricité à coût marginal.

L’initiative Green Power for Mobile, lancée en 2008 par la GSM Association, vise ainsi à développer les réseaux mobiles dans les zones rurales en déployant des infrastructures alimentées – totalement ou en partie – par les énergies renouvelables (solaire principalement). L’objectif est double : réduire la facture diesel des opérateurs et faciliter la recharge du téléphone mobile et donc son usage.

Orange, présent dans 16 pays africains, a par exemple déployé 1 300 antennes relais solaires dans les zones rurales, offrant la possibilité aux populations de bénéficier de l’électricité disponible pour recharger leurs téléphones, mais également de procurer une alimentation électrique pour des services de base (éclairage d’une école ou d’une maternité, réfrigération des médicaments…).

Ainsi, l’électrification rurale en Afrique, qui s’inscrit encore aujourd’hui dans une logique d’aide au développement pour les énergéticiens ou comme une strate d’infrastructure nécessaire au développement du mobile pour les opérateurs télécom, pourra-t-elle constituer demain un marché à part entière ? Quels acteurs trouveront les business modèles permettant de rentabiliser ce développement ? A la clé : un marché de 585 millions de personnes, un bel eldorado en perspective !

Avec energypoint.bearingpoint.com


[i]      Agence Sénégalaise d’Electrification Rurale (ASER)

[ii]     EDF, Total, ADEME – « Atelier d’échanges sur l’électrification rurale », 2009

[iii]    Wireless Intelligence (chiffres Q2 2012)


[i]      US Energy Information Administration

[ii]     United Nations Environment Program – “Financing Renewable energy in developing countries”, 2012

[iii]    University of Cape Town – “Independent Power Projects in Sub-Saharan Africa: Determinants of Success”, 2011

[iv]    European Commission, Joint Research Center – “Renewable energies in Africa”, 2011


[i]      World Energy Outlook 2010 (chiffres 2009)

[ii]      Banque Mondiale, UPDEA (chiffres 2009)

[iii]     Banque Mondiale (derniers chiffres disponibles)

[iv]    World Bank – “Africa’s Power Infrastructure”, 2011

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Afrique du Sud: Nouvelles de Neslon Mandela

Biographie-nelson-mandela

Les dernières nouvelles de Nelson Madela:

L’ancien président sud-africain Nelson Mandela est toujours dans un état critique un mois après son hospitalisation à l’hôpital de Pretoria. Hospitalisé en urgence le 8 juin, son état s’est subitement dégradé le 23 juin. Selon un avocat de la famille Mandela, le héros de la lutte anti-apartheid de 94 ans serait dans « un état végétatif permanent », un diagnostic démenti par la présidence sud-africaine.

Denis Goldberg, un des survivants du procès de Rivonia, comme Nelson Mandela lui a rendu visite la semaine dernière. Très ému, il s’est confié: « Même s’il survit, comme pour tout le monde sa vie va prendre fin. Et je suis juste triste qu’il ait à vivre cela, être allongé dans un lit, se battre pour survivre. S’il survit, j’espère qu’il va conserver une certaine qualité de vie, être capable de parler, de lire. J’espère vraiment que ça sera comme ça ».

Ne pas prolonger « une vie qui n’est plus une vie »

Et selon l’avocat des Mandela, la famille aurait envisagé, sur les conseils des médecins, de débrancher les appareils qui le maintiennent en vie. Une bonne chose, si la qualité de vie de Nelson Mandela se dégrade, estime Denis Goldberg : « Il faut qu’à un moment, les médecins se disent qu’ils ne peuvent pas prolonger une vie qui n’est plus une vie. C’est une réalité qu’on doit tous admettre à un moment ou à un autre… A propos de lui, d’autres et même de soi-même ».

Enfin Denis Goldberg a tenu à souligner la trajectoire extraordinaire de l’ancien président sud-africain : « Vous savez ce qu’on dit : pour chaque vie, il y a un acte de naissance et un acte de décès. Mais l’important, c’est ce qui se passe entre les deux. Et à quel point sa vie, comme la nôtre, a eu un sens. (…) Quelle vie extraordinaire ».

Toujours dans un état critique, l’ancien président sud-africain  Nelson Mandela est soigné depuis un mois pour une infection pulmonaire dans un  hôpital privé de Pretoria, et les autorités invoquent le secret médical pour en  dire le moins possible.

Hospitalisé en urgence et dans un état grave aux premières heures du 8 juin,  Nelson Mandela, 94 ans, avait été souffrant les jours précédents. Il respirait  alors sans assistance.

Depuis, la chaîne américaine CBS a affirmé à deux reprises qu’il avait dû  être « ressuscité » à son arrivée à l’hôpital, une information jamais confirmée de  source officielle.

nelson-mandelaOn sait en revanche que l’ambulance qui le conduisait vers Pretoria était  tombée en panne sur l’autoroute, l’obligeant à attendre une quarantaine de  minutes dans le froid de la nuit d’hiver.

Alors que des envoyés spéciaux commençaient à arriver du monde entier,  croyant à une fin proche, le pays s’est assez vite résigné. Et l’ancien  archevêque anglican Desmond Tutu, autre prix Nobel de la paix, a publiquement  prié pour son bien-être, et non pour sa guérison.

Le président Jacob Zuma a commencé à se montrer rassurant le 12 juin,  expliquant que le plus illustre patient du pays commençait enfin à répondre aux  traitements. Dans les jours suivants, il a fait état de « progrès ». L’Afrique du  Sud s’est alors surprise à espérer que son premier président noir pourrait  rentrer chez lui, comme après ses quatre précédentes hospitalisations depuis  décembre. Et nombre d’envoyés spéciaux sont repartis dans leurs pays.

Puis, le soir du 23 juin, la présidence a annoncé que la santé de Nelson  Mandela s’était subitement dégradée, que son état était désormais « critique » et  sa fille Makaziwe a admis que « tout (pouvait) arriver d’un instant à  l’autre ».

Les envoyés spéciaux sont revenus, d’autant que le président Zuma avait  annoncé le 26 juin au soir qu’il annulait un voyage au Mozambique. Il venait de  rendre visite à un Nelson Mandela désormais sous assistance respiratoire.

C’est ce jour-là qu’un avocat des Mandela a écrit dans un document judiciaire  que l’aïeul était dans un « état végétatif permanent » et que la famille avait  envisagé, sur les conseils des médecins, de débrancher les appareils le  maintenant artificiellement en vie. « Ils attendent d’enterrer leur père et  grand-père », concluait l’avocat.

Le pays se préparait alors à une annonce imminente de la mort de son héros  national. Mais Jacob Zuma a fait état d’une amélioration dans l’après-midi du 27  juin.

Cette rémission n’a pas été suffisante pour que le président américain Barack  Obama, de passage à Pretoria, puisse rendre visite à son « héros » le 29 juin.  Mais sa visite en Afrique du Sud a pris la forme d’un long hommage à Mandela, sa  « source d’inspiration », de Soweto au bagne de Robben Island.

« Très peu souffert »

L’état de santé de Nelson Mandela est depuis toujours « critique mais stable »,  selon une expression officielle qui n’a pas changé. La présidence refuse d’en  dire plus, invoquant « la confidentialité patient-médecin ».

« Même s'(il) n’a pas toujours été bien, il n’a que très peu souffert », a  assuré jeudi l’épouse de l’ancien président, Graça Machel. Denis Goldberg, un  proche ami, a noté vendredi que les médecins excluaient de débrancher les  appareils le maintenant en vie tant que ses organes fonctionnaient.

La grille de l’hôpital de Pretoria a été transformée en vaste mémorial, des  passants apportant petits mots, affiches, photos, fleurs, ballons, etc. Une  armada de journalistes a transformé la rue en campement. Puis, le décès attendu  ne venant pas, la plupart des reporters sont à nouveau repartis.

L’attention s’est entre-temps portée sur les déchirements de la famille  Mandela. Quinze de ses membres ont saisi la justice pour faire réenterrer les  dépouilles de trois enfants de Mandela à Qunu (sud), son village d’enfance où il  avait souhaité lui-même être inhumé. Ils s’opposaient au petit-fils Mandla, qui  avait fait transférer les sépultures dans son propre village en 2011.

Les problèmes pulmonaires à répétition de Mandela sont probablement liés aux  séquelles d’une tuberculose contractée pendant son séjour sur l’île-prison de  Robben Island, au large du Cap, où il a passé dix-huit de ses vingt-sept années  de détention dans les geôles du régime d’ apartheid.

Il doit fêter ses 95 ans le 18 juillet, journée baptisée « Mandela day » par  l’ONU qui appelle les citoyens du monde à faire ce jour une bonne action en son  honneur.

L’ancien président sud-africain Nelson Mandela, hospitalisé depuis seize jours pour une infection pulmonaire, est dans un état « critique » depuis vingt-quatre heures, a annoncé la présidenced’Afrique du Sud Dimanche soir.

Biographie-nelson-mandelaJeudi 27 Juin:

La famille de Nelson Mandela s’attendait jeudi à son décès « d’un instant à l’autre » dans une clinique de Pretoria, où le président Jacob Zuma a annulé un déplacement à l’étranger pour rester en Afrique du Sud.

« Je ne peux que répéter que papa est dans un état très critique. Tout peut arriver d’un instant à l’autre », a déclaré sa fille aînée Makaziwe au journal de midi de la radio publique SAFM. « Mais je veux aussi souligner, une fois de plus, que seul Dieu sait quand ce sera l’heure (…) Nous allons attendre avec lui, avec papa, tant qu’il est encore avec nous, ouvrant les yeux et réagissant au toucher ». « Nous allons vivre avec cet espoir jusqu’à ce que vienne la fin », a-t-elle dit. C’est la première fois que la famille évoque publiquement la perspective de la disparition du héros de la lutte anti-apartheid, icône mondiale de la réconciliation et père de la démocratie sud-africaine.

Toute la nuit, de petites bougies déposées par des anonymes ont brûlé devant le Mediclinic Heart Hospital, symboles de la gratitude et de l’affection des Sud-Africains envers leur ancien président. Nelson Mandela dont le pronostic vital est engagé depuis dimanche n’est plus en état de respirer sans assistance artificielle, selon Napilisi Mandela, un chef de clan de sa région natale venu à son chevet mercredi soir. « Oui, il utilise des machines pour respirer », a-t-il dit à l’AFP. « C’est triste, mais c’est tout ce qu’on peut faire. »

Les choses s’accélèrent en Afrique du Sud, le président sud africain Jacob Zuma a annulé son voyage prévu ce jeudi au Mozambique après avoir rendu visite à Madiba.

En fin de soirée on a appris que Nelson Mandela avait été placé sous assistance respiratoire, c’est une affirmation de Napilisi Mandela, un chef de clan venu de sa région natale du Transkei (Sud) qui a rendu visite à Nelson Mandela mercredi 26 juin dans la soirée.

Le site de CNN annonce que l’ancien président sud-africain et héros de l’anti-apartheid est maintenu en vie artificiellement. À son chevet, sa famille se dispute sur le lieu de son inhumation.

Les Sud-Africains attendent la fin avec appréhension. De nombreux anonymes se pressent devant un mémorial improvisé sur le mur du Mediclinic Heart Hospital de Pretoria, où Nelson Mandela a été admis en urgence le 8 juin et où l’ancien président serait maintenu en vie artificiellement depuis mercredi soir, selon le site de CNN .

L’actuel président Jacob Zuma, qui a rendu visite dans la soirée à son prédécesseur, a confirmé qu’il était «toujours dans un état critique» et a annulé une visite prévue au Mozambique, jeudi.

Devant l’hôpital, les Sud-Africains déposent des posters, des petits mots, des fleurs, des drapeaux ou des ballons. Plus personne ne se fait d’illusion. Le décès de l’ancien président est imminent. «Que ta bénédiction repose sur Madiba (son nom de clan, NDLR) maintenant et à jamais. Donne-lui, nous te prions, une nuit calme et une fin paisible et parfaite», a prié l’archevêque du Cap, venu soutenir la famille mardi soir.

Le quotidien populaire Daily Sun a titré de son côté «La lutte finale». Un hommage au combat mené par le premier président noir de l’Afrique du Sud, contre le régime ségrégationniste de l’apartheid. Une lutte à laquelle les problèmes pulmonaires à répétition du père de la nation sud-africaine sont probablement liés, séquelles d’une tuberculose contractée pendant les vingt-sept années passées dans les prisons du régime raciste. Ce week-end, l’état de Nelson Mandela s’était aggravé et est depuis décrit comme «critique» mais «stable» par les médecins et par l’actuel président de l’Afrique du Sud, Jacob Zuma.

Le site de l’inhumation fait débat

nelson-mandela-afriqueNelson Mandela avait d’ores et déjà indiqué qu’il souhaitait être enterré dans le village de Qunu, au sud du pays, là où il dit avoir passé les plus belles années de son enfance. Une pelle mécanique y aurait d’ailleurs été livrée, mardi après-midi, et des jardiniers s’affaireraient sur une colline proche de la résidence de l’homme de 95 ans, sur ce qui pourrait être le site de sa tombe

Mais son petit-fils, Mandla, souhaiterait quant à lui que la dépouille soit emmenée à Mvezo, le village natal de Nelson Mandela, 30 kilomètres plus loin, où les corps de ses trois enfants avaient été transférés en 2011. Aucun membre de la famille n’a souhaité faire de commentaire sur le sujet.

À l’origine réservées à la famille, les visites se sont multipliées à l’hôpital ces deux derniers jours. Ministres, chargés de santé ou anciens chefs d’État ont pu se rendre au chevet de l’ancien leader. Des aînés du clan royal des Thembus, auquel appartient Nelson Mandela, doivent aussi se rendre à son chevet mercredi. «Ils veulent rendre visite à Tata (père, une formule de respect, NDLR) et voir ce qu’il convient de faire», a indiqué un chef traditionnel, qui ajoute que cette délégation devrait discuter de «questions délicates».

Mise à jour Mardi 25 Juin 2013:

Plusieurs membres de la famille Mandela ont commencé à se rassembler ce mardi 25 juin à Qunu, le berceau familial dans la province du Cap-Oriental. C’est dans ce village que Mandela a passé son enfance. Il s’agit apparemment d’un conseil de famille pour informer les aînés de la situation.

Napilisi Mandela, l’un des aînés, a confirmé aux médias sud-africains qu’une réunion avait bien lieu. Makaziwe, une des filles de Mandela, née de son premier mariage, aurait demandé cette réunion pour évoquer plusieurs questions et plusieurs de ses petits-enfants sont également présents comme Mandla Mandela, le chef du camp et Ndileka, la petite-fille qui a confié à l’AFP que son grand-père  était toujours dans un état critique, mais stable. Des proches de la famille seraient là également, mais il est difficile de dire qui exactement.

L’Afrique du Sud se prépare à faire ses adieux à son héros national.  Madiba est hospitalisé depuis une vingtaine de jours pour une infection pulmonaire et se trouve dans un état «critique» depuis dimanche soir. Toute la journée de lundi, les proches de Nelson Mandela se sont succédés à son chevet à l’hôpital de Pretoria, comme pour lui dire un dernier adieu.

Son ex femme, Winnie, ses filles, des petits enfants, lui ont encore une fois rendu visite. Et Graça Machel, son épouse, ne quitte pas son chevet. Mais alors que jusqu’ici, à part le président Zuma et deux cadres de l’ANC, seule la famille était venue, pour la première fois aujourd’hui des proches se sont rendus à l’hôpital.

Lundi soir, c’est la fille de Walter Sisulu, son grand ami, qui est venue le voir. Lindiwe Sisulu, ministre de l’Administration et de la fonction publique a été aperçue vers 18h à l’hôpital. Plus tôt dans la journée, il y a eu Bantu Holomisa, l’un des fondateurs du Mouvement démocratique uni, ainsi que la ministre de la Défense, chargée de la santé des anciens présidents, qui  a passé une quarantaine de minutes à l’hôpital avant de repartir.

Sur le mur de la Mediclinic Heart Hospital  de Pretoria, les fleurs et les messages s’accumulent, laissés par des anonymes qui veulent témoigner leur soutien au Père de la Nation.

Le président Jacob Zuma a rencontré le vice-président de l’ANC -le parti au pouvoir- Cyril Ramaphosa et Graça Machel, l’épouse de M. Mandela, à l’hôpital ce soir pour discuter de la situation.

« Les docteurs font tout ce qu’ils peuvent pour améliorer son état de santé et s’assurer que Madiba (le nom de clan tribal de Mandela, NDLR) est surveillé de prêt et qu’il va bien. Il est entre de bonnes mains », a déclaré le président sud-africain.

Nelson Mandela a dû être «ressuscité» à son arrivée à l’hôpital. Son foie et ses reins ne fonctionneraient qu’à 50 %, il «ne réagit plus» et «n’a pas ouvert les yeux depuis des jours».

Suite à ces révélations, la présidence a répété dimanche que la panne de l’ambulance qui conduisait le héros de la lutte antiapartheid à l’hôpital, aux premières heures du 8 juin, n’avait pas aggravé son état. Le véhicule a été immobilisé pendant quarante minutes au bord de l’autoroute.

Brisant une semaine de silence, la présidence avait déjà annoncé samedi qu’il était « dans un état sérieux mais stable », après que la chaine de télévision américaine CBS eut rapporté que son état était sans doute beaucoup plus grave que ne le laissaient entendre les rares communiqués officiels.

Les Sud-africains dans l’attente

Face à ces nouvelles inquiétantes, une foule d’anonymes ne cessent de se regrouper devant le Mediclinic Heart Hospital de Pretoria où est hospitalisé Nelson Mandela depuis le 8 juin. La plupart de ces sud-africains veulent encore croire en une possible guérison.

« Mon souhait le plus cher était qu’il se rétablisse pour que les prochaines générations puissent voir cet homme qui s’est battu pour nous », a déclaré à l’AFP Phathani Mbatha. « Cela me fait de la peine mais je réalise que c’est le moment. Tout le monde tombe malade en cette saison (l’hiver austral, ndlr) mais Mandela est notre héros et ça fait de la peine de le voir si malade. Il est notre père et nous serons heureux qu’il reste avec nous pour au moins encore 100 ans et davantage », a ajouté Patson Moyo, un autre Sud-Africain.

Un appel à «prier» pour Mandela

Ce communiqué intervient alors que la veille, samedi 21 juin, la présidence sud-africaine avait assuré que Nelson Mandela était « dans un état sérieux mais stable », brisant ainsi un silence de plusieurs jours. Les dernières nouvelles délivrées par Jacob Zuma, le président sud-africain, remontaient en effet au 16 juin. Il avait alors évoqué des « progrès » dans l’état de santé de Nelson Mandela.

Biographie de Nelson Mandela:

Nelson Rolihlahla Mandela, dont le nom du clan tribal est « Madiba », né le 18 juillet 1918 à Mvezo (Union d’Afrique du Sud) est un homme politique sud-africain ; il a été l’un des dirigeants historiques de la lutte contre le système politique d’apartheid avant de devenir président de la République d’Afrique du Sud de 1994 à 1999, à la suite des premières élections nationales non raciales de l’histoire du pays.

Madiba MandelaNelson Mandela entre au Congrès national africain (ANC) en 1944, afin de lutter contre la domination politique de la minorité blanche et la ségrégation raciale menée par celle-ci. Devenu avocat, il participe à la lutte non violente contre les lois de l’apartheid, mises en place par le gouvernement du Parti national à partir de 1948.

L’ANC est interdit en 1960, et la lutte pacifique ne donnant pas de résultats tangibles, Mandela fonde et dirige la branche militaire de l’ANC, Umkhonto we Sizwe, en 1961, qui mène une campagne de sabotage contre des installations publiques et militaires. Le 12 juillet 1963, il est arrêté par la police sud-africaine sur indication de la CIA, il est condamné lors du procès de Rivonia à la prison et aux travaux forcés à perpétuité. Dès lors, il devient un symbole de la lutte pour l’égalité raciale et bénéficie d’un soutien international croissant.

Après vingt-sept années d’emprisonnement dans des conditions souvent très dures, Mandela est relâché le 11 février 1990, et soutient la réconciliation et la négociation avec le gouvernement du président Frederik de Klerk. En 1993, il reçoit avec ce dernier le prix Nobel de la paix pour avoir conjointement et pacifiquement mis fin au régime d’apartheid et jeté les bases d’une nouvelle Afrique du Sud démocratique.

Nelson Mandela jeuneAprès une transition difficile où de Klerk et lui évitent une guerre civile entre les partisans de l’apartheid, ceux de l’ANC et ceux de l’Inkhata à dominante zoulou, Nelson Mandela devient le premier président noir d’Afrique du Sud en 1994. Il mène une politique de réconciliation nationale entre Noirs et Blancs ; il lutte contre les inégalités économiques, mais néglige le combat contre le sida, en pleine expansion en Afrique du Sud. Après un unique mandat, il se retire de la vie politique active mais continue à soutenir publiquement le Congrès national africain tout en condamnant ses dérives.

Impliqué par la suite dans plusieurs associations de lutte contre la pauvreté ou le sida, élevé au rang de patrimoine commun de l’humanité[1], il demeure une personnalité mondialement écoutée au sujet des droits de l’homme et est salué comme le père d’une Afrique du Sud multiraciale et pleinement démocratique, qualifiée de « nation arc-en-ciel », même si le pays reste confronté à de graves problèmes d’inégalités économiques, de tensions sociales et de replis communautaires.

Thierry Barbaut
AFP

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Croissance Africaine: Soutenir la croissance et le développement en analysant l’Afrique et l’Occident

Croissance

CroissanceLe mot à la mode en ces temps de crise, CROISSANCE… Mais quid du développement durable, de la répartition de cette croissance et de sa gestion ? Quid de sa synergie avec les populations du monde ?

Mondialisation, communication et croissance ne font pas toujours bon ménage et apparaissent d’autres maux: Crises, dettes, récession, faillite et terribles conséquences sur les populations…

Dossier

En France, les bacheliers de section économique ont eu à plancher, entre autres, sur le sujet suivant : « Montrez que le PIB ne mesure pas la soutenabilité de la croissance ».

Critiquer le PIB est la tarte à la crème de tout étudiant en économie : non prise en compte de certaines activités (économie domestique, économie souterraine), des inégalités ou du niveau de vie réel, quantification purement comptable… Il est cependant possible de traiter le sujet de manière quelque peu différente de ce que l’Éducation nationale française attendait sans doute de ses élèves.

Croissance et environnement

La notion de soutenabilité fait évidemment référence aux aspects environnementaux : la capacité à ne pas scier la branche sur laquelle nous sommes assis, en somme. Non seulement la capacité à ne pas épuiser les ressources dans le long terme, mais aussi à ne pas polluer notre environnement et en faire un système invivable dans lequel les populations se rebelleraient contre l’injustice de la pollution due à la croissance – menant de facto à l’insoutenabilité de cette dernière.

En Chine l’air des grandes villes devient irrespirable. Le Delta du Niger est une catastrophe écologique. Dans de nombreux pays africains les ressources halieutiques sont pillées. Ici encore il semblerait que la croissance économique ne soit pas soutenable. Le PIB n’intègre pas cette dimension.

Deux remarques cependant avant de jeter la croissance du PIB aux orties.

Croissance_africaine_chiffresPremièrement les ressources sont des « ressources » parce que les hommes pensent qu’elles le sont.  A bien des égards, la « ressource ultime » c’est donc l’homme. Non qu’il faille « gaspiller », mais si le pétrole vient à manquer, l’ingéniosité humaine trouvera une autre ressource, grandement aidée par les incitations économiques générées par la rareté.

Deuxièmement, croissance et « marché » sont compatibles avec l’écologie pour peu que des règles de responsabilité soient appliquées. Les problèmes environnementaux sont en effet essentiellement liés à l’absence de propriété sur des biens qui sont donc « libres » : tout le monde a intérêt à les piller. L’appropriation, notamment « en commun » permet de résoudre ces problèmes.

Des indicateurs « institutionnels » permettent de mesurer cette dimension juridico-économique qui a un impact direct sur la gestion environnementale.

Mais la « soutenabilité » peut recouvrer d’autres dimensions.

Quelle croissance ? Ce que nous rappellent certains pays d’Afrique

En effet, certains pays en Afrique connaissent des taux de croissance importants. Pourtant, cette croissance se fonde surtout sur les revenus de l’exploitation du pétrole. Elle n’est pas essentiellement générée par une augmentation de la spécialisation, de la division du travail et de la productivité (menant à des revenus plus élevés). Elle n’est donc pas soutenable d’abord parce qu’elle est fondée premièrement sur une manne et non pas sur une diversification progressive des activités économiques.

aide-publique-developpement-afriqueUne élite proche du pouvoir politique profite de la manne pétrolière. C’est le règne du capitalisme de copinage dans lequel quelques uns s’enrichissent mais les autres n’ont que des miettes : on refuse à ces derniers les institutions du capitalisme, réservées à l’élite politico-économique.

L’inégalité fondamentale ici est procédurale : les règles du jeu ne sont pas les mêmes pour tous. Mais cette inégalité procédurale donne bien évidemment lieu à des inégalités de résultat, avec des écarts absolument considérables de richesse entre les citoyens de ces pays dont l’immense majorité croupit dans la pauvreté.

Les tensions sociales que crée un tel environnement constituent un obstacle à une croissance de long terme, comme nous l’a rappelé le printemps arabe : la « ressource ultime » qu’est l’homme ne peut être gaspillée longtemps.

Dans de tels cas le PIB est effectivement un indicateur très limité de la soutenabilité de la croissance. Au-delà des indicateurs traditionnels de développement humain ou d’inégalités, il faut prendre en compte la qualité des institutions pour percevoir le degré de partage des opportunités économiques qui forment le socle d’une croissance de long terme.

 

L’obsession de la croissance dans le monde et en Afrique

En occident, les décideurs publics sont littéralement obsédés par la croissance.

En France par exemple, M. Sarkozy promettait d’aller « chercher la croissance avec les dents » lors de la campagne électorale 2007.

Cinq ans plus tard, M. Hollande se présentait comme le « candidat de la croissance ». C’est que la croissance a un impact sur l’emploi et donc sur le recul du chômage (Loi d’Okun). La croissance a aussi un impact sur les rentrées fiscales, et dans les pays surendettés aux déficits budgétaires qui explosent, quelques dixièmes de pourcentage de croissance peuvent faire la différence dans les finances publiques.

 

Mais ici aussi il y a croissance et croissance. Quid de l’Afrique ?

Car le risque est que de nombreuses politiques soient mises en place pour « relancer » ou « stimuler » la croissance à court terme, au prix de sa « soutenabilité » à long terme. C’est  notamment le cas de la politique budgétaire expansionniste dont l’Europe fait en réalité les frais aujourd’hui.

potentiel_humain_afriqueDe même pour la politique monétaire expansionniste ou, comme l’on dit aujourd’hui, « accommodative ». Le meilleur exemple de sa nocivité est sans doute celui des États-Unis au début des années 2000 où la politique monétaire, du fait du « double mandat » des autorités monétaires (maîtriser l’inflation et permettre la croissance), a été mise au service de la « relance ». Sauf que cette relance de la croissance s’est essentiellement canalisée dans l’expansion très exagérée du secteur du bâtiment. Avec les conséquences que l’on connaît.

Certains économistes, de l’école « autrichienne », estiment que la stimulation artificielle de la croissance, par la manipulation de la politique monétaire, génère un « boom »  économique qui ne pourra se payer que par un « bust » (une récession).

L’idée sous-jacente est que, du fait de cette stimulation monétaire, l’économie surinvestit, et mal-investit, dans certains secteurs qui s’avèreront finalement peu rentables. La correction de l’erreur est évidemment douloureuse. Ce processus serait à l’origine des cycles économiques et, en définitive, d’une croissance « non soutenable ». Ici aussi des indicateurs institutionnels intégrant la qualité de la politique monétaire par exemple sont essentiels.

La notion de soutenabilité de la croissance ouvre des perspectives au-delà de l’écologie. Le PIB est une mesure effectivement limitée et doit être assorti d’indicateurs qualitatifs institutionnels.

Emmanuel Martin, analyste sur www.LibreAfrique.org.

Le 21 juin 2013.

Otages Francais: AQMI annonce qu’ils sont en vie mais menace la France en cas d’intervention en Afrique

Otages AQMI

L’organisation terroriste, al-Qaïda au Maghreb islamique, a publié dans la nuit du samedi au dimanche 23 juin 2013 un communiqué repris par plusieurs sites islamistes dans lequel elle annonce que ses huit otages européens sont en vie.

Une déclaration qui intervient quelques heures après la mobilisation nationale organisée en France par les familles des otages au Sahel.

Otages AQMICinq Français donc parmi les otages revendiqués par Aqmi : il s’agit de Thierry Dol, Daniel Larribe, Pierre Legrand et Marc Féret, les quatre hommes enlevés en septembre 2010 à Arlit. On peut supposer que le 5ème est Serge Lazarevic, enlevé quant à lui en novembre 2011 au Mali. Il avait été kidnappé avec Philippe Verdon mais Aqmi n’y fait pas référence dans son communiqué.
En fait l’organisation terroriste a déjà annoncé sa mort il y a plusieurs semaines. Une annonce crédible disent les autorités françaises même si aucune preuve n’a jamais été fournie.

Aucune mention n’est faite non plus aux deux autres otages français du Sahel : Gilbert Rodriguez Leal et Francis Collomb mais l’un est aux mains du Mujao et l’autre serait détenu par Ansaru, un groupe dissident de la secte Boko Haram au Nigeria.

Bientôt une nouvelle vidéo

Cinq Francais donc et ils sont en vie dit Aqmi mais sans en dévoiler davantage. L’organisation ajoute seulement qu’elle enverra bientôt une vidéo pour le prouver. Aqmi, comme à chaque fois, adresse aussi une nouvelle mise en garde à Paris. Les otages seront exécutés si la France tente de les libérer par la force, précise le message.

Et Aqmi rejette aussi sur Paris la responsabilité de l’enlisement des négociations. Le gouvernement français est accusé «d’arrogance, d’indifférence et de provocation». Enfin on notera qu’aucune indication n’est fournie sur l’identité des trois autres otages européens que cite le communiqué.

Thierry Barbaut

Centrafrique: Conflit = Risque d’une crise nutritionnelle de grande ampleur

Conséquence de la crise en Centrafrique, le bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) estime dans son dernier rapport que 484 000 personnes dans le pays sont en situation d’insécurité alimentaire.

 Les équipes qui ont effectué l’évaluation de la situation alimentaire ont visité 60 sites en République centrafricaine.

Certaines familles ont perdu leurs réserves de nourriture ou du bétail en raison des pillages de la Seleka.

 

carte_rebelles_rebellion_seleka_centrafriqueLa crise prolongée a conduit à une perte de moyens de subsistance. Elle a désorganisé les marchés qui reprennent lentement, mais avec moins de produits alimentaires  et des prix plus importants. Le rapport de l’OCHA pointe « un risque élevé » de crise nutritionnelle pendant la période de soudure si l’assistance d’urgence n’est pas fournie.

Ce sont aussi les risques qui pèsent sur la prochaine récolte qui inquiètent le bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires.

Car avec les pillages et les déplacements internes, certains ruraux ont aussi perdu leurs semences ou leurs outils. « Il y a un problème d’accès aux semences pour les populations les plus vulnérables », insiste Amy Martin, la chef du bureau de l’OCHA pour la Centrafrique.

 

famine-rcaDes pays voisins irrespectueux des population en danger

A ces difficultés liées à la crise s’ajoute un problème désormais récurrent : dans la partie nord du pays, les habitants voient, comme chaque année, les troupeaux de nomades tchadiens et soudanais regagner leur pays en piétinant certains champs déjà semés.

« Ces éleveurs sont bien armés, regrette Amy Martin, et les cultivateurs n’ont pas d’administration sur place qui puisse gérer les choses ou négocier des compensations. C’est un problème ».

Thierry Barbaut

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Vacances 2013: La France avec le Quai d’Orsay communique la carte des zones à éviter en Afrique, le Maghreb en rouge

qui d'orsay zone afrique à eviter

Alors que l’heure des vacances approche, le Quai d’Orsay a publié une nouvelle carte des zones à éviter. La carte est accessible sur le site du ministère des Affaires étrangères.

Un code couleur détermine le degré de sécurité de la zone. On y voit par exemple que les côtes tunisiennes sont en zone verte, donc sans risque alors que les touristes les ont fuies depuis le printemps arabe.

qui d'orsay zone afrique à eviterEn France, les vacances approchent et bon nombre de Français iront voyager hors des frontières de l’Hexagone. Le Quai d’Orsay a publié une nouvelle carte des zones de vacances à éviter. En Tunisie, si certaines zones sont déconseillées, les côtes du pays sont sans risque.

Deux ans et demi après la chute de Ben Ali, la Tunisie a toujours du mal à attirer les touristes, 15% de moins qu’en 2010.

Pourtant, la sécurité sur les côtes méditerranéennes est parfaitement normale, assure le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius. « Toute une série de sites extrêmement touristiques qui sont au bord de la mer sont en vert, c’est-à-dire que l’on peut y aller sans aucun problème, a-t-il déclaré. Donc il faut faire attention, il ne faut pas avoir une vision où on ne peut pas sortir de chez soi ».

Les zones frontalières à haut risque

mines antipersonelles afriqueEn revanche des zones restent considérées comme à haut risque, notamment dans les zones frontalières. « La frontière avec la Libye et l’Algérie, le sud du pays est en rouge, explique Didier Le Bret, directeur du centre de crise au ministère des Affaires étrangères.

Au nord de Kasserine à quelque vingt trente kilomètres sur la zone qui est rouge, ça c’est une zone d’intervention des autorités tunisiennes pour essayer de maîtriser un certain nombre d’éléments jihadistes qui sont allés jusqu’à poser des mines dans cette partie, donc évidemment c’est rouge, les Français n’ont absolument rien à y faire. Ce n’est pas la peine de  s’exposer inutilement ».

Et pour limiter un peu plus les inquiétudes des vacanciers. Le ministère des Affaires étrangères propose de s’informer en temps réel sur la situation dans le pays d’accueil, en s’inscrivant au programme Ariane sur le site du ministère.

Un proche de Kadhafi réitère les accusations sur le financement sur la campagne de Sarkozy

Un diplomate de l’entourage de Kadhafi a réitéré les accusations de financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007 par l’ancien régime libyen, dans une interview à l’émission « Complément d’enquête », diffusée sur France 2, jeudi 20 juin.

Dans un extrait de la vidéo publiée par Mediapart, Moftah Missouri, conseiller diplomatique et interprète personnel du Guide de la révolution libyenne, affirme que Kadhafi lui a dit, en personne, « verbalement, que la Libye avait versé une vingtaine de millions de dollars ».

sarkozy-kadhafi-2007Lors de l’interview à « Complément d’enquête », M. Missouri accrédite l’authenticité d’un document officiel libyen dévoilé par Mediapart en avril 2012 qui affirme que Tripoli avait accepté de financer pour « 50 millions d’euros » la campagne de M. Sarkozy. « Ça, c’est le document de projet, d’appui ou de soutien financier à la campagne présidentielle du président Sarkozy », affirme-t-il avant de conclure : « C’est un vrai document. »

Les juges chargés du dossier sur les accusations de financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007, lancées par l’homme d’affaires Ziad Takieddine, n’enquêtent pas sur ce document. Moussa Koussa, l’ex-chef des services de renseignements extérieurs libyens, et Bachir Saleh, ex-directeur de cabinet de Kadhafi, ont démenti avoir été respectivement l’auteur et le destinataire de la note publiée par Mediapart. En 2012, le président du Conseil national de transition (CNT), au pouvoir en Libye, Mustapha Abdeljalil, avait également estimé que cette lettre était « fausse et fabriquée ».

Mediapart a pourtant publié dans la nuit de jeudi à vendredi les extraits d’e-mails qui lui ont été adressés par Mohammed Ismail, présenté comme l’ancien directeur de cabinet de Saïf al-Islam Kadhafi, décrivant les circuits présumés du financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007.

« Au sujet du financement de la campagne », écrit M. Ismail, selon Mediapart, « une partie des fonds a transité par la North Africa Commercial Bank à Beyrouth, et, à partir de là, vers un compte bancaire en Allemagne relié à Ziad Takieddine ; d’autres montants ont été canalisés par l’entremise de comptes bancaires au Panama et en Suisse ».

Selon Mediapart, M. Ismail, qui vit dans la clandestinité, a envoyé dès mai 2012 des éléments sur cette affaire au site d’information. Mediapart précise que la NACB fait partie des établissements contrôlés par l’Etat libyen et que les circuits bancaires utilisés par M. Takieddine en Allemagne ont déjà été identifiés par les juges, notamment plusieurs comptes ouverts à la Deutsche Bank de Frankfort, au nom d’au moins trois sociétés offshore, Tristar, Rossfield et Como.

Selon la même source, deux de ces entités ont d’ailleurs encaissé, en 2007 et 2008, des sommes provenant de commissions occultes sur des marchés de sécurité en Libye, liées à la société française Amésys.

Dans son mail, Mohammed Ismail souligne aussi que « l’accord » pour libérer les infirmières bulgares en 2007 « impliquait l’achat par la Libye d’un réacteur nucléaire d’Areva, et l’approvisionnement de l’armée libyenne en missiles Milan ».
Il assure également qu« une des principales préoccupations de Sarkozy était de vendre l’avion de chasse Rafale pour un montant dépassant les 2 milliards d’euros ».

Ce n’est pas la première fois que des anciennes figures du régime libyen mettent en lumière aussi directement les liens avec la France. « C’est nous qui avons financé sa campagne et nous en avons la preuve. Nous sommes prêts à tout révéler. Nous avons les détails », avait déjà affirmé Saïf al-Islam, le fils de l’ancien dictateur libyen, dès mars 2011, avant la chute de son père.

Un peu plus d’un an plus tard, l’avocat tunisien de l’ex-premier ministre libyen, al-Baghdadi al-Mahmoudi, emprisonné en Tunisie, avait enfoncé le clou : « Mouammar Kadhafi, son régime et les responsables qui travaillaient avec lui ont financé la campagne électorale de Sarkozy en 2007 », avait déclaré Me Bechir Essid, évoquant quelque 50 millions d’euros.

Thierry Barbaut
Avec LeMonde

RDC: L’enfer sur terre au nord Kivu pour des populations soumises aux pires sévices

femmes violées et brulées en RDC

L’horreur absolue se déroule à l’Est de la RD Congo depuis plusieurs années.

Nous en avons souvent évoqué les faits dans les colonnes d’Info Afrique, mais les retours de correspondants sur place sont de plus en plus dramatiques.

femmes violées et brulées en RDCElle vient de franchir une étape supplémentaire dans l’indicible : «Je n’ai jamais vu une telle horreur depuis 2004.

Les enfants affluent à l’hôpital dans un état extrêmement critique», a déclaré vendredi 14 juin le Dr Denis Mukwege au site onusien Radio Okapi, suite au viol « d’une extrême violence » subi par des enfants de 1 à 12 ans dans le Sud Kivu.

«Pour chacun de ces cas, le mode opératoire est le même: les enfants sont enlevés au domicile familial, amenés en brousse puis violés et abandonnés», explique le gynécologue spécialisé dans la réparation des traumatismes. Deux fillettes en sont mortes et d’autres ont été retrouvées avec de sérieuses lésions.

Il y a deux semaines, au Katanga les milices Maï-Maï Bakata-Katanga ont brûlé vives une quinzaine de femmes dont huit étaient enceintes. Depuis quelques jours, environ 23 000 personnes ont fui ces exactions des milices Bakata-Katanga pour se réfugier 100 km plus loin. L’Ong Voix des minorités indigènes qui a alerté Radio Okapi, appelle les autorités à intervenir d’urgence pour protéger les populations.

Thierry Barbaut

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Algérie: Assassinat des moines de Tibéhirine, 17 ans d’enquête et de nombreuses questions

Tibéhirine

Dix-sept ans d’attente, mais toujours de très nombreuses zones d’ombre dans l’affaire des moines de Tibéhirine.

Les faits remontent au plus fort de la guerre civile en Algérie, en 1996, sept moines français installés au monastère de Tibéhirine, avaient été enlevés puis assassinés.

Officiellement par des terroristes du GIA alors qu’officieusement les versions divergent et l’enquête n’a jamais vraiment avancé. Ce que dénoncent justement les familles des victimes qui s’en expliquent, ce mercredi 19 juin 2013, dans les colonnes du Figaro.

Crime du GIA ou bavure de l’armée algérienne ?

TibéhirineDepuis que le juge antiterroriste, Marc Trévidic a repris l’instruction du juge Bruguière, il n’a jamais privilégié une hypothèse plus qu’une autre, mais il n’en exclut aucune.

Pourtant la thèse officielle de la culpabilité du Groupe islamique armé, thèse défendue par Alger semble de plus en plus battue en brèche.

Deux témoignages accréditent l’hypothèse d’une bavure des militaires algériens. Sur procès verbal, Abdelkhader Taghi, ancien de la sécurité militaire, accuse Alger d’avoir ordonné l’enlèvement des moines, et d’avoir instrumentalisé le GIA. Un général français, en poste à Alger de 1995 à 1998, a également apporté un éclairage décisif.

François Buchwalter a affirmé avoir été informé par une source sûre qu’un hélicoptère militaire avait ouvert le feu sur un groupe d’hommes, une fois au sol, ils auraient découvert les religieux criblés de balles.

Lorsqu’après de longues tractations, les autorités algériennes ont accepté d’ouvrir les cercueils, le père Armand Veilleux responsable de l’ordre a découvert qu’ils ne contenaient que les têtes des victimes. Le juge Trévidic veut désormais exhumer ces crânes et réaliser des autopsies, seule manière de préciser si les décapitations sont post mortem. Mais pour le moment, l’Algérie ne semble pas disposée à faciliter l’instruction du juge français.

Thierry Barbaut
Avec RFI

Google Loon: Donner accés à Internet à une plus large population et aux pays en voie de développement

Google Loon

Nous en parlions déjà sur le projet « Afrique et Asie » de Google.

Loon est un projet mené par Google qui permettrait aux gens de se connecter à internet, non pas de votre routeur sans fil standard, mais d’un ballon flottant qui vous connecte à un réseau mondial composé d’autres ballons qui vous autoriseraient alors une connexion depuis n’importe quel endroit du globe.
Comment marche Google Loon ?

Google LoonLoon peut ressembler à une méduse géante, mais beaucoup d’ingénieurs ont été réunis pour ce projet.

Tout d’abord, le ballon est entièrement alimenté par des panneaux solaires. Cela alimente le boîtier électrique qui pend du ballon et transmet les données. Ces données se déplacent à des vitesses similaires à celles de la 3G, ce qui n’est pas trop mal vue l’étendue de la surface à couvrir!

Une de nos premières réflexions au sujet de Loon serait sa résistance aux conditions climatiques comme le vent ou la pluie.

Cela était sous-estimé Google qui utilise les données issues de l’astro-science pour s’assurer que cela ne se produise pas. Google a expliqué que le vent et la pluie, comme nous le savons, se produisent à peu près 10 kilomètres d’altitude dans le ciel, les avions volent également vers cette altitude. Ainsi, Google a décidé que Loon devrait flotter à environ 20 km.

Non seulement de mauvaises conditions météo seraient écartées mais les problèmes liés au trafic aérien également.. Les systèmes de Loon pourront ajuster sa hauteur pour lui permettre de naviguer là où cela sera nécessaire.

Changer le monde selon Google !

Google a révélé la statistique suivante: pour 1 personne qui a accès à Internet, 2 personnes ne peuvent pas y accéder..

Projet-Loon-Google-AfriqueCela signifie que 2/3 de la population mondiale ne peut pas accéder aux informations disponibles dans le monde.

Google a également déclaré que les entreprises qui ont accès à Internet se développent deux fois plus vite.

Cela pourrait signifier beaucoup plus d’entreprises émergentes et in fine, aider les populations à s’émanciper.. Loon vient bouleverser les règles de l’échiquier..

Loon est configuré pour démarrer en Nouvelle-Zélande et, si vous y habitez, vous pouvez vous inscrire comme candidat au projet.. Si Loon fonctionne comme cela est prévu, il pourrait révolutionner le monde et la façon dont nous utilisons internet.

Thierry Barbaut

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Internet & innovation: Une brique qui permettra de se connecter partout à l’internet

brck

Une innovation comme nous les aimons chez Info Afrique !

La start-up kényane Ushahidi a présenté son dernier projet BRCK, un outil qui permet de se connecter à internet depuis n’importe quel endroit.

« Si ça marche en Afrique, alors ça marchera partout dans le monde ».

Telle est la devise des fondateurs d’Ushahidi, une start-up basée à Nairobi. Ils l’ont démontré dès 2008 avec leur logiciel open-source de cartographie interactive utilisé notamment par l’ONU et les plus grands médias du monde.

brks-internetAprès le logiciel (software), ces créateurs de solutions innovantes et utiles au continent, s’essaient à la création de matériel informatique (hardware). A l’occasion de la conférence TEDGlobal à Edinburgh, l’équipe d’Ushahidi a quitté la Silicon Savannah de Nairobi pour présenter son dernier projet.

Nom de code : BRCK. Il s’agit d’un petit cube de plastique au design soigné permettant de se connecter à internet n’importe où car il « aspire » le Wi-Fi, la 3G et la 4G . Une démarche qui puise sa source dans le quotidien d’entrepreneurs et de geeks innovants en Afrique. Las d’être déconnectés d’internet à la moindre coupure d’électricité ou de chercher péniblement du réseau pour accéder au web, ils ont décidé de développer une solution appropriée à cette réalité africaine.

Ce petit boîtier BRCK, qui est en phase de développement, est équipée d’une batterie d’une autonomie de huit heures et est développé en open-source, ce qui signifie que la communauté de développeurs d’Afrique et d’ailleurs pourra librement accéder au code source et enrichir le système d’applications qui fonctionneront sur le terminal. De plus, l’utilisateur pourra insérer une carte SIM dans la « brique » pour créer son réseau sur lequel vingt appareils seront connectables.

« C’est l’équivalent d’un générateur pour internet, un modem GSM conçu pour que vos sessions de coding ne s’achèvent pas lorsque le courant électrique est interrompu », explique Ethan Zuckerman, directeur du « Center for civic media » du MIT.

Dans sa présentation, Ushahidi a expliqué comment les habitants des zones rurales reculées pourront se connecter à internet en ajoutant une antenne sur le BRCK pour augmenter la connectivité. Et l’équipe essaie de trouver une solution bon marché pour accéder aux coûteux réseaux de connexions à internet par satellite.

« Aujourd’hui, toute activité nécessite une connexion à internet. Nous avons voulu réinventer une manière de se connecter à internet en Afrique en prenant en compte les nouveaux usages résolument mobiles. Nous avons conçu BRCK comme un outil approprié à ces usages, des cafés de San Francisco aux codeurs de Nairobi », explique-t-on chez Ushahidi. Cet appareil devrait être en vente en novembre au prix de 199 dollars. La start-up a récolté plus de 170 000 dollars pour ce projet via le site de financement participatif Kickstarter.

Thierry Barbaut

data Afrique

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