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Parler de l’innovation technologique c’est de la connerie, ce qu’il faut c’est transpirer

Linus Torvalds
Linus Torvalds

Parler de l’innovation technologique c’est de la connerie, tais-toi et fais le travail indique le créateur de Linux, Linus Torvalds

Linus Torvalds croit que la célébration de l’innovation dans le secteur de la technologie est satisfaite, auto-féconde et auto-utile.

Le terme qu’il a utilisé était plus brutal: « L’innovation de l’industrie parle trop et c’est de la connerie », at-il dit. «N’importe qui peut innover, ne pas faire ce fameux ‘penser différent’ … vis cela, c’est vide de sens. Quatre-vingt-dix-neuf pour cent de ce qui est dit n’est jamais fait.

Dans une interview au Sommet Leadership Open Source en Californie, dirigé par Jim Zemlin, directeur exécutif de la Linux Foundation, Torvalds a discuté comment il a géré le développement du noyau Linux et son attitude envers le travail.

Si je me suis permis de retranscrire cet article, originalement en anglais, c’est parce-que je suis stupéfait par le nombre de conférences, forums, workshops et événements sur la tech en Afrique depuis 5 ans. Dans 95% des cas ces hubs de la tech Africaine sont complètement en inadéquation avec les réalités du terrain : de superbes applications gourmandes en datas, et dont les Africains ne peuvent pas se payer les abonnements, quand souvent dans certains pays seulement 5% disposent de smartphones. Et je ne parle pas des systèmes en Cloud, ou autre systèmes inutilisable sans réseaux… Bref tout va bien mais pour 2% de la population d’un continent…

« Tout ce battage n’est pas là où le travail est réel, » a déclaré Torvalds. « Le vrai travail est dans les détails. »

Torvalds a dit qu’il souscrit à l’avis que les projets réussis sont 99 pour cent de transpiration, et un pour cent d’innovation.

En tant que créateur et dictateur bienveillant du noyau Linux open-source , sans parler de l’inventeur du système de contrôle de version distribué Git, Torvalds a démontré que son approche produit des résultats. Il est difficile de surestimer l’impact que Linux a eu sur l’industrie de la technologie. Linux est le système d’exploitation dominant pour les serveurs. Presque tous les calculs haute performance fonctionnent sous Linux. Et la majorité des appareils mobiles et des dispositifs embarqués reposent sur Linux sous le capot.

Le noyau Linux est peut-être le projet de technologie collaborative le plus efficace de l’ère PC. Les contributeurs du noyau, qui totalisent plus de 13 500 depuis 2005, ajoutent environ 10 000 lignes de code, en supprimant 8 000 et en modifiant entre 1 500 et 1 800 chaque jour, selon Zemlin. Et cela se passe – mais pas au rythme actuel – depuis plus de deux décennies et demie.

Linus Torvalds
Linus Torvalds

«Nous faisons cela depuis 25 ans et l’un des problèmes constants que nous avons eu est que les gens se mettent sur les orteils de l’autre», a déclaré Torvalds. «Donc, pour toute cette histoire, ce que nous avons fait, c’est organiser le code, organiser le flux de code, et organiser notre personnel afin que le point de douleur – qui est des gens en désaccord sur un morceau de code – disparaisse essentiellement.

Le projet est structuré de façon à ce que les gens puissent travailler de façon autonome, explique Torvalds. « Nous avons été en mesure de modulariser le code et le modèle de développement afin que nous puissions faire beaucoup en parallèle », at-il dit.

La technologie joue un rôle évident, mais le processus est au moins aussi important, selon Torvalds.

– C’est un projet social, dit Torvalds. «Il s’agit de technologie et la technologie est ce qui rend les gens capables de s’entendre sur les questions, parce que … il y a généralement un droit assez clair et souvent beaucoup de problèmes ensuite. »

Mais maintenant que Torvalds ne revient pas personnellement sur chaque changement comme il l’a fait il ya 20 ans, il s’appuie sur un réseau social de contributeurs. «C’est le réseau social et la confiance», a-t-il déclaré. « … et nous avons un réseau très solide. C’est pourquoi nous pouvons parfois avoir mille personnes impliquées dans chaque version. »

L’accent mis sur la confiance explique la difficulté de participer au développement du noyau, parce que les gens ne peuvent pas signer, soumettre le code et disparaître. « Vous tirez beaucoup de petits correctifs jusqu’au point où les mainteneurs vous font confiance, et à ce moment-là vous devenez plus qu’un simple homme qui envoie des patchs, vous devenez partie du réseau de confiance », a déclaré Torvalds.

Il y a dix ans, Torvalds a dit qu’il avait dit à d’autres contributeurs du noyau qu’il voulait avoir un calendrier de sortie de huit semaines, au lieu d’un cycle de sortie qui pourrait traîner pendant des années. Les développeurs du noyau ont réussi à réduire leur cycle de diffusion à environ deux mois et demi. Et depuis lors, le développement a continué sans beaucoup de bruit.

«C’est presque ennuyeux de voir comment notre processus fonctionne», a déclaré Torvalds. «Tous les moments vraiment stressants pour moi ont été sur le processus.

L’économie informelle révolutionnée par l’argent sur mobile

Le mobile, une arme de développement massive pour l'Afrique
Le mobile, une arme de développement massive pour l'Afrique

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 750 millions de téléphones mobiles en service et 1 milliard de cartes SIM en Afrique … c’est plus qu’en Europe ou qu’aux USA !

Actuellement en Ouganda je constate plus que jamais la révolution du mobile money et des services en synergie : assurance, épargne, commerce électronique… Oui en Ouganda on commande à manger avec son mobile et partout dans le pays les utilisateurs sont ultra connectés.

Mise en lumière d’une révolution technologique qui ne peut être contestée : celle du mobile banking (monnaie mobile en français)

Le mobile banking ou le chemin vers l’assurance, l’épargne, l’emprunt ..

Si aujourd’hui les kenyans, les maliens, les algériens plébiscitent ces fintech (technologies financières), c’est d’une part parce que tout passe par le mobile, et d’autre part parce que la population est largement impactée. Davantage encore dans les zones rurales, où toutes les thématiques sont concernées : agriculture, santé, énergie mais aussi le bâtiment, les infrastructures et les administrations..

L’argent sur mobile va également drainer des services comme l’emprunt, l’épargne et l’assurance.

Une autre révolution en Afrique qui va avoir deux grands effets vertueux…

1. De nouveaux services

Le premier est le passage d’une économie informelle estimée à 70% en Afrique à une économie formelle. Cette économie permettra de se projeter dans l’avenir quel qu’en soit le secteur d’activité et l’acteur. Épargner, emprunter, assurer vont être les services qui permettront à des centaines de millions d’habitants de se projeter dans l’avenir au sein d’une entreprise, d’une famille ou d’une communauté.

La sécurisation des transactions permet aussi de supprimer les risques et de tracer les transactions, là aussi un changement important qui, non seulement sécurise les échanges, mais aussi lutte efficacement contre la corruption qui paralyse souvent une partie des activités.

En Ouganda une application entre Uber et sécurisation routière et technique pour les motos taxi…

Screenshot de l'application Safe Boda
Screenshot de l’application Safe Boda

L’application Safe Boda :
Cette application IOS ou Android permet de trouver facilement un boda boda « sur ».

Le « boda boda » c’est la moto taxi ougandaise comme le zemidjan au Togo ou le benskin au Cameroun. Le terme vient des motos qui parvenaient à passer des marchandises avec la RDC : les « borders to borders » d’où finalement boda boda.

Ils sont des milliers en Ouganda et des millions en Afrique

 

 

2. Des taxes sur les transaction pour le développement de l’administration

Le deuxième est la possibilité pour les états de créer ou de développer l’imposition qui va permettre aux administrations de se développer et de proposer des services à la hauteur de la demande en Afrique. Un état sans taxe ne peut se développer et répondre à la demande de services des particuliers comme des entreprises.

Les transactions sur mobile vont permettre de tracer et d’imposer les échanges monétaires équitablement et ainsi faire passer l’administration de nombreux pays vers d’autres systèmes vertueux comme la dématérialisation des services publics ou des douanes apportant ainsi de nouveaux services à la population, des services qui font actuellement cruellement défaut.

Des nouveaux modèles émergent et prouvent que ces systèmes sont largement plébiscités par les populations comme au Rwanda ou les démarches administratives et payantes se font avec le RDB pour Rwanda Development Board… Une administration 2.0.

Les présidentielles françaises s’invitent en Algérie avec Macron

Emmanuel Macron avec Ramtane Lamamra
Emmanuel Macron avec Ramtane Lamamra

Emmanuel Macron en compagne électorale à Alger

Le candidat indépendant à la prochaine élection présidentielle française a été, hier, l’hôte de l’Algérie.

En somme, Emmanuel Macron qui se place au centre, voire entre la droite et la gauche, effectue depuis hier Lundi 13 Février, une visite de deux jours en Algérie. Il a été reçu, à son arrivée, par le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra. Par la suite, il s’est rendu au palais du gouvernement où il a été reçu par le premier ministre, Abdelmalek Sellal. Aussi, il a rencontré le ministre des Affaires religieuses, Mohamed Aissa, avant de diner avec des acteurs de la société civile et du monde de la culture.

Ceci étant, à son arrivée à Alger, le candidat du « juste milieu », a fait part de sa volonté de renforcer d’avantage les relations entre l’Algérie et la France en intensifiant la coopération entre les deux pays. « Notre volonté c’est d’apporter une densité au partenariat exceptionnel existant en développant une vision stratégique de coopération », a-t-il affirmé. L’ancien ministre français de l’économie a fait part également de son engagement de travailler avec l’Algérie afin qu’elle puisse diversifier son économie. « Nous avons besoin de diversifier l’économie algérienne », a-t-il fait savoir.

Il a évoqué aussi la coopération sécuritaire entre les deux pays, tout en rendant au passage un vibrant hommage à l’Algérie qui selon lui, avait « combattu seule le terrorisme durant des années 1990 ». Au sujet des crises libyenne et malienne, il dira qu’il partagera la même approche avec l’Algérie. Une approche, selon lui, qui privilégie le dialogue en vue d’une résolution politique et pacifique pour l’issue de ces deux conflits.

Emmanuel Macron avec Ramtane Lamamra
Emmanuel Macron avec Ramtane Lamamra

De son coté, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, évoquera le partenariat d’exception, signé en 2012 à Alger, entre les présidents Abdelaziz Bouteflika et François Hollande. « Ce partenariat qui est prometteur a de beaux jours devant lui », soulignera Lamamra.

Les présidentielles française et l’équation algérienne

Par ailleurs, au menu de son programme, Emmanuel Macron qui, selon les sondages est le favori de la prochaine élection présidentielle française, rencontrera les membres du Forum des chefs d’entreprises (FCE), se rendra par la suite au Sanctuaire des  martyrs à Alger. Cette visite sera clôturée par une rencontre avec le ministre de l’Industrie et des mines, Abdeslam Bouchouareb.

Il est à noter que, lors d’un entretien accordé par Emmanuel Macron au quotidien arabophone algérien « El Khabar » paru Lundi 13 Février, l’ancien ministre de Hollande dit espérer pleinement ouvrir « une nouvelle page de l’histoire Algéro-française commune ». Un dossier extrêmement lourd auquel le candidat s’attèlera une fois devenu Président en vue, « de relations constructives et ambitieuses ». Il a exhorté également le soutien de l’Algérie et de la diaspora algéro-française établie en France, afin de l’aider à investir le palais de l’Elysée.

C’est dire, la destination Algérie étant considérée, par tous les prétendants à magistrature suprême en France et ce depuis des années, comme une plaque tournante stratégique. Pour cause, plus d’un million et demie d’électeurs français d’origines algériennes sont recensés dans le fichier électoral Français. De même, en Algérie, plus de deux milles électeurs français sont enregistrés à l’ambassade et aux services consulaires français. Il s’agit là, par conséquence, d’un réservoir d’électeurs déterminant pour tout prétendant à l’élection présidentielle en France dont l’issue s’avère inéluctable. Dans ce sillage, il est à rappeler que deux candidats à la magistrature suprême française avaient fait, par le passé, escale à Alger. Il s’agit notamment, de Nikola Sarkozy en 2007 et de François Hollande en 2012.

Toutefois, Emmanuel Macron saura-t-il rééditer le coup de maître de Jacques Chirac de 2002 ? A savoir, durant les présidentielles de 2002, Jacques Chirac avait su éliminer la gauche dans le premier tour en utilisant l’électorat de l’extrême droite, puis il avait su éliminer l’extrême droite dans le deuxième tour en utilisant l’électorat de la gauche elle-même. L’issue de l’élection présidentielle française nous le dira.

face à une crise humanitaire aiguë, un appel de 2,3 milliards de dollars US

L’appel 2017, lancé à Kinshasa en présence de représentants d’organisations humanitaires non gouvernementales et de bailleurs de fonds, ciblera, entre autres, les besoins de plus de 2,1 millions de personnes déplacées, 500 000 enfants âgés de moins de 5 ans souffrant de malnutrition aiguë et de centaines de milliers de personnes menacées de maladies et d’épidémies

La communauté humanitaire de la République Démocratique du Congo (RDC) et les autorités congolaises ont lancé aujourd’hui un appel de 748 millions de dollars afin d’assister 6,7 millions de personnes en 2017 – première année d’un Plan de Réponse Humanitaire triennal novateur en RDC. Son objectif est de répondre au cours des 36 prochains mois aux besoins humanitaires de millions de civils touchés par l’une des crises les plus aiguës et prolongées au monde.
L’appel 2017, lancé à Kinshasa en présence de représentants d’organisations humanitaires non gouvernementales et de bailleurs de fonds, ciblera, entre autres, les besoins de plus de 2,1 millions de personnes déplacées, 500 000 enfants âgés de moins de 5 ans souffrant de malnutrition aiguë et de centaines de milliers de personnes menacées de maladies et d’épidémies.

Les 12 derniers mois ayant été le théâtre de violences et conflits de plus en plus inquiétants, les acteurs humanitaires estiment que les besoins vont s’accroître dans les mois à venir. En 2016, l’insécurité a déplacé en moyenne 2 000 personnes par jour dont le nombre est passé de 1,6 million à plus de 2,1 millions. En ce début 2017, les organisations humanitaires sont appelées à répondre, entre autres, aux violences dans le Tanganyika et dans les provinces du Kasaï ainsi qu’aux besoins de nouveaux réfugiés sud-soudanais dans le nord-est du pays. En outre, la rougeole et le choléra sont devenus des problèmes de santé majeurs et récurrents.

« Des millions de personnes souffrent d’une crise humanitaire, née de conflits armés et autres menaces, qui affecte profondément leur quotidien. Il est impératif que le monde n’oublie pas les besoins humanitaires urgents et massifs en RDC. Nous devons trouver les moyens de mobiliser 748 millions de dollars US pour répondre aux besoins vitaux croissants », précise Rein Paulsen, Chef du Bureau pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) en RDC.

Après plusieurs années de stratégies annuelles, le Plan de Réponse 2017-2019 rompt avec les approches du passé pour s’aligner sur les stratégies de développement de l’Etat, du Système des Nations Unies, de la Banque Mondiale et d’autres partenaires bilatéraux. Si plus de 60 pourcent des besoins humanitaires sont concentrés à l’Est du pays, les provinces de l’Ouest et du Centre souffrent d’une pauvreté généralisée qui nécessite des solutions allant au-delà de l’assistance humanitaire.

« Le Plan de Réponse Humanitaire pluriannuel 2017-2019 tombe à point nommé car il permet à la communauté humanitaire pays de déterminer les priorités pour les trois prochaines années », a conclu Paluku Kisaka Yereyere, Ministre des Affaires Sociales, Solidarité et Actions Humanitaires de la RDC.

Libye pour éloigner le spectre d’une guerre qui s’annonce

L’Algérie intensifie sa médiation

« L’Algérie se plaçait à équidistance de toutes les parties libyennes en conflit », affirmait dernièrement, Abdelkader Messahel, le ministre Algérien des Affaires magrébines, de l’Union africaine et de la Ligue des Etats Arabes. Cette équidistance, confère à l’Algérie la crédibilité d’être le médiateur principal en vue d’une solution politique et pacifique à la crise en Lybie, selon les principaux acteurs de ce pays qui se sont défilés ces derniers temps à Alger.

Néanmoins, l’hypothèse d’une confrontation militaire semble prise en compte par les deux belligérants se disputant la légitimité du pouvoir en Lybie. Installé par la Communauté internationale le 17 Décembre 2015, le gouvernement d’union nationale (GNA) de Fayez Al-Sarraj à Tripoli (Ouest du pays) n’arrive toujours pas à asseoir son autorité sur tout le territoire national libyen. Pour cause, un autre gouvernement conduit par le président du Parlement de Tobrouk (Est du pays) Salah Akila et le Maréchal Khalifa Haftar, lui conteste l’autorité. Ce conflit d’autorité perdure depuis 2014. Voire, le pays est complètement disloqué depuis la chute de l’ancien Président Mouammar Kadafi en Octobre 2011, engendrant des dizaines de milliers de morts, la multiplication des groupes armés et la prolifération des armes. Et, en conséquence, une autre guerre se profile à l’horizon, entre ces deux autorités se disputant le pouvoir, en l’occurrence, le GNA et le gouvernement de Tobrouk. Pour les autorités de l’Est de Libye, les accords parrainés par l’ONU ayant conduit à la formation du gouvernement d’union nationale présidé par Fayez Al-Sarraj sont caducs, et ce du fait que lesdits accords n’aient aucunement fait référence au rôle de Khalifa Haftar comme l’un des acteurs principaux de fait en Libye.

Cela dit, cette guerre qui s’annonce, étant notamment la répercussion directe des ingérences étrangères dans ce pays. D’une part, le Qatar et la Turquie soutiennent le GNA ; de l’autre, l’Egypte et les Emirats Arabes-Unis, soutiennent l’autorité de Tobrouk.  Cependant, les deux acteurs en conflit engagent une course contre la montre en guise de recherche de soutiens extérieurs et d’appuis militaires. A cet effet, pour contourner l’embargo à l’armement imposé par le Conseil de sécurité onusien, le Maréchal Khalifa Haftar s’est envolé dernièrement à la Russie pour chercher le soutien militaire de Moscou. En riposte, de son coté, le Président du GNA s’est déplacé, ces derniers jours, à Bruxelles pour chercher le soutien militaire de l’Otan.

L’Algérie met son poids dans la crise pour éviter un bain de sang

Afin de parer à tout enlisement de la situation pouvant ébranler toute la région de la méditerranée, l’Algérie intensifie les efforts diplomatiques sur tous les fronts. A cet effet, le ministre des Affaires magrébines, de l’Union africaine et de la Ligue arabe, Abdelkader Messahel, a reçu durant ces deux derniers mois à Alger, tous les acteurs libyens en conflit afin de les exhorter à partager le pouvoir en opérant notamment des modifications consensuelles à l’accord onusien. Dans cette optique, une action commune entre l’Algérie, la Tunisie et l’Egypte a été initiée. De son coté, le président Algérien, Abdelaziz Bouteflika, reçoit le leader islamiste tunisien, Rached Ghannouchi, en vue de prendre attache avec les islamistes libyens et de les convaincre à faire des concessions et d’accepter le principe de partage du pouvoir avec Khalifa Haftar. Cette démarche du président Algérien a donné ces résultats. Voire, l’action de Rached Ghannouchi, s’est traduite par le déplacement en Tunisie du directeur de Cabinet de présidence de la République algérienne, Ahmed Ouyahia, pour y rencontrer un des principaux dirigeants islamistes libyens, à savoir, Ali Al-Salabi. « L’Algérie par le biais d’Ouyahia a fait part aux frères musulmans libyens de la nécessité de cesser le langage des armes et de s’inscrire dans la démarche politique menant vers un partage équitable de pouvoir », selon une source diplomatique algérienne, rapportée par les médias. Il est également question de la nécessité de la réunification de l’Armée libyenne sous un seul commandement.

Par ailleurs, une rencontre devant regrouper les ministres des Affaires étrangères de l’Algérie, de la Tunisie et de l’Egypte, est prévue dans les prochains jours à Tunis pour consolider le choix d’une solution politique en Lybie. Cette rencontre entre ces trois chefs de la diplomatie, selon nos sources, devrait également déboucher sur une autre rencontre à Alger, entre les présidents Algérien, Tunisien et Egyptien. Ces trois chefs d’Etats dégageront une feuille de route permettant une issue politique définitive à la crise libyenne, tout en ne permettant aucune ingérence étrangère dans ce pays pouvant précipiter la confrontation armée.

Les conséquences du conflit libyen sur les pays de la région

Selon une dernière note politique du Washington Institute for Near East policy (Winep), adressée à la nouvelle administration américaine de Donald Trump, le conflit libyen ayant débuté en 2011, a provoqué un climat d’insécurité dans toute la région de l’Afrique du nord et du Sahel. « Avec l’insurrection libyenne de 2011 et la guerre civile qui a suivi, les réseaux d’armes et de terroristes se sont rapidement propagés dans toute l’Afrique du Nord et dans l’espace du Sahel (principalement les Etats du Mali, du Niger et du Tchad) », stipule le document du Winep. Ajoutant à cela, l’insurrection libyenne de 2011 ayant engendré une propagation de millions pièces d’armes en Lybie et dans le Sahel, a conduit à l’occupation par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) d’une partie du Mali durant la rébellion des Touaregs en 2012. De même, la base gazière algérienne de Tiguentourine a été en 2013, la cible d’une attaque terroriste meurtrière. C’est ce qui explique le plein engagement de l’Algérie en vue d’une issue rapide à la crise libyenne qui perdure depuis six longues années.

C’est dire, les libyens sont devant une responsabilité historique. Une responsabilité devant les mettre dans l’obligation morale et politique de trouver une issue pacifique à cette crise pouvant épargner leur pays et les pays de la région.

Prostitution en Côte d’Ivoire

Le prix de l’urbanisation et des désillusions

Effaçons tout de suite cette idée reçue qui veut que la prostitution soit le plus vieux métier au monde. La chasse, le travail de la terre, l’élevage, le commerce sont sans doute les premiers métiers au monde. Ils ont permis à la horde, au clan et à la communauté de survivre. Puis est venu le métier de tueur, de criminel : Caen est le premier grand criminel de l’Histoire de ce métier qui marche très bien en Occident et dans les pays de la terreur. La prostitution est probablement venue après, longtemps après, quand l’Homme a décidé de transgresser les bonnes mœurs, sans doute lassé de vivre sous le joug de la morale primitive et sage. Alors, il a fait de la femme, un objet de commerce, une marchandise. Il est fort probable aussi que ce soit la femme elle-même qui, consciente de l’attrait de ses atouts physiques, et de son pouvoir de séduction, ait décidé de monnayer ses charmes.

Dans un cas comme dans l’autre, la prostitution est là. Dans tous les pays. Même les plus officiellement puritains. En Côte d’Ivoire, notamment à Abidjan, elle a atteint un stade  professionnel relativement élevé, à l’image de ce qui se pratique dans les grandes capitales du monde. Hôtels, bars, café, restaurants, parcs autos, rues, boulevards et ruelles, etc. Tous les lieux, des plus éclairés aux plus sombres et discrets, abritent désormais ces belles de nuit qui font le bonheur des amateurs de sensations fortes, ou d’expériences érotiques originales et souvent fortement transgressives : de la fellation ‘‘rapido’’ à l’échangisme, de la pornographie en direct, à l’accouplement par sodomie et peu orthodoxe, tout y passe. Au bout de l’exercice ou du spectacle, quelques billets de banque.

Les témoignages concordent à dire que c’est à partir des années 1990 que les Ivoiriennes ont commencé à investir ce secteur d’activités de façon professionnelle et industrielle. Avant cela, c’étaient les Ghanéennes, les Libériennes et quelques Togolaises qui pratiquaient ce commerce. Et c’était au cours des années 1960 et 1980. Ces années correspondent aux périodes de guerre et de troubles que leurs pays avaient connus. Puis Jerry Rawlings redressa le Ghana ; la guerre du Liberia prit fin elle aussi. Les Ghanéennes recouvrirent leur dignité, et beaucoup d’entre elles rentrèrent au pays où elles purent exercer une activité honorable. Vint le tour de la Côte d’Ivoire d’entrer dans les zones de turbulences.

La récession économique et les troubles politiques hypothéquèrent le marché de l’emploi. De nombreux jeunes prirent le chemin de l’aventure en Europe ; d’autres, celui de la prostitution. A partir des années 2000, le phénomène s’imposa à Abidjan comme un choix de vie, apparemment accepté par tous. De Treichville, ancienne base de la prostitution à Abidjan, à Port-Bouët, Vridi, Biétry, Cocody, Koumassi, Riviera, Yopougon, Adjamé, etc., c’est à une industrie en miniature du sexe, que nous avons affaire.

Dans un quartier comme Biétry, il ne manque plus que les magasins de sex toys et les enseignes lumineuses pour faire de certaines rues, des répliques de Pigalle. Mais ce n’est pas d’un paradis qu’il s’agit, car au-delà du décor, des sons décibels, au-delà aussi de l’ivresse que procure l’alcool, c’est d’un monde dur qu’il s’agit.

C’est dur madame

 « C’est dur, Madame », me dit Luna (c’est son surnom). Luna a accepté d’échanger un peu avec moi sur son activité. « C’est pas tous les clients qui sont gentils. Beaucoup nous font faire de ces choses ; et après, ils ne te donnent pas grand-chose ». Je risque une question sensée : « Mais pourquoi ne pas encaisser d’abord l’argent avant de travailler ? » Elle rit : « Mais Madame, c’est après le travail qu’on paye, pas avant. C’est comme ça. Même vous, c’est à la fin de mois qu’on vous paie, non ? » Oui, elle a tragiquement raison…

La fin du mois. Combien gagne-t-elle à la fin du mois ? « Ça dépend », me répond Tina Turner. Elle est habillée dans le style de la star mondiale du rock. « Quand tu tombes sur beaucoup de bons clients, tu peux réunir 300 ou 400 000 F cfa à la fin du mois. Mais quand ça ne va pas, tu n’atteints même pas 80 000 F cfa. Et là, même le loyer devient un problème. »

L’âge de ses prostituées varie : des adolescentes (14 ans aux adultes 30-40 ans.) « Mais il y a les grandes sœurs. Ce sont celles qui sont plus âgées que nous, et qui font aussi ça. Elles ont leur appartement, parfois même elles vivent dans une villa. Elles gagnent plus d’argent que nous. » Celle qui me donne cette information refuse de décliner son nom.

Bien malin qui pourrait identifier et énumérer tous les lieux de pratique de la prostitution. On retient tout simplement que cette activité ne se pratique plus, ou du moins se fait rarement, aux domiciles des prostituées. Ces lieux portent des noms évocateurs : « Toi et moi » ou TM, « Mixx Plus », « La Croisette », etc. A première vue, ces endroits ne présentent rien de suspect. Ce sont des bars ou des boîtes de nuit comme l’on en voit partout à Abidjan. Mais en réalité, nombre d’entre eux ont acquis leur notoriété dans la pratique de la prostitution.

Ils sont situés en grande majorité dans les quartiers de Zone 4 et Biétry. Ils emploient de nombreuses jeunes filles comme serveuses. A l’origine, elles sont recrutées comme de simples serveuses. C’est à la pratique qu’elles se retrouvent, contre leur gré, pour la plupart, à l’exercice de la prostitution. « A la demande d’un client, on fait l’amour ou juste une pipe selon les désirs du demandeur. Il y a toujours une ou quelques pièces privées, aménagées pour la circonstance ; ou même dans les fauteuils où sont installés les clients », me révèle Bodjo star. Rondelette. Des hanches larges mettant en relief des fesses charnues et lourdes. Une poitrine fournie, à provoquer des suffocations. Une autre de ces adeptes de Lolo Brigida.

Les formules de prestation de services varient aussi : duo, trio, paires de couples, pratiques lesbiennes, ou show individuel pour un client, un couple ou un groupe de clients.

Inutile de demander qu’est-ce qui a bien pu amener ces jeunes filles à se livrer au commerce de leur corps ? On doit pouvoir se le dire une bonne fois pour toutes : nul ne se prostitue de gaîté de cœur ni par fantaisie. Ici, une seule raison, cruciale, explique ce choix extrême : le besoin dû à la pauvreté ou à de cruelles circonstances de la vie :

« J’ai été très tôt orpheline de mère. Mon père s’est remarié avec une femme qui me détestait mes trois frères et moi. Parfois et même souvent, on n’avait pas droit au repas. Notre père, chauffeur de grumier, n’était pas le plus souvent à la maison. Elle lui a fait perdre la tête. Il en est arrivé à refuser de payer nos frais d’inscription scolaire, ainsi que les uniformes, les livres et cahiers. Des amies m’ont parlé d’une possibilité de gagner de l’argent pour m’occuper de mes frères. Voilà comment j’en suis arrivée à mettre fin aux études pour sauver mes frères. »

Deux filets de larmes s’écoulent de ses yeux. Elle s’appelle… Salomé ! On ne pouvait trouver mieux. Elle a arrêté les études en pleine scolarité, à la classe de première D. Cela fait quatre ans qu’elle est dans le système : « Mes deux premiers petits frères ont eu à présent le bac. Un est au Cafop. Il sortira instituteur ; l’autre est à l’université. Dans deux ans, je vais arrêter pour reprendre les études ou bien apprendre un autre métier moins risqué. Mes frères vivent chez moi. ».

Salomé est belle. Elle s’exprime très bien. Elle fait ‘‘classe’’. On la croiserait en ville, en pleine rue, qu’il serait impossible de l’imaginer dans ce rôle. Elle remporterait aisément le concours national de miss. « J’ai peur du public », me dit-elle quand je lui parle de ça. « Et puis, j’ai besoin d’argent pour mes frères, pas de titre de Miss. Notre problème c’est la survie quotidienne ». 

Survie quotidienne ? J’émets un peu de réserve sur son cas. Salomé a une bonne clientèle : les Européens. Ils paient bien, avoue-t-elle. Impossible donc de laisser une telle manne pour se risquer dans la recherche d’un métier aussi hypothétique que certainement mal rémunéré.

 

LES DEVIANTS

Les Blancs. C’est la grande aubaine pour ces fées de nuit. Filles noires, elles bénéficient de préjugés favorables : un mythe tenace dans l’esprit des Blancs veut que la femme noire soit plus performante et plus délicieuse au lit que la Blanche. Un ami professeur de musique m’a dit un jour que, sur ce terrain, une Noire vaut deux Blanches ! Mariama témoigne : « Je les rends fou. Ils me hurlent qu’ils n’ont jamais connu ça avec les Blanches. Il y en a un qui a failli s’évanouir dans mes bras, un jour. J’ai eu très peur. Mais il m’a bien payé : 200 000 F cfa, la seule nuit. C’était un touriste suisse ; il rentrait dans son pays le lendemain ».

Une autre, étudiante, qui refuse elle aussi de me dire son nom, raconte un épisode singulier. « Moi mon Blanc avait des tendances bizarres. C’était un officier de l’armée ; il me donnait un fouet, je l’enchaînais et je le flagellais. Et il jouissait. Mais il avait commencé à demander des coups de fouet de plus en plus forts. Et moi j’avais peur de le blesser. J’ai donc arrêté de le voir. Il payait bien lui aussi. Quand je l’ai bien flagellé, il me donne au moins 100 000 fois. On faisait deux ou trois, parfois quatre séances de flagellation dans le mois. Mais je l’ai fui. J’ai eu peur de le tuer un jour. C’était un fou ».

Fou, certainement ces Blancs. « Il y en a d’autres dont le plaisir est de nous regarder faire l’amour avec un ou d’autres hommes ». Maï, 24 ans, élancée, et riche d’une paire énorme de seins, affirme. « J’ai un client comme ça. Lui ne me touche pas. Il vient avec deux de ses amis pour me faire ça, et il regarde. Je prends 60 000 F pour chaque homme. Un jour, il est venu avec quatre mecs. Ca faisait 240 000 F ; mais j’ai refusé. Ils étaient trop baraqués ».

Les plus mauvais payeurs, à les en croire, ce sont les Noirs, surtout les compatriotes ivoiriens. Ce sont des voyous. C’est Parfaite O. qui me dit ça. 28 ans. Trois enfants à charge. De pères différents, qui ne s’en occupent pas. « Quand il faut payer, ils donnent à peine 3 000 f Cfa. Il y en a qui vous tendent un billet de 1000 F cfa. Moi je ne fais plus avec les Noirs, surtout les Ivoiriens. Ils ne sont pas sérieux. Ma sœur, nous souffrons ».

Souffrances. C’est bien le cas de Sonia Coulibaly. Environ 19 ans. L’école, pour elle, s’est arrêtée à la classe de 5eme. Serveuse dans un bar dont elle a décidé de taire le nom. Quatre années d’expériences, elle aussi. « C’est à la suite du divorce de mon père et de ma mère que je me suis retrouvée à chercher du travail. Lorsque ma mère est partie, notre marâtre s’est mise à nous maltraiter mes quatre frères et moi. J’ai été servante chez un couple avant de me retrouver ici dans ce bar. Au début, la patronne m’avait dit que c’était pour servir la boisson aux clients. Mais au fil des jours, je suis abordée par les clients pour d’autres services : faire l’amour avec les clients qui le désirent. Et c’est la patronne qui nous encourage à faire ça ».

Zaran Konaté a subi la même expérience : « Ce n’est pas seulement le service de boisson que nous faisons. On s’occupe totalement des clients en faisant notamment l’amour, à leur demande. Ça peut être une pipe ou une relation sexuelle à proprement parler, moyennant de l’argent. » Mais ce n’est pas aussi bien payé que dans la rue où on rencontre des clients qui donnent parfois beaucoup d’argent.

Anne-Lise raconte, elle aussi, sa mésaventure avec un client. « Un jour, je me suis retrouvée avec un client habituel du bar. Un Ivoirien. Nous sommes allés dans l’espace privé. J’ai fait tout ce qu’il m’a demandé. A ma grande surprise, au moment de me payer la prestation, il a prétexté avoir perdu de l’argent. Aussitôt, il m’a accusé d’avoir volé son argent. Il m’a même frappé. Finalement il ne m’a rien payé et j’ai été contrainte par la patronne de lui rembourser son argent, presque 200 000 F. Une somme que je n’avais pas.

Terrible ! Tout tragiquement terrible, le métier de prostituée. Une seule chose rassure : elles utilisent toutes, des préservatifs. Les campagnes contre le VIH ont donc porté. Mais le corps reste soumis à un usage forcené que ces jeunes femmes paieront forcément cher le reste de leur vie.

Admission du Maroc au sein de l’Union Africaine

Sahraouis et Marocains crient à la victoire diplomatique

Après avoir quitté l’organisation panafricaine en 1984, suite à l’admission de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) à celle-ci comme membre à part entière, le Maroc retrouve sa « famille politique » après 34 longues années d’absence. En effet, le 28e sommet de l’Union africaine (UA), qui s’est déroulé fin Janvier de l’année en cours dans la capitale Ethiopienne, a vu la réintégration-admission du Maroc au sein de l’organisation continentale comme 55e membre.

Pour la RASD, il s’agit d’une victoire diplomatique pour les sahraouis, du fait que le Maroc a accepté de souscrire aux clauses de la Charte constitutive de l’UA de 1999, et ce en acceptant également de s’asseoir aux cotés de la République sahraouie dans l’organisation panafricaine. « Il s’git de la reconnaissance de la RASD par le Maroc », avait déclaré l’ambassadeur de la République sahraouie en Algérie, Bouchraia Hammoudi, Mercredi dernier à un organe de presse algérien. « Cette admission mettra le Maroc dans l’obligation de souscrire aux dispositions juridiques contenues dans la Charte constitutive de l’UA, le contraignant de facto à respecter sans conditions, les frontières héritées du colonialisme ainsi que de l’intégrité territoriale des pays membres », avait déclaré le diplomate sahraoui. En joutant : « Le Maroc a toujours conditionné, durant ces 34 années son retour à l’organisation panafricaine, par l’exclusion de la RASD de celle-ci, et cette exigence n’a pas été concrétisée lors de ce dernier sommet continental ».

La bataille des légitimités

Également de leurs cotés, les marocains crient à la victoire. Pour eux, cette réintégration-admission consacre la souveraineté de l’Etat marocain sur les territoires sahraouis. « Cette réintégration du Maroc au sein de l’UA consacre notre victoire sur les ennemis de notre intégrité territoriale, ainsi que de la victoire de la diplomatie marocaine sous l’égide du Roi Mohamed VI », avait déclaré le ministre marocain des Affaires extérieures, Salah Eddine Mézoir, à l’issue de ce sommet africain.

Pour étayer sa cause, le Maroc se dit que sa réintégration à l’UA a été réalisée par l’adhésion de la majorité des pays africains à sa cause. Voire, selon ce dernier, 39 pays des 54 que comporte l’organisation panafricaine, avaient approuvé cette réadmission. Chose que contestent les sahraouis, en affirmant que cette admission a été réalisée par consentement des membres de l’UA.

De même, les marocains justifient notamment leur « victoire », par le fait que le conflit du Sahara Occidental relève exclusivement de la compétence des nations unis, à savoir pas de celle de l’UA. D’après ces derniers, du moment que ce conflit n’est pas encore résolu au niveau de l’ONU qui est une organisation suprême, l’UA se devait prendre une position neutre vis-à-vis de ce conflit. Ce sont ces arguments qu’avait fait valoir, le Roi Mohamed VI, auprès des dirigeants africains, lors de son ballet diplomatique durant ces dernières années, le conduisant dans différents pays du Continent.

C’est dire, il s’agit d’une véritable bataille diplomatique menée par les deux parties lors de ce 28e sommet de l’UA. Pour les marocains, il s’agit d’une réintégration au sein de « sa famille politique », du fait que le Maroc était membre fondateur début des années 1960, de l’organisation de l’unité africaine (ex-OUA) ancêtre de l’UA. De leurs cotés, les sahraouis affirment qu’il s’agit d’une admission, du fait que l’UA avait succédé à l’OUA en 1999 via de nouveaux actes constitutifs et que la république sahraouie était membre fondateur de cette nouvelle organisation panafricaine.

Par ailleurs, il est à rappeler que le Sahara Occidental avait été annexé par le Maroc en 1975, suite au retrait de l’Espagne qui était la puissance administrante. Les sahraouis engagent, en conséquence, un conflit armé pour recouvrer l’indépendance de leur pays. La guerre durera 15 longues années, voire jusqu’au cessez-le feu de 1991 entre les deux paries. Un cessez-le feu réalisé sous l’égide des nations unis, consacrant le droit des sahraouis à l’autodétermination via un référendum. Et ce référendum, 26 ans durant, tarde à voir le jour pour cause de la tergiversation de la partie marocaine. Les sahraouis attendent toujours leur autodétermination en donnant pleinement la chance à la paix.

Algérie, les réserves de change baissent à 114, 1 milliards de dollars

L’économie du pays demeure relativement solide

« Les réserves de change de l’Algérie ont atteint 114,1 milliards de dollars à fin décembre 2016 ».

C’est ce qu’a déclaré dernièrement, le gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Loukal, à l’Assemblée populaire nationale (APN), lors de son exposé relatif aux évolutions économiques et monétaires en 2015 et les éléments de tendances des neufs premiers mois de l’année 2016. Néanmoins, l’économie nationale « reste relativement solide », selon la déclaration du ministre des Finances, Hadji Baba Ammi, avant-hier, devant la presse. Les réserves de change ont enregistré une forte contraction durant l’année 2016, voire elles ont baissé de 29.9 milliards de dollars.

Cette forte contraction des réserves de change, pour rappel, a été causée par la dégringolade des prix de pétrole qui ont amorcé une tendance à la baisse depuis Juin 2014, et ce du fait que les recettes du pays sont fortement dépendantes des exportations des hydrocarbures. De ce fait, pour alimenter le creusement du déficit de la balance de payements causé par cette crise, le gouvernement s’est trouvé dans la contrainte d’épuiser dans les réserves de change. Celles-ci, de près de 200 milliards de dollars au début 2014, elles sont passées à 114,1 milliards de dollars à fin 2016.

Pour le ministre des finances algérien, l’économie du pays demeure relativement solide vis-à-vis des soubresauts extérieurs, malgré ce fort épuisement des réserves de change. Ceci pour cause, selon lui, du niveau appréciable des réserves de change (114,1 milliards de dollars), et notamment de celui de la dette extérieure (3,3milliards de dollars) qui est très bas.

Crise structurelle, et réformes économiques dans les temps additionnels

A cet effet, un nouveau plan de relance économique a été mis en exergue par le gouvernement, l’année dernière, et qui d’étalera à fin 2019. Ce dernier devant permettre la diversification de l’économie algérienne en l’extirpant de sa forte dépendance des recettes des hydrocarbures. Pour ce faire, l’industrie automobile, le rond à béton et les matériaux de construction, ont été choisis par le gouvernement comme des segments moteurs de la production visant la relance de la croissance nationale. Parallèlement, des mesures ont été prises pour réduire les importations qui ont atteint près de 50 milliards de dollars en 2015, contre 30 milliards de dollars des exportations pour la même année.

De même, des mesures de consolidation budgétaires, ont été prises depuis 2015 et accentuées dans la loi de finances 2016 à fin d’équilibrer le budget national. Il s’agit, entre autres, de l’augmentation de la TVA (19 pour cent), ainsi que de l’élargissement de l’assiette fiscale à d’autres segments de l’économie nationale.

Par ailleurs, selon le Premier ministre algérien, Abdelmalek Sellal, les réserves de change ne baisseront pas au-dessous des 100 milliards de dollars d’ici fin de l’année 2019. « Les réserves de change ne baisseront pas sous les 100 milliards de dollars, et ce quelles qu’en soient les circonstances », avait-il déclaré récemment. Pour lui, ces mesures prises par son exécutif afin de contourner la crise économique qui sévit dans le pays depuis Juin 2014, étant susceptible de relever ce défit.

Aussi, la dernière réunion ayant regroupé les pays de l’OPEP (organisation des pays exportateurs de pétrole), et ceux non OPEP, débouchant sur la réduction de la production de pétrole de près de 1,8 millions de barils par jour, semble motiver l’optimisme du Premier ministre. Voire, cette réduction permettra de maintenir les cours de pétrole à un niveau soutenable pour les pays à forte dépendance des recettes des exportations hydrocarbures comme l’Algérie.

Cependant, l’opposition politique affirme que cette chute drastique des cours du Brent affectant lourdement l’économie nationale, constitue un échec sans équivoque des politiques économiques prônées jusque là par le pouvoir en place. Pour cette dernière, le gouvernement aurait pu engager des réformes économiques structurelles et profondes au moment où le baril du pétrole se vendait à plus de 100 dollars.

Peugeot va assembler au Kenya

Le constructeur historique automobile français PSA va assembler des véhicules de la marque Peugeot en Afrique de l’Est et précisément au Kenya

L’assemblage des voitures Peugeot se fera à partir de juin 2017 au rythme de plus de 1.000 véhicules annuellement. Cet objectif est en adéquation avec la forte demande du marché du pays.

Dans plus de 80% des pays les véhicules sont des importations et arrivent donc déjà construites. Un énorme marché reste celui des voitures d’occasions qui arrivent également soit par containers soit par la route, un phénomène qui produit un parc automobile hors d’age, dangereux et polluant.

PSA a signé vendredi un contrat en ce sens avec Urysia, importateur et distributeur de la marque Peugeot au Kenya depuis 2010, précise le groupe français, selon lequel la production commencera avec la Peugeot 508, suivie par la Peugeot 3008.

« Cette implantation au Kenya s’inscrit dans la stratégie à long terme du groupe visant à accroître ses ventes en Afrique et au Moyen-Orient avec l’ambition d’y vendre un million de véhicules en 2025 », explique Jean-Christophe Quémard, directeur pour la région Moyen-Orient-Afrique cité dans le communiqué.

L’éxpérience du Kenya dans le numérique cité par le GSMA

Processus de transition vers le numérique au Kenya

La GSMA a lancé aujourd’hui un nouveau rapport intitulé  « Processus de transition vers le numérique au Kenya », pour mettre en lumière les précieuses leçons qui peuvent être tirées de l’expérience de ce pays dans son passage au numérique au cours des dix dernières années

Le rapport fournit des informations utiles ainsi que des conseils aux organismes de régulation et aux décideurs politiques des autres pays où les processus de transitions similaires sont soit prévus, soit en cours.

« Pour les pays qui veulent connecter un plus grand nombre de leurs citoyens aux nombreuses opportunités qu’offre la technologie mobile, la mise à disposition de ce que l’on appelle le Spectre du Dividende Numérique (bande 700/800 MHz) est essentielle pour étendre la couverture », a déclaré John Giusti, chef de la  Régulation de la GSMA.

« Le Kenya, qui est l’une des économies les plus grandes et les plus diversifiées d’Afrique de l’Est, est une plaque tournante de la technologie et de l’innovation dans la région. L’une des  premières leçons à retenir de la transition vers le numérique de la télévision dans ce pays, est que, quelles que soient les difficultés rencontrées, elles peuvent être surmontées. »

La planification de la transition de la télévision analogique à la télévision numérique au Kenya a commencé en 2006. Le gouvernement avait la ferme conviction que la migration ne serait pas seulement un moyen pour fournir de meilleurs contenus audiovisuels aux consommateurs du Kenya, mais utiliserait également plus efficacement et de manière plus effective le spectre, libérant ainsi la bande de fréquences du dividende numérique pour le mobile.

Pourquoi le dividende numérique est –il si important ?

Le spectre du dividende numérique est l’idéal pour atteindre plus de gens avec le haut débit mobile, étant donné que ces bandes de basse fréquence peuvent couvrir des zones plus étendues avec moins de stations de base que des fréquences plus élevées.

Cela réduit les coûts de déploiement et permet aux opérateurs d’offrir une couverture plus large, plus abordable, en particulier dans les zones rurales où la connectivité peut être un défi. Mais il ne s’agit pas seulement des zones rurales ; le spectre du dividende numérique offre également des avantages dans les zones urbaines, fournissant une meilleure couverture intérieure, étant donné que ces fréquences peuvent pénétrer plus facilement les bâtiments.

Assurer une transition réussie vers le numérique

Au Kenya, comme dans d’autres pays, le processus de transition numérique exigeait de considérer et de mettre en œuvre un large éventail de questions, dont la politique, l’état du marché de la radiodiffusion, les fonds pour la migration, la sensibilisation du public, la disponibilité des équipements pour les consommateurs et l’inclusion des parties prenantes dans le processus de planification. Voici quelques leçons essentielles de l’expérience de la transition du Kenya :

  • Tout commence avec une feuille de route bien élaborée – Les gouvernements peuvent faciliter un processus de migration numérique en douceur et avec succès en établissant une feuille de route pour la transition bien planifiée et en faisant appel à des intervenants de qualité.
  • La transparence renforce la crédibilité – La feuille de route devrait inclure autant de détails que possible au sujet de la réaffectation du spectre du dividende numérique, y compris des délais spécifiques pour libérer la bande et pour l’attribution du spectre. En outre, le plan devrait préciser le processus que le gouvernement utilisera pour accorder les fréquences aux nouveaux opérateurs.
  • Les avis du secteur sont nécessaires pour réussir – Les gouvernements devraient demander et tenir dûment compte des avis du secteur tout au long du processus de transition, notamment lors de la planification qui précède toute modification technique réelle. Cela va encourager l’engagement des parties prenantes, réduisant les risques de contestations judiciaires et les retards.
  • Ne reporter le processus que lorsque cela est absolument nécessaire – Dans l’élaboration d’un calendrier pour le processus, toutes les parties prenantes devraient comprendre que les ajustements seront probablement nécessaires pour relever les défis et les imprévus. En même temps, plusieurs ajustements chronologiques créent de la confusion et des incertitudes chez les consommateurs, concernant le processus de transition numérique. Ces ajustements ne devraient être appliqués que lorsque cela est objectivement nécessaire et que les avantages l’emportent sur l’incertitude accrue.
  • Choisir des normes techniques avec des soutiens internationaux – Il est important de rechercher une harmonisation internationale afin de tirer profit des avantages qui proviennent des économies d’échelle. Du côté des consommateurs, la fourniture de décodeurs est essentielle, notamment leur accessibilité en termes de coût et leur disponibilité. Du point de vue aussi bien du réseau que du consommateur, une considération adéquate doit être accordée à la capacité de déploiement de la télévision numérique dans les différentes régions du pays.
  • Assurez-vous de mettre en place des campagnes bien gérées pour sensibiliser les consommateurs– Les gouvernements devraient œuvrer pour obtenir la coopération des médias et être prêts à lutter contre la désinformation des consommateurs. L’accent devrait être mis sur les médias avec la plus grande audience, qui peuvent inclure des canaux plus traditionnels comme les journaux et la radio.

« Pour le bénéfice des citoyens du monde entier, le dividende numérique doit être alloué et attribué pour une utilisation du haut-débit mobile en alignement avec les plans de  fréquences harmonisés au niveau régional dès que possible. Une transition numérique facile et efficace constitue un élément clé pour véritablement tirer profit des avantages qu’offre le dividende numérique, » a ajouté Giusti.

Plus d’informations sur le « Processus de Transition Numérique au Kenya » : http://www.gsma.com/spectrum/wp-content/uploads/2017/01/spec_kenya_exec_summ_french_web_-01_17.pdf

Finance islamique Maroc : comment éviter le fiasco de 2007 ?

La Banque centrale marocaine (Bank-al-Maghrib), a annoncé le 3 janvier dernier avoir accordé des agréments à cinq banques islamiques dites participatives.

Trois autres établissements conventionnels seront également autorisés à ouvrir des « guichets participatifs ». Pour rappel ce n’est pas la première fois que le Maroc tente l’expérience, puisque déjà en 2007, les produits de la finance islamique ont été lancés, mais ça avait été un fiasco. Dix ans après, plusieurs incertitudes subsistent quant aux chances de sa réussite.

D’abord, il y a la question du coût des produits participatifs dont certains seraient vraisemblablement plus chers que les produits conventionnels

Pourquoi? Eh bien en raison de la nature même de certains produits tels que la « mourabaha » où la banque, au lieu de prêter de l’argent moyennant intérêt, achète le bien pour le revendre à son client avec une marge bénéficiaire fixée à l’avance. L’achat par la banque donne lieu à des frais d’acquisition répercutés dans le prix de vente, et la revente par la Banque donne lieu aussi à des frais de transfert de propriété, le tout est supporté au final par le client. Le prix se trouve majoré aussi par la multiplication des marges des intermédiaires générées par le double contrat. Certes, et tirant la leçon de l’expérience de 2007, le problème du double payement de la TVA a été réglé. Toutefois, celui de la conservation foncière ne l’est pas encore. Ainsi, dans le cas de l’acquisition d’un bien immeuble, vous payerez deux fois les 1%. Cela s’ajoute aux frais habituels, notamment les honoraires des notaires, la taxe notariale, les droits d’enregistrement, les timbres, les frais d’assurance, frais du dossier, ce qui renchérit ainsi les traites à payer par le client.

A côté de ces frais supplémentaires induits par la nature des produits participatifs, ceux-ci seront également chers, lors de leur lancement, en raison des coûts des ressources et des frais fixes qui, pour être amortis, ont besoin d’un grand volume de transactions, donc de clients. Ici, et si rien ne change, il existe le risque que les banques participatives entrent dans un véritable cercle vicieux : avec peu de clients au démarrage en raison des tarifs plus chers, ils ne pourront pas attirer de nouveaux clients, et s’ils n’y a pas de nouveaux clients ils ne pourront amortir leurs charges fixes, donc elles resteront plus chères, donc moins de part de marché, et ainsi de suite. L’expérience de 2007 comme celles de pays comme la Tunisie et l’Algérie sont là pour en témoigner.

D’aucuns diront que certains Marocains seront prêts à payer plus cher pour respecter leurs convictions. Peut-être, mais ils ne seront pas foule.

Selon une récente enquête réalisée par Reuters, l’Institut islamique de recherche et de formation rattaché à la Banque islamique de développement (BID) et le cabinet conseil Zawya, ils étaient 98% à dire être intéressés par les produits participatifs ; mais ce taux a été divisé par deux quand ils ont su que lesdits produits seront plus chers. Cela implique que dans un premier temps au moins, les produits participatifs, en l’occurrence la mourabaha, seront inaccessibles pour une grande partie de la population. Dès lors, on pourrait se demander si les produits participatifs, qui feront payer aux futurs clients des traites supérieures à celles impliquées par des taux d’intérêts, respecteront toujours au fond l’esprit de l’Islam. Rappelons que l’interdiction de l’usure et certaines formes d’intérêt sont dictées par le souci de prévenir l’alourdissement de la charge subie par l’emprunteur. Or, avec un prêt sans intérêt plus cher qu’un prêt avec intérêt, on s’écarte de cet esprit originel.

Ensuite, n’oublions pas que les banques participatives vont calculer leur marge bénéficiaire en tenant compte du risque de défaillance de leurs clients, surtout dans le cas d’un environnement juridique qui ne protège pas vraiment les créanciers. Ainsi, l’intégration de la prime de risque ne fera que renchérir davantage la traite mensuelle à payer. La fenêtre d’espoir qui existerait serait la concurrence qui forcerait les banques participatives à réduire leurs marges.

Seulement, son intensité sera, du moins dans un premier temps, limitée car la nouvelle loi organisant les agréments accordés aux banques participatives a instauré la règle du 49/51 pour créer des filiales pour les banques marocaines sous forme de joint-ventures. Celle-ci signifie que tout investisseur étranger désirant créer une banque participative, doit s’associer à un partenaire marocain qui devrait être l’actionnaire majoritaire. Cette règle est clairement défavorable à la concurrence dans le secteur car, d’une part, ça dissuade pas mal de banques d’entrer car non intéressées par la position d’actionnaire minoritaire, et d’autre part, ça donne aux banques existantes un pouvoir supplémentaire pour contrôler le marché.

Les critiques que je viens de dresser ne traduisent en aucun cas mon refus ou mon rejet de la finance islamique, mais plutôt mes réserves quant à la manière dont elle sera appliquée au Maroc. Dès lors, la réussite de la finance participative ne sera possible que par la suppression du risque et des coût artificiels imposés aux transactions des banques participatives via l’adaptation du cadre réglementaire et fiscal, d’une part, et par l’ouverture du marché à plus de concurrence en libérant les banques participatives des mains des banques classiques, d’autre part. Sans oublier bien sûr la mise à niveau des ressources humaines et une communication efficace.

C’est à ces conditions que l’on peut espérer que les produits participatifs soient conformes à l’esprit de l’Islam et rendent service aussi bien aux ménages qu’aux entreprises. Faute de quoi, les produits participatifs seront plus onéreux, ce qui pénalisera leur commercialisation, car il n’est pas sûr que beaucoup de Marocains accepteraient de payer plus cher pour leur foi.

Hicham El Moussaoui, Maitre de conférences en économie à l’université Sultan Moulay Slimane (Maroc).

Les ivoiriens et la politique

Felix Houphouët-Boigny
Felix Houphouët-Boigny

Pendant pratiquement trois décennies, de 1960 jusqu’à 1990, sous le règne de son premier président Felix Houphouët-Boigny, la Côte d’Ivoire a vécu une vie politique relativement apaisée

Au point où, aux yeux de nombreux observateurs, voisins frontaliers et transfrontaliers, ce pays apparut comme un havre de paix. La tradition de discipline et d’union qui caractérisait le vivre social des Ivoiriens était admirable, respectant en cela même la devise du pays : Union, Discipline, Travail.

De fait, pendant 30 ans, la Côte d’Ivoire n’avait connu que quatre faits politiques notables : les complots de 1963. Une histoire (vraie ou fausse ?) qui vit l’emprisonnement de nombreux cadres du pays, accusés d’avoir voulu attenter à la vie du président Félix Houphouët-Boigny. Sept années après, survint un autre événement politique de plus grande envergure : la tragédie du Guébié, en 1970 ; histoire d’une révolte venue d’une petite contrée de l’ouest du pays. L’instigateur de cette insurrection paysanne, une jacquerie en fait, a pour nom Gnagbé Kragbé, un gauchiste qui osa proclamer l’autonomie de sa région et de s’autoproclamer chancelier. La révolte du Guébié fut sévèrement matée. Le 3e fait politique notable est la fin du parti unique, en 1990.

Jusqu’en 1985, Houphouët-Boigny nommait lui-même les députés et les maires. Le Pdci-Rda, parti d’Etat, régissait tout, comme dans le système communiste. Il est peut-être bon de rappeler qu’Houphouët-Boigny a frayé avec le PC français, jusqu’à sa rupture avec les communistes, en 1950. Quoique acquis aux vertus du libéralisme, l’homme, à l’instar de la plupart des dirigeants noirs africains, avait imposé le parti unique à son peuple. Trois turbulences politiques en 33 ans de règne. C’est assurément suffisant pour affirmer que, dans l’ensemble, le pays a connu une longue période de stabilité. Ici, tout était régi par Félix Houphouët-Boigny et le Pdci-Rda.

Felix Houphouët-Boigny
Felix Houphouët-Boigny

1990 : la fin de l’âge d’or

En 1990, les Ivoiriens coupent les amarres avec le parti unique. L’aventure du multipartisme commence. Les faits montrent que la boîte de pandore s’est ouverte à partir de cette date. Félix Houphouët-Boigny ne croyait pas à la nécessité du multipartisme. Pour lui, c’était ouvrir le pays à tous les dangers. Les faits lui donneront à peine tort. Loin d’être des associations politiques sur des bases idéologiques, les partis politiques devinrent des regroupements tribaux ethniques. Chaque grand leader du pays aura ainsi comme militants les gens de sa région. La création du Rassemblement des républicains (RDR) en 1994 précisera davantage la configuration ethnique du paysage politique ivoirien. Les Akans se retrouvent ainsi en majorité au Pdci dirigé par Henri Konan Bédié le Baoulé, successeur de Félix Houphouët-Boigny le Baoulé. Le Front populaire ivoirien (Fpi) de Laurent Gbagbo le Bété se signale comme le parti de ce groupe ethnique. Le Rdr avec pour leader Alassane Dramane Ouattara, affirme lui aussi son caractère régionaliste. C’est le parti des gens du Nord.

Désormais, la politique s’ancre dans le vécu social des Ivoiriens. Meetings, marches de protestation, congrès, boycotts, élections rythment leur vie. La Côte d’Ivoire politique s’affirme ainsi. Les dissensions aussi, qui s’amplifient. En 2001, Benoît Scheur, un journaliste belge, fait un documentaire au titre alarmant : « Côte d’Ivoire, la poudrière identitaire ».

Année 2000 : le summum

C’est incontestablement l’année 2000 qui consacre l’avènement de l’homme politique ivoirien. C’est l’année de la venue au pouvoir des militaires en politique sous la férule du Général Robert Guéi. Les medias d’Etat (télévision, radio, Fraternité Matin) sont envahis par l’image des hommes en armes. L’ordre kaki règne partout. Côté civil, Laurent Gbagbo accroît sa côte de popularité. Véritable leader charismatique, il enfièvre l’esprit d’une grande partie de la jeunesse ivoirienne. Son arrivée au pouvoir se fait par une insurrection populaire.

On a l’impression que l’Histoire de la Côte d’Ivoire connaît un coup d’accélérateur, et que les Ivoiriens veulent rattraper le retard qu’ils ont accusé sur nombre de pays africains (le Burkina Faso, le Mali, la Guinée, le Congo, l’Afrique du Sud, etc.) en matière de vie politique. De 1960 jusqu’en 1990, le peuple ivoirien avait, pour ainsi dire, complétement laissé  la politique aux mains d’Houphouët-Boigny. A présent, il était dans la politique, il faisait de la politique, il organisait sa vie en fonction de ses choix politiques. Alpha Blondy chante alors :

I bê kouman ô/ Tais-toi Pdci/

I bê kouman ô/ Tais-toi Fpi/

Ibê kouman ô. Tais-toi bo yrodjan.

Traduction : Dès tu veux prendre la parole, on te dit : tais-toi, Pdci (…)/ Tais-toi, Fpi/ (…) Tais-toi étranger…

Ces paroles de la méga star du reggae traduisent parfaitement le nouvel état d’esprit des Ivoiriens : l’intolérance. Les valeurs relationnelles et morales de sa devise nationale, et qui avaient jusque-là servi de guides éthiques aux Ivoiriens semblent voler en éclats : l’Union, la Discipline et le Travail ne deviennent plus que de vains mots. Tout ici se résume à l’acte politique, sous la férule de trois dirigeants tempétueux : Henri Konan Bédié, Laurent Gbagbo, Alassane Ouattara. En 2002 et en janvier 2011, Les dissensions entre ces trois figures politiques de la vie nationale atteignent un cruel point d’antagonisme : c’est l’histoire de la rébellion, puis de la crise post-électorale qui engendreront des milliers de morts, sans oublier le traumatisme collectif. Le pays avait échappé, mais de très peu, au spectre du Rwanda.

Les Ivoiriens et la politique ? C’est plus de 140 partis politiques (estimation minimale), des élections conflictuelles, une élite politique désorientée et désunie, un peuple constamment sur le terrain de l’affrontement verbal et physique, la peur de la guerre qu’on provoque cependant, pour en « finir avec » l’adversaire. D’ailleurs il n’y a plus d’adversaires politiques dans ce pays ; il n’y a plus de factions ennemies.

Pour de nombreux nostalgiques de l’ère Houphouët-Boigny, c’est « Le Vieux » (surnom affectueux que lui avaient donné les Ivoiriens) qui avait raison : le multipartisme, comme la boîte de Pandore, allait ouvrir le pays aux malheurs. Pour les esprits colonialistes et les afro pessimistes, c’était, une fois de plus, la preuve que les africains ne sont pas encore mûrs pour le multipartisme.

Pour les Ivoiriens lucides, ce n’est qu’une étape douloureuse de l’Histoire nationale : celle de l’inévitable désert à traverser pour atteindre la Terre promise. Houphouët-Boigny leur avait dit : « La Terre promise a toujours été de l’autre côté du désert. » Parole de sage, parole de visionnaire.

L’or, le Mali et son régime fiscal…

Des échappatoires dans le régime fiscal du Mali en font un aimant pour le commerce illicite de l’or en Afrique de l’Ouest

Il est urgent d’exercer une diligence raisonnable sur l’or de l’Afrique de l’Ouest, comme en témoigne un nouveau rapport qui révèle des écarts dans les statistiques sur la production et sur le commerce entre le Mali et les EAU

Les pratiques fiscales du Mali applicables aux exportations d’or font de ce pays la plaque tournante du commerce illicite de l’or en Afrique de l’Ouest, selon un rapport de Partenariat Afrique Canada (www.PACweb.org) publié aujourd’hui.

Le rapport, L’Eldorado ouest-africain : Cartographier le commerce illicite de l’or en Côte d’Ivoire, au Mali et au Burkina Faso, enquête sur les problèmes liés à la gouvernance de l’exploitation artisanale de l’or dans les trois pays — et sur les vulnérabilités engendrées par le commerce illicite de l’or dans la région.

L’enquête révèle que tous les pays ont pris d’importantes mesures visant à encourager le commerce légal de l’or artisanal — un secteur qui, selon les estimations, emploie trois millions de mineurs en Côte d’Ivoire, au Mali et au Burkina Faso — telles que l’harmonisation des taxes à l’exportation à un taux de 3 %. Toutefois, Partenariat Afrique Canada a découvert que le Mali n’applique les taxes à l’exportation que sur les 50 premiers kg d’or par mois, ce qui favorise la contrebande puisque les négociants font traverser l’or en contrebande de l’autre côté de la frontière, au Mali, de manière à bénéficier d’un important allégement fiscal.

« L’application nuisible des lois fiscales par le Mali est une cause de préoccupations dans la région parce qu’elle favorise activement le commerce illicite de l’or. Les voisins du Mali sont privés d’importants revenus fiscaux puisque les négociants font traverser l’or en contrebande au-delà de la frontière pour tirer profit de l’allégement fiscal », a dit Joanne Lebert, directrice générale de Partenariat Afrique Canada.

L’application nuisible des lois fiscales par le Mali est une cause de préoccupations dans la région parce qu’elle favorise activement le commerce illicite de l’or

« Dans une large mesure, les statistiques du Mali sur l’exportation illustrent une tendance préoccupante, et il incombe aux affineurs et aux acheteurs internationaux d’exercer une diligence raisonnable accrue sur l’or exporté de ce pays afin de s’assurer que l’or est propre », a ajouté Mme Lebert.

Une analyse de la production d’or et des statistiques sur le commerce de l’or au Mali, de même que des importations d’or malien déclarées par les Émirats arabes unis, a permis de mettre en évidence des écarts majeurs dans les données rapportées. Sur une période de quatre années, les importations d’or malien par les EAU ont successivement dépassé la totalité de la production du Mali. Le Mali a déclaré une production de 40 tonnes d’or en 2013, tandis que les EAU déclaraient en avoir importé 49,6 tonnes. En 2014, les chiffres ont augmenté, le Mali déclarant une production de 45,8 tonnes et les EAU, des importations d’or du Mali s’élevant à 59,9 tonnes.

Puisqu’une grande part de la production industrielle du Mali est exportée vers les affineurs suisses et sud-africains, Partenariat Afrique Canada n’a pu trouver d’explication à ces écarts. L’ampleur du commerce illicite de l’or au Mali soulève des préoccupations quant à la paix et à la stabilité régionales et illustre la nécessité pour les centres d’affinage d’exercer une diligence raisonnable accrue à l’égard des importations.

Partenariat Afrique Canada demande au Mali d’entreprendre un examen exhaustif de son régime fiscal afin de corriger les échappatoires qui font de ce pays un aimant pour l’or produit en Afrique de l’Ouest. De plus, le rapport demande au Dubai Multi-Commodities Centre, aux EAU, d’interdire les importations d’or transporté à la main et de démontrer qu’il contrôle davantage les importations d’or.

Le rapport demande aussi aux pays producteurs d’or en Afrique de l’Ouest qu’ils harmonisent leurs politiques et leurs pratiques dans le secteur de l’or par l’entremise d’une approche régionale, semblable à celle qu’on est à mettre en œuvre au sein de l’Union du fleuve Mano pour la gouvernance des diamants.

On trouvera le rapport complet à : http://APO.af/51zsrh.

La Fondation Virunga et Aera Group engagent la 1ère certification carbone en ENR

La Fondation Virunga et Aera Group engagent la 1ère certification carbone pour un projet d’énergie renouvelable en République démocratique du Congo

Matebe dispose d’une capacité installée de 13.6 MW permettant la fourniture en électricité de près de 600.000 personnes

Le parc national des Virunga, l’une des plus importantes réserves mondiales en matière de biodiversité, et Aera Group, leader de la finance carbone en Afrique, annoncent le lancement d’une certification carbone VCS pour la centrale hydroélectrique de Matebe. La norme VCS est le 1er standard international permettant de certifier volontairement des réductions d’émissions CO2.

Le recours à une certification de cette nature est une démarche pionnière en RDC s’agissant d’un projet d’énergie renouvelable. Cette action inédite permettra à d’autres développeurs locaux d’utiliser les leviers de la finance carbone pour accélérer le déploiement de technologies vertes dans le pays.

La centrale hydroélectrique de Matebe a été financée par la Fondation Howard G. Buffett dans le cadre d’un vaste programme d’accès à l’énergie initié par la Fondation Virunga (« Virunga Alliance ») (https://Virunga.org/virunga-alliance) qui vise à satisfaire les besoins de plus de 4 millions de personnes vivant et travaillant au sein et à proximité du parc national des Virunga.

Matebe dispose d’une capacité installée de 13.6 MW permettant la fourniture en électricité de près de 600.000 personnes. Cette énergie propre, accessible et compétitive est également un moteur pour l’économie locale. Près de 12,000 emplois durables devraient être créés grâce au projet dans la région de Rutshuru. La centrale de Matebe a également un fort impact environnementale puisqu’elle évite le recours aux énergies fossiles et notamment les générateurs diesel, ce qui évite près de 50.000 tonnes d’émissions CO2 par an.

Protéger la biodiversité, améliorer les conditions de vie des populations, prévenir les conflits, ne peuvent s’envisager en dehors d’un développement durable

Les crédits carbone obtenus en contrepartie des réductions d’émissions CO2 constituent des actifs environnementaux qui seront monétisés auprès d’entreprises, d’Etats ou d’individus souhaitant s’investir dans une démarche volontaire de neutralité carbone et de responsabilité sociale et environnementale. La certification VCS est un outil efficace permettant de tracer de façon permanente et transparente la performance CO2 des projets hydroélectriques développés par la Fondation.

Emmanuel de Merode, Directeur Général du parc national des Virunga : « la lutte contre le réchauffement planétaire est l’un de nos principaux engagements. Protéger la biodiversité, améliorer les conditions de vie des populations, prévenir les conflits, ne peuvent s’envisager en dehors d’un développement durable. Nous espérons que le choix effectué par la Fondation Virunga sera un support pour entraîner d’autres démarches similaires fondées sur l’énergie propre, l’emploi local et l’économie verte. »

Le partenariat signé avec la Fondation Virunga est le premier dans ce secteur en RDC pour Aera Group et le premier projet commun contracté avec un parc national. Alexandre Dunod, Directeur du Conseil d’Aera Group : « Matebe est un projet hydroélectrique exceptionnel en termes d’impacts sociaux économiques. Il correspond à la distribution de notre portefeuille de crédits carbone, entièrement généré par des projets emblématiques avec des histoires fortes dans des pays africains parmi les plus fragiles. Nous percevons une demande croissante pour ce segment de crédits carbone en provenance d’Afrique et nous construisons notre portefeuille en ce sens. »

Stop aux essais cliniques clandestins !

Les essais cliniques représentent jusqu’à 40% des coûts de production d’un médicament et les laboratoires cherchent à les réduire en les délocalisant vers des pays à bas coûts

L’Afrique est devenue un terreau fertile pour des essais clandestins

Selon le dernier rapport de Public Eye paru à Genève fin 2016, cette pratique de délocalisation massive est inquiétante à plus d’un titre : Il s’agit de la délocalisation des risques et non de tout ou partie des entreprises.

Le consentement informé des cobayes est-il recueilli ?

La valorisation locale des résultats obtenus est-elle assurée?

Les protocoles suivis sont-ils scientifiquement valides

Les comités d’éthique en Afrique ne sont-ils pas corrompus?
Contexte
Depuis 1985, des essais cliniques (clandestins) sont florissants en Afrique. Au début, ils concernaient essentiellement les maladies tropicales (méningite, filarioses, paludisme, sérum antivenimeux, etc.).

Mais depuis les années 2000, ils concernent à 60% les maladies chroniques (diabète, maladies cardiovasculaires, maladies neurodégénératives, cancers, etc.) dont les traitements sont longs, onéreux et au-dessus de la bourse des Africains moyens. Selon Ayman Sabae de l’ONG Egyptian Initiative for Personal Rights, 73% des soins en Egypte sont payés directement par les patients eux-mêmes, ce qui réduit leurs capacités à se payer des traitements coûteux.

L’Afrique est devenue l’un des champs d’expérimentation des médicaments commercialisés dans les pays développés.

Selon Public Eye, environ 40% des essais de médicaments sont réalisés dans les pays du Sud aujourd’hui.

Depuis 1992 aux Etats-Unis par exemple, la Food and Drug Administration (FDA) accepte les demandes d’homologation de nouveaux produits en échange d’une participation financière des laboratoires. Ainsi, les laboratoires (Novartis, Roche, Sanofi, Merck, Aventis, Cardialpha, GSK, etc.) vont vers le Sud où ils trouvent une population nombreuse et plus docile, ainsi que des contraintes éthiques et juridiques moins rigoureuses. En 2006, GSK avait réalisé plus de la moitié de ses tests thérapeutiques dans les pays à bas coûts dont la Zambie. Il s’agit d’une inquiétante délocalisation des risques en lieu et place d’une extension des activités vers le Sud.

Responsabilités partagées

Plusieurs parties prenantes participent à ce scandale (tests clandestins). Il s’agit d’abord des pays d’origine de ces laboratoires qui disposent pourtant des réglementations contraignantes mais, qui feignent d’ignorer les réalités.

En Suisse, le régulateur Swissmedic reconnaît sa difficulté à inspecter les études cliniques menées à l’étranger mais, il les valide quand même au titre du «Good Clinical Practices [bonnes pratiques cliniques]» (GCP), ce qui est curieux. L’on a ensuite des complicités locales dans l’appareil de l’Etat.

Au-delà de la corruption, il y aurait une sorte de deal implicite : les pharmas injectent un peu d’argent dans le circuit, peut-être des promesses d’implantation et donc des emplois sur la balance, et en échange le gouvernement et les autorités de contrôle quand elles existent ferment les yeux. Par ailleurs, ces essais posent des problèmes d’ordre méthodologique dans la mesure où les échantillons ne sont pas représentatifs ; les contextes d’expérimentation sont différents des contextes d’utilisation.

Pis, ils profitent des faiblesses d’ordre institutionnel pour se passer de la rigueur scientifique nécessaire pour leur généralisation. Par exemple, les périodes d’expérimentation sont de plus en plus courtes (manquements dans les procédures de validation) et les risques sont de moins en moins contrôlés (effets secondaires et placebo) lorsque les conditions d’indemnisation sont peu claires.

De façon générale, les capacités de contrôle sont moindres en Afrique et la dépendance financière aux laboratoires biaise les résultats. De plus, des difficultés d’ordre culturel (langue et croyance locales) et socio-économique affectent le bon déroulement des recherches. Il est économiquement intéressant pour un laboratoire de faire ses essais en Afrique pour payer 10 fois moins qu’en Europe. La misère et l’absence d’opportunités poussent les patients africains ou leurs familles à participer à ces essais cliniques douteux.

Quelques scandales

L’un des scandales les plus retentissants est celui des essais cliniques du Trovan au Nigéria mettant en cause le laboratoire Pfizer et les responsables politiques corrompus.

En effet, le laboratoire avait profité en 1996 d’une épidémie de méningite ayant fait plus de 15000 victimes au nord du Nigéria pour organiser, en 3 semaines, un test comparatif du Trovan (un antibiotique encore jamais testé par voie orale chez l’enfant). Malheureusement, des décès et des lésions graves avaient été observés.

En fin 2000, le scandale du Trovan est révélé et les victimes ainsi que l’Etat nigérian ont porté plainte contre Pfizer. Et pour cause, les parents nigérians ne savaient pas que leurs enfants atteints de méningite étaient enrôlés par Pfizer dans un essai à risques alors qu’ils pouvaient être soignés à proximité par Médecins Sans Frontières (plus de 30 000 malades traités en 3 mois et près de 3 millions de personnes vaccinées).

Pfizer avait violé la réglementation internationale des essais cliniques qui prévoit, dans le cadre des bonnes pratiques, un consentement éclairé et écrit du patient. Comme au Nigéria, d’autres pays comme le Cameroun ont connu des scandales avec l’essai d’Ivermectine contre l’onchocercose ou l’essai du Tenofovir pour la prévention du sida. D’autres rejets ou interruption d’essais ont été causés par l’utilisation d’un placebo, le mauvais tirage au sort des sujets ou des confusions sur l’objectif même de l’essai (méningite au Niger).

Que faire ?

La grande responsabilité incombe aux pays d’origine qui ont les moyens de faire pression sur leurs multinationales.

Ainsi, les régulateurs occidentaux devraient être plus regardant en conditionnant l’octroi des autorisations de mise sur le marché au respect de la pertinence scientifique de l’essai clinique, la protection des populations vulnérables, le recueil du consentement des patients ou la valorisation locale des résultats.

Côté africain, il est urgent d’établir des cadres réglementaires en matière d’essai clinique et des comités d’éthique moins ambigus, plus fonctionnels et dont la composition est plus équilibrée et plus représentative. Il convient surtout de mettre ces comités en réseau pour assurer un meilleur partage d’expériences et une meilleure coordination des essais transnationaux.

Le renforcement des capacités des chercheurs africains en investigation clinique serait aussi souhaitable dans le cadre d’une approche participative.

Louis-Marie Kakdeu, PhD& MPA.

Nouvel événement l’Afrique c’est Chic

Cette semaine à Paris un événement à ne pas rater, le nouveau format mensuel de « L’Afrique c’est Chic »

L’AFRIQUE C’EST CHIC #TALKSHOWROOM

L’Afrique c’est Chic World lance son nouveau format mensuel #TALK#SHOWROOM en partenariat avec Les Maisons du Voyage et la Maison de l’Afrique le 31 janvier de 19h à 23h
Adresse : 3 rue Cassette, 75006 Paris.

Un événement inédit avec 3 temps forts :

★ ENTREPRENEUR(E)S TALK ★ EXPOSITIONS SHOWROOM ★ SHOWCASE ANIMATIONS

AU PROGRAMME

// STAND-UP
// FOOD & DRINK
// VENTES PRIVÉES
// FANS INTERVIEWS
// ACOUSTIC SET MUSIC
// EXPOSITION CULTURELLE
// PERFORMANCE ARTISTIQUE

Entrée unique = www.weezevent.com/l-afrique-c-est-chic-talkshowroom-i

Développement d’écosystèmes agricoles au Burkina

Femme burkinabé travaillant la séparation du grain et de la poussière avec le vent - Thierry Barbaut 2017
Femme burkinabé travaillant la séparation du grain et de la poussière avec le vent - Thierry Barbaut 2017 - www.barbaut.net
  • Au Burkina Faso, l’agriculture emploie 80 % de la population active. Pourtant, chaque année, de nombreux cultivateurs perdent beaucoup d’argent à cause du manque d’infrastructures de stockage et de conservation qui les obligent souvent à brader leurs récoltes.
  • Un projet en faveur de l’agriculture et de l’élevage, financé par la Banque mondiale a tenté de remédier à ce problème en finançant la construction de meilleures infrastructures.
  • Jean-Baptiste Ouedraogo, cultivateur d’oignons à Noungou, a ainsi pu obtenir un prêt pour construire un entrepôt d’une capacité de 12 tonnes.

Noungou, village de la commune rurale de Loumbila, se trouve à une heure de route de la capitale Ouagadougou. Ici, certains habitants comme Jean-Baptiste Ouedraogo se consacrent à la culture de l’oignon depuis 1985. Cet agriculteur, qui est parti de rien, est aujourd’hui un modèle pour sa communauté, grâce aux subventions reçues du Programme d’appui aux filières agro-sylvo-pastorales (PAFASP), financé par le Groupe de la Banque mondiale au Burkina Faso.

« Avant, nous produisions beaucoup d’oignons mais on ne savait pas comment et où les conserver, on était donc obligé de les vendre tout de suite après l’arrachage et parfois de les brader », explique-t-il. Des infrastructures de stockage adaptées permettent en effet de conserver plus longtemps les récoltes, de limiter ainsi le gâchis et de gagner plus d’argent en fonction des fluctuations du marché.  « Juste après la récolte de mars 2016, le sac de 50 kg ne dépassait pas 4000 francs CFA alors que la même quantité peut être vendue 22 500 francs CFA au mois d’octobre. »

Pour Jean-Baptiste, la belle aventure du PAFASP a commencé en janvier 2008. Le projet lui a accordé une subvention de 3,15 millions de francs CFA pour construire un « rudu » d’une capacité de 12 tonnes. Jean-Baptiste a pour sa part contribué à hauteur de 350 000 francs CFA. Construit à faible coût en utilisant des matériaux locaux, le rudu est inspiré des greniers traditionnels. Ce nouveau type d’entrepôt permet de mieux faire circuler l’air et de réduire l’humidité. Il peut conserver efficacement près de trois tonnes d’oignon pendant six mois, permettant ainsi aux petits exploitants de se prémunir contre la baisse des prix à la récolte.

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Jean-Baptiste, qui était auparavant obligé de jeter une bonne partie de sa récolte d’oignons, faute de moyens de stockage et de conservation adaptés, est désormais à la tête d’une entreprise prospère grâce à ses nouveaux entrepôts.

 « Avant, nous produisions beaucoup d’oignons mais on ne savait pas comment et où les conserver, on était donc obligé de les vendre tout de suite après l’arrachage et parfois de les brader. »

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Le Rudu est un nouveau type d’entrepôt permettant de mieux faire circuler l’air et de réduire l’humidité, afin de conserver les récoltes en toute saison.

Huit ans plus tard, l’agriculteur est devenu un chef d’entreprise à la tête d’une exploitation très prospère dont le chiffre d’affaires avoisine les 15 millions par an avec une marge bénéficiaire pouvant aller jusqu’à 12 millions. C’est avec beaucoup de nostalgie qu’il montre sa maison en banco qu’il a tenu à conserver alors qu’une autre en parpaing vient d’être achevée.

Femme burkinabé travaillant la séparation du grain et de la poussière avec le vent - Thierry Barbaut 2017
Femme burkinabé travaillant la séparation du grain et de la poussière avec le vent – Thierry Barbaut 2017

Avec son agrément d’entrepreneur agricole en poche, Jean-Baptiste s’est même acheté une voiture et ses enfants suivent désormais leur scolarité sans interruption. Son entreprise a de beaux jours devant elle puisque son agrément lui permettra d’acheter des engrais hors taxe et d’avoir des semences de qualité pour améliorer sa production.

Pas étonnant donc, qu’il soit en train de construire un autre entrepôt d’une capacité de 30 tonnes. Jean-Baptiste emploie actuellement cinq  personnes et est membre de l’association Teel Taaba, qui signifie « soutenons- nous », en Morée (langue la plus parlée au Burkina Faso), qui bénéficie également de subventions du PAFASP. Six autres membres de l’association ont également bénéficié de subvention pour construire des « rudu ».

Désormais à la tête d’une exploitation de taille, Jean-Baptiste s’est transformé en entrepreneur et  va très bientôt déclarer ses employés à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). Cet homme jovial et débonnaire encourage les jeunes, qui ont tendance à préférer la fonction publique, à se lancer dans l’agriculture car pour lui « la terre ne ment pas ».  « Un jeune, avec de la volonté, peut se passer de la fonction publique et vivre décemment de l’agriculture », s’exclame-t-il !

Une expérience aux effets multiplicateurs

Jean-Baptiste est aussi devenu un formateur endogène et son entrepôt sert de cadre d’apprentissage pour d’autres producteurs. Par ailleurs, près de 40 unités de conservation d’oignons ont été construites à travers la région du Plateau Central à partir de cette  unité pilote.

Le PAFASP a également soutenu l’association Teel taaba en fournissant des équipements, tels que de l’engrais et des motopompes) à une cinquantaine d’agriculteurs membres.

Le Projet a également soutenu trois autres filières (mangue, bétail-viande et volaille locale).

Le PAFASP en bref 

Le PAFASP a été  lancé en  2007. Il est mis en œuvre par le ministère de l’Agriculture, avec l’appui technique de la Banque mondiale. Son coût total est évalué à 44 384 milliards de francs CFA financé à 86% par la Banque mondiale.

Le PAFASP vise à accroître la compétitivité des chaînes de valeur ciblées sur le marché local, régional et international, afin de favoriser une croissance plus inclusive dans le secteur agricole.

Le programme s’articule principalement dans 4 chaînes de valeur – mangues, oignons, viande de bœuf et volaille locale – ainsi que dans le secteur cotonnier et les cultures de diversification (maïs, niébé et sésame).

8 ans après sa mise en œuvre, la Banque mondiale a accordé un financement supplémentaire de 24,5 milliards de francs CFA au gouvernement afin de poursuivre la mise en œuvre de ce programme et de consolider les bons résultats obtenus,  sur la période juillet 2014 à juin 2016.

Armée ivoirienne : récompense ou reconnaissance de la rébellion ?

La Côte d’Ivoire a démarré l’année 2017 avec une mutinerie dans les rangs de l’armée, à Bouaké (deuxième ville du pays, au Centre) du 3 au 6 janvier.

Motif : revendication de primes dues après la crise militaro politique. Ils s’en sortent bien très bien, pourrait-on dire, avec, pour chacun, une villa et la bagatelle de 12 millions ! Plus que ce qu’aurait rêvé un Maître de conférences !

Une fortune, pour un médecin de la Fonction publique. Un véritable trésor, en aurait dit un professeur certifié, un Dg de l’administration, etc.

Qui sont ces militaires récalcitrants ? Rien d’autres que les ex-rebelles du Nord du pays. On sait qu’ils ont contribué à porter Alassane Ouattara au pouvoir. Peut-on en réalité les appeler ex-rebelles ?

Finit-on d’être rebelles quand on a vu ce que rapporte dans la poche, un fusil qu’on braque sur l’Etat ?

Ils se sont fait appeler, au départ, Forces nouvelles (Fn) de 2002 à 2006. Puis, les Fn sont devenues les ex-rebelles (sous la primature de Charles Konan Banny, 2006-2007) ; ces derniers ont été convertis en Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci), en 2011, par Alassane Ouattara, alors président contesté par Laurent Gbagbo ; enfin, en Forces armées de Côte d’Ivoire (FACI), appellation pas très éloignée de l’ancienne, FANCI, nom originel de l’armée de Côte d’Ivoire. Dans la forme aussi bien que dans le fond, Fn, ex-rebelle, Frci et Faci recouvrent la même réalité : ce sont les bandes et troupes armées qui ont agressé l’Etat de Côte d’Ivoire en septembre 2002 ; et qui ont plombé le régime de Laurent Gbagbo pendant huit années. Ces troupes ont, évidemment, remis ça, sous le Président Alassane Ouattara.

On dit que c’est grâce aux efforts du Lieutenant-Colonel Ouattara Issiaka dit Wattao et certains de ses compagnons, que cette mutinerie a pu trouver un dénouement heureux. Wattao (de Ouattara), c’est un homme bien connu du sérail pour avoir été l’un des hommes forts de la rébellion.

Notons que le gouvernement ne s’est pas arrêté aux paiements des primes. Il a aussi fait des « réglages » au sein de cette armée, après les heures chaudes de la mutinerie. Une victime de taille : le Chef d’état-major des armées, le Général Soumaïla Bakayoko, remplacé par Touré Sékou (lui n’a rien à voir avec la rébellion). Tous les deux sont originaires du nord. Ainsi, Wattao, après avoir contribué au rétablissement de la paix entre mutins et gouvernement, se voit récompensé : il est le nouveau commandant de la Garde Républicaine.

Avec lui, plusieurs frères d’armes, des ex-commandants de zones de la rébellion. Koné Zakaria, Touré Hervé dit Vetcho, Fofié Kouakou Martin, Morou Ouattara, Cherif Ousmane et Fofana Losseni dit Loss étaient tous des chefs des Forces armées des forces nouvelles (FAFN). Aujourd’hui, tous ces chefs des FAFN sont à la tête des corps d’armée ou des commandants en second. Après avoir contrôlé les zones Nord, Centre et Ouest pendant les années de gloire de la rébellion. Quel sens donner alors à ces nominations ?

Depuis le déclenchement de la crise militaro politique en Côte d’Ivoire, des Ivoiriens ont toujours suspecté l’actuel Chef de l’Etat d’être à l’origine de la rébellion. Mais jamais une preuve concrète n’a été apportée à cette accusation que même Laurent Gbagbo n’a pu lui porter franchement ; pas même au cours de l’historique face à face télévisé, avec Alassane, dans le cadre du second tour de la présidentielle de 2010. Alassane Ouattara, véritable père de la rébellion ? Si cette interrogation est restée au stade de la suspicion, de plus en plus d’actes posés par le Chef de l’Etat sont en train de convaincre plus d’un, si ce n’est déjà fait, de ses accointances avec la rébellion.

On peut le dire, ces nominations, qui font une très belle part aux Chefs de la rébellion, ressemblent plus à une reconnaissance de la rébellion par le Chef de l’Etat qu’à un souci d’éteindre une mutinerie.

De nombreux Ivoiriens ont relevé le caractère tribal de ces nominations qui font part belle aux gens du nord. Sur les réseaux sociaux, les uns et les autres ont exprimé qui, leurs satisfactions, qui, leurs déceptions et peurs à voir toute une armée supposée nationale, aux mains de gens originaires d’une tribu.

On peut observer que non seulement c’est une constante dans la politique d’Alassane Ouattara, mais c’est aussi, au-delà de la peur que peut inspirer cette nordité qui est pire que l’ivoirité qui se voulait au moins nationaliste, l’expression de la fébrilité qui habite ce régime et son chef. Car Ouattara, paraît-il,  a perdu le soutien militaire de la France. En tout cas, il revient, de manière crédible, que François Hollande n’a pas l’intention d’engager des troupes française dans un conflit armé ivoirien.

Que reste-t-il donc à faire, au chef d’Etat ivoirien ? Rien d’autre que le recours aux siens, pour sa sécurité. Et les siens du Président Alassane Ouattara, ce n’est pas la Côte d’Ivoire des 61 ethnies, c’est la Côte d’Ivoire du Nord. Sa tribu.

CAN 2017, les éléphants : et de trois pour Hervé renard

S’il y a une sélection qui était attendue à cette phase finale de la CAN du Gabon, c’est bien celle des Éléphants de Côte d’Ivoire

Pour trois raisons principales : elle a une longue et respectable tradition de la Can depuis l’époque des légendaires Eustache Manglé, Laurent Pokou, Kallet Bialy, jusqu’à celle, récente des Serge Aurier, Max Gradel, en passant par la génération de Gadji Céli, Ben Badi et celle d’Arouna Dindané, Baky et autres, Yaya Touré, marquée et conduite par Didier Drogba.

La deuxième raison est la présence de cette équipe dans le football mondial : les Eléphants sont crédités de trois expéditions de Mondial (2006, 2010, 2014) qui en ont ajouté à leur gloire. Enfin, c’est l’équipe détentrice du trophée (deux fois vainqueur de de la Can – 1992 et 2013).

Voilà donc, sur la carte de visite, le poids dont pèse l’équipe de Côte d’Ivoire. Tous les spécialistes s’accordaient sur le fait qu’elle défendrait fièrement et crânement son titre acquis de haute lutte en 2015 en Guinée Equatoriale face aux Black Stars du Ghana, aux termes de tirs au but, tout aussi historiques que ceux de 1992, à Dakar, qui ont vu le sacre des « pachydermes » de Côte d’Ivoire.

Hervé Renard, cet autre vrai sorcier blanc

Mais voilà, les choses se sont plutôt mal passées pour la sélection ivoirienne : deux matchs nuls et une défaite, sur un total de 3 rencontres. L’analyse technique des matchs donne une équipe en déficit d’inspiration et de leader. En réalité, aucun joueur de cette sélection ne peut faire la décision au cours d’une rencontre. C’était peu, sinon trop insuffisant pour contrarier les héritiers de Faras conduits par un entraîneur des plus géniaux, et qui fait le bonheur des sélections qu’il encadre : Hervé Renard. Rusé et malicieux comme l’animal dont il porte le nom.

La vedette et le grand vainqueur de ce match, c’est incontestablement lui, Hervé Renard, cet autre vrai sorcier blanc, qui aura donc, à l’examen de ses performances face aux Eléphants de Côte d’Ivoire, décidé de contrarier l’équipe ivoirienne qu’il se plaît à mystifier à chaque rencontre. Qu’on en juge :

  1. Dans un stade Félix Houphouët-Boigny rempli de supporteurs euphoriques et confiants, Hervé Renard, alors à la tête de la sélection nationale locale de Zambie, bat les Eléphants locaux lors du match d’ouverture du championnat d’Afrique des nations (CHAN) au stade Félix Houphouët-Boigny, en présence du Chef de l’Etat d’alors, Laurent Gbagbo. Et d’un.
  2. Gabon. Finale de la CAN co-organisée par le pays de Bongo et la Guinée équatoriale. Hervé Renard, sélectionneur de l’équipe de la Zambie, brise le rêve de la Côte d’Ivoire. Et toujours dans un stade plein de supporters ivoiriens avec, à leur tête un autre Chef d’Etat ivoirien, Alassane Ouattara. Et de deux.

Enfin, ce 24 janvier 2017. Il vient encore de faire descendre les Eléphants de leur piédestal. Le tenant du titre est ainsi tombé, comme les Super Eagles du Nigeria, en 2015. Et de trois donc.

Cette élimination prend un autre sens, extra-sportif, dans le contexte social que traverse la Côte d’Ivoire : les résultats des Eléphants montrent que cette équipe ne réalise presque jamais de performances quand le pays est en proie à des divisions socio politiques. C’est une sélection qui échoue toujours, et souvent, proche du but.

Comme ce fut le cas sous l’ère du Président Gbagbo qui aura pourtant donné des moyens colossaux aux footballeurs ivoiriens de hisser haut le drapeau du pays et, par ricochet, donner du crédit à son image et à sa politique. Didier Drogba et ses compagnons n’ont jamais pu remporter le trophée ; et les Ivoiriens durent se contenter en 2006 de fêter des finalistes perdants, qu’ils se complurent à considérer comme des héros ! Idem en 2012, au Gabon. N’oublions pas les échecs des campagnes de 2008 et 2010 au Ghana et en Angola. L’expérience montre donc que les Eléphants ne réussissent que lorsque leur pays baigne dans une atmosphère de paix et de concorde relative.

Ne nous voilons donc pas la face : nombreux sont les Ivoiriens qui sont satisfaits de cette défaite, car elle consacre un peu l’échec des dirigeants du pays. C’était le cas sous l’ère de Laurent Gbagbo où les militants et supporteurs du camp politique adverse n’ont fait que souhaiter l’échec de la sélection nationale ! Les Ivoiriens gagneraient donc à s’unir autour de leur sélection. Mais à un seul prix : que le peuple lui-même soit uni.

Au-delà de la déception morale, c’est près de quatre milliards de francs que le pays aura investis dans une entreprise qui n’aura rien donné. Quatre milliards ! De quoi construire un grand marché communal, ou quelques centres hospitaliers ruraux, ou doter les hôpitaux, vétustes, de médicaments de première nécessité. Quatre milliards, c’était pour toute la campagne. Mais les Eléphants sont éliminés avant terme. Les Ivoiriens ont donc le droit de s’interroger sur l’utilisation du reste de cette somme : ne pourrait-on pas l’affecter à des œuvres d’intérêt collectif ?

En attendant, saluons sportivement la performance d’Hervé Renard. Et disons tout tristement : Dommage ! Car une victoire des Eléphants à cette Can aurait été une belle occasion de célébrer Laurent Pokou dont les obsèques ont été reportées à la fin de cette 31è édition de la fête du foot africain. Ce football africain qu’il aura marqué de son talent.

La Côte d’Ivoire entre grogne des fonctionnaires, soulèvement de l’armée et intimidation

La Côte d’Ivoire est rentrée depuis ce mois de janvier dans la IIIè République. En ligne de mire, les nominations d’un vice-président et du Premier ministre sous cette ère. A la clé, une nouvelle constitution, un nouveau gouvernement et la reconduction de Guillaume Soro au perchoir de l’Assemblée nationale. On attend la nomination du président du sénat et ses collaborateurs.

A l’observation, cette nouvelle ère, au lieu de susciter joie et satisfaction au sein de la communauté nationale, voit surgir de partout une fronde sociale : soulèvement des ex-rebelles et grève des fonctionnaires, le tout sous fond de malaise social qui perdure depuis plusieurs semaines.

 

De la mutinerie

On peut dire que le nouveau gouvernement a été investi sous un air de révolte : la mutinerie à Bouaké. Pendant que le Chef de l’Etat et son Premier ministre Amadou Gon Coulibaly s’accordaient sur le démarrage de la IIIè République, des sons discordants se faisaient entendre du côté de la Grande muette qui, sous nos tropiques, a toujours été plutôt bruyante, voire très bruyante. Des soldats basés à Bouaké (2èmeville de la Côte d’Ivoire, située au Centre), fief de l’ex-rébellion, réclament des primes de guerres d’une valeur de 12 millions et une villa pour chacun des 8400 soldats.

Un soulèvement qui a eu un dénouement positif puisqu’un accord a été trouvé avec le gouvernement. Les mutins ont obtenu le paiement de cinq millions FCFA et le principe du paiement d’une somme d’un million par mensualité, jusqu’à épuisement des dus.  Ce règlement, à défaut d’apporter  l’accalmie dans les casernes, a plutôt suscité une grogne populaire qui a touché la quasi-totalité des casernes du pays. Les ex-Forces de Défense et de Sécurité, (ex-FDS), réclament aussi leur part de la cagnotte. Eux parlent « d’effort de paix et ou de guerre ».

Si les mutins ont, pour leur part, obtenu gain de cause, la situation sociale elle n’est plus à la normale. L’émergence prônée par le Chef de l’Etat a pris du plomb dans l’aile avec depuis environ trois semaines d’une grève générale des fonctionnaires. L’objectif est le retrait de la réforme de la retraite et le paiement des arriérés d’un montant de 243 milliards FCFA.

Si d’un côté, le gouvernement a satisfait à la revendication des mutins, de l’autre côté, l’on assiste à un traitement variable du même dossier de revendications : celles, pacifiques, des fonctionnaires, se butent au mur de refus du gouvernement de céder ; c’est la règle classique du deux poids deux mesures. La revendication pécuniaire des fonctionnaires est pratiquement rejetée du revers de la main par les autorités. Depuis 48heures, l’on annonce quelques avancées dans le traitement de ce dossier : le gouvernement aurait satisfait à quatre sur les six importantes revendications de ces travailleurs du public. Mais rien de tout cela n’est concerné tant une nébuleuse entoure cette crise sociale que l’autorité semble avoir du mal à maîtriser.

De grosses pertes économiques pour la Côte d’ivoire…

Cette grève des fonctionnaires, qui dure depuis environ trois semaines, ne peut pas être considérée comme banale. Nul doute qu’elle paralyse non seulement le fonctionnement de l’administration, mais aussi et surtout l’économie. Il est évident que l’évaluation du préjudice et des pertes sera amère.

Il urge que le gouvernement discute véritablement avec les grévistes. Outre le dialogue, les dirigeants sont dans l’obligation de payer ne serait-ce qu’une part des arriérés et indemnités dus aux fonctionnaires. Vu qu’ils ont soldé la question pécuniaire des soldats mutins. Car, ce sont eux qui ont ouvert la boîte de pandore. Au-delà des interprétations et lectures plus ou moins alarmantes que nous servent les réseaux sociaux sur cette crise, au-delà aussi des articles polis que nous servent aussi les journaux inféodés au pouvoir, force est de constater que l’Autorité ne semble vraiment plus savoir où donner de la tête. Il lui faudra pourtant beaucoup de lucidité pour juguler cette crise.

Guerre contre la burqa au Maroc

Une femme porte la burqa au Maroc
Une femme porte la burqa au Maroc

Dans une circulaire adressée aux fabricants et vendeurs de la burqa, le ministère de l’Intérieur marocain prohibe à compter du 09/01/2017 la confection et la commercialisation dudit vêtement.

Sans motiver cette décision, ni en préciser la portée temporelle, cette dernière viendrait s’insérer selon toute vraisemblance au dispositif de lutte anti-terroriste, entendu l’ampleur de la menace qui pèse sur le royaume.

Cette mesure est-elle appropriée ou au contraire abusive, voire contreproductive ?

S’amplifiant dans le monde entier, les menaces terroristes mettent l’Etat de droit à l’épreuve. Entre garantir la sécurité publique et éviter d’empiéter sur les libertés et droits fondamentaux des citoyens, le dilemme est cornélien !

Très souvent, la réponse antiterroriste s’inscrit dans le cadre d’une réaction cathartique des autorités où la peur et la colère trouvent le moyen de s’exprimer juridiquement. Le résultat en sera souvent l’adoption de mesures restreignant sévèrement les libertés, ce qui n’est pas sans prêter à discussion.

D’une part, dans l’ordre des priorités et de la logique, l’on serait plutôt enclin – en prenant notamment appui sur la célèbre affirmation d’Alain Peyrefitte : «La sécurité est la première des libertés» – à faire primer l’impératif de sécurité sur celui de la liberté ; sinon que vaut vraiment cette dernière si nous allions l’exercer dans l’insécurité ?

D’autre part, et dans l’ordre cette fois-ci du droit et même de l’éthique, une question d’autant plus ardue se pose, celle de déterminer si la sauvegarde de la sécurité justifierait de réduire la liberté, voire légitimer des dérives sécuritaires ? Etat conséquentialiste ou déontologue ? Telle est la bonne question à se poser face aux procédures de coercition qu’implique inéluctablement la lutte anti-terroriste.
En tout état de cause, l’Etat sera bel et bien admis, un jour ou l’autre, à tempérer les libertés quand la sécurité sera menacée, mais non sans fondement juridique valable, tiré en l’occurrence de l’article 4 du Pacte International relatif aux Droits Civiques et Politiques, lequel prévoit cinq critères à respecter, à savoir : l’existence d’un danger public, la légalité (i.e. caractère publique de la décision), la proportionnalité (temporelle et spatiale), la conformité aux engagements internationaux, et la non-discrimination.

La circulaire susmentionnée respecte-t-elle ces prescriptions ? Pas si sûr.
Si la décision a été rendue publique et que le danger qui la sous-entend est bien manifeste et ce au vue du nombre grandissant des attentats avortés, mais aussi et surtout le rapatriement depuis l’Europe de djihadistes maghrébins, sans compter les multiples menaces directes reçues à ce jour de Daesch ; on ne sait encore rien de sa proportionnalité, plus particulièrement son caractère provisoire, étant entendu que la temporalité limitée est l’essence de toute mesure d’exception ayant pour objectif ultime le retour à la normalité.

Qui plus est, cette mesure serait discriminatoire à l’égard des adeptes de la burqa et contreviendrait aux engagements internationaux souscrits par le Maroc en termes de liberté vestimentaire d’abord, puisque cette décision renferme implicitement une interdiction progressive du port de ce vêtement ; puis la liberté de religion.

Une femme porte la burqa au Maroc
Une femme porte la burqa au Maroc

Par ailleurs, il ne faut pas perdre de vue que se couvrir à l’aide d’une burqa fait partie intégrante de la religiosité d’une portion de la population. Cela ne fera que générer des indignations profondes parmi les milieux salafistes s’étant sentis visés au fond de leur foi musulmane, ainsi que parmi les intellectuels libéraux (nonobstant leur retenue idéologique) lesquels estiment que la liberté couvre deux acceptions indivisibles : choisir de porter la burqa ou de ne pas la porter.

Ainsi, combattre le terrorisme ne peut se faire par n’importe quel moyen, surtout quand cela sape un vivre-ensemble sain, ainsi que les valeurs promues par l’Etat et codifiées par ce dernier dans la Constitution qui figure au sommet de la hiérarchie juridique. Pour cela, on ne devrait donc pas cautionner l’interdiction de la burqa, compte tenu en plus de l’efficacité douteuse de pareille mesure d’un point de vue pratique.
D’abord, celle-ci reposant sur une logique de suspicion comme quoi les terroristes peuvent se déguiser avec une burqa, on se demanderait quelle serait la véritable probabilité de pareil scénario ? Combien d’attentats ont été commis par des hommes déguisés avec une burqa? Si le port de la burqa nourrit des doutes sur l’identité de la personne en question, les terroristes potentiels chercheront surtout à éviter de la porter car c’est un mauvais déguisement.

Bien au contraire, ils s’habilleront plutôt comme les autres pour ne pas attirer l’attention. De même, qu’en raisonnant par analogie : si pour contrer la menace terroriste, on interdit la burqa ; ne devrait-il pas en être fait autant pour les mini-jupes afin de réduire le taux des agressions sexuelles

Ensuite, cette prohibition peut avoir un effet contreproductif en ce qu’elle susciterait un ressentiment des conservateurs qui se sentiraient stigmatisés et résisteraient – en guise de riposte – en contournant ladite prohibition par la création d’un marché noir de la burqa. Notons que ça pourrait aussi induire une réaction de violence en chaîne, ce qui favoriserait le terrain d’une radicalisation encore plus profonde, à des actes terroristes usant du caractère injuste du bannissement de la burqa comme instrument de propagande.
Somme toute, pour les raisons tant de droit que des fait évoqués, nous concluons qu’en déclarant la guerre à la burqa, l’Etat pourrait pêché par excès de zèle. Un compromis serait possible en respectant la liberté vestimentaire dont le port de la burqa. Les femmes concernées devraient par contre accepter les contrôles de police quand le besoin est manifeste et légitime.

Bien évidemment, il faudrait que ce soit encadré et circonscrit dans le temps pour ne pas respecter une liberté en piétiner une autre.

Enfin, l’Etat devrait attaquer le mal à la racine, c’est-à-dire agir sur les origines tant économique que socioculturelle de l’extrémisme, en misant sur des mesures qui porteront leurs fruits dans le long terme, notamment l’éducation et la réforme du discours religieux lui-même responsable de la subordination de la femme.

Asmaa Bassouri, doctorante en droit international, Université Cadi Ayyad Marrakech (Maroc).
Avec Libre Afrique

Microsoft et Ecobank sur le numérique

Microsoft, leader mondial en matière de logiciels, de services et de solutions informatiques et Ecobank Transnational Incorporated, société mère du groupe bancaire panafricain Ecobank, ont signé un protocole d’accord visant à accompagner les efforts des gouvernements pour moderniser et élever les normes des grandes villes du continent grâce à des solutions numériques de pointe.

Le protocole d’accord porte sur la modernisation des secteurs qui auront l’impact le plus immédiat et le plus important pour les pays africains.

Ces secteurs comprendront les décaissements de bourses et les frais de scolarité dans le secteur de l’éducation ; la collecte par les municipalités auprès des vendeurs du marché et des petites boutiques ; les règlements des licences pour les véhicules et des permis de conduire ainsi que les e-visas et les e-passeports. L’accord soutient également la mise en œuvre d’un programme complet des e-compétences et d’alphabétisation numérique. D’autres domaines clés tels que l’enregistrement des terrains et le recouvrement des droits dans les services municipaux et hospitaliers devraient faire l’objet d’une modernisation considérable.

« Chez Microsoft, notre objectif est d’aider les sociétés à se transformer numériquement, du consommateur à l’ensemble des services gouvernementaux »

Cette collaboration résulte de la pression croissante sur les villes africaines due à l’urbanisation et de la nécessité de fournir des services qui assureront un environnement plus sain et plus sûr, de manière juste, ouverte et durable.

« Chez Microsoft, notre objectif est d’aider les sociétés à se transformer numériquement, du consommateur à l’ensemble des services gouvernementaux », a déclaré Amr Kamel, directeur général de Microsoft pour l’Afrique de l’Ouest, de l’Est et centrale. « Toute nation correctement soutenue par la technologie peut se transformer en un écosystème intelligent, capable de s’engager avec ses citoyens, d’autonomiser les employés et d’optimiser les opérations pour améliorer considérablement leurs vies. »

Afin de garantir une modernisation efficace des secteurs clés des gouvernementq, Microsoft et Ecobank collaboreront à la mise en commun des meilleures pratiques et des conseils techniques à l’intention des fonctionnaires ou des citoyens qui utiliseront régulièrement les applications.

Amr Kamel, Directeur de Microsoft Afrique
Amr Kamel, Directeur de Microsoft Afrique

Le directeur général du groupe Ecobank, Ade Ayeyemi, a déclaré : « Microsoft est une marque mondialement reconnue. Nous sommes heureux de nous associer à Microsoft pour aller plus vite sur notre stratégie de transformation numérique, dont le principal objectif est d’accroître l’inclusion financière en Afrique. »

Le Gabon entre amateurisme et irresponsabilité

Les Panthères du Gabon ont été éliminées de la CAN 2017 par les Lions indomptables du Cameroun aux termes d’un match nul (0-0) à Franceville dimanche face aux Lions indomptables du Cameroun

Les Gabonais pourtant soutenus par leur public ne verront pas les quarts de finale. Ils ont enregistré trois matchs nuls sur les trois rencontres livrées. Pour l’histoire de la CAN qui est à sa 31e édition de 1957 à nos jours, c’est la troisième fois de que le pays organisateur est bouté hors de la course à l’étape de la phase de poule. La sélection à avoir ouvert ce type de contre-performance  dès le premier tour, est celle de la Cote d’Ivoire. C’était en 1984 à la seule édition de la CAN que le pays a organisé. A cette occasion, le président d’alors, Félix Houphouët-Boigny dira de l’équipe ivoirienne que « ce sont des Eléphanteaux ». Bons perdants, les ivoiriens n’ont pas boudé le reste de la compétition ; et à chaque rencontre, les stades du pays accueillirent un grand public, pour l’honneur du football.

Dix ans plus tard, les Aigles de Carthage tombent sur leur sol, au premier tour en 1994 à Tunis. La troisième contre-performance est la récente : celle des Panthères du Gabon. Les « enfants » de Bongo sortent ainsi par la petite porte avec un goût d’inachevé tant pour les joueurs que pour le pays. Tout un peuple y a cru surtout avec les performances de leur sélection lors des dernières compétitions de la CAN. En 2012 co-organisateur de cette épreuve avec la Guinée-Equatoriale, les Panthères avaient atteint les quarts de finale, comme en 1996 en Afrique du Sud. (Ce sont leurs deux plus grandes performances en sept phases finales (1994, 1996, 2000, 2010, 2012, 2015, 2017).

En dépit de leur volonté, Pierre-Emerick Aubameyang, Denis Bouanga et autres n’ont pu trouver le chemin des filets pour franchir cette étape et mettre du baume au cœur de leurs concitoyens, en tête le chef de l’Etat Aly Bongo qui avait effectué le déplacement. Hélas.

Défaite amère comme toute défaite, certes ; mais surtout défaite prévisible et logique.

Le Gabon, à défaut de remporter ‘‘sa’’ CAN, ne s’est pas donné les moyens d’arriver loin à ce rendez-vous africain du football. Plusieurs facteurs expliquent cette sortie loin d’être honorable : les instabilités politiques survenues lors de la dernière élection présidentielle, les difficultés organisationnelles de la Fédération gabonaise de football. Il s’agit, entre autres, du changement de sélectionneur à quelques mois de la CAN. Ce qui a bien évidemment été à l’origine d’une préparation tronquée. La sélection n’a pas eu de temps de travail nécessaire avec le sélectionneur national, l’Espagnol Jose Antonio Camacho.

Ce dernier n’a eu environ qu’un mois pour préparer sa sélection. Jose Camacho est arrivé au mois de décembre 2016. Alors que la CAN débutait le 14 janvier 2017. Insuffisant pour un sélectionneur fut-il le meilleur ou le plus fort.

Au total, travail approximatif. Vraisemblablement, et de l’avis de tous, amateurisme, improvisation, manque d’ambition nationale, lacunes technocratiques, déficit de ferveur et enthousiasme patriotique, en somme, toutes tares qui gagnent fortune encore en Afrique et qui condamnent nombre de pays du continent à l’échec, ont prévalu dans la gestion de l’équipe nationale gabonaise. Peut-être qu’ici, l’on a dû investir foi absolue en des forces cabalistiques pour gagner cette compétition : les pouvoirs magiques de quelque grand sorcier pygmée qui a dû promettre d’offrir cette coupe au peuple gabonais sans aucune préparation rationnelle.

L’Afrique et ses naïvetés !

Cette contre-performance du Gabon est impardonnable car, le Gabon n’est pas un novice dans l’organisation d’une telle compétition. Rappelons que la finale remportée par la Zambie au détriment de la Côte d’Ivoire avait eu à Libreville. Manifestement, la Fédération gabonaise de football a fait fi de tout ce capital d’expériences qui eût pu servir à honorer le drapeau de ce pays. Il faut s’attendre à de rudes sanctions dans le monde du sport et foot gabonais, après les festivités.

Les femmes entrepreneurs de RDC, entre nécessité et ambition

Le téléphone mobile est un levier de développement de entrepreneuriat - Photos Thierry BARBAUT - Côte d'ivoire 2017
Le téléphone mobile est un levier de développement de entrepreneuriat - Photos Thierry BARBAUT - Côte d'ivoire 2017
  • Il faut distinguer en RDC deux catégories de femmes entrepreneurs : celles qui le sont par nécessité et celles qui souhaitent développer leur activité.
  • Les difficultés d’accès à des financements, le manque de services d’accompagnement, une réglementation inadaptée, les préjugés sociaux, de lourdes responsabilités familiales et un faible niveau d’instruction sont les principaux obstacles à l’entrepreneuriat féminin.
  • Des réformes axées sur l’égalité entre les sexes, l’essor du crédit-bail et une nouvelle génération de programmes de formation ciblés peuvent créer un environnement dynamique et propice à l’entrepreneuriat féminin dans le pays.

Chaque matin, sur les berges du lac Tanganyika, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), une femme d’une quarantaine d’années fait sécher des poissons qu’elle ira ensuite vendre à Kalemie, à quelques kilomètres de là. Elle s’installe stratégiquement à l’intersection de deux axes routiers : les passants et les gens qui vont travailler s’arrêtent souvent devant son petit étal pour acheter à manger. À la fin de la semaine, avec un peu de chance, elle aura de quoi nourrir ses huit enfants et acheter d’autres poissons à faire sécher.

À l’autre bout du pays, dans la capitale, Kinshasa, Kany Véronique Mafuta dirige une petite entreprise qui produit de la farine de manioc. La demande locale est forte, mais cette femme entrepreneur n’a pas les moyens d’acquérir de nouveaux équipements pour développer son activité : les banques ne lui ont proposé que des prêts à des taux d’intérêt prohibitifs.

Une réalité plurielle

Il faut distinguer en RDC deux catégories de femmes entrepreneurs. Il y a d’une part des femmes qui se lancent dans une petite activité par nécessité, pour joindre les deux bouts : elles vendent dans la rue des plats qu’elles ont cuisinés, revendent des produits manufacturés ou de grande consommation dans les zones rurales, ou font du petite commerce transfrontalier.

D’autre part, on trouve aussi des femmes qui créent une entreprise et tentent de la développer sur un segment de marché prometteur. Les études montrent que, dans les villes, ces petites et moyennes entreprises (PME) dirigées par des femmes sont principalement concentrées dans trois secteurs : le commerce, les services et l’agriculture.

Le téléphone mobile est un levier de développement de entrepreneuriat - Photos Thierry BARBAUT - Côte d'ivoire 2017
Le téléphone mobile est un levier de développement de entrepreneuriat – Photos Thierry BARBAUT – Côte d’ivoire 2017

« L’entrepreneuriat féminin joue un rôle fondamental dans l’économie de la RDC. Nous voulions mieux comprendre les problèmes que ces femmes rencontrent, pour faire en sorte que nos projets à venir les aident effectivement à créer des entreprises viables et productives », explique Moustapha Ndiaye, directeur des opérations de la Banque mondiale pour la RDC. « Nous nous attachons à améliorer l’environnement économique pour les femmes — et pour les hommes — aussi bien dans les zones urbaines que dans les zones rurales. »

La productrice de farine de Kinshasa et la vendeuse de poisson séché de Kalemie ont toutes les deux l’esprit d’entreprise, mais leurs aspirations, leurs difficultés et leurs besoins sont très différents. Il faut donc un accompagnement personnalisé.

Celles qui se lancent dans l’entreprise par nécessité reflètent la réalité économique d’un pays fragile.

« Dans un pays où le taux de chômage est très élevé, la plupart des femmes n’ont pas d’autre choix que de créer une micro-entreprise pour subvenir aux besoins de leur famille », indique Milaine Rossanaly, spécialiste du secteur privé à la Banque mondiale. « En RDC, c’est bien davantage la recherche de moyens de subsistance que la recherche du profit qui motive les micro et petits entrepreneurs. »

Milaine Rossanaly estime qu’il faut soutenir ces femmes entrepreneurs en recourant à une approche globale qui associe la fourniture directe d’équipements, un accès à l’éducation, des soins de santé et une aide sociale.

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Kany Véronique Mafuta devant les sacs de farine de manioc qu’elle produit.

« L’entrepreneuriat féminin joue un rôle fondamental dans l’économie de la RDC. Nous voulions mieux comprendre les problèmes que ces femmes rencontrent, pour faire en sorte que nos projets à venir les aident effectivement à créer des entreprises viables et productives.  »

Les femmes entrepreneurs qui cherchent à développer leur activité ont besoin, elles, d’une aide ciblée pour lever les obstacles juridiques, institutionnels et financiers auxquels elles se heurtent.

Qu’elles travaillent par nécessité ou avec une ambition plus commerciale, les femmes entrepreneurs sont confrontées à une réglementation inadaptée et à des préjugés sociaux, elles ont de lourdes responsabilités familiales et leur niveau d’instruction est faible, mais, surtout, elles peinent à obtenir des financements. Outre les discriminations dont elles sont victimes, les femmes rencontrent également des problèmes plus généraux, que connaissent toutes les PME en RDC : le crédit est rare et cher car le secteur bancaire est sous-développé, et ce sont les micro-entreprises et les PME qui en pâtissent le plus. En 2013, selon l’enquête de la Banque mondiale auprès des entreprises (a), 7 % seulement des entreprises en RDC ont fait appel aux banques pour financer des investissements.

« Les inégalités entre les sexes ont des répercussions économiques importantes », note Klaus Tilmes, directeur au pôle Commerce et compétitivité du Groupe de la Banque mondiale. « Il faut d’abord comprendre ces obstacles, qui vont des normes culturelles à l’accès à un financement, si l’on veut non seulement autonomiser les femmes, mais aussi aider les pays en développement à devenir plus productifs et à créer des emplois. »

De surcroît, par manque de ressources, de formation technique et d’accès à la terre ainsi qu’à d’autres actifs, les femmes ne peuvent pas investir suffisamment de temps et de moyens dans leur entreprise.

Comment lever les obstacles ?

Afin de cerner l’environnement entrepreneurial complexe en RDC, le Groupe de la Banque mondiale a lancé en 2016 une étude-pilote sur les petites entreprises dirigées par des femmes. Diverses parties prenantes ont analysé l’entrepreneuriat féminin, au niveau national et local, et défini les actions à mener. La révision du Code de la famille a été l’une des priorités.

Pendant longtemps, le Code de la famille a interdit aux femmes mariées de signer un contrat, de faire enregistrer une entreprise, d’ouvrir un compte bancaire ou d’obtenir un prêt sans l’autorisation de leur époux. À l’issue de réformes portées par le ministère de la Justice et par le ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfant, sa version révisée a été votée par le Parlement en juin 2016.

« Les inégalités entre les sexes ont des répercussions économiques importantes. Il faut d’abord comprendre ces obstacles, qui vont des normes culturelles à l’accès à un financement, si l’on veut non seulement autonomiser les femmes, mais aussi aider les pays en développement à devenir plus productifs et à créer des emplois.  »

Outre les obstacles juridiques, l’étude révèle que le manque d’accès à un financement est un problème crucial pour les femmes entrepreneurs souhaitant développer leur activité. Seulement 3,6 % des entreprises dirigées par une femme ont contracté un prêt bancaire (a), contre 10,2 % des entreprises dirigées par un homme. Cet écart s’explique notamment par les restrictions imposées par le Code de la famille, mais aussi par la faible connaissance que les femmes ont de la gestion d’entreprise et des questions financières, ainsi que par leur manque d’accès aux réseaux professionnels. De plus, l’étude constate qu’il y a peu de produits financiers adaptés aux besoins des femmes entrepreneurs dans les secteurs en croissance, tels que l’industrie légère ou l’agroalimentaire.

Les solutions proposées dans l’étude passent, entre autres, par des sources alternatives pour le financement initial, par la croissance du marché du crédit-bail et par des programmes de formation ciblés. En partenariat avec les pouvoirs publics, le Groupe de la Banque mondiale prépare actuellement la phase 2 de l’étude, qui consistera à apporter un financement et à donner des conseils pour expérimenter et mettre en œuvre ces solutions.

Comment sauver le système de retraite de la Côte d’Ivoire ?

A l’instar de plusieurs pays, les caisses de retraites de Côte d’Ivoire rencontrent beaucoup de difficultés qui ont amené le gouvernement à entreprendre en 2012 une réforme pour rétablir l’équilibre.

Cette réforme peut se résumer en un rallongement de l’âge de départ à la retraite (de 55 à 60 ans pour les personnels civils de la catégorie D à A3 et de 60 à 65 ans pour les personnels civils des grades A4 à A7) ; une hausse de la cotisation (de 18% à 25% du traitement brut indiciaire) ; et une réduction de la pension (de 2% à 1,75%), avec une nouvelle base de calcul des pensions prenant en compte les 15 meilleures années au lieu des 10 ans dans l’ancien système.

Malgré les nombreux avantages que le gouvernement attribue à cette réforme, les fonctionnaires ivoiriens s’opposent à sa mise en œuvre. Alors, cette réforme est-elle la solution idoine ?

La réponse est non.

Car un système étatique par répartition, où les jeunes actifs ayant un emploi aujourd’hui cotisent pour financer les « vieux » retraités, est condamné à la faillite tôt ou tard. En effet, la baisse continue du taux de croissance démographique et la hausse simultanée de l’espérance de vie des personnes âgées (+60 ans) constituent des défis pour ce système de retraite par répartition car il y aura plus de vieux donc plus de pensions à payer. Les prévisions indiquent que la population de plus de 60 ans représentera 6,41%[1] de la population ivoirienne en 2030 contre 3,5% actuellement. De plus, les statistiques indiquent que présentement un pensionné est pris en charge par 2,44 actifs.

Le nombre de retraités en Côte d’Ivoire est appelé à doubler d’ici 2050. Donc, pour que l’équilibre du régime soit maintenu il faudra 4 à 5 actifs pour prendre en charge un retraité. Or le nombre de fonctionnaires est estimé à 186 508 en 2015 pour une masse salariale de 1347 milliards de FCFA soit 46% des recettes fiscales. Ce ratio est largement au-delà de la norme communautaire qui est de 35% des recettes fiscales. Le gouvernement ne peut donc pas accroître indéfiniment le nombre de fonctionnaires.

En outre, le système de retraite par répartition ne peut pas fonctionner correctement à cause de la faiblesse de la création d’emplois. Les résultats de l’enquête nationale sur la situation de l’emploi et le secteur informel (ENSESI 2016) indiquait que 27,8% de la population en âge de travailler est en situation de chômage ou de sous-emploi. L’emploi qui se fait de plus en plus rare, et les jeunes y arrivent de plus en plus tard, tandis que la durée de leur cotisation se rétrécit par la force des réalités nouvelles du marché de l’emploi, l’un dans l’autre, ces deux facteurs impactent, de façon extrêmement régressive, le rapport numérique cotisants-bénéficiaires.

Par ailleurs, la mauvaise gouvernance et les dysfonctionnements sont inhérents à la gestion publique des caisses de retraite. De nombreuses fraudes et des paiements indus ont été constatés au niveau du système ivoirien de retraite par répartition. Selon le Directeur Général de la CGRAE, des efforts ont été faits pour réduire de 20% les charges liées à la fraude de 2012 à 2015.
Aujourd’hui, l’une des raisons du refus de la réforme par les fonctionnaires ivoiriens réside dans le fait qu’ils se sentent spoliés par cette réforme. Le régime par répartition peut être source d’iniquité, puisqu’il repose sur le principe que les actifs d’aujourd’hui financent les vieux d’aujourd’hui. Mais il n’y a pas de garantie que ces jeunes actifs, qui seront les vieux de demain, bénéficient à leur tour de leurs pensions. En effet, lorsque le système fera face à de nouvelles difficultés, ce qui est inéluctable si on poursuit avec le système actuel, la pension sera réduite ou non payée même si les bénéficiaires ont cotisé plus auparavant.

Ce système de retraite par répartition empêche la liberté de chacun de préparer sa retraite comme il l’entend (années d’activité, cotisations), et transmettre totalement ses économies à qui bon lui semble en cas de décès. Par exemple, selon la réforme de 2012, le conjoint du fonctionnaire décédé ne peut jouir de la pension que lorsqu’il aura atteint l’âge auquel le fonctionnaire décédé aurait pu jouir de la pension s’il était en vie.
Face aux difficultés du système par répartition et à la contestation de la réforme, il est important de changer de paradigme en adoptant la capitalisation. Le régime par capitalisation a beaucoup d’avantages. D’abord, la capitalisation est peu sensible aux déséquilibres dus à la dégradation de la structure démographique. Ensuite, le régime par capitalisation est plus équitable. L’équité requiert en effet que les pensions soient proportionnelles aux cotisations et qu’à contributions égales tous les retraités aient une pension comparable. Sur la base d’un contrat individuel, chaque assuré reçoit exactement ce à quoi il a droit. Quant à la liberté et à la responsabilité, l’âge de la retraite est une affaire de choix personnel aussi bien que le taux de cotisation.

Chacun doit être responsable de la gestion de son patrimoine. Du point de vue de l’efficacité du système, il faut noter qu’en cas de stabilité monétaire, lorsque les taux de capitalisation sont intéressants, les rendements nominaux sont très avantageux. Au niveau de l’efficacité macro-économique, la capitalisation permet la collecte d’une épargne suffisante pour l’investissement. Enfin, son efficacité financière réside dans sa capacité à constituer des réserves permettant d’assurer l’équilibre.

Cependant, pour que le régime par capitalisation marche, il faudrait satisfaire certains préalables. Il s’agit, entre autres, d’un système bancaire et financier sain et développé et d’une stabilité monétaire. Cela permet d’avoir des produits financiers diversifiés et moins risqués et une inflation maîtrisée.
En définitive, s’il est vrai que le système de retraite ivoirien mérite d’être réformé, le gouvernement ivoirien n’a pas réalisé la réforme appropriée. Car nous ne pouvons augmenter indéfiniment l’âge de départ à la retraite, les taux de cotisations et réduire la pension au moment où le coût de la vie devient de plus en plus élevé.

KRAMO Germain, Chercheur associé au CIRES, Côte d’Ivoire.

Davos : accord de facilitation des échanges

Le Dr Okechukwu Enelamah, ministre de l’Industrie, du commerce et des investissements, remet le document d’acceptation de l’accord de facilitation des échanges (AFE) au DG de l’Organisation mondiale du commerce, Robert Azevêdo, à Davos

Selon une étude de 2015 menée par des économistes de l’OMC, l’intégration complète de l’AFE permettrait de réduire les coûts commerciaux des membres de 14,3 % en moyenne, les pays en développement étant ceux qui y gagneraient le plus

Le Nigeria a ratifié l’accord de facilitation des échanges (AFE), devenant ainsi le 107e membre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à le faire. Seulement trois ratifications supplémentaires de membres sont encore nécessaires pour que le seuil des deux tiers soit obtenu et que l’AFE puisse entrer en vigueur.

Le document d’acceptation du Nigeria a été présenté à l’OMC aujourd’hui par le Dr Okechukwu Enelamah, ministre de l’Industrie, du commerce et des investissements (www.FMITI.gov.ng).

Enelamah a rencontré le directeur général de l’OMC, Roberto Azevêdo, en marge du Forum économique mondial de Davos, en Suisse, afin de marquer l’acceptation de l’accord.

« La ratification de l’accord de facilitation des échanges par le Nigeria reflète notre engagement vis-à-vis de l’OMC et envers une économie régulée. Elle illustre l’engagement du Président Muhammadu Buhari à mettre en œuvre rapidement son initiative présidentielle de création d’un environnement favorable aux affaires », a déclaré Enelamah.

« Le Nigeria souhaite voir un renforcement de l’OMC qui reflète les principes de développement des pays en développement tels que le Nigeria, et nous félicitons l’efficacité du DG, M. Azevêdo, à cet égard », a-t-il ajouté.

L’AFE a également le potentiel d’accroître les exportations mondiales de près de mille milliards de dollars

Le 10 novembre 2014, le Nigeria a présenté sa notification de catégorie A à l’OMC, en indiquant les dispositions de fond de l’AFE que le pays compte mettre en œuvre dès l’entrée en vigueur de l’accord.

L’AFE entrera en vigueur lorsque les deux tiers des membres de l’OMC auront formellement accepté l’accord. La ratification est un moyen d’expression permettant aux pays d’être légalement liés par un traité.

L’AFE, conclu lors de la Conférence ministérielle de l’OMC qui s’est tenue en 2013 à Bali, contient des dispositions visant à accélérer le mouvement et le dédouanement des marchandises, y compris des marchandises en transit. Il établit également des mesures pour une coopération efficace entre les douanes et les autorités appropriées sur la facilitation des échanges et des questions de conformité douanière. Il comprend en outre des dispositions en faveur d’une assistance technique et d’un renforcement des capacités dans ce domaine.

Selon une étude de 2015 menée par des économistes de l’OMC, l’intégration complète de l’AFE permettrait de réduire les coûts commerciaux des membres de 14,3 % en moyenne, les pays en développement étant ceux qui y gagneraient le plus. L’AFE vise également à réduire le délai d’importation de marchandises de plus d’un jour et demi, tout en réduisant les délais d’exportation de près de deux jours, ce qui représente respectivement une réduction de 47 % et de 91 % par rapport à la moyenne actuelle. L’AFE a également le potentiel d’accroître les exportations mondiales de près de mille milliards de dollars.

Outre le Nigeria, les autres pays africains ayant ratifié l’accord sont les suivants : le Botswana, le Niger, le Togo, la Côte d’Ivoire, le Kenya, la Zambie, le Lesotho, le Mali, le Sénégal, le Swaziland, le Gabon, le Ghana et le Mozambique.

La manière dont l’AFE sera mis en œuvre sortira des sentiers battus afin de favoriser les pays en développement et les pays les moins avancés. Pour la première fois dans l’histoire de l’OMC, l’obligation d’appliquer l’accord est directement liée à la capacité du pays à le faire. En outre, l’accord stipule qu’une aide et un soutien devraient être fournis pour aider ces pays à améliorer cette capacité.

Le Mécanisme pour l’accord sur la facilitation des échanges (TFAF) a également été créé à la demande des pays membres en développement et des pays membres les moins avancés pour s’assurer de recevoir toute l’aide nécessaire pour bénéficier de tous les avantages de l’AFE et soutenir l’objectif ultime de pleine application du nouvel accord par tous les membres.

Un partenariat de confiance entre la France et l’Afrique

Reconstruire un partenariat de confiance entre la France et l’Afrique : quel bilan et quelles perspectives?

Les relations entre la France et l’Afrique ont toujours eu une dimension particulière liée à une histoire partagée faite de moments difficiles, voire tragiques (les sanglantes répressions coloniales en Algérie, au Cameroun ou encore à Madagascar), mais aussi d’une solidarité sans faille et d’une communauté d’armes exemplaire pour faire face aux ennemis de la liberté.

Sans l’Afrique, la France ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui et n’aurait pas pu s’asseoir à la table des vainqueurs de la seconde guerre mondiale, ni avoir un siège au Conseil de sécurité de l’ONU. Cette dette d’honneur doit être reconnue.

Le monde de 2016 n’est plus celui de 1945. Les relations internationales ont profondément évolué avec la chute du mur de Berlin, la fin de la guerre froide, les attentats du 11 septembre 2001, l’émergence de nouvelles puissances internationales et régionales comme la Chine, l’Inde, le Brésil, l’Afrique du Sud ou le Nigeria, l’apparition de menaces planétaires auxquelles doit faire face la communauté internationale (le terrorisme islamiste, des événements climatiques extrêmes qui peuvent provoquer d’immenses migrations forcées, l’apparition de nouvelles maladies comme Ebola ou Zika…). Dans ce nouveau concert international, la France (et à travers elle plus largement l’Europe) et l’Afrique ont des intérêts communs à faire valoir.

Sans l’Afrique, l’Europe est en effet un continent condamné à la stagnation économique et au déclin. Sans la France et l’Europe, l’avenir et le développement de l’Afrique resteront incertains. Les projections démographiques actuelles résument très simplement cet enjeu : d’ici 2050, la population européenne, vieillissante, n’augmentera pas (voire dans certains pays européens diminuera) et restera tout au plus stabilisée à 450 millions de personnes ; la population africaine, jeune et dynamique (avec de fortes aspirations démocratiques et de bien-être) doublera quant à elle de 900 millions de personnes à 1,9 milliards. Suivant la thèse du rapport de la commission présidée par Lionel Zinsou[2], cette évolution offre des perspectives de croissance inédite pour l’Afrique dont la trajectoire d’émergence dans les 30 prochaines années pourrait s’apparenter à celle des dragons asiatiques au XXème siècle. Mais les éléments de fragilité de ce développement africain ne sont pas négligeables tant sur le plan social (arrivée sur le marché du travail de nouvelles classes d’âge peu ou mal formées) que sur le plan agricole ou environnemental (poursuite du réchauffement climatique, dégradation des sols, épuisement des ressources naturelles).

L’absence de transition démographique est en particulier une véritable épée de Damoclès pour l’avenir du Sahel (le démographe Michel Garenne n’hésite pas d’ailleurs à parler « d’une bombe démographique »[3]) insuffisamment, voire pas du tout, prise en compte par les politiques de développement. Cette question soulève en particulier pour les pays concernés[4] des problèmes de gestion quasi insurmontables en termes de gestion durable des terres arables , des sols et des ressources agricoles, d’approvisionnement en eau, de construction d’écoles et de centres de santé, de lutte contre la pauvreté et les inégalités sociales.

Seules la construction et la mise en place d’un partenariat stratégique entre les Unions (européenne et africaine), renouvelant complètement les politiques existantes, sortant des logiques de charité et de clientélisme qui ont trop souvent prédominé ces 50 dernières années, dépassant les discussions sur les seuls aspects migratoire et sécuritaire, bâtissant une relation politique et économique véritablement égalitaire, permettra d’offrir aux peuples Européen et Africain la perspective d’un nouvel avenir et de peser, aux côtés des Etats-Unis de Donald Trump, de la Russie de Vladimir Poutine, de la Chine de Xi Jinping et d’autres puissances émergentes, sur l’avenir de notre monde.

La complexité des processus régionaux d’intégration de part et d’autre de la Méditerranée (on peut difficilement parler d’une seule Afrique ou d’une seule Europe), leurs aléas économiques, politiques et sociaux, nécessitent l’implication accrue des Etats les plus concernés, dont notre pays. De par son histoire et ses valeurs, sa géographie et ses voisinages méditerranéen et de l’Océan Indien, ses liens de culture et de langue avec de nombreux pays africains, la diversité et la richesse de toutes ses communautés binationales franco-africaines (installées en France ou en Afrique), la France a en effet un rôle moteur à jouer pour impulser cette nouvelle dynamique. Elle ne pourra cependant pleinement tenir ce rôle sans revoir elle-même, avec exhaustivité et rigueur critique, les piliers de sa politique africaine et procéder à la nécessaire rénovation de ses relations avec les pays et les organisations régionales africaines.

Cette démarche de refondation de la politique franco-africaine pourrait s’appuyer sur les trois axes suivants :

  1. Rompre pour renouveler : l’indispensable passage de relais.

L’image de la France dans l’opinion publique africaine reste trop souvent associée à une relation paternaliste, voire néo-coloniale, dans le soutien qu’elle continuerait à apporter à des régimes politiques autoritaires et corrompus. L’ingérence supposée de la France dans les affaires internes des pays africains et notre prétendue mainmise économique et stratégique sur les ressources du continent sont régulièrement dénoncées à travers le contrôle que nous continuerions à exercer sur le Franc CFA, nos interventions militaires (qui ont pourtant eu pour effet contraire ces dernières années de rétablir ou d’aider des régimes démocratiques en Côte d’Ivoire, au Mali et en République Centrafricaine), le soutien à nos seuls intérêts économiques au détriment de la production des entreprises locales.

Des actes symboliques forts paraissent plus que jamais nécessaires pour traduire une rupture par rapport à cette image dégradée.

Une nouvelle politique africaine de la France pourrait s’ancrer sur l’idée d’un passage du relais :

  • Un passage de relais de la responsabilité monétaire, avec une réflexion sur l’avenir de la zone Franc. Un comité des Sages, associant des économistes et experts africains (francophones et anglophones), français et européens, pourrait être chargé de réfléchir à des propositions d’évolution de la zone Franc, sans remettre en cause ses avantages (la convertibilité, la stabilité monétaire…) mais en modernisant certains aspects (son nom, la présence d’administrateurs français dans les instances de gouvernance des 3 banques centrales, sa faible ouverture à des Etats non francophones), trop souvent perçus comme un héritage de l’époque coloniale.
  • Un passage de relais de la responsabilité sécuritaire, en poursuivant la politique de révision des accords de défense entreprise sous le Président Nicolas Sarkozy et en aidant l’Union africaine et les organisations sous régionales (comme la CEDEAO) à mettre en place des forces militaires d’intervention d’urgence en cas de crise. Une lutte efficace contre la menace terroriste au Sahel (Aqmi, Boko Haram) passera par un renforcement systématique des capacités régionales et nationales, y compris dans la formation de forces spéciales. L’enjeu de la sécurité régionale en Afrique est aujourd’hui de passer d’une approche réactive à une approche beaucoup plus préventive.
  • Un passage de relais de la responsabilité économique, en favorisant les investissements locaux et les partenariats (joint-ventures, parrainages) d’entreprises françaises et africaines (y compris par des mécanismes idoines d’incitation fiscale et de protection juridique, comme l’OHADA).  Des mécanismes incitatifs d’accompagnement à la recherche et à l’innovation en Afrique pourraient être mis en place en renforçant les formations et les mécanismes de dépôt de brevets locaux (dont le nombre par rapport à l’Europe, aux Etats-Unis, mais aussi la Chine ou le Brésil, reste dramatiquement faible).
  • Un passage de relais aux sociétés civiles des Etats partenaires du contrôle de la redevabilité démocratique. La démocratie ne gagne jamais à être imposée de l’extérieur. La lutte contre la corruption ne se dicte pas dans le formalisme des appels d’offre des bailleurs de fonds internationaux. Le renforcement des capacités des Etats partenaires passe donc en tout premier lieu par un renforcement de leurs sociétés, seules à même d’observer et de faire contrepoids à d’éventuelles tentations autocratiques. S’appuyant sur ses réseaux exceptionnels d’ONG et d’associations (tant dans les domaines humanitaire, du développement ou des droits de l’Homme), la diplomatie décentralisée de ses collectivités territoriales, les actions souvent exemplaires de responsabilité sociale et environnementale de ses entreprises et fondations, la France pourrait promouvoir la mise en place d’une facilité mixte d’appui aux projets non étatiques, réservée aux actions conjointement instruites et présentées par une structure française et une structure africaine (telles que des associations, entreprises, fondations ou encore collectivités territoriales).
  1. Dialoguer pour coconstruire : de nouveaux vecteurs d’influence.

La richesse des communautés binationales comme vecteur d’influence et de relais des positions françaises en Afrique a été jusqu’à aujourd’hui malheureusement inexploitée et gagnerait à être bien davantage valorisée.

Plusieurs décisions pourraient être décidées dans ce sens par le nouveau Président de la République Française élu en mai prochain :

  • L’intégration plus systématique dans les instances de gouvernance de la coopération française (conseils d’administration de l’Agence Française de Développement –AFD-, d’Expertise-France, des organismes de recherche), à titre de personnalités qualifiées ou plus institutionnellement, de représentants de la diaspora. Le Conseil national pour le développement et la solidarité internationale (CNDSI) devrait notamment comprendre un neuvième collège de personnalités issues des diasporas.
  • Des mesures devraient être adoptées pour renforcer le recrutement, la promotion, l’affectation de personnels originaires des diasporas au ministère des Affaires étrangères et dans les organismes français qui interviennent en Afrique. Pour le ministère des Affaires étrangères, cela pourrait passer, dans le respect total des règles de recrutement de la fonction publique française, par un renforcement au sein du concours d’Orient de la part des recrutements opérés dans les langues africaines parlées en Afrique de l’Ouest et centrale (comme le wolof, le bambara, le haoussa, le peul, ou le sango).

La France devrait également engager une réflexion active sur l’amélioration de son image dans les jeunesses africaines, en mettant en place des instances spécifiques de concertation (qui pourraient se tenir en amont ou en marge de sommets Afrique France, davantage ouverts au monde des entreprises, des collectivités territoriales et à la société civile), en facilitant les procédures de mobilités pour les étudiants dans l’enseignement supérieur français (y compris après leur retour dans leur pays d’origine après l’obtention d’un diplôme français) et en favorisant des jumelages scolaires et universitaires. La mise en place d’un visa francophone de longue durée (5 ans) pourrait être explorée. La France pourrait enfin appuyer la conception et la promotion d’un programme Erasmus à l’échelon africain, dont elle serait partie prenante. Les universités françaises seraient incitées à développer des associations franco-africaines pour faciliter les échanges universitaires.

  1. Investir pour un programme de développement partagé entre l’Europe et l’Afrique.

Jusqu’au rétablissement de nos finances publiques, les moyens budgétaires français resteront nécessairement contraints. L’objectif devrait être dans un premier temps de stabiliser le niveau de l’Aide Publique au Développement (APD) de la France, de doubler sur le quinquennat la part du financement des dons-projets (pour éviter le saupoudrage inefficace des projets auquel correspond son étiage actuel), d’en renforcer la concentration sur l’Afrique et les pays en crise, avec l’affichage de priorités sectorielles claires pour l’AFD , qui pourraient être le développement humain et l’éducation (en incluant la réflexion sur la question de la transition démographique précédemment évoquée), la gouvernance démocratique et le développement économique.

La place prise par l’AFD dans notre dispositif de coopération est aujourd’hui centrale. L’Agence est un remarquable relais de l’influence française dans les pays en voie de développement et en Afrique, mais son statut bancaire commun paraît parfois brider ses ambitions et lui imposer des contraintes réglementaires excessives par rapport à l’objet même des opérations de dons et subventions qu’elle gère pour le compte de l’Etat. Une évolution législative ne devrait pas être exclue sur ce point précis qui ne serait d’ailleurs pas contradictoire avec le processus de rapprochement engagé avec la Caisse des Dépôts et Consignations.

Pour ce qui a trait au développement humain et à l’éducation, cette dernière étant le parent pauvre de l’action de la communauté internationale (comparativement aux financements du Fonds Mondial de lutte contre le SIDA, la tuberculose et le paludisme, ou encore à ceux annoncés pour le Fonds Vert), la France pourrait proposer une réflexion sur la mise en place d’une plateforme commune fédérant les approches souvent dispersées de la Banque Mondiale, de l’UNICEF et de l’UNESCO. En ce qui concerne le volet bilatéral de notre coopération, aux côtés des actions des bailleurs de fonds multilatéraux qui interviennent plus classiquement sur l’éducation de base, il pourrait être demandée à l’AFD d’apporter une priorité à la consolidation et la mise à niveau du système universitaire et de filières francophones professionnelles (tourisme, services). En lien avec l’Agence pour l’Enseignement du Français à l’Etranger (AEFE) , le démarrage d’une réflexion sur le possible rayonnement des établissements scolaires français comme centres de formation d’excellence apparaît enfin indispensable.

En ce qui concerne la gouvernance démocratique, outre la facilité mixte d’appui aux projets non étatiques, un renforcement des actions de formation et de lutte contre les trafics illicites, qui sont à la racine de nombreux conflits africains (le narcotrafic en Afrique de l’Ouest, l’exploitation illégale des diamants et minerais en Afrique centrale, les filières d’émigration illégales), devra être mis en œuvre en lien avec l’Union Africaine et les organisations sous-régionales concernées.

Les actions de développement économique devraient quant à elles mettre l’accent sur l’incubation, l’accompagnement et le développement des petites et moyennes entreprises, avec de possibles formules de mentorat à la fois en France et dans les pays africains. Le secteur de l’énergie (en particulier celui des énergies renouvelables et d’une meilleure interconnexion entre les réseaux) pourrait s’inscrire comme un secteur de concentration d’intérêt commun au bénéfice de toutes les parties concernées : l’accès énergétique conditionne très largement le décollage industriel de l’Afrique ; l’Afrique a un large potentiel de développement énergétique (hydraulique, solaire, éolien) pouvant bénéficier à des investissements français ; une trajectoire énergétique verte de l’Afrique conditionne très largement le succès du dernier accord climatique de Paris.

 

La recherche et l’université sont enfin des secteurs à ne pas négliger si nous voulons réellement construire un avenir partagé. Afin de renforcer les liens entre recherche et secteur privé sur le continent africain, la France pourrait aussi décider d’ouvrir le prochain programme d’investissement d’avenir (PIA) à des projets d’investissement/recherche portés (ou coportés avec des entreprises/universités françaises) par des acteurs africains. La mise en place de bourses d’excellence doit permettre de développer ces dispositifs. Des contrats à durée limitée impliquant un retour au pays pour les universitaires, chercheurs, et le secteur privé peuvent et doivent permettre des échanges de talents au bénéfice de tous les partenaires. La création en lien avec l’Union Africaine d’une structure de financement de la recherche africaine, sur le modèle développé par l’Union européenne de l’European Reaseach Council (ERC), permettrait de financer des projets de recherche d’excellence.

[1]. L’auteur de cet article souhaite vivement remercier toutes les personnes, notamment de la diaspora franco-africaine, qui y ont apporté leurs réflexions et tous les commentaires reçus.

[2]. Lionel Zinsou et Al. (2013), « Un partenariat pour l’avenir : 15 propositions pour une nouvelle dynamique économique entre la France et l’Afrique», http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/134000824.pdf

[3]. Le Monde, 17 janvier 2017.

[4]. Les taux de natalité actuels laissent entrevoir une augmentation de la population du Sahel de 135 millions de personnes en 2015 à 330 millions en 2050. Le Niger qui comptait 3,4 millions d’habitants à l’indépendance en 1960 atteint pratiquement en 2015 20 millions d’habitants. La projection actuelle est de 72 millions d’habitants pour 2050. Le Mali qui comptait 5,3 millions d’habitants à l’indépendance en 1960 atteint en 2015 17,6 millions d’habitants. La projection pour 2050 est de 46 millions…

Premier forum économique Allemagne-Afrique

L’Allemagne et les pays africains cherchent à renforcer les liens commerciaux et les investissements dans le cadre du tout premier forum économique Allemagne-Afrique

Le forum Allemagne-Afrique cherche à « combler le fossé » en facilitant le dialogue, les relations d’affaires et les échanges commerciaux et politiques dynamiques

  • L’Afrique représente l’une des priorités du gouvernement allemand pour sa présidence du G20 en 2017
  • Il existe un large consensus en faveur du développement des relations commerciales ; l’Afrique est la région du monde bénéficiant de la croissance la plus rapide et les entreprises allemandes ont besoin de trouver de nouveaux marchés

Cette année, l’Allemagne accueillera le premier événement privé exclusivement dédié au renforcement des liens commerciaux et des investissements entre l’Allemagne et le continent africain. Le forum économique Allemagne-Afrique (www.GermanyAfrica.com), qui se tiendra le 23 mars 2017 à Francfort, repose sur la vague d’intérêt du gouvernement allemand et des entreprises allemandes pour accroître leur engagement auprès des pays africains. En octobre dernier, la chancelière allemande a effectué une visite de 3 jours au Mali, au Niger et en Éthiopie, en assurant que l’Afrique serait un interlocuteur majeur de sa présidence du G20, qui a débuté en décembre 2016.

Malgré ses transactions commerciales annuelles d’un montant de 60 milliards de dollars avec l’Afrique, l’Allemagne traîne derrière d’autres pays qui ont déployé davantage d’efforts pour saisir des opportunités commerciales. Le forum Allemagne-Afrique cherchera à familiariser les entreprises allemandes avec le continent et à diversifier leurs placements. Sur les 10 milliards de dollars d’investissements allemands sur le continent chaque année, 90 pour cent se concentrent sur seulement trois pays : l’Afrique du Sud, le Nigeria et l’Algérie.

« Il existe un consensus sur le fait que l’Afrique reste mûre pour le Mittelstand allemand. Les entreprises montrent déjà un grand intérêt dans des endroits où leurs compétences et leurs technologies peuvent apporter de la valeur », a indiqué Charles Huber, député et membre du Comité de coopération économique et de développement de la République d’Allemagne, et orateur dans le cadre du forum. « Le besoin de l’Allemagne de toucher de nouveaux marchés coïncide avec les indicateurs économiques de plus en plus sains de nombreux pays africains, notamment la croissance de la classe moyenne, la meilleure stabilité politique et l’envie de développer la fabrication au niveau national. L’Afrique apprécie particulièrement l’éthique du travail, la précision et la fiabilité allemandes. »

Sur les 10 milliards de dollars d’investissements allemands sur le continent chaque année, 90 pour cent se concentrent sur seulement trois pays

Il est largement convenu que l’Afrique reste mûre pour les investissements allemands, depuis les petites entreprises naissantes jusqu’aux géants industriels couvrant l’ensemble du spectre économique. Les entreprises du Mittelstand allemand montrent déjà un intérêt dans des endroits où leurs compétences et leurs technologies peuvent apporter de la valeur. L’Allemagne a fortement besoin de toucher de nouveaux marchés, tandis que leurs entreprises ne réalisent que 2 pour cent de leurs activités en Afrique.

La nécessité de resserrer les liens commerciaux et d’investissement entre l’Allemagne et l’Afrique n’a jamais été aussi grande. Six des 10 économies bénéficiant de la croissance la plus rapide au monde se trouvent en Afrique et le continent devrait devenir la région à la croissance la plus rapide au monde jusqu’en 2040. Le forum Allemagne-Afrique cherche à « combler le fossé » en facilitant le dialogue, les relations d’affaires et les échanges commerciaux et politiques dynamiques.

« Il existe déjà une base solide de relations commerciales entre le Nigeria et l’Allemagne et il est donc logique de les développer », a déclaré l’honorable Okechukwu E. Enelamah, ministre de l’industrie, du commerce et des investissements du Nigeria, qui participera à l’événement. « Le Nigeria est la plus grande économie d’Afrique, l’une de ses démocraties les plus stables et dispose d’un climat favorable aux entreprises. « Et que ce soit dans la construction, la fabrication ou la technologie, les entreprises allemandes portent un héritage d’innovation et de savoir-faire qui peut fournir une valeur inestimable aux deux parties ».

Sont déjà confirmés comme orateurs dans le cadre du forum économique Allemagne-Afrique : Charles Huber, député et membre du Comité allemand de coopération économique et de développement ; Okechukwu E. Enelamah, honorable ministre de l’industrie, du commerce et des investissements du Nigeria ; S. E. Gabriel Mbaga Obiang Lima, ministre des mines et des hydrocarbures de la Guinée équatoriale ; et Carole Kariuki, PDG de l’Alliance du secteur privé du Kenya.

Pour de plus amples informations, veuillez visiter www.GermanyAfrica.com.

Pour une industrialisation efficace de l’Afrique

L’IPEMED propose une étude sur l’industrialistion

Les pays d’Afrique du Nord et d’Afrique Subsaharienne s’industrialisent de plus en plus pour satisfaire – eux-mêmes – leurs marchés intérieurs en pleine expansion. Rien ne peut s’opposer à cette industrialisation en Afrique.

Mieux, l’Europe et la France doivent l’encourager par une politique industrielle hardie euro-africaine et par la co-production de cette industrialisation bienfaitrice du Sud. Mieux vaut en effet valoriser notre proximité géographique et culturelle et notre complémentarité en créant des entreprises de co-production, en créant des joint-ventures, en valorisant nos brevets et notre savoir-faire industriels et, ce faisant, en redynamisant notre propre tissu industriel.

Notre intérêt est de contribuer au développement industriel de l’Afrique « dont la démographie va porter 450 millions de jeunes sur le marché du travail en 30 ans alors que la croissance africaine actuelle ne permet d’espérer que la création de 250 millions d’emplois, le fossé est angoissant » selon Jean-Michel Severino. Il faut, à tout prix, chercher à renforcer la croissance industrielle africaine ! Il faut, à tout prix, soutenir les entrepreneurs africains !

Auteur :

Dr Mariem Brahim, chargée d’études économiques, IPEMED

Sommaire :

  • Industrialiser l’Afrique : challenges et priorités
  • L’Afrique du Nord : l’industrialisation est déjà en marche
  • L’Afrique Subsaharienne : un manque d’industrialisation
  • Deux processus vertueux sont à l’œuvre : l’industrialisation par les Africains et la co-production
  • Pourquoi amplifier et sécuriser ce mouvement d’industrialisation et de co-production en Afrique ?
  • Deux grands projets emblématiques : « les 1000 zones » et « Zéro Risque Politique »

L’étude est disponible ici : Pour une industrialisation efficace de l’Afrique

sommet Powering Africa

Dans l’attente des décisions des États-Unis en matière de politique étrangère, des dirigeants dynamiques du secteur africain de l’énergie se préparent à retourner à Washington DC pour la 3e édition du sommet Powering Africa qui se tiendra au mois de mars

Le sommet est à nouveau soutenu par Power Africa, l’organisation gouvernementale créée par les États-Unis pour établir le raccordement de 60 millions de nouveaux ménages et entreprises d’ici à 2030

Le sommet annuel Powering Africa (www.PoweringAfrica-Summit.com) revient à Washington DC en mars, pour fournir aux intervenants et aux développeurs du secteur africain de l’énergie une plateforme leur permettant de rencontrer des investisseurs multilatéraux et mondiaux et des fournisseurs de technologie. Lors de cette réunion seront présentés les principaux projets d’infrastructure et d’énergie aux partenaires les plus dynamiques.

En 2016, le sommet a accueilli 620 participants issus de 18 pays

En 2016, le sommet a accueilli 620 participants issus de 18 pays. Et bien que 65 % des délégués soient originaires d’Amérique du Nord, des investisseurs d’Europe et d’Asie étaient également présents afin de mettre sur pied des partenariats avec les principales entreprises du secteur de la technologie, les agences gouvernementales, la Banque mondiale, la SFI et d’autres, et de favoriser l’avancée de leurs projets africains en cours de développement.

Le sommet est à nouveau soutenu par Power Africa, l’organisation gouvernementale créée par les États-Unis pour établir le raccordement de 60 millions de nouveaux ménages et entreprises d’ici à 2030, favorisant ainsi l’objectif de doubler la taille de certaines économies africaines et le pouvoir d’achat des 1,5 milliards de personnes concernées.

L’Overseas Private Investment Corporation (OPIC), l’US Africa Development Foundation et l’US Africa Business Center (USABC) soutiennent également l’évènement. Simon Gosling, directeur général d’EnergyNet (www.EnergyNet.co.uk), a commenté : « C’est passionnant de travailler avec l’USABC cette année. Leurs membres sont d’une importance extrême dans la chaîne de valeur de l’énergie et redoublent clairement d’efforts pour faire avancer les projets, en apportant avec eux la capacité bancaire indispensable pour la capitalisation des projets. La présence et le potentiel du gaz africain dans le cadre de certains projets sont tout aussi passionnants.

Cette année, les participants seront exposés à des mises à jour cruciales dans le domaine de l’énergie au gaz, notamment le programme d’achat de gaz d’Afrique du Sud, qui donnera lieu à d’énormes opportunités pour les soumissionnaires et leurs partenaires technologiques. En outre, dans la mesure où certains pays se battent pour stabiliser la confiance des investisseurs [y compris l’Afrique du Sud], leur programme d’achats de PEI en partenariat avec le ministère du Commerce et de l’industrie pourrait entraîner la circulation de 50 % des capitaux internationaux à travers le pays dans les années à venir.

Par conséquent, présenter ce programme auprès de la Banque mondiale souligne davantage la confiance du ministre, du ministère de l’énergie et de l’équipe d’approvisionnement elle-même. Personnellement, je suis ravi. »

Farafina.tech une base de données Africaines au service de l’intégrité électorale 

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