L’insécurité alimentaire menace la République centrafricaine

En ce début d’année 2017, l’assistance alimentaire apportée à des milliers de centrafricains extrêmement vulnérables est en péril

Le Programme alimentaire mondial (PAM) a annoncé qu’il ne sera plus en mesure de fournir d’aide alimentaire à partir de la fin du mois de janvier faute de ressources financières suffisantes. L’organisation qui planifiait de fournir une assistance vitale à 700 000 personnes a dû réduire sa cible à 400 000 bénéficiaires avec des rations alimentaires réduites de moitié. Les distributions se sont drastiquement espacées alors que les programmes d’aide aux cantines scolaires ont également été suspendus à Bangui, exposant les plus vulnérables à davantage de carences.

A ce jour, 140 000 déplacés et 9 900 réfugiés bénéficient de l’aide alimentaire du PAM

Dans l’urgence, le Coordonnateur humanitaire, Fabrizio Hochschild, a déclenché la réserve d’urgence du Fonds humanitaire en RCA (FH RCA) permettant d’allouer une aide financière d’urgence d’un million de dollars américains au PAM pour pallier aux pénuries urgentes et critiques en attendant que les bailleurs répondent à l’appel de fonds qu’il leur a lancé. Cette aide d’urgence ne couvre que 10% des besoins actuels alors que le PAM a besoin de 21,5millions de dollars pour faire face à cette crise conjoncturelle.

Les affrontements entre groupes armés rivaux ont fait lors du dernier trimestre 2016 plus de 70 000 nouveaux déplacés. Ce chiffre ne cesse de croître avec la multiplication des ilots d’insécurité dans plusieurs préfectures. Dans ce contexte, il est devenu difficile pour la communauté humanitaire de répondre à tous les besoins notamment la sécurité alimentaire alors qu’elle constitue une des premières priorités et le premier poste de dépense dans toute situation d’urgence humanitaire. A ce jour, 140 000 déplacés et 9 900 réfugiés bénéficient de l’aide alimentaire du PAM.

La République centrafricaine qui sort à peine d’une crise politique et militaire dont les stigmates sont encore frais encourt le risque d’une famine sans précédent si rien n’est fait. Les 65% de Centrafricains dont les moyens de subsistance étaient tirés de l’agriculture n’ont pas été en mesure d’effectuer les semis en 2016 en raison de l’insécurité. Par ailleurs, il convient de noter qu’en 2017, 1,6 millions de Centrafricains auront encore besoin d’une assistance humanitaire. A titre d’exemple, dans la seule préfecture de la Mambéré-Kadeï, 335 822 personnes sont affectées par l’insécurité, dont 179 006 en insécurité alimentaire sévère.

Thierry BARBAUT
Thierry Barbaut - Directeur des financements solidaires chez 42 www.42.fr - Spécialiste en nouvelles technologies et numérique. Montage de programmes et de projets à impact ou les technologies et l'innovation agissent en levier : santé, éducation, agriculture, énergie, eau, entrepreneuriat, villes durables et protection de l'environnement.