Micro-projets : Focus sur l’Agence des Micro-Projets qui fête ses 30 ans de solidarité internationale

L’agence des Micro-Projets de La Guilde Européenne du Raid: Un système de financement rapide pour la mise en place de projets avec des perspectives de développement dans de nombreux secteurs en Afrique et dans les pays en voie de développement.

Des spécificités propres adaptées aux associations Françaises.

L’Agence des Micro Projet sur Internet: www.agencemicroprojets.org
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Rencontre avec Cécile Vilnet, coordinatrice de l’Agence des Micro-Projets

Thierry Barbaut : Pourriez-vous nous présenter l’agence des Micro-Projets ?

Cécile Vilnet : L’Agence des Micro-Projets est un programme de l’ONG La Guilde Européenne du Raid, association reconnue d’utilité publique. Née sur des fonds privés il y a 30 ans, cette initiative associative accompagne et finance les associations de solidarité internationale françaises dans la réalisation de leurs projets.

Fin février 2013, l’Agence Française de Développement (AFD) a accordé à l’AMP un nouveau budget, qui permettra l’atteinte de plusieurs objectifs :

–       Contribuer à soutenir et à valoriser les initiatives des associations françaises de petite taille en matière de microprojets de solidarité internationale ;

–       Accompagner les porteurs de ces petits projets dans l’élaboration, le suivi et l’évaluation des projets ;

–       Assurer le financement de petits projets de solidarité internationale dans les pays les moins avancés et à revenus intermédiaires, sur une variété de thématiques ;

–       Permettre un effet levier pour les petites ONG dans la mobilisation d’autres financements.

 

Quelles sont vos sources de financement ?

Cécile Vilnet : Nous avons comme principaux partenaires l’Agence Française de développement, et certaines des entreprises privées.

 

A qui vous adressez-vous ?

Cécile Vilnet : L’AMP s’adresse aux associations de solidarité internationale françaises et aux porteurs de microprojets qui mènent des actions dans les pays en développement, sur des thématiques très variées.

 

Quelles sont ces thématiques ?

Cécile Vilnet : Il s’agit des thématiques d’aide au développement, mis à part l’urgence, le post-urgence, le volontariat, les chantiers de jeunes qui ne sont pas éligibles. Parmi les thématiques éligibles, l’agriculture, l’éducation, l’accès à l’eau et à l’assainissement, la création d’activités génératrices de revenus sont les plus récurrentes.

 

Justement quels sont les critères d’éligibilité ? Quel est le cadre à respecter pour déposer un dossier ?

Cécile Vilnet : Afin de déposer un dossier aux Dotations aux microprojets, vous devez absolument:

–       être une association de droit français,

–       de plus de 3 ans d’existence (date de parution au Journal Officiel),

–       avoir moins de 100 000 € de ressources annuelles (comptes de résultats validés par la dernière Assemblée Générale),

–       mener un projet dans un pays éligible au Comité d’Aide au Développement de l’OCDE,

–       accorder une attention particulière à la pérennité du projet et à l’articulation du projet avec les autorités compétentes.

 

Des critères importants supplémentaires ?

Cécile Vilnet : Il y a de nombreux critères, dont un qui est lié logiquement à l’aide au développement, à savoir le critère de pérennité et de viabilité financière. C’est-à-dire que nous sommes en mesure d’aider un porteur de projet à investir dans son projet, à condition que les frais de fonctionnement soient couverts de manière locale. Il ne faut plus qu’il y ait de dépendance financière entre les pays du Nord et les pays du Sud.

 

Ce critère d’indépendance est-il lié à une durée ? si oui, à partir de quel laps de temps?

Cécile Vilnet : Nous considérons que le projet doit être autonome au bout d’une période de temps, d’une à trois années. Évidemment ce facteur est variable selon les projets, mais cela reste un point primordial.

 

Un calendrier est à respecter ?

Cécile Vilnet
Cécile Vilnet Coordinatrice de l’Agence des Micro-Projets de La Guilde

Cécile Vilnet : Tout à fait, nous avons deux sessions fixes, qui sont le 31 mars et le 30 septembre de chaque année et une session spécifique, dont la thématique est fixée par l’Assemblée Générale des Nations Unies.

Cette année, la thématique pour 2013 est la coopération internationale dans le domaine de l’eau, c’est pourquoi nous lançons un appel à projets sur cette thématique pour le 30 novembre. Les associations doivent nous déposer leurs dossiers avant ces dates butoirs.

Souvent les porteurs de projets nous soumettent leurs dossiers au dernier moment, juste avant la date limite. Nous leur conseillons de ne pas hésiter à prendre contact avec nous en amont, afin de convenir d’un rendez-vous et ainsi leur apporter un soutien direct pour le montage de leur projet. C’est l’un des services que nous proposons : réaliser des entretiens personnalisés, au téléphone ou lors d’un rendez-vous, participer à des formation spécialisées sur le montage et le financement de projets.

 

Quels conseils donneriez-vous aux associations qui veulent porter un projet avant de se lancer dans le dépôt de dossier ?

Cécile Vilnet : Le premier conseil que je donnerais c’est, avant tout, d’être accompagné dans sa démarche. Il existe des structures régionales qui sont là pour vous aider à monter vos projets. Et l’agence des Micro-Projets est la structure au niveau national.

Ensuite pour monter un projet il faut :

–       s’informer auprès de centres des ressources et de documentation et auprès des grands acteurs thématiques par le biais des actions de capitalisations des expériences…

–       s’entourer en s’appuyant sur des structures plus grosses, plus expérimentées, en mobilisant les populations originaires des lieux d’intervention et en utilisant les services d’accompagnement proposés notamment par l’AMP et les réseaux régionaux.

 

Concrètement comment l’Agence des Micro-Projet aide t-elle les porteurs de projets ? Quels sont les services  disponibles ?

Cécile Vilnet : Nous proposons des entretiens personnalisés gratuits à Paris et également dans certaines régions. Nous mettons également en lien les porteurs de projets avec les réseaux régionaux. En effet vous avez, dans certaines régions en France, des réseaux régionaux qui peuvent vous aider à monter vos projets. Cela permet de mettre à disposition des conseils dans les régions, sans obliger les porteurs à effectuer de longs déplacements.

 

Donc c’est une mise en réseau entre porteurs et structures d’aide ?

fond 2Cécile Vilnet : L’Agence intervient dans la mise en réseau des porteurs de projets en fonction des thématiques et pays dans lesquels ils interviennent. C’est un point crucial pour le partage d’informations sur les montages de projets, mais aussi pour le suivi et bien sûr le développement de ce réseau.

D’autre part nous avons une base de données sur internet qui répertorie les projets que nous avons déjà financés et à ce titre j’invite les porteurs de projets à se rendre sur le site de l’Agence des Micro-Projets dans la section « centre de ressources». Cette base permet de trier les projets par thématique, pays du projet et région d’implantation en France de l’association française. La base de données permet également de s’inspirer des projets, de leurs réussites et difficultés de mise en oeuvre et aussi d’entrer directement en contact avec les porteurs de projets et d’échanger librement avec ces derniers.

Notre objectif est de mettre à disposition l’ensemble des éléments indispensables au succès du montage de projet avec une forte valeur ajoutée sur le plan des relations humaines. Nous souhaitons rester toujours disponibles afin d’être en harmonie avec des critères parfois stricts d’éligibilités, mais en adéquation avec une conduite de projets réussie. Les porteurs de projets sont souvent perdus dans la jungle des bailleurs de fonds et nous les invitons à prendre contact avec nous afin d’être orientés.

 

Quels sont les avantages concrets des Micro-Projets par rapport aux autres projets ? Aider le secteur informel ? Une rapidité de mise à disposition des fonds ? Une meilleure compréhension des besoins locaux ? Une flexibilité du déploiement du projet selon la réussite ou les échecs ?

www.microprojets.orgCécile Vilnet : C’est une réelle proximité de l’aide, vous avez des besoins qui sont exprimés par les populations locales, futures bénéficiaires du projet. Ces populations sont vraiment impliquées à la base du projet et tout au long de celui-ci jusqu’à sa pérennité. Un autre avantage des micro-projets est que le coût financier est inférieur aux gros projets de développement. Les subventions seront plus faciles à trouver. Vous avez une certaine proximité qui va également se créer, non seulement géographiquement mais aussi humainement entre les porteurs de projet et le partenaire local.

J’insiste aussi sur le fait que la mise en œuvre des micro-projets est beaucoup moins longue, ainsi les porteurs et les bénéficiaires se découragent beaucoup moins vite dans la mesure où les résultats sont visibles rapidement.

 

Une adéquation entre rapidité de mise en place des projets et potentiel de développement ?

Cécile Vilnet : Oui les effets « multiplicateurs » sont à prendre en compte : un micro-projet bien réalisé avec des bénéficiaires satisfaits, peut donner des idées et provoquer une réelle synergie. Un micro-projet devient parfois un projet d’envergure.

 

Pourrions-nous parler d’impulsion ?

Cécile Vilnet : Oui tout à fait et notamment en termes d’innovation. Le micro-projet peut aussi être un pilote qui va être intégré dans un projet de plus grande envergure. Il est indispensable d’utiliser et de développer cette innovation pour de plus larges bénéficiaires.

Pour vous donner un exemple concret, une des premières associations que nous avons financé sur des fonds privés était « Opération handicap International » qui est devenue par la suite Handicap International. Les petites associations n’ont pas toutes vocation à grandir de cette façon, mais c’est un exemple des possibilités d’impulsions sur des micro-projets.

 

Vous basez-vous sur les réussites et les échecs pour mieux conseiller les porteurs de projets dans le déploiement terrain ?

amp-microprojetsCécile Vilnet : Bien sûr, les projets ne vont pas tous fonctionner à hauteur de nos espérances et certains ne marcheront pas dans la durée. Il faut bien sûr apprendre de ces échecs. C’est d’autant plus important quand le porteur de projet se tourne vers nous pour nous expliquer les raisons de son échec. Nous devons absolument capitaliser sur ces éléments importants et en tirer les conséquences.

Il est de notre mission de pouvoir communiquer ces informations aux porteurs de projets suivants afin qu’ils évitent ces pièges.

Encore une fois l’Agence des Micro-Projets est là pour aider les porteurs de projets et s’ils rencontrent des difficultés notre but est de les aider en les conseillant au fil du montage et du développement du projet. Et ce toujours de manière gratuite. Nous souhaitons privilégier ce contact, afin aussi de réorienter le projet en cours tant qu’il est encore temps.

 

Dans cette période de crise économique européenne et avec des pays en voie de développement qui émergent comment bien expliquer les enjeux de l’aide au développement ?

Cécile Vilnet : Le développement des pays du Sud aura un impact positif sur les pays du Nord, c’est un enrichissement collectif. Je pense aussi qu’en temps de crise, il est important de ne pas se replier sur soi, mais au contraire de s’ouvrir aux autres et à ces cultures qui peuvent aussi nous enrichir.

 

En vous projetant dans l’avenir quel serait votre plus beau rêve ?

Cécile Vilnet : Pour l’agence des Micro-Projets, c’est la capitalisation. En effet nous finançons des Micro-projets de solidarité internationale depuis 30 ans, mais comme tous les principaux bailleurs de fonds, les soucis que nous rencontrons sont liés à la capitalisation des informations et la mise en avant des bonnes pratiques, comme des échecs. C’est dans ce cadre que nous avons décidé d’ouvrir cette année un Observatoire des microprojets qui permettra justement de mettre en avant et de rassembler toutes les informations dont nous disposons. Cela permettra de synthétiser ces acquis afin d’en faire bénéficier les générations futures.

Plus personnellement, le souhait qui me tient a cœur serait de développer les échanges Sud-Sud. J’aimerais une moins grande dépendance, ainsi qu’une meilleure cohésion entre les différents acteurs afin de mieux équilibrer les partenariats entre les bailleurs de fonds, les porteurs et les bénéficiaires bien sûr.

 

Favoriser les échanges Sud-Sud ?

Cécile Vilnet : Exactement ; favoriser de nouveaux types de projets issus des pays du Sud qui puissent financer d’autres projets et ainsi renforcer les capacités des pays limitrophes; un financement mais aussi une prise de conscience des élites locales de la nécessité d’aider la population. Il y a énormément de capacités et de savoirs faire locaux et je rêve de les voir se développer. Nous envoyons souvent des experts des pays européens, alors que bien souvent les compétences sont bien présentes dans les pays d’action ou leurs voisins.

 

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Le site de l’Agence des Micro-Projets

L’agence des Micro-Projets est un programme de La Guilde Européenne du Raid

 

Deux exemples de projets portés par l’Agence des Micro-projets

 

L’agriculture avec Sakafat au Niger et la lutte contre les déchets avec l’association Peduli Alam

grain-de-sableL’agriculture en Afrique : Association Sakafat au Niger :

Appui aux producteurs de la vallée de Sakafat : le projet jardin

L’agriculture est une des principales activités génératrices de revenus dans la vallée de Sakafat, et développer l’agriculture c’est réduire le seuil de pauvreté de la population.

De plus, au travers de ce projet et par les contacts qu’il crée avec les jardiniers, il permet de sensibiliser les hommes à l’importance de la scolarisation des enfants, objectif premier de Grain de Sable.

Le projet jardin est basé sur trois éléments clés :
– Des microcrédits pour équiper les jardins et construire des puits,
– Des formations spécifiques,
– Des cours d’alphabétisation.

 

Avec Peduli Alam, à Bali, l’heure du combat contre les déchets a sonné

peduli-alam-2« Peduli Alam », protéger la nature en indonésien, tel est l’objectif ambitieux que se sont fixées Charlotte Fredouille et Laetitia Giroux, deux jeunes femmes sensibilisées aux nombreux problèmes de pollution par les déchets ménagers (et notamment les plastiques), lors de leurs voyages dans les régions déshéritées de l’Inde, du Népal et de l’Indonésie.

En 2008, elles créent l’association « Peduli Alam » qui se donne pour mission de sensibiliser les populations de la région d’Amed, à l’Est de Bali, à l’impact sur la nature et la santé de l’incinération ou du rejet des déchets dans la nature, les rivières et la mer. Et ce, tout en développant avec elles des solutions simples et faciles d’installation de poubelles, de collecte des ordures et de ramassage par camion jusqu’au centre de tri.

peduli-alamSur place, Charlotte Fredouille assure la coordination du projet. A ses côtés, deux responsables balinais sont en charge des relations avec les autorités, des campagnes de sensibilisation et de prévention dans les écoles et dans les villages, de la maintenance des poubelles et de l’organisation du service de ramassage.

A ce jour, les résultats sont très encourageants : déjà cinq tonnes de déchets non organiques sont ramassés chaque mois, tandis que les populations et les autorités locales s’impliquent de plus en plus dans le projet. Preuve en est, les chefs de villages organisent spontanément des journées de nettoyage et ce sont eux qui appellent pour réclamer des poubelles! »

Forte de ces premiers succès, l’association prévoit d’étendre son action de manière durable sur toute la côte de la zone concernée, jusque très haut dans les villages de montagne et, pourquoi pas, de développer le projet dans d’autres régions de Bali.

Bilan 2013:

– 130 poubelles publiques pour les déchets non organiques ont été construites.

– 300 poubelles individuelles ont été distribuées dans les épiceries locales, les familles et les écoles.

– 800 familles bénéficient désormais d’un réseau de collecte et ramassage des ordures ménagères gratuit et facile d’accès.

– 1200 élèves ont reçu un enseignement ludique sur le comportement à adopter face aux déchets, ils ont également reçu des livres sur l’environnement, des crayons et des cahiers ainsi que des documents de prévention.

– 1 camion passe une fois par semaine pour la collecte à destination du centre de tri d’Amlapura.

5 tonnes de déchets non organiques sont ramassées chaque mois

 

Thierry Barbaut
www.info-afrique.com

 

Thierry BARBAUT
Thierry Barbaut - Directeur Afrique et pays émergents chez 42 www.42.fr et consultant international - Spécialiste en nouvelles technologies et numérique. Montage de programmes et de projets à impact ou les technologies et l'innovation agissent en levier : santé, éducation, agriculture, énergie, eau, entrepreneuriat, villes durables et protection de l'environnement.