George Clooney, Soudan: l’association Satellite Sentinel Project surveille les crimes de guerre depuis l’espace

Dénoncer les crimes contre l’humanité au moyen d’un satellite. C’est le rêve fou de George Clooney qui commence à prendre forme, à travers l’association Satellite Sentinel Project (SSP), montée et financée par l’acteur américain.

Posté au dessus de la zone de conflit du Darfour (Soudan), le satellite est chargé de détecter les potentielles violations des Droits de l’Homme. « Je compte des tanks depuis l’espace », a expliqué au Guardian, le directeur du projet Nathaniel Raymond. Le satellite est actuellement en position stationnaire au dessus du Kordofan du Sud, une région du Sud du pays, limitrophe du Darfour.

Ainsi, le principe est de recueillir un maximum d’images de tanks, charniers et autres traces d’exactions pour d’éventuelles poursuites devant la Cour internationale de justice. Toujours selon le quotidien, l’association collecte les images satellites afin de les comparer pour analyser chaque mouvement de troupes, nouvelles routes…

Une partie des travaux de l’association a été présentée devant une commission sénatoriale aux affaires étrangères à Washington. George Clooney a assuré le 21 mars qu’il « ne fait absolument aucun doute qu’il s’agit de crimes de guerre », selon International Business Times.

Comment fonctionne l’ONG ?

Le système est en place depuis 15 mois et a déjà montré des gages de fiabilité. Un mouvement de 3.000 soldats se dirigeant vers la ville de Kurmuk a été repéré en septembre 2011. Les autorités locales ont donc pu être prévenues, a indiqué le Guardian, permettant à un nombre important de personnes de fuir avant l’attaque de la ville.

Derrière George Clooney, l’association est principalement constituée d’étudiants bénévoles dirigée par Nathaniel Raymond. C’est près de Havard Square, dans la périphérie de Cambridge, que l’ONG a été installée.

Pour pouvoir agir, SSP a signé des accords avec le groupe Google et la société d’imagerie satellite Digital Globe. « C’est une collaboration qui est en soi révolutionnaire. Personne ne pourrait le faire seul », a déclaré Nathaniel Raymond.

La question éthique: est-ce de l’espionnage ?

Communément, l’utilisation d’images satellites est considérée comme de l’espionnage. C’est le cas pour un pays déployant ses moyens d’observation dans l’espace. Mais SSP n’est pas un État mais une association humanitaire. Ainsi, il n’y a aucune législation précise sur l’opération financée par Clooney.

L’acteur américain a déjà une réponse toute faite: « Il s’agit d’espionnage s’il s’agit d’un pays, des Nations Unies, peut-être. Mais que faire si je suis un paparazzi avec un objectif de 400 miles [644km]? Est-ce de l’espionnage? Je suis juste un touriste et je prends des photos que je mets sur le Web », a-t-il répliqué à International Business Times.

Plus nuancé, le directeur du projet plaide pour une nouvelle législation. « Nous espérons que c’est un concept qui va devenir omniprésent dans notre trousse à outils, affirme Nathaniel Raymond. [Il doit y avoir un nouveau, ndlr] code d’éthique, juridique et moral, pour [les territoires] en cours de mappage », avant d’ajouter: « Avec le succès vient la responsabilité. »


Des nouvelles utilisations en gestation, dont la Syrie

L’équipe Satellite Sentinel Project étudie maintenant la possibilité de mettre en place ce système en Syrie, « ou dans n’importe quel autre pays où le ‘printemps arabe’ s’enlise », dit-elle dans le Guardian. Le projet dépasse maintenant largement l’idée de base, qui était initialement de documenter les crimes de guerre.

Mi-mars, l’acteur américain avait déjà fait parler de lui. Il avait était arrêté par la police américaine lors d’une manifestation devant l’ambassade du Soudan à Washington, une nouvelle fois pour médiatiser le conflit.

huffingtonpost.fr

Thierry BARBAUT
Thierry Barbaut - Directeur des financements solidaires chez 42 www.42.fr - Spécialiste en nouvelles technologies et numérique. Montage de programmes et de projets à impact ou les technologies et l'innovation agissent en levier : santé, éducation, agriculture, énergie, eau, entrepreneuriat, villes durables et protection de l'environnement.