
La Banque mondiale publie des projections économiques semestrielles pour chacune des régions du monde en développement : Afrique subsaharienne, Asie de l’Est et Pacifique, Europe et Asie centrale, Amérique latine et Caraïbes, Moyen-Orient et Afrique du Nord, et Asie du Sud.
Ces rapports éclairent les perspectives macroéconomiques et les tendances du développement régionales. Les nouvelles éditions sont publiées à l’occasion des Assemblées annuelles et des Réunions de printemps de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international.
Afrique subsaharienne

Selon l’édition d’octobre 2025 du rapport Africa’s Pulse, la dynamique de croissance économique en Afrique subsaharienne demeure robuste, malgré un environnement politique mondial plus incertain. L’activité régionale devrait progresser de 3,8 % en 2025, contre 3,5 % en 2024, avant de s’accélérer à un taux annuel moyen de 4,4 % sur la période 2026-2027.
L’emploi constitue le principal canal par lequel les populations bénéficient des fruits de la croissance économique. Or la majorité des nouveaux entrants sur le marché du travail rejoignent des secteurs informels, caractérisés par une faible productivité et des perspectives limitées en matière de croissance des revenus, de réduction de la pauvreté et de mobilité sociale. Les emplois salariés ne représentent que 24 % de l’ensemble des emplois, et ce chiffre est encore plus faible si l’on exclut l’Afrique australe. L’Afrique subsaharienne doit adopter un nouveau modèle de croissance fondé sur le développement des moyennes et grandes entreprises, véritables moteurs de productivité et de création d’emplois.
Asie de l’Est et Pacifique

La région Asie de l’Est et Pacifique continue d’afficher des performances de croissance supérieures à celles de la plupart des autres régions du monde. Toutefois, le maintien de la croissance et la création d’emplois plus nombreux nécessiteront des réformes ambitieuses dans un contexte mondial incertain. Le modèle de développement inclusif qui a fait le succès de la région est aujourd’hui confronté à de nouveaux défis.
Ces dernières années, l’expansion de l’emploi a principalement concerné des rôles de services à faible productivité, et souvent dans le secteur informel, qui offrent peu de possibilités d’avancement. En outre, les jeunes peinent à trouver un emploi et les femmes restent moins présentes sur le marché du travail. Dans la plupart des pays, le pourcentage de la population vulnérable susceptible de basculer dans la pauvreté est désormais supérieur à la part de la classe moyenne. Des réformes et des investissements dans le capital humain et l’infrastructure numérique, une concurrence accrue dans les services et le levier des politiques publiques peuvent contribuer à assurer une meilleure adéquation entre opportunités d’emploi et compétences de la main-d’œuvre.
Europe et Asie centrale

La croissance dans les économies en développement d’Europe et Asie centrale devrait fléchir cette année à 2,4 % en termes réels, contre 3,7 % en 2024, en raison principalement du ralentissement observé dans la Fédération de Russie.
La région est confrontée à la problématique de l’emploi : la plupart des emplois créés au cours des 15 dernières années l’ont été dans des fonctions relativement peu qualifiées et offrant un potentiel de rémunération limité. Le rapport met en avant les mesures indispensables pour relancer la productivité et créer des emplois : investir dans les infrastructures, le capital physique et le capital humain, comme l’éducation et la formation, améliorer l’environnement des affaires et mobiliser des capitaux privés. Ces efforts contribueront également à renforcer la résilience du marché du travail face aux mutations démographiques que connaît la région.
Amérique latine et Caraïbes

La région Amérique latine et Caraïbes poursuit ses efforts pour relancer la croissance et créer des emplois plus nombreux et de meilleure qualité, avec des progrès limités. Le taux de croissance régional devrait légèrement augmenter, pour passer de 2,2 % en 2024 à 2,3 % en 2025, les prévisions ayant été revues à la baisse pour de nombreuses économies.
Ces ajustements s’expliquent en partie par un environnement extérieur peu favorable, marqué par le ralentissement de l’économie mondiale, le déclin des prix des produits de base et une incertitude accrue. Dans ce contexte, il est crucial de favoriser l’activité des entrepreneurs et du secteur privé. Ces acteurs essentiels du progrès économique peuvent contribuer à la dynamique de croissance et de création d’emplois dont la région a besoin.
Moyen Orient, Afrique du Nord, Afghanistan et Pakistan

Les perspectives de croissance dans la région Moyen-Orient, Afrique du Nord, Afghanistan et Pakistan s’améliorent, suivant la tendance mondiale, malgré un contexte toujours marqué par les conflits, la fragilité et les déplacements de populations. La croissance régionale, portée par des performances plus solides que prévu dans les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) et les pays en développement importateurs de pétrole, devrait atteindre 2,8 % en 2025 et 3,3 % en 2026, contre 2,3 % en 2024.
Le dernier bulletin économique régional insiste sur la nécessité de créer des emplois et de mobiliser pleinement la main-d’œuvre afin d’améliorer les niveaux de vie. Dans ce contexte, la faible participation des femmes au marché du travail demeure un frein majeur à la croissance. Le rapport identifie les principaux obstacles à la participation économique des femmes — dynamiques familiales, normes sociales, cadres juridiques ou contraintes du secteur privé — et appelle à une plus grande intégration des femmes dans les marchés du travail de la région.
Asie du Sud

L’Asie du Sud est la région la plus dynamique du monde, avec un taux de croissance attendu de 6,6 % en 2025. Les projections indiquent cependant un fléchissement sensible à 5,8 % en 2026.
Les risques de dégradation résident principalement dans les répercussions du ralentissement économique mondial et des incertitudes entourant les politiques commerciales, les troubles sociopolitiques dans la région elle-même et les perturbations des marchés du travail causées par des technologies émergentes telles que l’intelligence artificielle. Des réformes visant à promouvoir l’ouverture aux échanges et l’adoption technologique pourraient avoir un impact transformateur sur l’Asie du Sud, en aidant la région à créer des emplois et à stimuler la croissance.