Prospérité en Afrique: Maurice donne la recette

Selon le dernier rapport annuel sur la liberté économique dans le monde (EFW), le rang de l’Afrique du Sud en matière de liberté économique s’est considérablement détérioré, passant de la 46ème position en 2000 à la 110ème cette année. L’Île Maurice quant à elle troque désormais la 8ème place du classement général contre sa 26ème position en 2000. Si l’Afrique du Sud avait suivi la voie mauricienne et renforcé le niveau de liberté économique, les Sud-Africains seraient aujourd’hui en meilleure santé, plus riches et plus heureux.

Lorsque l’économiste britannique James Meade s’est rendu à Maurice en 1960, il en a conclu que son avenir était peu prometteur. Après, il a reçu un prix Nobel d’économie, en 1977, et le petit pays insulaire mauricien a montré au monde que de sombres prédictions économiques ne correspondent pas forcément à la réalité, en particulier lorsqu’il s’agit d’un peuple à fort esprit entrepreneurial.

Maurice a connu une transformation économique remarquable, passant d’une économie à faible revenu basée sur l’agriculture, à un pays diversifié à revenu moyen-supérieur qui attire des investissements étrangers considérables. Plus précisément, Maurice a opté pour la consolidation de la liberté économique en libéralisant son économie, reconnaissant qu’il s’agissait de la meilleure voie pour générer la prospérité future.

Duo liberté économique et recul de la pauvreté

L’un des objectifs clés de l’indice EFW est d’établir s’il existe un lien entre la liberté économique, la croissance économique et la richesse. Les conclusions du rapport confirment sans ambiguïté que la liberté économique est étroitement liée à la prospérité et à la croissance: les pays économiquement libres ont tendance à se développer plus rapidement et à être plus prospères. Les pays du quartile supérieur du classement de liberté économique ont un PIB moyen par habitant de 40 376 dollars, contre 5 649 dollars pour les pays du quartile inférieur. Dans le quartile supérieur, le revenu moyen des 10% les plus pauvres était de 10 660 dollars, contre 1 345 dollars pour les plus pauvres du quartile inférieur. Il est intéressant de noter que le revenu moyen des 10% les plus pauvres des pays les plus économiquement libres est presque le double de celui des pays les moins libres. Cela montre que la liberté économique profite à tout le monde, aussi bien les pauvres que les riches.

L’impact de la liberté économique

Les personnes vivant dans les pays les plus libres peuvent également espérer vivre beaucoup plus longtemps, avec une espérance de vie moyenne de 79,5 ans, contre 64,4 ans dans le quartile inférieur. Plusieurs autres indicateurs sont meilleurs dans les pays économiquement libres que dans ceux qui ne disposent pas de liberté économique. Par exemple, les libertés politiques et civiles sont considérablement plus élevées dans les pays économiquement libres que dans les pays non libres. L’égalité du genre est plus grande dans les pays économiquement libres ; et les niveaux de bonheur y sont aussi plus élevés.

Les progressions faramineuses de Maurice

En 1990, Maurice avait un PIB moyen par habitant de 7 387 dollars et une espérance de vie moyenne de 69,4 ans. En revanche, l’Afrique subsaharienne avait un PIB moyen par habitant de 9 696 dollars et une espérance de vie moyenne de 62,1 ans. À partir des années 1990, pour éviter le déclin économique, Maurice a connu d’importants changements qui ont nécessité des réformes radicales dans la politique gouvernementale et des adaptations rapides de la part du monde des affaires. La manière dont les défis ont été relevés a montré la résilience du peuple mauricien et a permis de mieux comprendre les facteurs qui ont amené certains commentateurs à qualifier la performance de l’économie du pays au cours des dernières années de «miracle mauricien». C’est ainsi, qu’en 2017, le PIB réel moyen par habitant de Maurice était de 20 293 dollars (soit une augmentation de 175%) et l’espérance de vie moyenne était plus longue de cinq ans (74,4 ans). En Afrique subsaharienne, le revenu réel par habitant a augmenté de 27% pour atteindre 12 295 dollars et l’espérance de vie moyenne a augmenté d’un maigre 0,7 ans pour atteindre 62,8 ans.

Ramakrishna Sithanen, vice-Premier ministre mauricien et ministre des Finances et du Développement économique, a décrit la situation économique dans les termes suivants:

«Nous sommes confrontés à un problème très simple: nous sommes comme un patient malade et qui doit prendre des médicaments, peut-être pour un certain temps. Le patient veut aller mieux, il n’aime pas être malade, mais il ne veut peut-être pas prendre le médicament. À un moment donné, nous devons prendre le médicament ».

Le gouvernement sud-africain doit reconnaître qu’il a le pouvoir de réformer directement l’économie nationale et d’adopter des politiques susceptibles d’accroître la croissance et de réduire la pauvreté. Alors que le reste du monde s’achemine vers une liberté économique et des libertés civiles accrues, l’Afrique du Sud suit la trajectoire opposée. Cela se reflète dans le déclin spectaculaire de la croissance économique et dans des taux de chômage toujours élevés, avec près de 10 millions de personnes au chômage et sans aucun espoir de trouver un emploi, et sans savoir pourquoi.

L’Afrique du Sud manque d’institutions favorables à la liberté économique qui incluent les fondamentaux: liberté de choix personnel, échange volontaire, liberté de concurrence et sécurité des droits de propriété. Sans le renforcement de ces libertés centrales, il est difficile de définir comment l’Afrique du Sud pourra se développer et devenir plus prospère.

Jasson Urbach, analyste pour The Free Market Foundation – Article initialement publié en anglais par la Free market Foundation – Traduction réalisée par Libre Afrique – Le 16 janvier 2019.

L'équipe d'Info Afrique
Info Afrique est un média sur le développement de l'Afrique réunissant une centaine de correspondant basés dans les 54 pays d'Afrique et une équipe de permanents à Paris. Info Afrique traite les thématiques de l'économie, la culture, les nouvelles technologies, la politique, les infrastructures, les associations et ONG, des interviews des dossiers et des communiqués de presse.