
Le groupe islamiste armé Boko Haram a revendiqué aujourd’hui, dans une vidéo obtenue par l’AFP, l’enlèvement de plus de 200 lycéennes mi-avril dans le nord-est du Nigeria, qui a suscité une très vive émotion dans le pays et à l’étranger.
« J’ai enlevé vos filles », a déclaré le chef du groupe extrémiste Abubakar Shekau dans une vidéo de 57 minutes obtenue par l’AFP. Il évoquait les 276 lycéennes enlevées le 14 avril dans leur établissement scolaire de Chibok (nord-est), dans l’Etat de Borno, dont 53 ont réussi à s’enfuir et 223 sont toujours en captivité, selon la police.
Boko Haram est fondé en 2002 par Mohamed Yusuf, prédicateur radical, à Maiduguri, capitale de l’État de Borno. C’est d’abord une mosquée dotée d’une école coranique où les familles pauvres peuvent envoyer leurs enfants. L’organisation se politise et attire alors de jeunes étudiants en rupture de ban à l’université.
Selon le journal Rationalist International, un mouvement connu sous le nom de « Disciples du Prophète » (Al Sunna Wal Jamma), se réclamant également des Talibans afghans, fut la source de violences au sein de Damaturu, capitale de l’État de Yobe, le 31 décembre 200. Durant l’attaque, le groupe manifeste son hostilité envers le régime de Umaru Yar’Adua en vandalisant des postes de police afin de se procurer des armes et des munitions. Il occupe temporairement la localité de Kanamma, proche de la frontière avec le Niger, entraînant l’exode de la moitié des habitants.
De 2004 à 2009, des heurts souvent violents opposent ses militants aux forces de sécurité. Le gouvernement sous-estime le danger et prend la secte pour un groupuscule d’illuminés sans soutien. En 2006, Mohamed Yusuf fait l’objet d’une enquête pour activités supposées illégales, mais l’instruction est abandonnée. Il est arrêté à plusieurs reprises, notamment le 13 novembre 2008, pour « rassemblements illégaux » et « troubles à l’ordre public », mais relaxé sur décision de la cour.