En dépit de nombreux obstacles, les femmes africaines sont parmi les plus entreprenantes au monde. Pour faciliter leur émancipation et leur autonomisation, le microcrédit demeure un outil efficace, qui a fait ses preuves. A condition qu’il soit accordé à des taux raisonnables, comme le permet le FAFCI, un fonds que j’ai créé en 2012 et qui est déjà venu en aide à plus de 215 000 Ivoiriennes. Son taux de remboursement, dépassant les 98 %, témoigne de son succès.
L’entrepreneur de demain est une femme, et cette femme est africaine. Contrairement à certaines idées reçues, les femmes vivant sur le continent sont en effet les championnes du monde de l’entrepreneuriat : ainsi, près d’une Africaine en âge de travailler sur quatre (24%) est impliquée dans la création d’entreprises, selon une étude du cabinet Roland Berger pour Women in Africa. Les femmes d’Afrique sont donc plus de deux fois plus nombreuses à se lancer dans l’aventure entrepreneuriale que leurs consoeurs d’Asie du Sud-Est (11%), région qui figure pourtant parmi les plus dynamiques au monde en la matière. Et cet engagement se traduit de manière très concrète et bénéfique pour l’ensemble du continent : l’entrepreneuriat féminin engendrerait ainsi entre 250 et 300 milliards de dollars, soit entre 12% et 14 % du PIB africain.
Le microcrédit pour « l’empowerment » de la femme africaine
Si la volonté ne leur fait pas défaut, de nombreux obstacles jalonnent cependant le parcours des entrepreneuses africaines : sexisme ordinaire, normes et cultures patriarcales, domination masculine des milieux d’affaires, moindre accès à l’éducation, déficit de formations adéquates, tâches domestiques et familiales se superposant à leurs responsabilités professionnelles, etc. Une autre difficulté, et non des moindres, réside dans l’accès aux financements, indispensable pour qui souhaite lancer une entreprise. A l’image de tout ce qu’elles entreprennent, les femmes doivent se battre davantage que les hommes pour obtenir les fonds nécessaires au démarrage de leur activité, et se voient, souvent, refuser des crédits par les institutions financières traditionnelles.
C’est pour remédier à cette injustice que de très nombreux organismes de microcrédit ont vu le jour. Inventé par le professeur d’économie Muhammad Yunus au cours des années 1980, le microcrédit consiste à prêter de faibles sommes d’argent à une clientèle que les banques classiques considèrent habituellement comme non solvable. « L’argent, estime M. Yunus, quand il est utilisé par une femme dans un ménage, profite davantage à l’ensemble de la famille que lorsqu’il est utilisé par un homme ».
Ces micro-prêts permettent à leurs bénéficiaires de débuter une petite activité professionnelle génératrice de revenus. Ils sont synonymes d’émancipation et d’autonomisation, l’indépendance économique des femmes demeurant l’un des piliers d’un développement plus juste et plus durable. Mais la pauvreté est un phénomène éminemment sexiste : si les microcrédits permettent bien « l’empowerment » des femmes dans les pays en développement, leurs taux d’intérêts restent très élevés, frôlant, parfois, les 20%. Ainsi, si les taux usuriers et abus en tout genre demeurent minoritaires, ces dérives n’entachent pas moins l’ensemble du secteur de la microfinance. Elles représentent autant de freins à l’émancipation des femmes africaines.
Les taux réduits, un gage de succès du microcrédit
Lever ces freins, c’est précisément le but qu’avec mon époux, le président Alassane Ouattara, nous nous sommes fixé lorsqu’il m’a aidé à créer le Fonds d’Appui aux Femmes de Côte d’Ivoire (FAFCI). Fondé en 2012, ce dispositif innovant vise à permettre aux Ivoiriennes les plus vulnérables et non bancarisées d’accéder à des ressources financières en vue de créer ou de renforcer des activités génératrices de revenus. Et ceci, à coût réduit, le taux d’intérêts du FAFCI n’étant que de 1%. Je crois fermement que le fait de pratiquer les taux les plus bas possibles est un gage de succès, comme en témoigne l’extraordinaire taux de remboursement des crédits accordés par le FAFCI aux femmes de Côte d’Ivoire, taux qui atteint les 98%.
Depuis son lancement, le FAFCI est venu en aide à plus de 215 000 Ivoiriennes. Autant de femmes dynamiques, déterminées, courageuses, qui font face à l’adversité et mettent toutes leurs forces au service de leurs familles et communautés. Autant de femmes que je suis particulièrement fière de soutenir avec le FACFI et que je suis, à chaque occasion, honorée de rencontrer – à l’image de ces cultivatrices, couturières et ménagères de la commune d’Anyama, à Abidjan, auprès desquelles je me suis rendue en mars dernier. Autant de femmes qui, par leur travail, participent pleinement au développement et au rayonnement de la Côte d’Ivoire et de l’Afrique toute entière.