Loïk Le Floch-Prigent arrêté au Togo pour escroquerie

L’avocat de l’ancien PDG d’Elf a confirmé l’extradition de son client vers Lomé, tout en déplorant que la procédure n’ait pas été «respectée». Il craint pour son état de santé.

Loïk Le Floch-Prigent, l’ex-PDG d’Elf, a été arrêté samedi à Abidjan, dans le cadre d’un mandat d’arrêt international délivré par la justice togolaise dans une affaire d’escroquerie. Il a été extradé vers le Togo dans la soirée, en vue d’être entendu par un juge dès lundi, ont affirmé des sources gouvernementales du pays. Alors qu’il avait dans un premier temps évoqué un «enlèvement» de son client, son avocat, Me Patrick Klugman, a nuancé dimanche ses propos expliquant que les «formes de l’extradition telles que nous les connaissons actuellement n’ont pas été respectées».Dès sa sortie de l’avion à Lomé samedi soir, Loïk Le Floch-Prigent a été interpellé par les forces de sécurité togolaises, selon Radio France Internationale (RFI). Il a ensuite été transféré dans les locaux de la police nationale, d’après un diplomate en poste dans la capitale togolaise. Alors qu’il était la cible depuis 2011 d’un mandat d’arrêt international, son arrestation serait liée à celle, début septembre, de Pascal Bodjona. Cet ancien ministre togolais de l’administration territoriale est cité dans une affaire d’escroquerie internationale portant sur un montant de 48 millions de dollars (environ 36,5 millions d’euros), qui oppose un homme d’affaires togolais, Bertin Sow Agba, à un homme d’affaires émirati, Abbas El Youssef.

Une affaire au «caractère éminemment politique»

Avant d’être extradé au Togo, l’ancien PDG du groupe pétrolier avait été «entendu en qualité de témoin à Abidjan», a indiqué samedi Me Klugman, se disant «inquiet de son état de santé». C’est une affaire «à laquelle il se sent parfaitement étranger et qui, ces derniers jours, a pris au Togo un caractère éminemment politique parce que d’autres personnes sont impliquées», a ajouté l’avocat. Me Klugman a de nouveau exprimé dimanche son inquiétude pour «l’intégrité physique de son client qui doit subir une intervention médicale prévue le 26 septembre à Paris».

Cet ancien grand patron, qui aura 69 ans la semaine prochaine, a été nommé dans les années 1980 à la tête des plus grandes entreprises françaises, notamment le géant pétrolier Elf entre 1989 et 1993, mais aussi le chimiste Rhône-Poulenc (1982-1986), Gaz de France (1993-1995) et la compagnie ferroviaire SNCF (1995-1996).

Dans le cadre de l’affaire Elf dans les années 1990, Loïk Le Floch-Prigent avait été condamné à trois reprises et incarcéré, notamment pour abus de biens sociaux. Emprisonné cinq mois en 1996, il est à nouveau condamné en 2003 à cinq ans de prison pour des malversations financières. Mais il en sort au bout de deux ans pour raisons de santé. Il est renvoyé en prison en 2007 pour n’avoir pas respecté les conditions de sa libération conditionnelle, avant d’y repasser encore six mois en 2010 pour n’avoir pas payé une compensation adéquate à Total. Loïk Le Floch-Prigent travaillait ces derniers temps comme consultant dans des affaires pétrolières.

Thierry Barbaut
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Thierry BARBAUT
Thierry Barbaut - Directeur des financements solidaires chez 42 www.42.fr - Spécialiste en nouvelles technologies et numérique. Montage de programmes et de projets à impact ou les technologies et l'innovation agissent en levier : santé, éducation, agriculture, énergie, eau, entrepreneuriat, villes durables et protection de l'environnement.