Mali: Crise, états et chiffres, mais aussi réalité terrain et prise de pouvoir des Islamistes

La crise Malienne: Focus sur un conflit complexe mêlant êtas, religions et ethnies…

  • Comment ne pas aborder la crise malienne ? Les journaux s’en donnent à cœur joie, mais aucun ne souligne le profond mal-être des maliens et en particulier de ces « rebelles ».

  • Qui sont –ils ? Des minorités, des touaregs, des anciens combattants de l’armée libyenne, des déserteurs de l’armée malienne…et bien d’autres se sentant en marge de la société.

Le citoyen lambda vous dirait : « …encore une affaire d’argent ». Pour notre part, cette crise n’est que la conséquence logique d’une mauvaise répartition des ressources  et  d’une mauvaise volonté politique. Certains aspects essentiels de la démocratie soulignent la responsabilité des représentants élus, le respect du droit des minorités, le respect de la différence et la participation des citoyens. Les conflits nés de la confrontation entre le Mouvement National de Libération de l’Azawad  et le gouvernement malien date de 1958, début des revendications de l’autonomie du territoire d’Azawad.

rebelles_maliensQue peut-on reprocher à un peuple différent, d’un point de vu historique, culturel et ethnique,   qui se sent bafoué dans ses droits mais aussi dans son identité propre. Dans ses décisions discrétionnaires, dame nature dote le nord du Mali d’un climat désertique, d’un peuple nomade, en majorité Touareg, tiraillé entre le Burkina Faso, l’Algérie, la Mauritanie et le Niger ; elle dote ainsi le Sud d’un sol fertile, d’un climat tropical et d’un peuple sédentaire, Peuls.

Ce peuple se souvient toujours de cette administration  difficile à contrôler, arbitraire lorsqu’il s’agissait de collecter ou de recouvrer les impôts ; une administration qui considérait le nord comme une source d’enrichissement.

Il se souvient aussi de sa destruction culturelle lorsque par des décrets, on leur amputait de leur turban traditionnel, ou l’on déstructurait leurs troupeaux. Et cette aide alimentaire internationale, détournée par les dirigeants locaux ? Ou l’insécurité permanente, que ce soit à Gao, Tombouctou ou Kidal ? Sans oublier la politique de décentralisation pas ou très mal appliqué…La liste est longue…

  •            Le gouvernement malien est à condamné dans cette crise car il n’a pas favorisé ou veiller à l’harmonie, l’intégration et l’épanouissement de ce peuple différent.

  • Ces politiques publiques n’ont été que des hallucinations pour un peuple peu avantagé et déjà pauvre culturellement.

Bien entendu, cela n’excuse en aucun cas, les actions violentes de la MNLA. Néanmoins, cette situation n’est qu’un pot pourri où chaque groupe, chaque individu de quelque nature que ce soit vient semer sa mauvaise graine. De plus, des visions divergentes de solutions s’affrontent, ainsi que des intérêts différents. Conséquence : l’on perd le nord même du combat. Car, n’oublions pas que les conflits sont une véritable industrie, matérielle ou idéologique, dans ce monde. Comment ne pas soupçonner Al-Qaïda de s’y mêler ? Comment être surpris de ce leader de MNLA qui se révèle être un islamiste ?

 

Les autorités dirigeantes doivent saisir la teneur de l’irrédentisme et de sécession de la MNLA pour espérer trouver une solution à cette crise désolante qui n’à que trop durer. Le MNLA doit se recentrer sur réels objectifs afin de trouver un compromis pacifique.  Les élections prévues en juillet, peuvent être remis en question  surtout avec Kidal en fond d’écran.

 

Focus et dossier complet:

 

Le Nord du Mali est une zone désertique, négligée par les politiques publiques qui concentrent leurs efforts en un Sud dynamique et potentiellement conséquent.  Des années de conflits avec à la clé des accords multiples, mais aucun changement concret de la part des gouvernements. ???

L’administration malienne sous le régime de parti unique (U.D.P.M), était une administration difficile à contrôler. En effet, les recouvrements d’impôt, les contrôles des agents des Eaux et Forêts  se caractérisaient  par  l’arbitraire et les exactions envers  les contribuables. Les agents de l’Etat, conçoivent le Nord du Mali (« siège de l’ignorance »), comme une source d’enrichissement.

Il est de notoriété publique que  les aides  alimentaires, notamment l’Aide internationale,  sont détournées et vendues par les responsables locaux. Cf : les fameuses villas de la sécheresse !

Les problèmes fonciers sont exploités par les responsables pour acquérir de l’argent…

rebelles_somaliensDeux ans, avant les indépendances, les premiers bourgeons d’irrédentisme s’affirment. Les touaregs ne se sentent pas partie intégrante de ce territoire qui diverge totalement de leur histoire, leur ethnie ainsi que leur langue. Ce besoin de se construire dans un Etat autre que le Mali est pour eux un moyen de retrouver  leur identité propre. D’où la volonté de sécession. Cependant, l’indépendance est proclamée en 1960, et toutes les tentatives d’expressions à travers de nombreux conflits, ont été avorté par le gouvernement maliens jusqu’à aujourd’hui.

 

L’on peut se poser la question de savoir, si cette préoccupation est légitime ? L’Etat malien à eut largement le temps de favoriser des attitudes politiques permettant à ces populations de se sentir partie intégrante mais le gouvernement malien à trouvé des solutions mais les applications de politiques publiques n’ont pas arrangé les choses.

MONTRER LA MAUVAISES APPLICATIONS DES POLITIQUES PUBLIQUES

Ce qui se passe actuellement n’est que l’exacerbation  de cette idée directrice, ainsi plusieurs groupes s’y sont mêlés, chacun avec ses convictions dont les islamistes.

Comment ne pas aborder la crise malienne ? C’est un sujet extrêmement sensible.  Ce qui se passe actuellement remonte à un peu avant les indépendances.

Chronologie de l’irrédentisme touareg

Le conflit mené depuis début 2012 par le MNLA s’inscrit dans une suite d’insurrections généralement baptisées « rébellions touarègues », qui ont opposé certains membres du peuple touareg aux gouvernements du Mali et du Niger. 

  • 1958 : début des revendications politiques (séparation avec le sud, revendiqué depuis mai 1958, soit deux années avant l’indépendance du Mali en1960).
  • 1960 : indépendance du Mali.
  • 1962-1964 : généralement appelée « première rébellion touareg », qui fut très durement réprimée par l’armée malienne.
  • 1970 : la grande sécheresse dans le sahel. Le mouvement fut également très affaibli par les sécheresses de ces années 70.
  • 1990-1995 : la rébellion touareg de 1990-1995 au Mali et au Niger. Elle débuta en 1990, 2 ans après la création du Mouvement Populaire de Libération de l’Azawad (MNLA). Au Mali, une première période de conflit, située entre octobre et décembre 1990, aboutit à la signature des Accords de Tamanrasset en 1991 et du Pacte National en 1992.
  • 1996 : la paix fut finalement scellée le 27 mars 1996 à Tombouctou lors de la cérémonie de la Flamme de la Paix. Les rebelles Touaregs brûlèrent 3 000 armes utilisées durant la rébellion.
  • 2006 : le soulèvement touareg du 23 mai 2006 au Mali a abouti aux accords d’Alger signés le 4 juillet 2006.
  • 2007-2009 : la rébellion touareg de 2007-2009, au Niger et au Mali.
  • 2012 : l’insurrection menée par le MNLA initiée début 2012 au Mali. 

En 52 ans d’indépendance il y a eu plus de 7 conflits, soit en moyenne un accrochage tous les 7 ans.

 

Histoire et évolution du MNLA

Le MNLA était un mouvement politique, qui a muté en mouvement militaire. C’est une suite d’événements qui ont fait du MNLA un mouvement politique révolutionnaire. Il comprend tous les déçus du mouvement politique, des intellectuels et de jeunes diplômés chômeurs. Contrairement à une opinion répandue, il ne comprend pas que des touaregs mais comporte également d’autres communautés : arabes, peuls, sonrhaïs etc. Ces derniers risquent cependant un nettoyage ethnique si jamais l’indépendance est octroyée.

MALI-CRISIS/ANSARDINELe MNLA dit se battre pour la reconnaissance de l’autodétermination et l’indépendance de l’Azawad. Le 1er novembre 2010, une association politique, le Mouvement National de l’Azawad (MNA) qui regroupait de jeunes ressortissants du Nord Mali, a vu le jour. Ces jeunes voulaient se battre sur le terrain démocratique, mais ils ont subi la répression des services secrets maliens selon le porte-parole du MNLA. Si nous remontons plus loin dans l’histoire, le premier mouvement s’appelait Mouvement Populaire de l’Azawad (MPA) et prônait l’indépendance. Le MPA a été réprimé par l’armée malienne et les leaders du mouvement emprisonnés de 1963 à 1972.

En 1990 naquit la deuxième rébellion. Elle fut également étouffée. La répression de l’armée malienne contre les rebelles « touaregs » avait poussé nombre d’entre eux en Libye et en Algérie. Il y en a qui ont intégré l’armée de Kadhafi. Avec ce qui s’est passé en Libye, certains ont refusé de combattre les révolutionnaires libyens et ont rejoint le Mali. Le MNLA a accueilli d’anciens combattants de l’armée libyenne mais aussi de nombreux déserteurs de l’armée malienne. Parmi ceux qui sont rentrés de Libye il y en a un qui dirigeait l’armée du sud Libye.

Questions et préoccupations sur l’avancée du conflit

Si le Mali n’a pas de frontière avec la Libye, comment ses combattants ont pu rentrer sans être inquiétés ? Les gens du désert ne connaissent pas les frontières alors il semble impossible de mettre des barbelés dans le désert. Cela ne répond pas cependant à la question comment les gens d’AQMI qui sont des algériens ont pu s’établir au Mali.

La situation sur le terrain

797 000 Km². À Gao, trois groupes distincts se partagent le contrôle de l’agglomération, selon un député local, Abdou Sidibé : les touaregs du MNLA, les islamistes d’Ansar Dine et un groupe dissident d’AQMI, et enfin des trafiquants et groupes criminels.

Le Mali est-il en voie d’ « Afghanisation » ?

Il demeure un risque certain d’installation d’une zone grise, bastion à partir duquel des mouvements terroristes en quête de « re-légitimation » de leur action combattante depuis le mouvement d’autonomisation et son affaiblissement induit par la mort d’Oussama Ben Laden, pourraient agir vers la Mauritanie, l’Algérie, le Nigeria et le reste du Mali lui-même.

Les Etats-Unis ont toujours considéré la menace comme sérieuse et craignent cette perspective qui verrait une continuité territoriale entre cellules sahélo-sahariennes éparses d’AQMI, à cheval entre le Nord et le Nord-Est du Mali d’une part et l’Ouest du Niger d’autre part. S’ajoute en plus le mouvement Boko Aram qui sévit au Nord du Nigeria et plus à l’est, nettement plus à l’est, les islamistes somaliens du mouvement Al Chabab.

plan_attaque_mali_armee_francaise_ansardine_mujao_islamistesIls y ont, du reste, installés depuis quelques années des forces spéciales qui dépendent d’un commandement militaire dédié (SOCAFRICA, Special Operations Command Africa) qui a formé les militaires maliens et nigériens à ce dessein.

La mise en place d’exercices conjoints avec les militaires maliens, algériens, nigériens, mauritaniens, burkinabés par le truchement du programme Enduring Freedom Trans Sahara lancé en 2007, tout comme les 500 millions de dollars qu’ils consacrent depuis 2005 à travers le Trans-Saharan Counterterrorism Initiative et leur plan pan-sahel, sur un volet plus économique, depuis 2002, confirme leur vigilance quant à ce scénario du pire.

Washington redoute cette perspective. Elle leur fait parfois comparer ce qui est en train de se dérouler sous nos yeux à ce qui s’est passé dans l’Afghanistan des talibans vis-à-vis d’Al Qaïda entre 1996 et 2001, dans les zones tribales pakistanaises. La crise malienne inquiète car elle peut par-dessus tout attirer à terme l’AQPA (Al Qaeda en Péninsule Arabique). Cette éventualité renforce le soutien des Etats-Unis au régime yéménite pourtant vacillant sous la pression de ses forces sociales et de sa société civile.

Peu d’observateurs directs peuvent en tout cas témoigner de ce qui se passe réellement en amont du fleuve Niger, au Nord de la ville de Mopti, encore aux mains de l’armée malienne qui s’y est repliée.

On peut cependant constater les échos alarmants reçus de Gao et Tombouctou, tombés aux mains des islamistes du mouvement Ansar al Dine. 

Ce mouvement est dirigé par une ancienne figure de la rébellion touareg, Iyad Ag Ghaly, et constitue une des nombreuses cellules d’AQMI (Al Qaeda au Maghreb Islamique).  Rejoint depuis la prise de la ville le 2 avril dernier par des éléments du mouvement djihadiste nigérian Boko Aram, Ansar al Dine préfigure ce que d’aucuns, à l’instar du dernier président français Nicolas Sarkozy, qualifient déjà d’État terroriste au cœur de la bande sahélo-saharienne.

En tout état de cause le contraste est saisissant à quelques encablures de l’espace euro-méditerranéen dans lequel la transition démocratique s’est ancrée depuis le printemps 2011 et à quelques milliers de kilomètres d’un Sénégal post-électoral exemplaire dans sa transition politique.

Observations

Les causes lointaines se résument en une culture différente, une société hétérogène avec une absence de volonté d’appartenir à la nation malienne depuis mai 58. La zone arabo-berbère couvre une superficie de plus de 797 000 Km². Elle a été laissée en marge du développement : peu de routes, d’écoles, de poste de santé et d’élus dans le gouvernement nationale.

L’irrédentisme est devenu un instrument politique. En effet après chaque conflit, des budgets sont votés et les élites de la rébellion incorporées dans l’armée malienne.

-Par exemple le 5 novembre 2009, l’Assemblée nationale a adopté la loi relative à la
création d’un fond d’investissement, de développement et de réinsertion socio-économique des régions du Nord-Mali par 127 voix pour, 0 contre et 2 abstentions. Ce fond était  destiné à financer 39 projets et programmes de développement des régions de Kidal, Gao et Tombouctou pour un montant de plus de 700 milliards de francs CFA. Cette loi répond à un engagement pris par le gouvernement malien lors de ces accords de paix.

Les causes immédiates ou l’effet papillon sont le printemps arabe, la guerre en Libye et la mort du guide libyen. Elles ont poussé les mercenaires touaregs au départ. Ils sont partis avec armes et bagages. La présence de l’AQMI, de l’Ansar Dine et la mort de Ben Laden ont poussé les islamistes à délocaliser en Afrique subsaharienne.

La création d’un Etat touareg est-elle envisageable ? Non. Cela violerait le principe d’intangibilité des frontières coloniales qui est en vigueur depuis 50 ans dans l’Union Africaine. Il y a certes eu quelques exceptions, comme le Sud-Soudan ou l’Erythrée, mais c’était très différent. D’abord, on peine à imaginer la viabilité d’une telle région, « vu l’absence de ressources économiques et d’infrastructures ». Et puis la région comporte de nombreux autres groupes éthniques qui, comme les Maures ou les Toubous, n’accepteraient pas un contrôle touareg. Enfin, quelles seraient les frontières de cet État ? Les Touaregs ne sont pas seulement présents dans le nord du Mali, ils sont aussi au Burkina Faso, au Niger et en Algérie.

Or on voit mal comment ces pays accepter de modifier leurs frontières.

Ousialveck DJONA,