Comment attirer davantage de financements privés dans l’agro-industrie, le logement et le tourisme en Afrique de l’Est ?
C’est le thème choisi pour l’édition annuelle du Forum sur le financement du développement, qui réunit ce mois-ci à Kigali un large éventail de hauts responsables des secteurs public et privé. Aux yeux des dirigeants est-africains, ces trois secteurs sont essentiels au soutien de la croissance, à la création d’emplois et à la transformation économique durable de leurs pays, et sont donc appelés à jouer un rôle clé dans le développement de la région.
Le Groupe de la Banque mondiale parraine le Forum sur le financement du développement afin de mettre en contact les principales parties prenantes qui, en s’unissant, peuvent améliorer la situation de l’investissement dans les pays les moins avancés. Notre objectif est de déterminer les contributions que chaque acteur peut apporter et d’approfondir les idées, initiatives et collaborations prometteuses, afin de leur donner l’élan supplémentaire qui favorisera leur réussite. Pour les partenaires d’investissement, le moment est on ne peut plus propice pour miser sur une région aux économies extrêmement dynamiques et où nombre d’innovations sont mises en œuvre.
Je participerai au Forum avec mes collègues des autres branches du Groupe de la Banque mondiale, IFC et la MIGA. Je suis très heureux que l’Association internationale de développement (IDA), l’institution du Groupe que je représente, soit plus que jamais en mesure d’aider nos pays partenaires à atteindre leurs objectifs.
. Ses ressources sont reconstituées tous les trois ans. Le cycle en cours, qui correspond à la dix-huitième reconstitution du fonds de l’IDA (IDA-18), bénéficie une fois encore du soutien marqué de nos partenaires. En outre, et pour la première fois, les contributions de nos donateurs sont complétées par des fonds levés sur les marchés financiers.
Ce nouveau modèle de financement permet à l’IDA d’atteindre un niveau de ressources sans précédent, soit 75 milliards de dollars sur trois ans. Sur ce montant, nous prévoyons d’allouer environ 45 milliards à l’Afrique, et la première année d’IDA-18, récemment clôturée, montre que nous sommes sur la bonne voie :
.Cette montée en puissance de l’IDA s’est accompagnée d’une autre avancée majeure : les pays actionnaires du Groupe de la Banque mondiale ont approuvé en avril dernier une forte augmentation de capital tant pour la BIRD, qui prête aux pouvoirs publics des pays à revenu intermédiaire, que pour IFC, qui investit directement dans le secteur privé. Enfin, la MIGA, l’autre branche du Groupe dédiée au secteur privé, renforce également sa position financière.
Notre solution passe par un mélange de méthodes qui ont fait leurs preuves et d’innovations. Mis en place dans le cadre d’IDA-18, en partenariat avec IFC et la MIGA, . Le PSW intervient de différentes façons pour dynamiser l’investissement dans les pays qui bénéficient de l’aide de l’IDA : en y créant un environnement favorable, en réalisant des investissements complémentaires, en fournissant des garanties et en investissant directement dans le secteur privé. Il s’appuie pour cela sur les réalisations novatrices d’IFC dans la mobilisation et la gestion de capitaux levés auprès d’investisseurs dotés de normes rigoureuses et d’une gouvernance d’entreprise solide pour opérer dans les pays les plus pauvres. Le PSW peut aussi compter sur l’effet de levier de la MIGA pour libérer le potentiel d’investissement.
En combinant ressources publiques et privées, le PSW peut aider le secteur privé à créer des marchés et démontrer qu’avec une formule risque/rendement adaptée, les marchés naissants sont propices aux investissements et rentables, ce qui conduira à des investissements supplémentaires. La première année d’existence du PSW a marqué un démarrage en force, avec des engagements de l’IDA qui se sont élevés à 185 millions de dollars, et plus de 600 millions de dollars d’investissements d’IFC et de garanties de la MIGA. Cela a permis de mobiliser 800 millions de dollars de financements privés pour les pays IDA les plus difficiles.
Le PSW engrange déjà une expérience mondiale utile à des secteurs hautement prioritaires pour l’Afrique de l’Est. Dans celui de l’agro-industrie par exemple, le PSW a permis à la MIGA de fournir une garantie d’assurance contre les risques politiques à un projet de traitement des raisins secs en Afghanistan. Dans le domaine du financement du logement, il a permis d’atténuer le risque de change afin de soutenir les investissements d’IFC dans des sociétés de crédit hypothécaire en Afrique de l’Ouest et au Bangladesh. Enfin, des projets sont aussi à l’étude dans le secteur du tourisme.
Parallèlement aux mécanismes innovants du PSW, l’IDA considère depuis toujours que les interventions du secteur public sont des éléments clés pour stimuler le développement du secteur privé.
. Il s’agit là d’actions indispensables pour que le secteur privé puisse investir, croître et prospérer.Grâce à l’augmentation des ressources allouées aux pays et à la création de guichets de financement spéciaux, IDA-18 a déjà accru considérablement le soutien aux États, notamment en Afrique de l’Est. Au total, les pays de la région ont accès à plus de 7 milliards de dollars sur la période de trois ans et ils peuvent également mobiliser des fonds supplémentaires par le biais des dispositifs régionaux et autres guichets spéciaux de l’IDA. Toutes ces ressources financières sont destinées à promouvoir le développement en Afrique, mais le succès de cet engagement dépendra également des investissements du secteur privé, en particulier du secteur privé africain. C’est pourquoi le Forum pour le financement du développement s’efforce aussi de renforcer les liens et les partenariats avec le secteur privé en Afrique.
En effet, côté demande, le Groupe de la Banque mondiale contribue à développer le marché du financement du logement et, côté offre, il soutient la construction d’habitations. L’IDA a accordé au gouvernement un prêt concessionnel de 150 millions de dollars pour lui permettre de créer une société de refinancement hypothécaire et de proposer plus de 8 000 emprunts immobiliers. Par ailleurs, l’appui de l’IDA via le PSW a permis à IFC d’accorder un prêt à long terme et de prendre des participations dans un vaste programme immobilier piloté par le secteur privé pour créer plus de 1 000 logements à un prix abordable. Grâce à ces différentes interventions, nous espérons pouvoir aider des dizaines de milliers de familles rwandaises à se loger dans de meilleures conditions.
Je suis convaincu que grâce à la collaboration et à l’implication de l’ensemble de la communauté du développement — à l’image du Forum et de tant d’autres initiatives — nous pouvons accroître considérablement l’investissement privé et accélérer la transformation économique des pays que nous servons.