Par Toavina R., directeur de la transformation numérique et acteur citoyen à Antananarivo
Le silence intérieur d’un peuple qui, enfin, se regardait en face
Lundi 13 Octobre 2025. Antananarivo s’éveille au rythme des tambours et des klaxons. Place du 13 Mai, symbole de la démocratie à Madagascar, la foule s’est rassemblée pour fêter ce qui paraissait impensable, la fin d’un pouvoir qui avait trop duré. Des milliers de jeunes, d’ouvriers, d’étudiants ont envahi l’espace public. Les drapeaux flottaient, les musiques résonnaient avec un sentiment de délivrance et derrière chaque sourire, le silence intérieur d’un peuple qui, enfin, se regardait en face.
Car depuis des années, c’est la politique de la peur qui règne. Pas seulement la peur des juges ou de la police, mais la peur d’un quotidien injuste. Un simple partage de post sur Facebook pouvait valoir une convocation. Un marché disputé, un rival mal placé et la machine administrative se refermait. Aux douanes, dans les appels d’offres, dans les licences d’importation, les passe-droits valaient loi. Durant des années, l’économie s’était transformée en un terrain d’intimidation, sous fond de corruption organisée à grande échelle et entretenue par un cercle restreint d’intouchables. Ce groupe détenait tous les leviers de la société, les affaires, l’administration, la justice et les médias. Omnipotents, Ils avaient le pouvoir de tout faire, comme bloquer un projet, ruiner une entreprise ou faire taire une voix.
C’est pourquoi, ce n’est pas un hasard si le régime s’est effondré en deux semaines et demie, plus personne n’y croyait et rapidement l’armée a pris position sans violence, dans le seul but d’éviter un vide.
Cette libération, nous la devons à cette jeunesse qui a porté le poids d’un pays épuisé, maintenu dans un long silence et lassé d’espérer. Selon le Macro Poverty Outlook publié par la Banque mondiale en avril 2024, près de 80 % des Malagasy vivent aujourd’hui sous le seuil international de pauvreté fixé à 2,15 dollars par jour.
Mais derrière ce chiffre froid, il y a la vie réelle, celle des foyers qui s’éclairent à la bougie, une population privée d’eau, des familles qui survivent plus qu’elles ne vivent.
C’est au milieu de cette dureté qu’ une génération s’est tenue debout. Il faut bien comprendre que la jeunesse ne voit plus d’avenir ici. Leur ambition n’est même pas de fuir le pays pour une vie meilleure, mais plutôt de s’exiler pour envoyer de quoi faire vivre ceux restés au pays.
Cette libération, nous la devons également à la diaspora, ceux qui, il y a des années, étaient comme cette jeunesse et qui ont réussi à partir. Sur les réseaux sociaux, de Paris à Montréal, de Maurice à Genève, elle a donné un écho à leurs colères, une crédibilité à leurs combats, une visibilité à leur espérance. L’attachement de la diaspora se traduit comme un miroir tendu à la jeunesse restée au pays qui lui renvoie son courage, son intelligence et sa dignité.
Malgré cette extrême pauvreté, Madagascar a tout pour vivre dignement. Des terres fertiles, de l’or, des minerais rares, une mer généreuse et une jeunesse instruite
Oui, nous avons des ingénieurs, des développeurs, des techniciens qui font tourner les systèmes informatiques de l’Europe. Nous avons également des ressources naturelles capables de financer nos hôpitaux, nos écoles, nos infrastructures. Mais tout ce que nous produisons enrichit d’autres. Nos richesses partent, nos talents s’exportent et nos efforts servent ailleurs. Nous sommes devenus les petites mains du progrès mondial, une économie sous-traitée et dépossédée de son propre futur.
Un ami m’a récemment raconté un souvenir, un matin au nord de Majunga, des pêcheurs tiraient leurs filets troués dans un estuaire. Un chalutier chinois s’est approché, immense et mécanique. En quelques minutes, il a tout emporté. Les pirogues tanguaient, impuissantes. Cette image dit tout, un pays riche, pillé à ciel ouvert, sans que personne ne s’en émeuve vraiment. Mais elle dit aussi notre résistance que même après le saccage, la mer finit toujours par revenir. Car ce qui est tombé aujourd’hui, ce n’est pas seulement un homme, c’est un système. Celui des connivences, de la complaisance et de la peur intériorisée.
Car en effet, changer de président ne servira à rien si la logique d’impunité persiste
Ce n’est pas d’un homme providentiel dont Madagascar a besoin, mais d’un État qui se gouverne enfin avec exigence et courage. L’administration publique doit redevenir un service public et non plus un espace corruption, de favoritisme et de passe droit. Il faut aller plus loin que le symbole, refonder les institutions, dépolitiser la fonction publique, instaurer des mécanismes indépendants de contrôle des marchés et des finances publiques. Que les budgets, les marchés, les contrats miniers soient publiés en ligne, accessibles à tous. Que le numérique, longtemps détourné à des fins de surveillance ou de communication politique, devienne un outil de transparence performant dans l’administration. Nos ressources, terres, mers, minerais, savoirs, doivent cesser de nourrir les richesses d’autruis pour enfin financer nos écoles, nos hôpitaux et nos routes.
Le calme actuel n’aura de valeur que s’il mène à la justice. La stabilité, que si elle ouvre la voie à la réforme. Ce qui se joue aujourd’hui, ce n’est pas la fin d’un régime ni un éternel recommencement, c’est surtout l’occasion ou jamais, de nous prendre en main pour un vrai tournant et une nouvelle vision. Mais cet élan ne tiendra que si l’armée rend rapidement le pouvoir à une entité civile, qu’elle soit collégiale, gouvernementale ou transitoire mais capable de penser un nouveau système, et pas seulement d’organiser de nouvelles élections. Revenir trop vite aux vieilles pratiques serait répéter les mêmes erreurs.
Le combat sera d’autant plus difficile que la communauté internationale n’acceptera pas facilement notre trajectoire. Elle voudra une autre issue, plus conforme à ses habitudes qu’à notre réalité. Nous serons suspendus, isolés, peut-être punis d’avoir décidé seuls. Malheureusement ce sera le prix à payer pour retrouver notre souveraineté.
Mais, pour la première fois depuis longtemps, nous pouvons nous relever, non par miracle, mais par notre volonté de changer tout un système afin que nos générations à venir puissent vivre libres, dignes et indépendantes.
La Banque mondiale publie des projections économiques semestrielles pour chacune des régions du monde en développement : Afrique subsaharienne, Asie de l’Est et Pacifique, Europe et Asie centrale, Amérique latine et Caraïbes, Moyen-Orient et Afrique du Nord, et Asie du Sud.
Ces rapports éclairent les perspectives macroéconomiques et les tendances du développement régionales. Les nouvelles éditions sont publiées à l’occasion des Assemblées annuelles et des Réunions de printemps de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international.
Afrique subsaharienne
Selon l’édition d’octobre 2025 du rapport Africa’s Pulse, la dynamique de croissance économique en Afrique subsaharienne demeure robuste, malgré un environnement politique mondial plus incertain. L’activité régionale devrait progresser de 3,8 % en 2025, contre 3,5 % en 2024, avant de s’accélérer à un taux annuel moyen de 4,4 % sur la période 2026-2027.
L’emploi constitue le principal canal par lequel les populations bénéficient des fruits de la croissance économique. Or la majorité des nouveaux entrants sur le marché du travail rejoignent des secteurs informels, caractérisés par une faible productivité et des perspectives limitées en matière de croissance des revenus, de réduction de la pauvreté et de mobilité sociale. Les emplois salariés ne représentent que 24 % de l’ensemble des emplois, et ce chiffre est encore plus faible si l’on exclut l’Afrique australe. L’Afrique subsaharienne doit adopter un nouveau modèle de croissance fondé sur le développement des moyennes et grandes entreprises, véritables moteurs de productivité et de création d’emplois.
Asie de l’Est et Pacifique
La région Asie de l’Est et Pacifique continue d’afficher des performances de croissance supérieures à celles de la plupart des autres régions du monde. Toutefois, le maintien de la croissance et la création d’emplois plus nombreux nécessiteront des réformes ambitieuses dans un contexte mondial incertain. Le modèle de développement inclusif qui a fait le succès de la région est aujourd’hui confronté à de nouveaux défis.
Ces dernières années, l’expansion de l’emploi a principalement concerné des rôles de services à faible productivité, et souvent dans le secteur informel, qui offrent peu de possibilités d’avancement. En outre, les jeunes peinent à trouver un emploi et les femmes restent moins présentes sur le marché du travail. Dans la plupart des pays, le pourcentage de la population vulnérable susceptible de basculer dans la pauvreté est désormais supérieur à la part de la classe moyenne. Des réformes et des investissements dans le capital humain et l’infrastructure numérique, une concurrence accrue dans les services et le levier des politiques publiques peuvent contribuer à assurer une meilleure adéquation entre opportunités d’emploi et compétences de la main-d’œuvre.
Europe et Asie centrale
La croissance dans les économies en développement d’Europe et Asie centrale devrait fléchir cette année à 2,4 % en termes réels, contre 3,7 % en 2024, en raison principalement du ralentissement observé dans la Fédération de Russie.
La région est confrontée à la problématique de l’emploi : la plupart des emplois créés au cours des 15 dernières années l’ont été dans des fonctions relativement peu qualifiées et offrant un potentiel de rémunération limité. Le rapport met en avant les mesures indispensables pour relancer la productivité et créer des emplois : investir dans les infrastructures, le capital physique et le capital humain, comme l’éducation et la formation, améliorer l’environnement des affaires et mobiliser des capitaux privés. Ces efforts contribueront également à renforcer la résilience du marché du travail face aux mutations démographiques que connaît la région.
Amérique latine et Caraïbes
La région Amérique latine et Caraïbes poursuit ses efforts pour relancer la croissance et créer des emplois plus nombreux et de meilleure qualité, avec des progrès limités. Le taux de croissance régional devrait légèrement augmenter, pour passer de 2,2 % en 2024 à 2,3 % en 2025, les prévisions ayant été revues à la baisse pour de nombreuses économies.
Ces ajustements s’expliquent en partie par un environnement extérieur peu favorable, marqué par le ralentissement de l’économie mondiale, le déclin des prix des produits de base et une incertitude accrue. Dans ce contexte, il est crucial de favoriser l’activité des entrepreneurs et du secteur privé. Ces acteurs essentiels du progrès économique peuvent contribuer à la dynamique de croissance et de création d’emplois dont la région a besoin.
Moyen Orient, Afrique du Nord, Afghanistan et Pakistan
Les perspectives de croissance dans la région Moyen-Orient, Afrique du Nord, Afghanistan et Pakistan s’améliorent, suivant la tendance mondiale, malgré un contexte toujours marqué par les conflits, la fragilité et les déplacements de populations. La croissance régionale, portée par des performances plus solides que prévu dans les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) et les pays en développement importateurs de pétrole, devrait atteindre 2,8 % en 2025 et 3,3 % en 2026, contre 2,3 % en 2024.
Le dernier bulletin économique régional insiste sur la nécessité de créer des emplois et de mobiliser pleinement la main-d’œuvre afin d’améliorer les niveaux de vie. Dans ce contexte, la faible participation des femmes au marché du travail demeure un frein majeur à la croissance. Le rapport identifie les principaux obstacles à la participation économique des femmes — dynamiques familiales, normes sociales, cadres juridiques ou contraintes du secteur privé — et appelle à une plus grande intégration des femmes dans les marchés du travail de la région.
Asie du Sud
L’Asie du Sud est la région la plus dynamique du monde, avec un taux de croissance attendu de 6,6 % en 2025. Les projections indiquent cependant un fléchissement sensible à 5,8 % en 2026.
Les risques de dégradation résident principalement dans les répercussions du ralentissement économique mondial et des incertitudes entourant les politiques commerciales, les troubles sociopolitiques dans la région elle-même et les perturbations des marchés du travail causées par des technologies émergentes telles que l’intelligence artificielle. Des réformes visant à promouvoir l’ouverture aux échanges et l’adoption technologique pourraient avoir un impact transformateur sur l’Asie du Sud, en aidant la région à créer des emplois et à stimuler la croissance.
Du 16 au 18 octobre 2025, la ville de Lagos (Nigeria) accueille la 2ᵉ édition du Forum Création Africa, un événement consacré au développement des industries culturelles et créatives (ICC) du continent africain. Organisé par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (MEAE), en lien avec la Maison des Mondes Africains (MansA), l’Institut Français et avec le soutien du Fonds Équipe France Création, ce forum s’inscrit dans la dynamique du renouveau du partenariat Afrique–France.
Un forum au cœur du renouveau du partenariat Afrique-France
Lancé à Paris en 2023, Création Africa est né d’une conviction : la vitalité des ICC africaines constitue un moteur majeur du développement économique, de la transformation sociale et du dialogue entre les cultures. Cette deuxième édition marque une étape décisive : après Paris, Lagos devient la scène du dialogue créatif entre la France, l’Afrique et le monde.
L’événement s’inscrit dans la séquence structurante du partenariat renouvelé entre la France et le continent, aux côtés de l’ouverture de la Maison des Mondes Africains (MansA) à Paris en 2025 et en amont du Sommet Afrique–France « Africa Forward » prévu à Nairobi en mai 2026.
Trois jours pour faire dialoguer créativité et innovation
Pendant trois jours, plus de 1 000 participants – créateurs, entrepreneurs, investisseurs, acteurs publics et privés, écoles et médias – se retrouve à Lagos. Au programme : tables rondes, masterclass, rencontres d’affaires et concerts mettant à l’honneur les talents et les projets qui façonnent les nouvelles scènes africaines.
Parmi les thématiques phares :
le financement et la structuration des ICC africaines ;
les technologies immersives (XR, animation, jeux vidéo) ;
la mode et le design durable ;
la musique et les nouvelles écritures audiovisuelles ;
le rôle des diasporas et des femmes dans la transformation culturelle du continent.
La France aux côtés des créateurs du continent
À travers la MansA, la France accompagne la circulation des œuvres et des idées, encourage les récits pluriels et soutient les créateurs qui façonnent les imaginaires contemporains. Depuis son ouverture à Paris en 2025, la MansA agit comme un hub culturel pour les diasporas africaines et un pont entre l’Europe et l’Afrique.
Le Forum Création Africa à Lagos prolonge cette dynamique : il concrétise la volonté partagée de bâtir un partenariat culturel et économique équilibré, fondé sur la création, la jeunesse et la réciprocité.
Un partenariat concret et une diplomatie culturelle en mouvement
Création Africa illustre l’engagement de la France à accompagner la jeunesse africaine et ses écosystèmes créatifs, en soutenant la formation, la production et la diffusion des talents sur la scène internationale. Il constitue un instrument clé de la diplomatie d’influence française, fondée sur l’écoute, la co-construction et la valorisation des initiatives issues du continent.
Ce forum est aussi un accélérateur de coopérations économiques et culturelles entre entreprises, écoles, institutions et artistes. Le Fonds Équipe France Création (FEF-Création), lancé en 2023, finance déjà des projets conjoints dans plus de 15 pays africains, et plusieurs accords devraient être signés à Lagos à cette occasion.
AfricInvest Europe, la filiale française du Groupe AfricInvest, agréée par l’AMF, vient de réaliser le premier closing de la troisième génération des Fonds franco-africains (FFA) à c. 50 M€,. Avec son équipe dédiée, basée à Paris, AfricInvest Europe a désormais atteint environ 150 M€ d’encours sous gestion, et a investi dans 18 entreprises françaises via les FFA.
Depuis le lancement du premier Fonds franco-africain (FFA) en janvier 2017, dans lequel Bpifrance et Proparco étaient présents au démarrage, la stratégie des FFA a été d’investir des tickets minoritaires dans des PME et ETI françaises rentables et à fort potentiel de développement, ayant un lien avec l’Afrique. Cet angle africain peut aussi bien concerner des sites industriels existants ou nouveaux, qu’ils soient organiques ou acquis, que des activités de distribution ou des projets commerciaux sur le continent africain.
FFA 1 et 2 : l’expertise de 18 PME/ETI françaises rayonne en Afrique
Fondé en 1994, le Groupe AfricInvest est un pionnier et un leader du Private Equity en Afrique, avec c. 2,3 Mds $ de fonds levés et plus de 230 transactions conclues dans plus de 38 pays.
Pour chacune des entreprises françaises de son portfolio, AfricInvest Europe soutient les équipes de direction grâce à l’expérience de longue date du Groupe AfricInvest en Afrique, son vaste réseau sur le continent et l’expertise de ses c. 100 employés répartis dans ses 8 bureaux et antennes locales (Afrique du Sud, Algérie, Côte d’Ivoire, Égypte, Île Maurice, Kenya, Maroc, Nigeria et Tunisie).
À fin septembre 2025, les FFA ont déjà réalisé 18 investissements dans des secteurs variés, tels que la santé, la formation professionnelle, l’éclairage public, l’emballage, la production industrielle, la gestion de l’eau, les travaux publics, la distribution, les services de voyage, la mobilité et le chantier naval, les services patrimoniaux et les solutions digitales. La vision des Fonds est d’accélérer leur croissance internationale grâce à des projets de développement, notamment sur les continents européen et africain.
AfricInvest Europe, grâce à son positionnement transfrontalier unique, accompagne ses participations françaises dans l’accélération de leur croissance, l’établissement de partenariats et l’accès à de nouveaux marchés en Afrique. Le Groupe AfricInvest facilite ces collaborations en mettant en relation les sociétés avec les partenaires commerciaux, financiers, industriels et technologiques les plus pertinents sur chaque marché local.
FFA3 : les institutions financières africaines misent sur les PME françaises
Le FFA 3 cible 10 à 12 tickets minoritaires entre 5 et 10 millions d’euros, dans des opérations majoritaires ou minoritaires, aux côtés des dirigeants et/ou de fonds de capital-investissement français et étrangers.
Le FFA 3 a rassemblé le soutien de la plupart de ses investisseurs historiques (Bpifrance, Proparco, BNP Paribas, l’assureur pan-African Sanlam, le fonds de pension de la Banque centrale du Kenya et l’assureur Mauricien Sicom) ainsi que des nouveaux investisseurs institutionnels internationaux, notamment du Kenya et du CCG, et de nouveaux family offices européens et africains. Les institutions financières africaines représentaient déjà 19 % sur le FFA2 (en valeur). Elles rassemblent désormais 1/3 des investissements sur le FFA3, avec la possibilité de conjuguer attrait financier de l’investissement et réel impact sur le continent.
Plus d’impacts sur le continent
Djalal Khimdjee, directeur général délégué de Proparco a déclaré : « Nous sommes fiers d’accompagner AfricInvest – pour la troisième fois – dans la mise en place du Fonds franco-africain, avec un investissement de 15 millions d’euros. Grâce au FFA3, nous soutenons le développement en Afrique d’une dizaine de nouvelles PME françaises, qui apportent leur expertise en faveur de projets qui contribuent à la croissance durable et résiliente du continent, à la protection de la planète et à la réduction des inégalités. »
Stéphane Colin et Khaled Ben Jennet, les associés gérants d’AfricInvest Europe, ont déclaré : «Nous nous réjouissons de ce jalon majeur pour les Fonds franco-africains. Plusieurs investisseurs ont réaffirmé leur confiance en nous, et de nouveaux investisseurs ont aussi été séduits par notre thèse d’investissement unique.
Aujourd’hui, les Fonds franco-africains ont une stratégie d’investissement singulière et différenciante sur le marché français mid-cap du capital-investissement, et pour chaque entreprise du portefeuille, aux côtés des équipes de directions et des co-actionnaires, ils apportent une réelle additionnalité, notamment sur leur développement africain.»
Outre les rendements financiers, le FFA 3 (notamment dans le cadre du règlement sur la divulgation des informations relatives au financement durable, SFDR 8) mettra l’accent sur l’impact de ses investissements, sur la gouvernance, la transparence, la création d’emploi et le respect des valeurs sociales et environnementales des entreprises.
Le photojournaliste français Antoni Lallican, âgé de 37 ans, a été tué vendredi matin en Ukraine lors d’une attaque de drone FPV dans le Donbass, près de la ville industrielle de Kostiantynivka (oblast de Donetsk). L’attaque, survenue aux alentours de 7h20, a également blessé le journaliste ukrainien Heorgiy Ivanchenko, selon les Fédérations européenne et internationale des journalistes (EFJ-IFJ) ainsi que le Syndicat national des journalistes (SNJ).
Antoni Lallican a souvent travaillé en Afrique durant sa carrière notamment en Ethiopie.
Collaborateur du studio Hans Lucas depuis 2019, Antoni Lallican travaillait régulièrement avec de grands médias français et internationaux, dont Le Figaro. Son travail s’était distingué par une couverture approfondie des zones de conflit. En Ukraine, il avait documenté la guerre depuis ses premières heures, de Kiev à Bakhmout, témoignant de la dureté des combats et de l’impact du conflit sur les populations civiles.
Au-delà du front ukrainien, son parcours l’avait conduit sur d’autres terrains sensibles : le Liban, le Haut-Karabakh, ou encore la Syrie de Bachar al-Assad. Ses reportages reflétaient une volonté constante de mettre en lumière les réalités humaines derrière les conflits et les tensions internationales.
La Fédération européenne des journalistes a présenté ses condoléances à la famille du reporter, rappelant qu’il s’agit du premier journaliste tué par un drone en Ukraine depuis le début de l’invasion russe. Sa disparition marque une nouvelle tragédie pour la profession, soulignant les risques extrêmes encourus par les journalistes de guerre, essentiels pour documenter les conflits contemporains et en transmettre la mémoire.
À l’évocation de l’intelligence artificielle (IA), on pense souvent aux grands modèles de langage qui font les gros titres des médias — des systèmes massifs, entraînés sur d’immenses quantités de données, nécessitant des supercalculateurs et extrêmement gourmands en ressources. Ils tendent à concentrer toute l’attention et suscitent des débats cruciaux autour des enjeux d’accès et de compétitivité. Mais dans les pays en développement, l’essor de formes d’IA moins complexes est en train d’impulser une autre dynamique, tout aussi puissante, et peut-être même plus transformatrice.
Au Kenya, l’application Nuru permet de photographier une plante malade et de recevoir un diagnostic instantané sans nécessiter une connexion internet continue. De tels outils peuvent aider les agriculteurs à accroître leurs rendements et par ricochet leurs revenus. Au Sénégal, une entreprise numérique se base sur les profils des agriculteurs et les données culturales pour fournir via une appli mobile des conseils sur la gestion phytosanitaire et les besoins en eau, avec, à la clé, la mise à disposition des bonnes informations aux bons moments. Au Ghana, une start-up envoie des prévisions météorologiques hyperlocalisées par SMS et aide ainsi les agriculteurs à décider quand planter, irriguer et récolter, le tout à l’aide d’un simple téléphone. Ce sont autant d’applications pratiques, peu coûteuses et souples.
La force de ces outils réside dans leur capacité à s’appuyer sur l’existant. En exploitant des infrastructures de base, telles que les registres locaux d’agriculteurs dans un pays comme l’Inde, les petites IA permettent de créer de nouvelles plateformes qui relient les producteurs au crédit, aux marchés et à des services de conseil personnalisés.
Santé : élargir l’accès et renforcer les systèmes de soins
Surtout, les petites IA s’adaptent aux cultures locales. Au Pérou, une initiative développe des outils de diagnostic vocaux dans des langues autochtones, ce qui contribue à renforcer la confiance des populations dans les services de santé et à garantir que la technologie profite à tous.
Éducation : combler les lacunes et personnaliser les apprentissages
Ces résultats positifs gagnent du terrain. Au Costa Rica, en République dominicaine et au Mexique, les systèmes de soutien scolaire par IA apportent des solutions d’apprentissage individualisé dans les communautés isolées et autochtones. À l’autre bout du monde, des plateformes comme Diksha en Inde et Shikkhok au Bangladesh intègrent des outils d’IA dans des applications mobiles qui fonctionnent hors ligne et sont disponibles dans plusieurs langues. Ces exemples montrent que les technologies éducatives ne doivent pas nécessairement mobiliser beaucoup de ressources pour avoir un réel impact sur les élèves et les enseignants, en favorisant une inclusion et des opportunités accrues.
Quels enseignements tirer de ces applications concrètes ?
Le succès des petites IA repose sur quelques principes fondamentaux. Premièrement, elles sont d’autant plus performantes qu’elles répondent à des enjeux très localisés et clairement définis, comme une maladie des plantes ou un problème de santé en particulier. Deuxièmement, elles gagnent à s’appuyer sur les infrastructures et les réseaux existants (registres d’agriculteurs, WhatsApp ou systèmes d’agents de santé locaux) pour étendre leur portée. Troisièmement, elles doivent être conçues en priorité pour des usages mobiles et hors ligne, sachant que les smartphones sont généralement les appareils numériques les plus répandus dans les pays en développement et que les connexions internet ne sont souvent pas fiables. Enfin, elles bénéficient grandement de la mise en place de partenariats public-privé, où l’État met en place les plateformes structurantes, le secteur privé porte l’innovation et la population locale façonne des solutions ancrées dans la réalité du terrain.
Développer des intelligences artificielles qui profitent à tous
Les promesses de l’intelligence artificielle ne doivent pas être un luxe réservé à quelques nations. Avec la montée en puissance des petites IA, un nouveau récit émerge, qui conjugue résilience, ingéniosité et possibles, au cœur même des communautés qui en ont le plus besoin. Un récit dont les meilleurs chapitres restent à écrire…
La France et le Kenya organiseront conjointement le sommet « Africa Forward : partenariats entre l’Afrique et la France pour l’innovation et la croissance », qui réunira le chef de l’Etat et des chefs d’État et de gouvernement africains à Nairobi les 11 et 12 mai 2026.
La décision d’organiser ce sommet a été confirmée par le Président de la République, Emmanuel MACRON, et le Président de la République du Kenya, William Samoei RUTO, lors d’une rencontre tenue à New York le 24 septembre, en marge de la semaine de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations unies.
Le sommet « Africa Forward » s’inscrit dans le renouvellement des relations entre la France et les pays africains, fondées sur des partenariats mutuellement avantageux.
Le sommet visera à trouver des solutions s’appuyant sur les actions des gouvernements et des organisations internationales, du secteur privé, des jeunes entrepreneurs et de la société civile pour répondre aux problématiques d’intérêt commun pour la France et les pays africains. Il portera notamment sur la réforme de l’architecture financière internationale, la transition énergétique, l’industrialisation verte, l’économie bleue, la connectivité, l’intelligence artificielle, l’agriculture durable et la santé. Le sommet s’ouvrira le 11 mai 2026 avec un forum d’affaires qui valorisera les projets, les innovations et les idées des secteurs privés français et africains et mettra en lumière des exemples de réussite dans les domaines thématiques du sommet
L’Agence de développement de l’Union africaine (AUDA-NEPAD) et la Commission de l’Union africaine (CUA), en collaboration avec le gouvernement de la République d’Angola, organiseront le plus grand sommet africain sur le financement des infrastructures du 28 au 31 octobre 2025 à Luanda, en République d’Angola.
Dans la continuité des éditions précédentes, notamment le Sommet sur le financement des infrastructures de Dakar en 2023, le rassemblement de cette année s’inscrit dans le cadre d’un effort continental plus large visant à débloquer des investissements et des partenariats afin de soutenir les aspirations de l’Union africaine en matière d’infrastructures pour 2063, dans le cadre du Programme pour le développement des infrastructures en Afrique (PIDA).
Le sommet arrive à un moment critique, alors que l’Afrique est confrontée à un déficit annuel de financement des infrastructures supérieur à 100 milliards de dollars et se prépare à mobiliser les 1 300 milliards de dollars nécessaires à la mise en œuvre du Plan directeur continental pour les systèmes électriques (CMP) en vue de la création d’un marché unique de l’électricité en Afrique d’ici 2040. À lui seul, le PIDA nécessite 16 milliards de dollars par an pour réaliser des projets transfrontaliers transformateurs qui permettront de concrétiser les ambitions industrielles, commerciales et énergétiques du continent d’ici 2030.
En tant qu’actuel président de l’Union africaine, S.E. João Manuel Gonçalves Lourenço, président de la République d’Angola, a placé le financement des infrastructures au cœur de son programme continental. S’exprimant lors de la cérémonie de passation de pouvoir de la Commission de l’UA en mars 2025, le président Lourenço a déclaré :
« Les infrastructures sont l’un des piliers essentiels de l’Agenda 2063 de l’Union africaine. Nous devons mobiliser toutes les ressources financières disponibles pour atteindre nos objectifs, qu’il s’agisse des routes, des chemins de fer, des ports, des lignes électriques ou des réseaux numériques. J’ai demandé à la Commission d’organiser une conférence continentale sur les infrastructures en 2025 afin de stimuler les investissements et de connecter l’Afrique pour le commerce, l’innovation et la prospérité. »
Le Sommet de Luanda sur le financement des infrastructures répond directement à cet appel. Grâce à des salles de négociation et des sessions de présentation d’investissements, les gouvernements et les institutions africains présenteront leurs portefeuilles d’infrastructures à des investisseurs potentiels, dans le but d’obtenir des engagements financiers pour les corridors régionaux, la production et le transport d’électricité, les plateformes logistiques et les réseaux numériques. Des corridors stratégiques tels que le corridor de Lobito, le LAPSSET et la route Dakar-Bamako-Djibouti seront présentés comme des modèles intégrés combinant infrastructures, commerce et développement industriel.
L’un des thèmes centraux du sommet sera la quête permanente de l’Afrique pour un accès universel à l’énergie. À travers les projets énergétiques du PIDA, le marché unique africain de l’électricité (AfSEM) et le Plan directeur continental des systèmes électriques, le sommet explorera les mécanismes de financement destinés à combler les lacunes en matière d’accès à l’énergie pour plus de 600 millions d’Africain(e)s qui n’ont pas accès à l’électricité. Le sommet permettra également de renforcer la collaboration avec les organisations philanthropiques et les capitaux alignés sur le climat afin de co-investir dans des infrastructures énergétiques durables, en particulier dans les régions mal desservies, en s’appuyant sur la feuille de route de Nairobi adoptée par l’AUDA-NEPAD, la Commission de l’Union africaine, la Banque du commerce et du développement et la Banque africaine de développement.
Cette réunion coïncide également avec l’examen à mi-parcours du PIDA, une étape importante qui permettra d’évaluer les progrès accomplis et de définir une orientation stratégique pour la seconde moitié du cycle PIDA PAP 2. L’événement permettra d’approfondir les discussions sur la préparation des projets et le soutien au démarrage, notamment grâce à des mécanismes tels que le mécanisme de prestation de services (SDM) de l’AUDA-NEPAD, qui aide les pays à accélérer le développement des infrastructures et à débloquer les investissements.
Alors que l’Afrique se positionne pour jouer un rôle de premier plan dans la révolution mondiale du numérique et de l’IA, le sommet de Luanda examinera comment les infrastructures numériques, les technologies financières et l’intelligence artificielle peuvent favoriser une planification plus intelligente, une meilleure prestation de services et une plus grande inclusion financière. Les corridors de croissance industrielle dépendant des données, de l’énergie et de la mobilité, le sommet explorera les voies vers une industrialisation numérique alimentée par l’intégration régionale dans le cadre de la ZLECAf.
La sécurité et les infrastructures hydrauliques seront également à l’ordre du jour, avec une attention particulière accordée au financement durable de la gestion transfrontalière des ressources en eau et aux infrastructures d’adaptation au changement climatique.
Parallèlement, le sommet soulignera la nécessité impérative de mobiliser les capitaux nationaux. Avec plus de 70 milliards de dollars disponibles chaque année dans les fonds de pension et les fonds souverains africains, de nouveaux modèles de coopération public-privé seront explorés afin de libérer ces ressources pour des investissements à long terme dans les infrastructures. Une attention particulière sera également accordée aux mécanismes de financement innovants, notamment le financement mixte, les obligations de projet et les outils d’atténuation des risques.
Il est important de noter que cette dynamique continentale s’aligne sur le positionnement de l’Afrique sur la scène mondiale. Sous la présidence sud-africaine du G20 en 2025, l’Afrique aura une occasion unique de faire du financement des infrastructures et de l’accès à l’énergie l’une des priorités mondiales. Le sommet de Luanda servira de plateforme africaine clé pour alimenter les dialogues mondiaux et réaffirmer le leadership de l’Afrique dans la proposition de solutions qui fonctionnent pour le continent et pour le monde. De même, le sommet appellera à un meilleur accès à un financement climatique équitable, tout en présentant des projets verts prêts à être investis dans les secteurs des transports, de l’énergie, du numérique et de l’eau.
Les inscriptions au Sommet de Luanda sur le financement des infrastructures, ainsi que les possibilités de présenter des projets et de s’associer aux organisateurs, seront ouvertes dans les prochaines semaines. De plus amples détails sur la participation, les événements parallèles et les plateformes d’exposition seront bientôt annoncés sur la page officielle de l’événement.
Reste cependant un défi de taille à relever. En effet, bien des initiatives gouvernementales destinées à promouvoir l’adoption des technologies — déductions fiscales et subventions pour les investissements en capital notamment — ont été mises en place à une époque dominée par les actifs informatiques physiques tels que les PC et les serveurs. Aujourd’hui, un grand nombre de pays offrent une forme ou une autre d’incitation à l’investissement (voir la figure 1 ci-dessous), dont beaucoup ciblent spécifiquement les technologies de l’information (TI). Ces incitations sont structurées de manière à encourager les entreprises à acheter des équipements, mais que se passe-t-il lorsque l’évolution technologique passe de la possession de matériel à sa location via le cloud ?
Figure 1 : Primes à l’investissement dans les pays en développement
Note : Correspond à la proportion des pays proposant une prime à l’investissement, définie comme la possibilité, dans au moins un secteur, de déductions fiscales ou de crédits d’impôt pour investissement qui permet aux investisseurs de déduire les dépenses correspondantes du revenu imposable ou de l’impôt à payer. Les données portent sur 106 pays à revenu faible ou intermédiaire en 2015.
Source : Base de données de la Banque mondiale sur les incitations fiscales dans les pays en développement, voir Banque mondiale (2018), Global Investment Competitiveness Report, 2017/2018.
Incitations à l’investissement, projets d’investissement traditionnels et casse-tête du cloud
De récentes données (a) montrent comment les mesures incitatives peuvent influencer les investissements dans les technologies de l’information et l’adoption du cloud, de l’IA et du big data. Si elles ont fait leurs preuves pour stimuler l’investissement dans des actifs tangibles tels que les machines et les équipements informatiques, ces politiques pourraient ne pas être aussi efficaces dans le paysage numérique actuel. Les incitations peuvent contribuer à remédier aux imperfections du marché qui rendent difficile l’obtention de financements, en particulier pour les start-up et les petites entreprises. Par exemple, il a été constaté que les entreprises éligibles augmentaient leurs investissements en matériel et en logiciels de manière significative par rapport à celles qui ne le sont pas (voir figure 2).
Toutefois, ces incitations subventionnent généralement les investissements en matériel informatique, et non les dépenses en services informatiques dématérialisés. Lorsque les entreprises considèrent les investissements dans le cloud et les TI comme partiellement substituables l’un à l’autre, les incitations peuvent involontairement les orienter vers l’achat de matériel et les éloigner de l’adoption de produits dématérialisés. Selon les données disponibles, si les mesures d’incitation stimulent les investissements dans les TI, elles ralentissent considérablement l’adoption de services cloud (voir la figure 3). L’effet est encore plus prononcé pour les petites et moyennes entreprises, qui sont souvent celles qui ont le plus à gagner de la flexibilité et de l’évolutivité de l’informatique en nuage.
Figure 2 : Les politiques d’incitation ont accru les investissements des entreprises dans le matériel et les logiciels
Note : Le graphique présente les coefficients des effets de l’éligibilité à la politique de prime annuelle à l’investissement dans le matériel et les logiciels, estimés par Callaway et Sant’Anna (2021). Toutes les régressions incluent les effets fixes année et entreprise et des variables de contrôle de l’emploi différé, du statut multiétablissements, de la propriété étrangère et de l’âge.
Source : Calculs des auteurs.
Répercussions sur l’IA, le big data et la main-d’œuvre
Le ralentissement de l’adoption du cloud a des implications plus larges. Étant donné que les services dématérialisés constituent la base informatique de l’analyse des données massives et de l’IA, tout retard dans leur diffusion peut entraver l’utilisation de ces technologies de pointe. Les travaux de recherche suggèrent en effet que les incitations à l’investissement peuvent ralentir l’adoption de l’analyse des mégadonnées et de l’IA, retardant leur diffusion de plus d’un an en moyenne.
Par ailleurs, des conséquences se font aussi sentir sur le marché du travail, car les politiques mises en œuvre peuvent freiner la demande de professionnels de l’analyse de données. Ainsi, on constate que les analystes de données peuvent subir des baisses de salaire dans les entreprises éligibles aux incitations, par rapport à leurs homologues dans celles qui ne le sont pas. Il est à noter qu’il n’y a pas d’impact significatif sur d’autres types de salariés, tels que ceux qui saisissent les données plutôt que ceux qui les analysent. Ainsi, bien que les mesures d’incitation ne semblent pas affecter la demande globale de main-d’œuvre, elles ralentissent celle de professionnels de l’analyse des données.
Figure 3 : Les politiques d’incitation ont ralenti l’adoption du cloud, du big data et de l’IA par les entreprises
Note : Le graphique présente les coefficients des effets de l’éligibilité à la politique de prime annuelle à l’investissement dans le matériel et les logiciels, estimés par Callaway et Sant’Anna (2021). Toutes les régressions incluent les effets fixes année et entreprise et des variables de contrôle de l’emploi différé, du statut multiétablissements, de la propriété étrangère et de l’âge.
Préparer l’avenir en repensant les incitations pour favoriser une économie numérique
La raison d’être initiale des incitations était d’atténuer les coûts fixes des investissements en capital et les défaillances du marché financier qui pénalisent les petites entreprises et les start-up. Cependant, le développement du cloud réduit en partie la nécessité de telles aides en diminuant les coûts fixes des TI que les entreprises doivent supporter. Les données indiquent que les politiques conçues pour un environnement commercial dominé par les PC, les serveurs et l’infrastructure physique devraient être réévaluées à la lumière de modèles commerciaux de plus en plus fondés sur les données et les services numériques.
Si les incitations à l’investissement ont historiquement joué un rôle essentiel dans le soutien à l’adoption des technologies, elles semblent désormais mal adaptées aux réalités d’une économie numérique en évolution rapide. Les décideurs politiques devraient envisager d’adapter ces incitations pour mieux encourager l’adoption du cloud, du big data et de l’IA, autant de technologies essentielles à la croissance et à la compétitivité futures.
Dans l’espace d’un même pays, une sage-femme attend un colis de sang livré par drone à la tombée du jour, tandis que, quelques centaines de kilomètres plus loin, un agriculteur valide un microcrédit sur son téléphone pour acheter une pompe solaire connectée. L’un et l’autre ne voient pas des « projets pilotes », ils voient des services qui arrivent à temps, qui tiennent leurs promesses, qui changent leur quotidien. C’est cela, le passage à l’échelle : quitter le monde des démonstrations pour couvrir la totalité d’un besoin social, de façon fiable et visible. Dans un contexte de contraintes budgétaires et d’instabilité géopolitique, la France a d’ailleurs fixé un cap clair : des partenariats internationaux lisibles, centrés sur des résultats concrets et mesurables, et articulés au Pacte de Paris pour les peuples et la planète (4P). Cette orientation ne relève pas d’un effet d’annonce ; elle réorganise la manière de penser, de financer et d’exécuter l’action publique et ses alliances.
Le passage à l’échelle répond à une exigence d’efficacité et de redevabilité autant qu’à un impératif politique.
Thierry Barbaut
Depuis plusieurs années, je travaille précisément sur ce « comment ». Passer à l’échelle n’est ni une coquetterie sémantique ni un saut dans l’inconnu ; c’est une discipline. Elle repose sur un enchaînement d’étapes que nous avons éprouvées au contact des bailleurs, des opérateurs publics et privés, et des gouvernements, dans le sillage des échanges de Séville sur le « Sustainable Impact at Scale ». Là-bas, une conviction s’est imposée : pour regagner la confiance des contribuables et des citoyens, il faut prouver que l’on sait résoudre des problèmes à grande échelle, pas seulement lancer des initiatives prometteuses. Le passage à l’échelle répond à une exigence d’efficacité et de redevabilité autant qu’à un impératif politique.
Le cœur de la démarche est simple à énoncer, exigeant à tenir. Tout commence par une vision d’échelle chiffrée et temporellement ancrée : quelle part du problème voulons-nous régler et en combien d’années ? Ce cadrage oblige à sortir des slogans pour quantifier l’ambition et tracer une trajectoire de dix à quinze ans, horizon indispensable dès lors qu’il s’agit de systèmes – santé, foncier, énergie, finance. À ce stade déjà, une question décisive s’impose : qui paiera et qui opérera quand les bailleurs se retireront ? C’est le socle du modèle économique ; c’est aussi le test de vérité pour distinguer ce qui peut devenir un service public, un marché ou un bien mixte.
Vient ensuite le travail « hors lumière », celui qui ne se voit pas mais qui conditionne tout le reste : créer l’environnement habilitant. Sans règles du jeu claires, sans autorités de supervision formées, sans interopérabilité technique ni capacités locales, aucune technologie ne « scale ». C’est dans ce maillage réglementaire et institutionnel, parfois ingrat, que se joue la bascule. C’est aussi là que le rôle des bailleurs est le plus catalytique : ils ne font pas l’échelle à la place des pays, ils rendent l’échelle possible en investissant dans la qualité des institutions et la préparation des marchés.
La conception elle-même doit être « scaling-ready ». Cela signifie documenter les preuves d’impact et la coût-efficacité dès l’instruction, mais aussi prévoir des indicateurs d’échelle : taux de couverture, baisse de coûts unitaires, temps de déploiement, qualité de service. Ces repères ne servent pas qu’aux rapports ; ils organisent la gouvernance, ils arbitrent les choix techniques, ils guident le financement. À l’échelle, on ne pilote plus avec des moyens ; on pilote avec des résultats.
Exemple « en Côte d’Ivoire, la bascule vers 18 000 écoles montre comment une innovation éprouvée devient politique publique », « au Sénégal, l’extension aux 14 régions illustre la convergence leadership/cofinancements », « en Turquie, le passage de 1 à 10 villes révèle le rôle des garanties multi-bailleurs », puis ouvrir sur les filières stratégiques fixées par le Conseil présidentiel pour relier choix sectoriels et priorités françaises.
Sur le financement, l’erreur fréquente est de chercher une source unique et magique
L’industrialisation d’une solution s’appuie rarement sur un seul robinet ; elle mobilise une architecture hybride et séquencée : ressources domestiques d’abord, instruments concessionnels ensuite, garanties et financements aux résultats pour absorber les risques, puis capitaux privés au fur et à mesure que la preuve et la régulation s’installent.
Les fenêtres dédiées existent : la Scale-Up Window de l’IDA permet par exemple des opérations véritablement transformationnelles à l’échelle d’un pays, surtout lorsqu’elle est combinée à des contrats « PforR ». L’Europe, avec Global Gateway, met en ligne des garanties et des cofinancements qui abaissent le coût du capital et accélèrent l’essaimage. Les clubs de banques publiques, via l’IDFC, ouvrent l’accès au Fonds vert pour le climat et facilitent la montée en puissance des programmes d’adaptation. Ces briques, longtemps dispersées, commencent à s’assembler en plateformes de passage à l’échelle, le potentiel est immense.
Exemple de données par pays et secteurs
Pays
Secteur
Initiative
Statut/ordre de grandeur
Mécanismes/Partenaires
Côte d’Ivoire
Éducation
Teaching at the Right Level (TaRL)
De 50 écoles (2018) à un déploiement national prévu dans 18 000 écoles en 7 ans
Leadership ministériel, plan de scaling ancré dans la stratégie Éducation, financements convergents
Sénégal
Entrepreneuriat (jeunes & femmes)
Programme national d’essaimage
Extension aux 14 régions
Pool de cofinancements (AfDB, BOAD) + budget de l’État
Enchères solaires (ex. Kom Ombo, ref. expertise BERD)
Référence méthodologique pour industrialiser les enchères EnR
Structuration BERD, potentiel de mandats conjoints et garanties vertes
Ces cinq cas illustrent le « dénominateur commun » du passage à l’échelle : appropriation nationale, preuves d’impact, et architecture financière hybride. Les ordres de grandeur et partenaires sont documentés dans la synthèse FfD4 (Séville) et les notes plateformes bailleurs : Côte d’Ivoire/TaRL (déploiement vers 18 000 écoles) ; Sénégal (14 régions) ; Turquie (1→10 villes) ; FID/Ghana (exemples « Input Fairs ») ; enchères EnR (expertise BERD, cas Kom Ombo).
En Côte d’Ivoire, l’approche « Teaching at the Right Level » est passée du statut de démonstrateur à une trajectoire nationale. Après des preuves d’impact sur quelques dizaines d’écoles, le ministère a inscrit l’extension dans sa stratégie avec un objectif chiffré : couvrir, à terme, l’ensemble du système – environ 18 000 écoles – en misant sur la formation des enseignants et l’alignement des budgets. Ce mouvement illustre le cœur du passage à l’échelle : une innovation éprouvée devient politique publique, avec des coûts unitaires décroissants et une gouvernance resserrée autour des résultats d’apprentissage.
Au Sénégal, la dynamique d’entrepreneuriat des jeunes et des femmes a franchi un cap lorsque l’État a organisé l’extension du programme à l’ensemble des quatorze régions. La mécanique n’a rien d’un grand soir : elle combine des guichets de proximité, des appuis non financiers et un pool de cofinancements réunissant banques publiques régionales et partenaires techniques. Le modèle économique s’appuie sur des effets de taille et une gestion du risque partagée, ce qui permet d’absorber la montée en charge sans dégrader la qualité de service.
En Turquie, la réplication des stations d’eau potable d’une ville vers dix a montré l’utilité d’un chaînage rigoureux : standardisation technique, tarification soutenable et garanties multi-bailleurs pour dé-risquer l’endettement des opérateurs. La clé est moins la technologie que la reproductibilité du contrat et des procédures, ce qui autorise un déploiement rapide tout en gardant la maîtrise des coûts.
Au Ghana, la logique « preuves puis essaimage » a été soutenue par des instruments dédiés au scaling. Des innovations testées à petite échelle comme les « Input Fairs » qui fluidifient l’accès aux intrants agricoles ont pu basculer vers une phase d’extension grâce à des financements aux résultats et à un appui à la structuration des chaînes d’approvisionnement. L’argent public rémunère la performance mesurée, ce qui attire progressivement des capitaux privés.
En Égypte, les enchères solaires ont fourni un cadre d’industrialisation des énergies renouvelables. En définissant des règles stables et des gisements bancables, l’État a permis la formation de portefeuilles, l’arrivée d’IPP et la baisse du coût du capital. Le passage à l’échelle ne tient pas au seul MWh installé ; il tient à l’architecture de marché et à la capacité d’absorber des volumes croissants sans subventions permanentes.
Côté cadrage politique, le relevé du Conseil présidentiel rappelle l’orientation résultats, l’objectif d’au moins 60 % des dons vers les pays les plus vulnérables et le ciblage de filières stratégiques (santé, agriculture, transports, numérique, transition énergétique, ville durable, ICC).
Dans ce cadre, les technologies cessent d’être des innovations pilotes pour devenir des multiplicateurs
Les paiements mobiles, par exemple, ne se résument pas à « digitaliser » un paiement ou une subvention ; ils permettent d’outiller des politiques sociales entières, d’adosser des micro-assurances climatiques, d’automatiser des paiements de performance dans l’eau ou la santé. À condition d’avoir une identité fiable, une interopérabilité des réseaux et une tarification pro-pauvres, le téléphone portable devient le guichet unique d’un État social moderne.
Les drones logistiques comme Zipline, souvent caricaturés, montrent leur utilité lorsqu’ils s’intègrent aux systèmes d’information hospitaliers, qu’ils respectent un cadre aérien clair et qu’ils sont payés au résultat : « une livraison réussie dans le temps clinique ».
La blockchain, appliquée au foncier, n’a de sens que si le cadastre est reconnu, si la gouvernance d’accès est transparente et si les registres alimentent effectivement le crédit rural. L’IoT, enfin, donne aux mini-réseaux la capacité de facturer, de maintenir et d’agréger de la flexibilité, mais seulement si les normes d’interopérabilité et l’accès au spectre suivent. Ces éléments de méthode ne visent pas à refroidir l’innovation ; ils la rendent durable.
La gouvernance est l’autre face de la médaille. À l’échelle, il faut des coalitions stables : leadership politique assumé, « front commun » bailleurs–gouvernements, et un rôle accru des banques publiques de développement comme vivier de « doers & funders ». L’expérience accumulée montre que la réussite dépend moins du nombre de projets que de la capacité à aligner des institutions sur un même tableau de bord et à tenir la distance. C’est la raison pour laquelle je plaide pour des indicateurs partagés, lisibles par le grand public, qui rendent compte des progrès sans jargon.
Le relevé du Conseil présidentiel pour les partenariats internationaux va dans ce sens, avec la mise en place d’un cadre d’indicateurs simplifié et une « signature visuelle unique » qui clarifie qui fait quoi au nom de la France. Ce sont des détails en apparence ; ce sont des leviers de confiance en réalité.
L’enjeu n’est plus l’existence de ces outils, mais leur orchestration
Pour les bailleurs, Agence française de développement, Banque mondiale, fondations et États, l’agenda qui s’ouvre est très concret
Il s’agit d’institutionnaliser le passage à l’échelle : l’inscrire dans les mandats, les indicateurs, les budgets, les feuilles de route pays. Il s’agit ensuite d’assembler l’architecture financière qui correspond à la maturité de chaque solution : subventions d’amorçage quand il faut, prêts concessionnels quand la régulation mûrit, garanties pour dé-risquer l’OPEX, financement aux résultats pour payer la performance. IDA, EIB Global, IDB Lab, FID : chacun a mis sur la table des instruments utilisables, du « Stage 3 Scaling » du FID aux dispositifs FX et Outcome-Based Financing d’IDB Lab, en passant par les garanties « Better Futures » de l’Union européenne. L’enjeu n’est plus l’existence de ces outils, mais leur orchestration.
Cette orchestration doit rester arrimée aux priorités politiques. Le Conseil présidentiel rappelle que notre action sera d’autant plus légitime qu’elle est lisible et tournée vers les résultats, qu’elle concentre l’effort sur les pays vulnérables – avec un objectif d’au moins 60 % des dons – et qu’elle mobilise, derrière le 4P, des alliances capables de démultiplier l’impact de chaque euro public. Dit autrement : rigueur dans l’allocation, exigence dans la mesure, esprit de coalition dans l’exécution.
Sur le terrain, cette méthode se traduit par des trajectoires différenciées selon les technologies, mais un même fil conducteur. Sur les paiements mobiles, on vise le « service public numérique » : un système interopérable, des KYC proportionnés, des API ouvertes pour brancher assurance et épargne, et une gouvernance qui sait payer au résultat. Pour la logistique médicale par drones, on parle de réseaux nationaux sous contrat de performance, intégrés aux chaînes d’approvisionnement et aux SI santé. Sur le foncier, on construit un registre infalsifiable qui alimente le crédit rural et la planification, adossé à un cadre juridique respecté. Pour l’IoT énergétique, on industrialise la mesure à distance, la maintenance prédictive et l’agrégation de portefeuilles de mini-réseaux, tout en organisant la montée en puissance des renouvelables via des enchères et des normes techniques ouvertes. Rien de tout cela n’est instantané ; tout cela devient possible dès lors que la vision, la régulation, le financement et la gouvernance avancent de concert.
Reste la question, cruciale, des risques. Les organisations ne sont pas neutres ; elles ont des inerties et des incitations parfois contradictoires. On court toujours le danger de céder à la « course au décaissement » ou de raccourcir l’horizon alors même que l’échelle exige du temps long. La réponse n’est ni incantatoire ni technocratique : elle passe par une transparence radicale sur les résultats, par des contrats et des outils financiers qui valorisent la performance, par un investissement patient dans les capacités locales, y compris la gestion du risque de change et la réduction des coûts de transaction pour les innovateurs. Les partenariats multi-acteurs, bien structurés, permettent de partager ces risques ; les plateformes de capitalisation et d’apprentissage, à l’image d’un Observatoire du « Scaling », évitent de réinventer la roue.
Ce qui se dessine, au fond, est un changement culturel. Nous quittons la logique transactionnelle – multiplier des projets – pour une logique transformationnelle : équiper des pays et des marchés d’acteurs capables d’agir durablement, « doers & funders », et accepter que l’échelle est une politique publique en soi. Cette politique a désormais ses instruments, ses alliances, ses exigences de redevabilité et sa boussole : traiter le dénominateur, c’est-à-dire la totalité du besoin. Si nous faisons ce pari, alors les technologies : bancarisation via mobile, drones de santé, blockchain foncière, IoT pour l’énergie, cesseront d’être des promesses et deviendront des infrastructures de service. La France et l’Europe ont posé les piliers ; à nous de les relier pour que, de la salle d’accouchement au champ irrigué, le service arrive à l’heure et à grande échelle.
À propos de l’auteur. Au sein de la fonction Innovation, j’anime la démarche Passage à l’Échelle et contribue à la mise en place de partenariats et d’outils de capitalisation pour accélérer l’industrialisation des solutions qui fonctionnent. Cette tribune synthétise une partie de ces travaux et propose une feuille de route opérationnelle pour les bailleurs, les fondations et les États.
Une économie florissante repose sur les compétences. Partout en Afrique, le marché du travail est confronté à une pénurie croissante de professionnels qualifiés dans des domaines essentiels tels que l’ingénierie, la santé, l’agriculture ou les technologies numériques.
Une enquête menée par l’African Investors Council il y a dix ans, révélait que les grandes entreprises peinaient à recruter de nouveaux talents dans ces secteurs, tandis que la Fondation pour le renforcement des capacités africaines (ACBF) soulignait que les étudiants du supérieur inscrits dans des disciplines scientifiques et technologiques ne représentaient que 20 % des effectifs en Afrique subsaharienne.
Face à ce constat, une révolution silencieuse mais transformatrice a été initiée en 2014, avec la création des Centres d’excellence africains pour l’enseignement supérieur (CEA).
Un investissement stratégique pour un impact durable
Ce programme financé par la Banque mondiale à hauteur de plus de 657 millions de dollars, associé à un cofinancement d’environ 72 millions de dollars de l’Agence française de développement (AFD), a permis d’améliorer la qualité de l’enseignement scientifique et technologique. Plus de 80 centres d’excellence ont été créés au sein de 50 universités réparties sur 20 pays africains. Ces centres ont transformé l’enseignement supérieur, et renforcé la recherche appliquée et l’innovation, des facteurs essentiels pour la compétitivité de l’Afrique. À ce jour, le programme CEA a permis de :
– former plus de 90 000 étudiants, dont 7 650 doctorants et 30 200 étudiants en master ;
– publier plus de 10 350 articles scientifiques revus par des pairs à l’échelle internationale ;
– offrir près de 18 000 stages, mettant en relation les étudiants avec les entreprises et facilitant l’application pratique de la recherche ;
– augmenter la présence des femmes dans les sciences, leur taux d’inscription approchant les 32 % ;
– établir 600 programmes accrédités à l’échelle nationale et plus de 130 programmes accrédités à l’échelle internationale ;
– allouer plus de 183 millions de dollars de financement externe pour assurer la viabilité du programme.
Grâce à des investissements dans des installations modernes et des laboratoires de pointe, l’initiative CEA a atteint l’objectif audacieux de positionner l’Afrique comme acteur majeur de la recherche et de l’innovation sur la scène internationale. L’époque où les élèves les plus talentueux devaient s’expatrier en dehors du continent pour suivre une éducation de qualité est révolue. Désormais, ils peuvent être formés en Afrique et faire le choix d’y rester pour contribuer à des domaines cruciaux tels la santé, l’agriculture, l’ingénierie, l’environnement, l’énergie, les transports et les technologies numériques.
Au-delà des chiffres : un impact concret
Au-delà des statistiques, ces progrès ont amélioré concrètement le quotidien des populations.
Les chercheurs de l’Université Redeemer au Nigeria se sont positionnés à l’avant-garde de la recherche transnationale en génomique, développant de nouvelles solutions pour relever un large éventail de défis en matière de santé publique. Ils ont ainsi joué un rôle clé dans le séquençage des génomes d’Ebola et de la COVID-19 et contribué ainsi aux efforts mondiaux de lutte contre ces pandémies.
– Les avancées en biotechnologie agricole réalisés par les CEA du Ghana, du Kenya et du Nigeria ont abouti au développement de variétés de cultures améliorées, dotées d’une résilience accrue aux maladies, aux ravageurs et aux défis environnementaux. Rien qu’au Ghana, environ 280 variétés de cultures améliorées ont été introduites, permettant à plus d’un million d’agriculteurs à travers dix pays d’augmenter considérablement leur productivité.
– L’intégration de l’intelligence artificielle et de « l’Internet des objets » dans les programmes scolaires au Rwanda, au Nigeria et au Sénégal prépare une nouvelle génération de professionnels aux métiers de demain.
– Plus important encore, de nombreux diplômés des CEA aident à adopter et à adapter des technologies nouvelles et existantes pour accroître la productivité et la croissance économique.
L’Afrique ne se contente pas de faire usage de connaissances, elle est également un acteur essentiel de l’innovation globale, capable de développer des solutions adaptées aux défis locaux et mondiaux.
Garder le cap : définir les perspectives à venir
Alors que nous célébrons une décennie d’impact, la tâche demeure. Il convient à présent de consolider ces acquis et d’amplifier la transformation de l’Afrique. Cette semaine, les gouvernements, universités, centres d’excellence et leurs partenaires se réuniront à Accra, au Ghana, pour évaluer le programme et en définir ses orientations futures. Ce rendez-vous décisif vise à renforcer les engagements pour la durabilité du programme et élargir les opportunités de partenariat entre universités et entreprises, afin de stimuler la création d’emplois et l’employabilité des diplômés. Il est crucial d’exploiter les technologies numériques, notamment l’IA, pour améliorer l’accès et la qualité des programmes, ainsi que pour élargir le vivier d’experts en compétences numériques de pointe à travers le continent. Le renforcement de la collaboration au niveau régional ainsi que l’application de la recherche aux marchés à l’échelle africains sont également des facteurs favorisant un écosystème d’innovation plus intégré et dynamique.
Le développement d’une main-d’œuvre hautement qualifiée est un impératif économique pour l’Afrique
L’avenir de l’Afrique dépend d’une main-d’œuvre hautement qualifiée. L’initiative CEA a prouvé qu’investir dans l’enseignement supérieur n’est pas qu’une quête académique, mais un impératif économique. Ces centres d’excellence ont jeté les bases d’une économie axée sur le savoir, alimentée par les talents africains, la recherche africaine et les solutions africaines.
L’investissement continu dans l’enseignement supérieur représente plus que jamais, une priorité pour la place de l’Afrique en matière de compétitivité et d’innovation sur la scène mondiale. Nous avons l’opportunité de façonner le prochain chapitre de cette transformation. Donnons aux esprits les plus brillants d’Afrique les moyens d’apprendre, de diriger et de conduire la transformation du continent de l’intérieur.
La production et l’utilisation des données sur le développement se sont considérablement modifiées ces vingt dernières années. La transition des dossiers papier vers des formats numériques a rendu les données plus accessibles et plus faciles à partager. Par ailleurs, le mouvement de libre accès aux données a nettement amélioré la disponibilité des données gouvernementales et institutionnelles, ce qui a eu pour effet de favoriser les analyses, la transparence et l’innovation. Enfin, les avancées majeures dans les domaines du big data et des sciences des données ont permis d’accroître encore le volume et la diversité des informations qui guident les politiques de développement.
Avec les progrès rapides de l’intelligence artificielle (IA), nous arrivons aujourd’hui à un nouveau tournant : l’évolution vers des données sur le développement prêtes pour l’IA, à savoir des données facilement trouvables, compréhensibles, accessibles et utilisables à la fois par les humains et par les applications d’IA.
Pourquoi des données prêtes pour l’IA ?
L’IA, en particulier les grands modèles de langage, transforme complètement la façon dont on interagit avec les données. Tous les utilisateurs, qu’ils soient débutants ou chevronnés, sont désormais en mesure de poser des questions complexes en langage naturel à des chatbots. Et ils s’attendent à ce que ceux-ci trouvent, interprètent et présentent rapidement des informations basées sur des données, sous forme de réponses brèves et précises.
Pour que cette évolution soit couronnée de succès, les systèmes d’IA doivent être performants. Cela signifie que les données auxquelles ces systèmes accèdent et qu’ils interprètent doivent d’abord être évaluées, validées, structurées, réglementées et partagées de manière à permettre une utilisation responsable et efficace de l’IA. En résumé, les données doivent être « prêtes pour l’IA ».
Cette évolution ne se substitue pas aux avancées antérieures, aux concepts de base ou aux normes, tels que les principes fondamentaux de la statistique officielle, les cadres de libre accès aux données ou les principes FAIR (Facilement trouvable, Accessible, Interopérable et Réutilisable), mais au contraire elle s’y adosse. En élargissant les fondations et les normes établies, les données prêtes pour l’IA impliquent que les données sur le développement soient continuellement ouvertes, accessibles et réutilisables, tout en garantissant qu’elles soient systématiquement organisées et bien documentées, et ce pour faciliter une utilisation transparente par les personnes et les systèmes d’IA. Assurer la préparation à l’IA peut ainsi rapprocher les données sur le développement des décisions qu’elles orientent. Cela favorise de meilleures politiques, des innovations plus rapides et la diffusion plus large des connaissances sur le développement La Banque mondiale, dans le cadre de sa volonté de devenir une « banque des données » plus grande et meilleure, s’efforce déjà de faire en sorte que cela devienne réalité, en partenariat avec les pays partenaires et la communauté mondiale du développement.
Les arguments en faveur de données prêtes pour l’IA
L’IA générative s’est imposée comme une interface clé pour les personnes à la recherche d’informations, y compris sur des sujets liés au développement. Des plateformes telles que AI Overviews de Google, Bing de Microsoft, Perplexity.AI et ChatGPT d’OpenAI parcourent l’internet et combinent différentes sources d’information pour produire des réponses aux questions des utilisateurs. Le problème, bien sûr, c’est que les réponses de l’IA ne sont valables que dans la mesure où les données qui les sous-tendent sont fiables. En réalité, ces systèmes s’appuient souvent sur le contenu général d’internet (y compris des sources non validées) ou sur les résultats de recherches sur le web, plutôt que de donner la priorité à des sources de données qui font autorité, comme la Banque mondiale ou les bureaux nationaux de statistiques.
Étant donné que les systèmes d’IA actuels sélectionnent souvent des sources de données sur le développement peu pertinentes, les utilisateurs obtiennent fréquemment des réponses obsolètes ou incorrectes, même lorsque des informations exactes sont par ailleurs disponibles. Cela pose problème, car la plupart des réponses de l’IA ressemblent à des informations fiables, même quand elles relèvent de l’hallucination.
Il est important de souligner que, pourtant, les données sur le développement de grande qualité et faisant autorité ne sont pas rares. En d’autres termes, les outils d’IA ne devraient pas s’appuyer sur des sources de données peu fiables pour produire des réponses à des requêtes portant sur des sujets liés au développement. Ce qui fait défaut, c’est un cadre normalisé et une infrastructure robuste pour permettre aux outils d’IA de trouver, d’accéder et d’utiliser de manière cohérente des données sur le développement fiables provenant de sources dignes de confiance afin de fournir des réponses exactes aux questions des utilisateurs.
Les données sur le développement prêtes pour l’IA peuvent aider à remédier à ce problème d’intégrité de l’information. En effet, il est possible d’assurer un accès fluide de l’IA à des données fiables sur le développement et leur utilisation, cela passe par l’adoption de protocoles et de normes d’interopérabilité par les gouvernements, les organisations internationales et le secteur privé. Cette démarche contribuera à éclairer des décisions fondées sur des données probantes, à améliorer l’accès du public à des informations valides et à susciter la confiance dans les sources de données et les statistiques sur le développement.
En quoi consistent des données « prêtes pour l’IA » ?
Les données sur le développement prêtes pour l’IA sont systématiquement organisées et minutieusement documentées afin que leur signification et leur contexte soient clairs non seulement pour les experts du domaine, mais aussi pour les utilisateurs ordinaires et les systèmes d’IA. Elles reposent sur trois piliers fondamentaux :
Des systèmes de données prêts pour l’IA : l’infrastructure essentielle — les plateformes de recherche, les interfaces de programmation d’application (API) et les normes techniques — garantit non seulement le stockage des données, mais aussi la facilité à les trouver, leur interopérabilité et leur accessibilité.
Des données et métadonnées de grande qualité : des données fiables, actualisées et soigneusement documentées doivent s’accompagner de métadonnées complètes et structurées. Pour les applications d’IA, cela signifie que les ensembles de données sont systématiquement organisés et décrits avec suffisamment de détails pour que les analystes humains et les machines puissent interpréter les informations avec précision.
Une gouvernance solide et des partenariats stratégiques : la mise en œuvre de politiques globales, de procédures normalisées et de collaborations entre les secteurs est essentielle pour garantir l’intégrité des données, améliorer la transparence et promouvoir une utilisation responsable. Ces éléments sont fondamentaux pour maintenir un sentiment de confiance dans la société en général et parmi ceux qui développent et déploient des systèmes d’IA.
Pour que ces piliers fondamentaux soient opérationnels, nous devons traduire les principes en mesures concrètes. Les données sur le développement prennent plusieurs formes, entre autres des indicateurs, des microdonnées et des ensembles de données géographiques. Bien que les recommandations suivantes puissent être adaptées à différents types de données, elles sont spécialement conçues pour les indicateurs.
1. Systèmes de données prêts pour l’IA
Découverte des données : intégrer des capacités de recherche sémantique et lexicale pour permettre aux utilisateurs et aux systèmes d’IA de repérer les données pertinentes sur la base du sens et de mots clés ; prendre en charge la recherche multilingue et veiller à ce que les résultats soient accessibles dans des formats lisibles par machine via des API.
Accessibilité des données : mettre en œuvre des normes ouvertes et exploitables par les machines, telles que le standard SDMX, accompagnées d’une documentation complète sur les API et de métadonnées solides permettant aux systèmes d’IA d’interpréter et d’intégrer efficacement les données ; veiller à ce que les données soient mises à disposition sous des licences de données ouvertes permissives.
Interopérabilité de l’IA : utiliser des normes ouvertes comme le Model Context Protocol (MCP) pour que les systèmes d’IA puissent repérer et interpréter efficacement des sources de données fiables ; garantir la transparence et maintenir la surveillance sur le contexte et l’utilisation des données.
Assurance qualité des données : procéder à une validation complète des données à chaque étape, en utilisant des processus de vérification automatisés ainsi que des méthodologies de détection des anomalies ; veiller à ce que le personnel reçoive une formation approfondie sur la gestion de la qualité des données, car une solide assurance des données est essentielle tant pour les analyses humaines que pour celles basées sur l’IA.
Formats de diffusion multiples : fournir les données dans une gamme de formats ouverts, notamment CSV, Parquet, Arrow, JSON et API, de manière à répondre aux diverses exigences des utilisateurs et à faciliter une intégration transparente dans les flux de travail de l’IA.
Utilisation de normes de métadonnées ouvertes : appliquer les normes internationales relatives aux métadonnées et veiller à ce que toutes les métadonnées des jeux de données soient à jour et détaillées.
Définir de solides normes en matière de métadonnées : formuler et mettre en œuvre des lignes directrices exhaustives et spécifiques à chaque domaine pour générer des métadonnées structurées, en utilisant des outils pilotés par l’IA pour réaliser des processus automatisés d’assurance et d’amélioration de la qualité.
Outils de gestion : investir dans des plateformes et des technologies avancées qui permettent la validation des données et métadonnées, ainsi que la généralisation d’une gestion fiable de celles-ci, en s’appuyant sur des solutions d’intelligence artificielle.
La Banque mondiale, par l’intermédiaire de ses programmes de travail sur la qualité des données et l’IA pour les données/les données pour l’IA, fait progresser ces initiatives en fournissant des ressources en libre accès, notamment un éditeur de métadonnées (a), des directives détaillées pour la création de métadonnées de haute qualité et des cadres pilotes qui tirent parti de l’IA (a) de manière à évaluer et renforcer la qualité des métadonnées (a).
3. Gouvernance et partenariats
Respect des politiques et responsabilité : mettre en œuvre des politiques solides qui favorisent des normes rigoureuses sur la qualité des données et des métadonnées, la transparence et le libre accès ; contrôler régulièrement l’utilisation par des tiers et mettre en place des mécanismes efficaces de retour d’information.
Éthique et protection de la vie privée : intégrer des considérations éthiques et des mesures de protection de la vie privée à chaque étape du traitement des données, réaliser des évaluations d’impact exhaustives et garantir la transparence des méthodologies analytiques et des sources de données.
Collaboration internationale : faciliter l’harmonisation des normes et de la terminologie au moyen d’initiatives coordonnées, améliorer les processus d’assistance technique et mettre au point des ressources et des outils partagés et efficaces.
Coopération avec le secteur privé : favoriser les partenariats avec les entreprises technologiques afin de promouvoir le développement d’outils d’IA fondés sur des données fiables et bien gérées ; lancer des projets pilotes communs, diffuser les bonnes pratiques validées et promouvoir une transparence renforcée dans toutes les initiatives. Il faut en outre soutenir la création de solutions d’IA peu gourmandes en ressources afin de garantir l’accessibilité aux organisations en butte à d’importantes limitations de moyens.
La Banque mondiale établit des partenariats entre des organisations internationales — notamment la Commission statistique des Nations Unies, le FMI, l’OCDE et la Banque africaine de développement (BAD) —, des pays et le secteur privé afin de promouvoir une bonne gouvernance et l’adoption de normes et de mécanismes mondiaux (a) permettant de gérer et d’utiliser efficacement des données sur le développement adaptées au travail avec les systèmes d’IA.
En quoi la préparation à l’IA des données sur le développement est-elle particulière ?
Les données sur le développement diffèrent de la plupart de celles du secteur privé, car elles doivent répondre aux besoins d’utilisateurs divers, notamment les pouvoirs publics, les organisations, les chercheurs, la société civile, les entreprises et le public. Considérées comme des données à vocation publique, elles doivent être ouvertes, transparentes et responsables. Sachant que les données sur le développement influencent les décisions politiques et d’investissement dans les différents pays et systèmes, l’interopérabilité et une documentation approfondie sont essentielles.
L’utilisation et la réutilisation permanentes des données sur le développement génèrent d’autres avantages. En rendant les données sur le développement prêtes pour l’IA et accessibles aux solutions alimentées par l’IA dans les secteurs public et privé, nous augmenterons leur impact, favoriserons un partage plus équitable des bénéfices et renforcerons la confiance dans une utilisation responsable des données. L’IA peut nous aider à dégager une valeur économique et sociale plus large et potentiellement transformatrice à partir des données, en renforçant nos actions pour améliorer les vies, stimuler le développement économique et mettre fin à la pauvreté.
Un appel à l’action
La transition vers des données sur le développement prêtes pour l’IA est à la fois urgente et ambitieuse. La concrétisation de cet objectif nécessitera :
des investissements dans les infrastructures de données, le développement des compétences et l’adoption de normes mondiales relatives aux systèmes de données, aux métadonnées et à la gouvernance ;
une coopération entre les gouvernements, les organisations internationales et le secteur privé pour faciliter l’échange de bonnes pratiques et maintenir une cohérence stratégique ;
de l’innovation et une flexibilité permanentes, compte tenu de la nature évolutive des technologies de l’IA et des besoins des utilisateurs.
Nous encourageons les bureaux nationaux de statistiques, les producteurs de données, les décideurs politiques et les partenaires technologiques à prendre part à cette initiative. Grâce à un effort de collaboration et à l’adoption nécessaire de normes mondiales de qualité des données, nous pouvons faire en sorte que les données sur le développement continuent de servir de ressource fiable, inclusive et solide pour le bien public à mesure que nous progressons dans l’ère de l’IA.
Travaillons tous ensemble afin de préparer les données sur le développement pour le futur et faire en sorte que leurs apports bénéfiques soient accessibles à tous.
D’après les données publiées par les douanes burkinabés, en 2024, les exportations aurifères sont passées de 57 228 à 64 674 kilogrammes ; ce qui correspond à une hausse de 13,0 % par rapport à en 2023. Ces exportations ont généré 4,642 milliards de USD, soit environ 2 813 milliards de FCFA.
L’or demeure donc une ressource importante pour Ouagadougou, puisque cette matière première contribue à elle seule à plus de 70 % aux exportations. C’est d’ailleurs dans ce sillage que le gouvernement burkinabé a lancé en 2023 la construction d’une raffinerie aurifère dont la mise en service est attendue d’ici la fin de l’année 2025. Cette installation ayant pour objectif de mettre fin à l’exportation de l’or brut, elle permettra de créer de la valeur ajoutée locale avant l’acheminement vers les marchés internationaux. Hormis cette évolution, il y a également lieu de souligner l’adoption d’un nouveau code minier en 2024 qui renforce le rôle que l’Etat doit jouer dans ce secteur.
Malgré ces changements notables, la question du contrôle de la production, de la commercialisation et de l’exportation reste entière. A cet égard, une étude menée par la Brigade Nationale Anti-Fraude de l’Or en 2023 a estimé que seuls 30 % de la production artisanale sont captés par les comptoirs officiels et qu’il existe des circuits illicites d’exportation vers les pays voisins. De plus, cette instance estime entre 9 et 25 tonnes l’écart entre les exportations réelles et celles déclarées. Cette problématique est effectivement ressortie lorsqu’on compare les balances commerciales du Burkina Faso avec celui des pays concernés (Suisse, Emirats-Arabes Unis, …)
Il y a lieu de souligner qu’il n’est pas inhabituel d’observer que les chiffres à l’importation et ceux à l’exportation ne soient pas identiques, en raison notamment : de la différence de précision entre les instruments de mesure utilisés, des erreurs de reporting, du décalage entre la date de chargement et celle de déchargement ainsi que des propriétés physiques du produit concerné. Toutefois, tous ces facteurs ne suffissent à expliquer des différences systématiques de plus de 16 % toujours en la défaveur de l’exportateur et les écarts observés indiquent probablement de la contrebande. En effet, dans ce cas de figure, des quantités importantes portant l’estampille du pays d’origine ont été acheminées jusqu’aux ports d’arrivée, représentant en 2024 une perte d’environ 373 milliards de FCFA pour le Burkina Faso uniquement en ce qui concerne le flux vers la Suisse.
La question de la lutte contre la fraude et la contrebande est donc essentielle pour permettre à Ouagadougou de dynamiser son industrie aurifère locale et ainsi en tirer tous les profits attendus de l’exploitation de cette pierre précieuse.
[1]Concerne uniquement la Suisse, les données notamment des Emirats Arabes Unis n’étant pas encore disponibles
Le nombre d’adultes utilisant un compte d’épargne progresse à un rythme inédit depuis dix ans
Selon le rapport Global Findex 2025 (a) publié par le Groupe de la Banque mondiale, la diffusion des comptes bancaires (et autres services financiers similaires) est en plein essor dans les pays à revenu faible et intermédiaire, avec dans son sillage une hausse de l’épargne. Cette montée en puissance de l’inclusion financière est synonyme de nouvelles opportunités économiques. La technologie associée à la téléphonie mobile a joué un rôle clé dans cette progression : dans les économies en développement, 10 % des adultes épargnent sur un compte d’argent mobile, soit une augmentation de 5 points de pourcentage par rapport à 2021.
« L’inclusion financière peut améliorer les conditions de vie et transformer une économie tout entière, affirme le président du Groupe de la Banque mondiale, Ajay Banga.Et la finance numérique est un levier qui peut concrétiser ce potentiel, si toutes les conditions sont réunies. Le Groupe de la Banque mondiale travaille sur chacun de ces éléments. Nous aidons les pays à numériser les systèmes d’identité et en développer l’accès. Nous construisons des programmes de protection sociale dotés de systèmes de transferts monétaires numériques qui acheminent les ressources directement à ceux qui en ont besoin. Nous modernisons les systèmes de paiement et nous aidons à éliminer les obstacles réglementaires, afin que les particuliers et les entreprises disposent des financements dont ils ont besoin pour innover et créer des emplois. »
Bill Gates, président de la Fondation Gates (l’un des soutiens de l’initiative Global Findex), note de « réels progrès » : « Jamais autant de personnes n’ont eu accès à des outils financiers qui leur permettent d’investir dans leur avenir et de renforcer leur résilience économique, y compris parmi les femmes et toutes les autres populations qui étaient auparavant laissées pour compte. L’intérêt d’investir dans des systèmes financiers inclusifs, dans les infrastructures publiques numériques et dans la connectivité n’est plus à démontrer : c’est l’une des clés pour ouvrir des portes à tous. »
Global Findex est la source de données de référence sur l’accès aux services financiers dans le monde, qu’il s’agisse des services de paiement, d’épargne ou de crédit. Le rapport met en lumière une avancée majeure sur le front de l’inclusion financière : près de 80 % des adultes dans le monde ont désormais accès à un compte bancaire, contre 50 % en 2011. Mais cela signifie aussi que 1,3 milliard d’adultes n’ont toujours pas accès à des services financiers. La téléphonie mobile pourrait aider à y remédier : environ 900 millions d’adultes sans compte bancaire possèdent en effet un téléphone portable et, pour 530 millions d’entre eux, il s’agit d’un smartphone.
Afin de développer l’utilisation des services financiers, le rapport préconise notamment d’investir dans des systèmes qui permettent des transferts monétaires instantanés, tels que UPI en Inde ou PIX au Brésil. Il plaide également pour des cadres de protection des consommateurs plus solides et une plus grande sécurisation des téléphones et des comptes.
Les données Global Findex montrent par ailleurs que les technologies numériques contribuent à réduire les disparités d’inclusion financière entre les sexes. À l’échelle mondiale, 77 % des femmes possèdent un compte bancaire, contre une proportion de 81 % chez les hommes. Dans les pays à revenu faible et intermédiaire, le taux de possession d’un compte bancaire chez les femmes a presque doublé, pour passer de 37 à 73 % entre 2011 et 2024.
Le rapport Global Findex 2025 comprend pour la première fois des données sur la possession d’un téléphone mobile personnel et sur l’utilisation d’internet. Selon cet indicateur de connectivité numérique, 86 % des adultes possédaient un téléphone mobile, et 68 % d’entre eux un smartphone. L’utilisation croissante des téléphones mobiles pour des transactions numériques comporte toutefois de nouveaux risques. Sur les 4 milliards d’adultes qui possèdent un téléphone portable dans les économies à revenu faible et intermédiaire, seule la moitié environ utilisent un mot de passe pour protéger leur appareil.
Dans l’ensemble des pays en développement, un nombre croissant de personnes règlent leurs achats avec un téléphone mobile ou une carte bancaire. En 2024, 42 % des adultes des pays à revenu faible et intermédiaire ont effectué un paiement numérique en magasin ou en ligne, contre 35 % en 2021. Les trois quarts des adultes qui reçoivent des versements de l’État — et la moitié des salariés — perçoivent leurs paiements sur un compte, ce qui permet de réduire les vols et de s’assurer que l’argent va à la bonne personne.
Tendances régionales :
Asie de l’Est et Pacifique : Cette région est la plus avancée du monde en matière de connectivité numérique et d’utilisation des services financiers : 86 % des adultes possèdent un smartphone et 83 % un compte bancaire.
Europe et Asie centrale : Dans cette région qui affiche les taux d’utilisation d’internet et d’activité sur les réseaux sociaux les plus élevés parmi les économies en développement, 94 % des adultes possèdent un téléphone mobile.
Amérique latine et Caraïbes : Environ 70 % des adultes possèdent un compte bancaire, et plus de la moitié l’utilisent pour des paiements numériques à l’aide d’une carte ou d’un téléphone.
Moyen-Orient et Afrique du Nord : Le taux de possession d’un compte bancaire est passé de 45 à 53 % entre 2021 et 2024, tandis que 17 % des adultes possèdent désormais un compte d’épargne, contre 11 % en 2021.
Asie du Sud : Près de 80 % des adultes de la région possèdent un compte bancaire, mais ce taux élevé est principalement attribuable à l’Inde, où 90 % des hommes et des femmes sont titulaires d’un compte et 65 % possèdent un téléphone mobile.
Afrique subsaharienne : La proportion d’adultes qui détiennent un compte bancaire atteint 58 % (contre 49 % en 2021) en Afrique subsaharienne, leader mondial des comptes d’argent mobile.
Le nouveau hub renforce la stratégie de long terme de Yango Group sur le continent en soutenant l’innovation locale, l’entrepreneuriat et le développement des infrastructures numériques.
Yango Group, entreprise technologique basée à Dubaï et présente dans plus de 30 pays, annonce l’ouverture de son nouveau bureau régional africain à Abidjan. Ce hub coordonnera les opérations croissantes du groupe à travers le continent, marquant un nouveau chapitre dans l’engagement de long terme de Yango en Afrique. Avec près de 200 collaborateurs déjà sur le terrain, l’entreprise prévoit de renforcer ses capacités locales au cours de l’année à venir.
Lancée pour la première fois en Côte d’Ivoire en 2018, Yango a fait de l’Afrique son point de départ. Depuis, l’entreprise s’est implantée dans 16 pays africains, développant un portefeuille varié de services numériques. Aujourd’hui, en faisant d’Abidjan son siège continental, Yango Group affirme sa volonté d’ancrer encore davantage sa présence régionale et d’accélérer l’innovation adaptée aux réalités locales.
“Ce nouveau bureau régional à Abidjan marque un nouveau chapitre dans notre parcours à travers l’Afrique. Notre stratégie consiste à bâtir des écosystèmes numériques qui donnent aux pays les moyens d’agir de l’intérieur — en s’appuyant sur des technologies mondiales, mais toujours ancrées dans les réalités locales”, déclare Daniil Shuleyko, PDG de Yango Group. “L’Afrique est là où tout a commencé pour nous — et aujourd’hui, nous investissons dans l’avenir en faisant d’Abidjan le siège de notre plus grand bureau en Afrique, et le centre de notre stratégie pour le continent.”
Construire des écosystèmes numériques inclusifs à travers l’Afrique
La stratégie de Yango Group repose sur la création d’écosystèmes numériques inclusifs, localement adaptés, qui vont bien au-delà des services individuels. En combinant ses technologies mondiales à une approche hyperlocale, l’entreprise ambitionne d’accompagner la transformation numérique du continent.
Sur l’ensemble du continent africain, Yango propose déjà une large gamme de services allant du transport à la demande à la livraison de repas, en passant par la navigation, l’e-commerce et les paiements numériques — tous intégrés dans une seule et même Super App. Ces services contribuent à générer des opportunités économiques pour les chauffeurs, livreurs, petits commerçants et utilisateurs.
Alors que Yango Group poursuit son expansion, elle prévoit de répliquer ce modèle dans de nouveaux pays, en créant des plateformes qui répondent aux besoins locaux tout en renforçant les chaînes de valeur existantes. L’entreprise prévoit également de lancer de nouvelles solutions technologiques adaptées aux entreprises locales, afin de les aider à se développer et à se structurer grâce au digital.
Le programme Yango Fellowship passe à l’échelle panafricaine
Dans le cadre de sa stratégie de long terme pour soutenir la transformation numérique de l’Afrique et au-delà, Yango renforce ses investissements dans les talents locaux — un levier essentiel pour favoriser l’adoption durable des technologies et stimuler l’innovation sur le continent. L’entreprise franchit une nouvelle étape en élargissant le programme Yango Fellowship à l’échelle panafricaine, avec pour objectif d’équiper plusieurs centaines de milliers de jeunes talents des compétences numériques d’avenir, sur l’ensemble de ses marchés africains. Déjà actif en Côte d’Ivoire, ce programme fera d’Abidjan son centre régional de coordination et de formation pour le continent.
“Notre mission va bien au-delà de simplement fournir des services technologiques,” ajoute Daniil Shuleyko. “En investissant dans les talents et les compétences, en particulier chez les jeunes, nous contribuons à poser les bases d’une innovation durable et d’écosystèmes numériques autosuffisants en Afrique. Avec des programmes comme Yango Fellowship, nous voulons donner les moyens d’agir à la prochaine génération de leaders technologiques africains.”
À propos de Yango Group
Yango Group est une entreprise technologique internationale qui transforme les technologies mondiales en services quotidiens adaptés aux communautés locales. Avec un engagement indéfectible envers l’innovation, nous remodelons et améliorons les technologies de pointe du monde entier en services intégrés au quotidien pour des régions diverses. Yango propose sa Super App au travers de laquelle des services de mobilité numérique et autres services sont fournis par des tiers indépendants dans plus de 30 pays en Europe, au Moyen-Orient, en Afrique et en Amérique latine. L’application multilingue de Yango est disponible gratuitement sur Android et iOS.
Farafina.tech, une base de données Africaines au service de l'intégrité électorale
Dans un contexte où l’Afrique traverse une période déterminante marquée par les défis démocratiques majeurs et des interrogations sur l’intégration – la pertinence – des processus électoraux, AfricTivistes déploie Farafina, le premier guichet unique en ligne dédiée aux élections et aux processus électoraux en Afrique.
Un défi continental d’envergure
L’Afrique fait face à une crise de confiance démocratique sans précédent. Les processus électoraux sont régulièrement entachés par un manque chronique de transparence, une participation citoyenne insuffisante, la prolifération alarmante de la désinformation et une mise en œuvre déficiente des recommandations issues des missions d’observation électorale. Ces dysfonctionnements fragilisent la légitimité des institutions démocratiques et érodent dangereusement la confiance des citoyens dans les systèmes de gouvernance.
Un défi particulièrement préoccupant réside dans la dispersion, l’inaccessibilité et la faible actualisation des données électorales essentielles – qu’elles soient juridiques, techniques ou démographiques. Cette fragmentation de l’information constitue un obstacle majeur à la participation éclairée des citoyens et limite considérablement la capacité d’action de la société civile dans l’accompagnement des processus électoraux.
Farafina : La première plateforme numérique dédiée à l’intégrité électorale en Afrique
Farafina – qui signifie “Afrique” en Mandingue – répertorie les données démographiques, organise les informations agrégées des systèmes électoraux, pilote une veille sur le cadre légal électoral des pays africains. Elle propose un système de visualisation de données complet incluant des fiches techniques par pays sur les codes et dispositions électoraux. La plateforme est au service des organisations de la société civile, des observateurs citoyens, des autorités électorales, des acteurs politiques et des partenaires.
« Farafina Tech représente bien plus qu’une simple plateforme technologique », déclare Cheikh Fall, Président de AfricTivistes. « C’est le résultat de plusieurs années de veille, de collecte de données et d’ingénierie. Farafina.tech est un outil d’émancipation démocratique qui place l’information et la transparence au cœur de la participation citoyenne. Notre ambition est de contribuer à l’émergence d’une nouvelle génération de citoyens africains informés, engagés et outillés pour défendre et consolider les acquis démocratiques du continent. Elle fait partie des piliers de réalisation de la citoyenneté augmentée.»
Farafina propose ainsi des fonctionnalités, notamment :
Un répertoire complet des données démographiques
Une agrégation des informations sur les systèmes électoraux
Une veille sur le cadre légal électoral des pays africains
Un système de visualisation de données incluant des fiches techniques par pays
L’initiative Farafina s’inscrit dans le projet panafricain AHEAD Africa, axé sur les multiples facettes du cycle électoral en Afrique, qui vise à améliorer l’intégrité électorale et à outiller la société civile pour renforcer les processus démocratiques. Elle témoigne de l’engagement de AfricTivistes à renforcer la démocratie et la participation citoyenne en Afrique à l’ère du numérique.
Le lancement de Farafina s’accompagne d’un ensemble d’initiatives complémentaires qui forment un véritable écosystème d’innovation démocratique :
• Cartographie Sóobu Tech4Elections : Une mappographie exhaustive des initiatives citoyennes électorales à travers l’Afrique, développée en partenariat avec des acteurs locaux pour identifier et valoriser l’engagement des jeunes ainsi que la participation citoyenne.
• MOOC Élections AfricTivistes : Un cours en ligne ouvert et massif (MOOC) gratuit proposant une formation complète sur la démocratie, la gouvernance, processus électoraux, l’engagement des jeunes, la culture de la paix… , accessible à tous les citoyens africains désireux d’approfondir leurs connaissances.
• Africa ElectionLab : Un laboratoire d’innovation qui organisera des hackathons dédiés au développement de solutions technologiques adaptées aux défis spécifiques de la société civile africaine.
• Programme de subventions Election Civic Tech Fund : Une série de financements dédiés au développement et à la mise à l’échelle des technologies civiques électorales innovantes
AHEAD Africa est Co-financé par l’Union européenne, le consortium du projet panafricain AHEAD Africa.
Pour tout renseignement complémentaire, veuillez envoyer un mail à : info@africtivistes.org.
Reconstruire le multilatéralisme : un changement de paradigme pour que ce soient les pays qui portent la réponse aux problématiques de notre temps
Sommet FfD4 de Séville – Finance internationale
Deux ans après le Sommet pour un nouveau Pacte financier mondial, qui s’est tenu à Paris en juin 2023, et où est né le Pacte pour la Prospérité, les peuples et la planète (4P), la quatrième édition de la Conférence internationale sur le financement du développement, qui s’est tenue en Espagne, a permis au Président Emmanuel Macron et au Président William Ruto de réunir les chefs d’État et de gouvernement du 4P.
Face à la montée des tensions géopolitiques, à la pression croissante pesant sur la coopération multilatérale, aux contraintes budgétaires et financières auxquelles sont confrontés les acteurs traditionnels du développement et de la coopération, autant de facteurs qui entrainent une baisse du financement de la solidarité internationale et de la lutte contre le changement climatique à l’échelle mondiale, les chefs d’État et de gouvernement ont prouvé que le 4P constitue une plateforme positive pour un multilatéralisme constructif.
Depuis son lancement, le 4P est devenu une communauté dynamique qui englobe 73 pays de tous les continents, représentant tous les niveaux de revenus, avec le soutien du secrétariat du 4P. Ensemble, ces pays sont déterminés à accélérer leurs efforts pour bâtir l’architecture financière internationale du XXIe siècle et promouvoir la souveraineté nationale en matière de programme de développement pour qu’aucun pays ne soit contraint de choisir entre lutter contre la pauvreté et sauver la planète.
Pour appuyer le succès de la quatrième édition de la Conférence des Nations unies sur le financement du développement et de la plateforme de Séville pour l’Action, le 4P lance plusieurs initiatives fondées sur la feuille de route établie en juin 2023 lors du Sommet pour un nouveau Pacte financier mondial, notamment :
pour mieux répondre aux nouvelles vulnérabilités financières liées aux effets du changement climatique :
l’analyse des liens entre la dette et les besoins en matière de protection de l’environnement du Rapport d’experts indépendants sur la dette, la nature et le climat associée à une marche à suivre pour la mise en œuvre d’un socle de recommandations formulées à Séville ;
le lancement d’une feuille de route pour mieux prendre en compte la vulnérabilité multidimensionnelle, dépassant les modèles ou de répartition du PIB en matière d’allocation des ressources ;
l’établissement d’un groupe de travail afin d’étudier la prochaine génération d’instruments de financement résilients aux risques et de soutenir la mise en œuvre et le développement des clauses de suspension de la dette ;
pour faire reconnaître la nécessité d’exploiter des ressources complémentaires pour le financement des biens publics du monde entier, l’intensification de la recherche et la mobilisation en faveur des leviers de solidarité et le lancement d’une coalition sur la contribution des Premium Flyers à des transitions justes ;
pour débloquer le capital privé nécessaire à la transition et à la lutte contre la pauvreté, le lancement d’un groupe de personnes éminentes chargé de s’attaquer aux obstacles à l’investissement dans les marchés émergents et les économies en développement, en appui aux travaux du G20 sur le coût du capital.
En présence du Groupe de la Banque mondiale, de l’Organisation mondiale du commerce et de l’Organisation de coopération et de développement économiques, les chefs d’État et de gouvernement ont réaffirmé leur volonté de travailler ensemble pour repenser les méthodes actuelles de financement du développement tout en plaçant les approches à fort impact et pilotées par les pays au cœur de leurs travaux grâce aux coalitions de volontaires. Ils ont souligné combien il importe de veiller à ce que le commerce et le développement durable se soutiennent mutuellement et ils ont rappelé leur engagement en faveur du système commercial multilatéral fondé sur des règles, reconnaissant qu’une réforme en profondeur est nécessaire. S’appuyant sur cette méthode, ils ont tracé la voie du progrès, notamment en ciblant les problématiques communes urgentes comme le financement de la santé et les transitions climatiques justes.
Pour avancer sur ces priorités et relever le niveau d’ambition dans toutes les enceintes, en particulier la COP30, ils ont désigné le Président Moussa Faki comme nouvel envoyé spécial du 4P (il succède à la ministre Chrysoula Zacharopoulou).
Chefs d’État et de gouvernement signataires :
• Emmanuel MACRON, Président de la République française • William RUTO, Président de la République du Kenya
• Pedro SÁNCHEZ, Président du gouvernement d’Espagne
• João LOURENÇO, Président de la République d’Angola
• Gustavo PETRO, Président de la République de Colombie
• Cyril RAMAPHOSA, Président de la République d’Afrique du Sud
• Friedrich MERZ, Chancelier fédéral de la République fédérale d’Allemagne
• Mia MOTTLEY, Première ministre de la Barbade
• Mark CARNEY, Premier ministre du Canada
• Keir STARMER, Premier ministre du Royaume-Uni de Grande Bretagne et d’Irlande du Nord
• Tharman SHANMUGARATNAM, Président de la République de Singapour
• Mohammed VI, Roi du Royaume du Maroc
• Bassirou Diomaye FAYE, Président de la République du Sénégal
• Bola TINUBU, Président de la République fédérale du Nigéria
• Ursula VON DER LEYEN, Présidente de la Commission européenne
Le secteur de l’aviation représente plus de 2,5 % des émissions anthropiques de CO₂ et reste l’un des secteurs dont les émissions de gaz à effet de serre augmentent le plus rapidement. Pourtant, le kérosène, en particulier pour les vols internationaux, reste généralement exonéré de tous droits de douane et taxes. Dans les pays du G20, le prix moyen du kérosène en 2021 était de 9 euros/tonne de CO₂, contre 79 euros pour le diesel et 68 euros pour l’essence. Entre-temps, les voyages en avion restent fortement corrélés au niveau de revenu, avec une forte augmentation du segment des voyages premium depuis la pandémie de Covid-19.
Lors du Sommet pour un nouveau Pacte financier mondial en 2023, les dirigeants mondiaux ont souligné la nécessité urgente de trouver de nouvelles ressources financières pour aider les économies vulnérables à sortir leur population de la pauvreté tout en protégeant la planète, et de veiller à ce que chaque nation définisse sa propre stratégie à cet égard. La quatrième conférence internationale sur le financement du développement (Séville, Espagne), au cours de laquelle la communauté internationale réaffirme son engagement à mettre en place un nouveau cadre de financement mondial pour le développement durable, offre une occasion unique de lancer des initiatives transformatrices.
Sur la base de l’expertise recueillie par le groupe de travail sur les contributions de solidarité mondiale, lancé lors de la COP28 dans le cadre du Pacte pour la prospérité, les peuples et la planète (4P), la France, le Kenya, la Barbade, l’Espagne, la Somalie, le Bénin, la Sierra Leone et Antigua-et-Barbuda annoncent le lancement d’une coalition, dans le cadre de la plateforme d’action de Séville (SPA), pour travailler en vue de la COP30 sur une meilleure contribution du secteur de l’aviation à des transitions équitables et à la résilience, avec une attention particulière pour les voyageurs premium, en vue d’investir tout ou une partie des recettes dans des investissements résilients et des transitions équitables. La Commission européenne continuera à fournir un soutien technique à cette initiative.
La coalition vise à améliorer la mobilisation des recettes nationales des pays en développement et à soutenir la solidarité internationale (en particulier en ce qui concerne l’atténuation et l’adaptation au changement climatique, les pandémies et d’autres enjeux de développement). Elle s’efforcera d’augmenter le nombre de pays appliquant des taxes sur les billets d’avion, y compris sur les voyages premium, et de taxer les jets privés sur la base des meilleures pratiques, tout en garantissant une harmonisation vers le haut et une plus grande progressivité dans les pays qui ont déjà mis en place de telles taxes. Elle travaillera également sur les principes d’utilisation des recettes.
Parallèlement, ces pays pourront étudier les possibilités d’une taxation généralisée au niveau international, en s’appuyant sur les discussions en cours à l’OACI sur la décarbonisation du secteur de l’aviation, dans le respect de la convention de Chicago.
Nota bene:
Les pays membres de la coalition pour la contribution des avions à primes à des transitions équitables et à la résilience sont la France, le Kenya, la Barbade, l’Espagne, la Somalie, le Bénin, la Sierra Leone et Antigua-et-Barbuda. La Commission européenne apportera un soutien technique.
Lors de la FfD4, la 4e Conférence internationale sur le financement du développement, un side event mettra à l’honneur le scaling transformationnel – une démarche innovante pour créer un impact durable à grande échelle, entre projet pilote et programme structurant.
📅 Mardi 1er juillet 2025, de 12h30 à 14h (CEST) 💻 Événement en ligne dans le cadre de la 4e Conférence internationale sur le financement du développement (FfD4 – Séville) Inscrivez-vous pour recevoir votre lien de connexion
Dans la continuité de l’événement du 20 juin à l’AFD, ce rendez-vous répond à l’urgence de faire évoluer nos approches pour à la fois accélérer l’Agenda 2030 et faire face aux menaces sur le financement de la solidarité internationale.
Co-organisé avec la Scaling Community of Practice (5000 membres dans le monde), il réunira organisations, opérateurs et bailleurs du Sud et du Nord pour partager et échanger en trois temps :
• Comprendre les fondamentaux du scaling transformationnel et ses enjeux (approche systémique, partenariats renforcés, démultiplication d’impacts etc.) • Voir comment il est mis en pratique • Et ce que cela implique chez les financeurs : le rôle crucial des banques publiques de développement ; où en est-on dans l’organisation des bailleurs et quel avenir pour le transformative scaling ?
Panelistes : • Jean-Michel Severino, Ferdi, Senior advisor, and former AFD CEO. • Larry Cooley, SCoP – Scaling Community of Practice, Founder an Co-Curator. • Benjamin Kumpf, OCDE, Head, Innovation for Development Facility. • Muttreja Poonam,Population Foundation of India, Executive Director. • Amos Dembele, Tarl Africa, Ivory Coast Country Director. • Anne Thibault, Fund for Innovation in Development (FID), CIO. • Toon Driesen, Enabel, Innovation Hub Manager. • Komlanvi Moglo, BOAD, Chairman Representative at the IDFC. • Papa Amadou Sarr, AFD, Executive Director, Mobilization, Parnership and Communication (MPC).
L’avenir du financement de la solidarité internationale se joue peut-être là Inscrivez-vous ici pour recevoir votre lien de connexion
Thierry Barbaut et Karim Ndiaye de l'entreprise Meridiam sur la centrale photovoltaïque de Ten Merina au Sénégal
Selon un nouveau rapport de la Banque mondiale publié aujourd’hui, l’efficacité énergétique recèle un immense potentiel dans les pays en développement qui, s’il était exploité, serait déterminant pour accélérer l’accès à une énergie abordable et sûre, renforcer les économies nationales et créer davantage d’emplois. Ainsi, chaque dollar investi dans l’efficacité énergétique peut rapporter entre 3 et 5 dollars.
L’efficacité énergétique peut considérablement réduire le montant des investissements futurs dans la fourniture d’électricité, jusqu’à 11,6 milliards de dollars d’économies pour un pays à revenu intermédiaire type d’ici 2050. Elle peut aussi stimuler la compétitivité et créer des emplois. En 2022, l’efficacité énergétique était la plus grande source d’emplois dans le secteur de l’énergie avec près de 11 millions d’employés dans le monde, depuis les activités de fabrication et de construction d’équipements jusqu’à leur installation et aux services de maintenance.
« L’efficacité énergétique n’est plus une option parmi d’autres. C’est un impératif pour les pays soucieux d’apporter à leur population une énergie fiable et abordable, tout en stimulant la croissance économique et la création d’emplois, déclare Guangzhe Chen, vice-président de la Banque mondiale pour les Infrastructures. Notre nouveau rapport présente des initiatives nationales couronnées de succès et propose une feuille de route pour mettre en place des programmes à grande échelle qui permettent de libérer le vaste potentiel de l’efficacité énergétique. »
Étant donné que près des deux tiers de l’énergie primaire mondiale sont gaspillés, le rapport exhorte les pouvoirs publics, les institutions financières et le secteur privé à donner la priorité à l’efficacité énergétique et à passer de projets pilotes à petite échelle à des programmes nationaux ciblant tous les utilisateurs, qu’il s’agisse des équipements publics, des ménages ou de l’industrie. Ces efforts aideront les pays à gérer l’augmentation de la demande d’électricité, à éviter les dépenses excessives pour de nouvelles infrastructures, à réduire les importations de combustibles et à diminuer la dette future de leur secteur énergétique. Cependant, la maîtrise de l’énergie ne représente qu’une petite partie des investissements énergétiques dans les économies émergentes. La volonté politique et les mesures incitatives sont rares, outre le fait que des financements insuffisants et des informations peu fiables freinent aussi les progrès. Les pays à revenu faible et intermédiaire de la tranche inférieure se heurtent à des obstacles plus importants en raison des coûts d’investissement élevés et de l’accès limité au financement, ce qui rend plus difficile pour eux d’investir dans l’efficacité énergétique.
Le rapport souligne enfin que l’exploitation du plein potentiel de l’efficacité énergétique nécessitera des efforts conjugués des gouvernements, des partenaires donateurs et du secteur privé. Les banques multilatérales de développement, les donateurs et les pays clients doivent travailler ensemble pour s’assurer que les politiques gouvernementales accordent la priorité à l’efficacité énergétique, dans le cadre d’institutions plus solides. À cet égard, une assistance technique et des financements peuvent aider les pays à transformer progressivement leurs projets à petite échelle en programmes nationaux. De telles mesures enverraient un signal fort au marché, ce qui peut, à son tour, attirer de nouveaux fournisseurs et favoriser la concurrence, entraînant ainsi une baisse des prix pour tous les consommateurs et la mobilisation de financements commerciaux.
À propos du Groupe de la Banque mondiale
Le Groupe de la Banque mondiale s’efforce de créer un monde sans pauvreté sur une planète vivable en alliant financements, connaissances et compétences. Il est constitué de la Banque mondiale, qui se compose de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) et de l’Association internationale de développement (IDA) ; de la Société financière internationale (IFC) ; de l’Agence multilatérale de garantie des investissements (MIGA) ; et du Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI). Pour en savoir plus, rendez-vous sur : www.banquemondiale.org, https://ida.banquemondiale.org/fr/home, www.miga.org, www.ifc.org/fr/home et https://icsid.worldbank.org/fr.
À propos de l’ESMAP
Le Programme d’assistance à la gestion du secteur énergétique (ESMAP) est un partenariat entre la Banque mondiale et plus de 20 partenaires qui a vocation à aider les pays à revenu faible ou intermédiaire à réduire la pauvreté et à promouvoir la croissance économique grâce à l’adoption de solutions énergétiques écologiquement viables.
Ses services d’analyse et de conseil sont pleinement intégrés dans les activités de financement et de dialogue sur les politiques publiques dans le secteur énergétique menées par la Banque mondiale dans ses pays clients. Sous l’égide de la Banque mondiale, l’ESMAP s’emploie à accélérer une transition énergétique indispensable à la réalisation de l’Objectif de développement durable no 7 qui vise à garantir l’accès de tous à une énergie abordable, fiable, durable et moderne. Il contribue aussi à orienter les stratégies et programmes institutionnels en vue d’atteindre les cibles du Plan d’action sur le changement climatique adopté par la Banque mondiale. Pour en savoir plus, rendez-vous sur https://esmap.org
Selon le dernier rapport publié par la Banque mondiale, l’intensification des tensions commerciales et l’incertitude entourant les politiques publiques devraient faire chuter la croissance mondiale cette année à son rythme le plus faible depuis 2008 (à l’exception des récessions caractérisées). Les turbulences récentes ont entraîné une révision à la baisse des prévisions de croissance pour près de 70 % des économies du monde, toutes régions et catégories de revenu confondues.
Les Perspectives économiques mondiales prévoient que la croissance ralentira à 2,3 % en 2025, soit une performance inférieure de près d’un demi-point de pourcentage à celle qui avait été projetée au début de l’année. Elles n’anticipent pas de récession mondiale. Néanmoins, si les prévisions pour les deux prochaines années se confirment, la croissance mondiale moyenne sur la période 2020–2026 sera la plus basse enregistrée depuis les années 1960.
« En dehors de l’Asie, le monde en développement entre de plus en plus dans une ère de stagnation, alerte Indermit Gill, économiste en chef et premier vice-président du Groupe de la Banque mondiale pour l’Économie du développement. Cette menace plane depuis plus d’une décennie maintenant. La croissance dans les économies en développement a progressivement marqué le pas depuis trente ans, pour passer de 6 % par an dans les années 2000 à 5 % dans les années 2010, avant de tomber à moins de 4 % dans les années 2020. Cette évolution suit la trajectoire de la croissance du commerce mondial, qui a baissé de 5 % en moyenne dans les années 2000 à environ 4,5 % dans les années 2010, puis chuté à moins de 3 % dans les années 2020. La croissance des investissements s’est également tassée, tandis que la dette a atteint des niveaux records. »
La croissance devrait ralentir dans près de 60 % des économies en développement cette année, pour s’établir en moyenne à 3,8 % en 2025 avant de remonter légèrement à 3,9 % en moyenne en 2026 et 2027. Des taux inférieurs de plus d’un point de pourcentage à la moyenne enregistrée dans les années 2010. Les pays à faible revenu devraient afficher une croissance de 5,3 % cette année, soit 0,4 point de pourcentage de moins que le taux projeté au début de 2025. Le relèvement des droits de douane et le resserrement des marchés du travail engendrent également des pressions inflationnistes : selon les projections, l’inflation mondiale se situera à 2,9 % en moyenne en 2025, soit un taux qui reste supérieur aux niveaux d’avant la pandémie.
Le ralentissement de la croissance va entraver la capacité des pays en développement à stimuler la création d’emplois, réduire l’extrême pauvreté et combler le fossé qui les sépare des niveaux de revenu par habitant des économies avancées. La croissance du revenu par habitant dans les économies en développement devrait s’établir à 2,9 % en 2025, soit 1,1 point de pourcentage de moins que la moyenne enregistrée entre 2000 et 2019. En supposant que les économies en développement (hors Chine) soient en mesure de maintenir une croissance du PIB de 4 % (ce qui correspond aux projections pour 2027), il leur faudrait environ deux décennies pour retrouver leur trajectoire d’avant la pandémie.
La croissance mondiale pourrait rebondir plus rapidement que prévu si les grandes économies parviennent à atténuer les tensions commerciales, ce qui réduirait l’incertitude politique générale et la volatilité financière. Selon le rapport, si les différends commerciaux actuels étaient résolus par des accords qui réduisent de moitié les droits de douane par rapport à leur niveau de la fin du mois de mai, la croissance mondiale gagnerait 0,2 point de pourcentage de plus en moyenne sur la période 2025-2026.
« Les économies de marché émergentes et en développement ont récolté par le passé les fruits de l’intégration commerciale, mais elles se retrouvent aujourd’hui en première ligne d’un conflit commercial mondial, souligne M. Ayhan Kose, économiste en chef adjoint et directeur de la cellule Perspectives de la Banque mondiale. La meilleure parade consiste à redoubler les efforts d’intégration avec de nouveaux partenaires, à faire avancer les réformes de soutien à la croissance et à renforcer la résilience budgétaire pour surmonter la tempête. Face à la hausse des barrières commerciales et à la montée de l’incertitude, une reprise du dialogue et de la coopération à l’échelle mondiale peut mener à un avenir plus stable et plus prospère. »
Alors qu’elles sont confrontées à une multiplication des obstacles aux échanges, les économies en développement devraient privilégier une plus grande libéralisation en nouant des partenariats commerciaux et d’investissement stratégiques avec d’autres économies et en diversifiant leurs échanges, notamment dans le cadre d’accords régionaux. Compte tenu des ressources publiques limitées et des besoins croissants de développement, les décideurs devraient s’attacher à mobiliser les recettes intérieures, donner la priorité aux dépenses en faveur des ménages les plus vulnérables et renforcer les cadres budgétaires.
Enfin, pour accélérer la croissance économique, les pays devront améliorer le climat des affaires et promouvoir l’emploi productif en dotant les travailleurs des compétences nécessaires et en créant les conditions d’une rencontre efficace entre travailleurs et entreprises sur le marché du travail. Une collaboration mondiale sera cruciale pour soutenir les économies en développement les plus vulnérables, notamment sous la forme d’interventions multilatérales, de financements concessionnels et, pour les pays en proie à des conflits, d’une aide et d’un soutien d’urgence.
Asie de l’Est et Pacifique : La croissance devrait ralentir à 4,5 % en 2025 et 4 % en 2026-2027. Pour en savoir plus, consulter la synthèse régionale (a).
Europe et Asie centrale : La croissance devrait marquer le pas à 2,4 % en 2025 avant de remonter légèrement à 2,6 % en 2026-2027. Pour en savoir plus, consulter la synthèse régionale (a).
Amérique latine et Caraïbes : La croissance devrait se maintenir à 2,3 % en 2025 avant de se consolider à 2,5 % en moyenne en 2026-2027. Pour en savoir plus, consulter la synthèse régionale (a).
Moyen-Orient et Afrique du Nord : La croissance régionale devrait atteindre 2,7 % en 2025, puis s’accélérer encore pour s’établir en moyenne à 3,9 % en 2026-2027. Pour en savoir plus, consulter la synthèse régionale.
Asie du Sud : La croissance devrait se tasser à 5,8 % en 2025 avant de se consolider à 6,2 % en moyenne en 2026-2027. Pour en savoir plus, consulter la synthèse régionale (a).
Afrique subsaharienne : La croissance devrait s’accélérer pour s’établir à 3,7 % en 2025 et atteindre 4,2 % en moyenne en 2026-2027. Pour en savoir plus, consulter la synthèse régionale.
Pourtant, cette ressource commune inestimable est aujourd’hui menacée. La pollution, la surpêche, la hausse des températures et la perte de biodiversité érodent la capacité des océans à soutenir les économies et les populations locales. Les pays en développement qui en dépendent pour leur alimentation et leurs moyens de subsistance sont aujourd’hui confrontés à des risques croissants.
Et alors que les menaces s’aggravent, les financements consacrés à la protection des océans restent largement insuffisants au regard des besoins.
Le secteur privé a un rôle central à jouer. Les solutions fondées sur la nature, comme la restauration des mangroves, des marais littoraux et des herbiers marins, offrent des possibilités d’investissement à fort impact et à faible coût, tout en apportant des bénéfices mesurables pour le stockage du carbone et la réduction des risques de catastrophe. La pêche et l’aquaculture durables sont également essentielles pour la nutrition et l’emploi. En 2021, les aliments d’origine aquatique (poisson et algues) ont assuré au moins 20 % de l’apport en protéines de 3,2 milliards de personnes. Et cette demande devrait doubler d’ici à 2050.
Le développement de ce secteur est à la fois une nécessité et une opportunité.
La finance bleue porte déjà ses fruits. Les Seychelles ont émis la première obligation bleue souveraine au monde en 2018, levant 15 millions de dollars pour financer la conservation marine et à la pêche durable. Ce financement s’est accompagné d’un échange « dette-nature » qui a permis de classer 30 % des eaux territoriales du pays en aires marines protégées. Dans les îles du Pacifique, des réformes politiques soutenues par le Groupe de la Banque mondiale ont conduit à une hausse considérable des recettes tirées des permis de pêche de 70 millions de dollars en 2009 à 495 millions en 2021. Ce qui a permis au secteur privé d’investir et de tripler les activités de transformation et les exportations de thon, avec à la clé la création de 25 000 emplois. Il ne s’agit là que de quelques exemples. Avec des partenariats public-privé et des instruments adaptés, la finance bleue peut accélérer son essor.
Or, selon une étude récente du Groupe de la Banque mondiale, les capitaux privés ne représentent même pas 1 % du total des financements liés aux océans. Les coûts de transaction élevés, le manque de clarté des réglementations et la faiblesse des structures du marché freinent encore les progrès.
Comment inverser la tendance ?
Premièrement, les pays doivent renforcer les marchés et les écosystèmes financiers en réduisant les coûts de transaction et en améliorant les systèmes de données et de vérification, de manière à attirer les investissements privés.
Deuxièmement, la finance bleue doit être intégrée dans les politiques nationales afin d’aligner les investissements dans les océans sur les priorités de chaque pays et de faciliter de nouvelles sources de financement.
Troisièmement, les politiques réglementaires et les cadres de gestion des risques doivent être harmonisés pour permettre la participation du secteur privé.
Quatrièmement, les communautés locales doivent être impliquées dans la conception et à la mise en œuvre de solutions qui répondent à la fois aux besoins locaux et aux objectifs nationaux.
C’est pourquoi le Groupe de la Banque mondiale renforce son soutien en faveur d’une exploitation durable des ressources marines et côtières, fort de la conviction que la santé des océans contribue à la croissance, à la sécurité alimentaire et à la création d’emplois. Cet engagement s’inscrit dans une approche de l’économie bleue qui vise à stimuler une croissance durable tout en restaurant et en préservant la santé des écosystèmes océaniques.
Le portefeuille de la Banque mondiale dédié à l’économie bleue a quasiment doublé entre les exercices 2020 et 2024, passant de 5,9 à 10,5 milliards de dollars. Du côté du secteur privé, les investissements de la Société financière internationale (IFC) ont soutenu près de 2 milliards de dollars d’obligations et de prêts bleus sur l’ensemble des régions du monde. Une dynamique renforcée par le lancement en 2022 des Lignes directrices d’IFC pour la finance bleue, qui sont désormais largement adoptées par les marchés et dans les taxonomies nationales.
Mais soyons clairs : la finance bleue ne concerne pas seulement les océans, c’est un enjeu vital pour les populations. Pour que les communautés côtières puissent prospérer, que les petites îles résistent aux tempêtes, et que la biodiversité soit préservée pour les générations à venir.
C’est pourquoi nous devons développer la finance bleue, car il n’y pas de planète vivable sans des océans en bonne santé.
AUX COTES DE JENSEN HUANG FONDATEUR ET CEO DE NVIDIA ET ARTHUR MENSCH CEO DE MISTRAL AI
A l’occasion de sa prochaine édition, qui se tiendra du 11 au 14 juin à Paris, VivaTech, plus grand événement startup et tech d’Europe a l’honneur d’annoncer une session de dernière minute unique dans le Dôme de Paris réunissant ce mercredi, le Président de la République Emmanuel Macron, Jensen Huang fondateur et CEO de NVIDIA et Arthur Mensch CEO de Mistral AI.
Une session immanquable dans le Dôme de Paris
Mercredi 11 juin 2025 à 17h30, une session exceptionnelle se tiendra dans le Dôme de Paris à l’occasion de VivaTech. NVIDIA et Mistral AI viendront échanger, aux côtés du Président de la République Emmanuel Macron, autour les grandes opportunités que représente l’essor de l’intelligence artificielle pour l’Europe. Devant la nécessité d’accroitre les investissements, d’adapter l’environnement réglementaire, et de faire face à la fragmentation du marché Européen, c’est la compétitivité économique, la souveraineté technologique, et les valeurs démocratiques du 2ème plus grand marché au monde qui sont en jeux.
IA: le choc des titans à VivaTech 2025
L’IA sera la star incontestée de cette 9e édition de VivaTech. L’occasion d’échanger, de débattre et de confronter les points de vue face à une technologie qui ne cesse de se déployer plus largement dans notre économie et notre quotidien. Les Etats-Unis et la Chine seront également fortement représentés avec des acteurs de premiers plans comme Sarah Friar, Chief Financial Officer d’OpenAI et Fidji Simo, CEO d’Instacart qui rejoindra très prochainement OpenAI en qualité de co-CEO. Le prix Turing Yann LeCun, VP & Chief AI Scientist de META sera également présent ainsi que Joe Tsai, co-fondateur et chairman d’Alibaba ou encore Mike Krieger, Chief Product Officer d’Anthropic et co-fondateur d’Instagram. A noter la présence, pour la première fois en Europe, de Manus AI, une startup d’IA Chinoise représentée par son co-fondateur Tao Zhang qui parlera des nouvelles frontières de l’IA.
Le 9 juin, les chefs d’État et de gouvernement de Chypre, de la Croatie, de la Grèce, d’Italie, de Libye, de Malte, du Maroc, du Portugal, de la Tunisie et de l’Union européenne se sont réunis à l’invitation du Président de la République française lors du sommet « Pour une Méditerranée mieux connectée », organisé en marge de la troisième Conférence des Nations unies sur l’Océan.
Cet événement a également rassemblé des représentants d’organisations internationales, de banques de développement et de grandes entreprises.
Au vu des défis communs qu’ils rencontrent en Méditerranée, les chefs d’État et de gouvernement ont décidé de renforcer leur coopération et d’œuvrer en faveur d’une prospérité partagée et durable en améliorant la connectivité maritime, terrestre et numérique entre l’Europe, la Méditerranée et le golfe arabo-persique.
La mer Méditerranée enregistre 25 % du trafic maritime mondial et se trouve au cœur d’échanges dans les secteurs du commerce, de l’énergie et du numérique. Dans cette région de trafic intense, les États ont accru le niveau de protection de la mer en réglementant le transport dans le golfe du Lion, ainsi qu’en créant une zone à faibles émissions de soufre, appelée la zone SECA, qui couvre l’intégralité de la mer Méditerranée. Cette zone a été instaurée le 1er mai 2025 suite à l’approbation de l’Organisation Maritime Internationale.
La Commission européenne a rappelé que, dans le cadre de la stratégie Global Gateway en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, le soutien de l’Union européenne (UE) a atteint 5,9 milliards d’euros, ce qui devrait permettre de mobiliser jusqu’à 27,2 milliards d’euros d’investissements publics et privés. Par ailleurs, la Commissaire Dubravka Šuica a présenté les objectifs du nouveau pacte pour la Méditerranée, qui visera à renforcer les partenariats entre l’UE et les pays de la région méditerranéenne, en s’appuyant sur leurs intérêts mutuels.
Des partenariats bilatéraux et régionaux renforcés ont été annoncés aux fins de la création de nouvelles connexions terrestres et maritimes, de la décarbonation des ports et du déploiement de nouveaux câbles sous-marins. Les participants ont examiné des objectifs communs pour garantir :
La décarbonation du secteur maritime et des grands ports de la Méditerranée.
La consolidation des routes maritimes et terrestres pour le transport de biens et l’acheminement de l’énergie verte.
Dans le cadre de la stratégie Global Gateway et du nouveau pacte pour la Méditerranée, la France et la Commission européenne ont renouvelé leur soutien à la mise en œuvre du corridor Inde-Moyen-Orient-Europe (IMEC, d’après son sigle en anglais), notamment à la mobilisation d’un financement du Global Gateway pour la réalisation d’études de faisabilité de ce corridor. La France a exprimé de nouveau son soutien à l’intégration de l’Égypte dans l’IMEC pour renforcer la connectivité entre l’Orient et l’Occident.
Le 30 mai 2025, la France a organisé la première réunion des sherpas de l’IMEC depuis la signature du mémorandum d’entente en septembre 2023. Lors de cette réunion, les participants ont réaffirmé soutenir résolument le projet, ainsi que la nécessité de consolider la gestion de l’IMEC tout en mobilisant les entreprises concernées dans les secteurs stratégiques. Ce même groupe a été invité à se réunir de nouveau par la Commission européenne en marge du Forum Global Gateway qui se tiendra à Bruxelles les 9 et 10 octobre. Au sujet du renforcement de la connectivité dans le secteur de l’énergie entre l’Europe et le golfe arabo-persique, le groupe saoudien ACWA Power a annoncé la création d’un groupe de travail rassemblant des entreprises de ce secteur, qui réunira l’Allemagne, le Royaume d’Arabie Saoudite, la France, l’Italie et la Grèce, dans l’objectif d’étudier de nouveaux projets liés à l’hydrogène vert et aux interconnexions électriques. Cette initiative améliorera la compréhension des futurs flux d’énergie renouvelable et besoins en investissement au sein de la géographie couverte par l’IMEC.
La Commission européenne a également souligné qu’il est important d’améliorer la connectivité avec l’Afrique du Nord dans le secteur des énergies propres, notamment au moyen de l’initiative émergente TeraMED, qui soutient l’investissement dans les énergies renouvelables et le développement des infrastructures d’un point à l’autre de la Méditerranée.
Le développement des connexions numériques entre la Méditerranée et le golfe Arabo-Persique.
Les participants ont présenté l’initiative phare « Medusa Submarine Cable System » de l’UE, qui reliera non seulement les deux rives de la Méditerranée, mais également les pays au sud de la Méditerranée entre eux, par la fabrication et le déploiement d’un système de câblage sous-marin basé sur les avancées techniques les plus récentes en matière de communication par la fibre optique, qui reposera intégralement sur des technologies européennes de pointe. Elle permettra aussi de réduire la fracture numérique avec les pays partenaires. Le réseau est géré par l’entreprise AFR-IX telecom, avec l’appui du groupe Orange et de l’UE, tandis qu’Alcatel Submarine Networks (ASN) et Elettra Tlc sont responsables de son déploiement.
D’autres initiatives majeures, comme l’Aqaba Digital Hub (« pôle numérique d’Aqaba »), inauguré en 2023, qui constitue l’un des plus grands centres technologiques du Proche-Orient, contribuent aujourd’hui à l’influence de la région dans le secteur du numérique.
Les données sont au cœur du développement, elles orientent les décisions et les investissements qui contribuent à réduire la pauvreté et à bâtir un avenir durable. Pourtant, la plupart des systèmes statistiques des pays à revenu faible et intermédiaire manquent de ressources et sont mal équipés pour fournir des données actualisées, granulaires et pertinentes, indispensables pour prendre des décisions politiques éclairées. Les enquêtes traditionnelles, qui sont souvent transversales, ponctuelles et coûteuses, peinent à suivre le rythme effréné des changements économiques et sociaux.
Des systèmes de données nationaux solides ne sont pas seulement un bien public, mais aussi un bien marchand. En effet, pour les entreprises qui se développent au-delà de leurs frontières, qui investissent dans des chaînes d’approvisionnement résilientes ou qui conçoivent des services financiers inclusifs, il est essentiel de disposer de données fiables, désagrégées et actualisées.
Inversement, le coût d’une insuffisance de données est élevé. Selon une étude de l’Overseas Development Institute, les lacunes dans ce domaine coûtent aux économies africaines jusqu’à 2 % du produit intérieur brut par an. Pour le secteur privé, cela se traduit par des coûts de diligence raisonnable plus importants, une plus grande exposition à la réglementation et des délais de mise sur le marché plus longs.
Des résultats différents et de meilleure qualité
Le modèle dominant des systèmes de données nationaux repose largement sur des instruments traditionnels tels que les enquêtes auprès des ménages et les recensements, qui sont réalisés tous les cinq à dix ans et dont les résultats sont publiés avec un décalage de 12 à 24 mois. Les gouvernements et les investisseurs ne disposent donc que d’informations obsolètes et il leur manque des données critiques. Il convient néanmoins de s’appuyer sur ces anciens systèmes pour en concevoir de nouveaux, capables de produire sans délai les données indispensables pour relever plus efficacement les défis actuels du développement.
Un système de données amélioré doit être modulaire, en temps réel et centré sur l’utilisateur, ce qui implique de passer de la collecte ponctuelle de données à des flux continus et dynamiques, des bases de données cloisonnées à des plateformes interopérables, et des méthodes analogiques à une infrastructure numérique basée sur le cloud.
Cette transformation nécessitera des capitaux importants, elle évoluera en outre rapidement et dépendra fortement de l’expertise technologique, autant de caractéristiques qui ne sont généralement pas associées aux entités publiques soumises à des contraintes bureaucratiques. En revanche, il s’agit là des attributs des entreprises privées les plus performantes. Les partenariats public-privé en matière de données devraient tirer parti des avantages respectifs des deux secteurs : la légitimité et la supervision des pouvoirs publics, combinées à la réactivité, aux capitaux et à la capacité d’innovation du secteur privé.
Comme en témoignent plusieurs exemples novateurs, les technologies développées par le secteur privé peuvent fournir rapidement des données détaillées et exploitables. Ainsi en Indonésie, les instituts statistiques utilisent l’estimation bayésienne des petites zones et l’imputation assistée par l’IA pour établir des cartes de la pauvreté à l’échelle des districts, à partir d’images satellitaires combinées à des microdonnées de recensement. La Colombie a recours à des analyses géospatiales basées sur Google Earth Engine pour suivre la dégradation des terres et orienter l’attribution des subventions agricoles. Pendant la pandémie de COVID-19, le programme Novissi du Togo s’est appuyé sur l’apprentissage automatique appliqué aux données d’appel et sur des indicateurs de pauvreté issus de données satellitaires pour effectuer des transferts d’argent d’urgence.
Lancer un nouveau pacte pour les données et l’emploi
Le coup d’accélérateur à l’investissement du secteur privé passera nécessairement par un nouveau pacte pour les données en faveur de l’emploi et du développement, c’est-à-dire par le co-investissement d’institutions publiques et d’entités privées dans les systèmes de données nationaux. Les principaux piliers en seraient les suivants :
Des fonds de co-investissement statistique : des instruments structurés où le capital-risque, les fondations et les banques de développement financent conjointement les principales infrastructures de données.
Des normes de qualité pour les données : le renforcement des normes de qualité afin de promouvoir des données fiables et une bonne préparation aux outils de l’IA.
Des accélérateurs d’innovation dans les données : des unités intégrées au sein des instituts de statistiques chargées de coconcevoir différents outils avec des start-up, des laboratoires universitaires et des partenaires industriels.
Des plateformes de données en temps réel : des interfaces de programmation d’applications ouvertes et des systèmes natifs dans le cloud qui permettent l’intégration continue de divers flux de données.
Une gouvernance pour régir l’utilisation partagée : des accords sur la confidentialité, l’interopérabilité et l’usage responsable des données afin de susciter la confiance du public dans les systèmes appuyés par le secteur privé.
Des contrats axés sur les résultats : des modalités de règlement en fonction des résultats, selon lesquelles les entreprises sont rémunérées au vu des améliorations de la qualité, de l’accessibilité et de l’impact des données.
Si les pouvoirs publics restent les premiers responsables des statistiques officielles, l’avenir d’un système de données intégré sera coconstruit, cogouverné et cofinancé par des acteurs du secteur privé, à l’instar des réseaux énergétiques ou des réseaux de télécommunication. Il est temps de mettre en œuvre ces changements afin de libérer le pouvoir du secteur privé et de nourrir une transformation radicale de la manière dont les données peuvent être utilisées pour améliorer les conditions de vie dans le monde entier.
L’Afrique fait face à une réalité paradoxale : un vivier de talents jeune et dynamique, mais encore trop souvent sous-employé. La tech RH, ou HR Tech, joue un rôle crucial pour reconnecter ces talents aux besoins des entreprises, localement comme à l’international. Voici 10 startups africaines qui changent la donne.
1. Andela (Global / Nigeria)
Andela a commencé en formant des développeurs au Nigeria, avant de devenir une plateforme mondiale de talents tech. Elle sélectionne les meilleurs profils africains pour les mettre à disposition d’entreprises internationales comme GitHub, Microsoft ou Viacom. Son modèle repose sur un processus de sélection rigoureux, un encadrement continu et une culture orientée vers la performance. Aujourd’hui, Andela est un acteur incontournable pour les entreprises qui cherchent à constituer des équipes distribuées de haut niveau.
2. Breedj (Pan Africain )
Breedj.com est une HR Tech panafricaine qui facilite le recrutement et le portage salarial de talents africains qualifiés pour des entreprises internationales. La plateforme permet aux entreprises d’accéder à un vivier de talents prêts à travailler à distance, tout en assurant la conformité légale et administrative dans 9 pays africains. Breedj se positionne comme un pont entre les entreprises et les talents africains, avec un modèle à impact social qui favorise l’inclusion, la stabilité professionnelle et l’employabilité à long terme.
3. Careers in Africa (Afrique du Sud)
Careers in Africa est une plateforme qui cible spécifiquement les professionnels africains de la diaspora souhaitant revenir travailler sur le continent. Elle met en relation ces profils avec des entreprises africaines ou internationales implantées en Afrique. En plus des offres d’emploi, Careers in Africa propose du conseil en mobilité internationale, du coaching carrière et des événements de networking RH. Elle joue un rôle clé dans le retour et la valorisation des compétences africaines à forte valeur ajoutée.
4. Fuzu (Kenya)
Fuzu est une plateforme d’évolution professionnelle très populaire en Afrique de l’Est. Elle combine recherche d’emploi, formations en ligne, coaching carrière, tests de compétences et outils de planification. Les candidats peuvent ainsi mieux comprendre leurs points forts, identifier des opportunités réalistes et se préparer efficacement à leur intégration professionnelle. Pour les entreprises, Fuzu offre des outils de pré-sélection avancés et une base de données qualifiée.
5. Gebeya (Ethiopie)
Gebeya se présente comme une place de marché pour les freelances tech africains. Elle combine formation, certification et mise en relation avec des entreprises en recherche de compétences IT. Les talents peuvent y développer leur visibilité, accéder à des projets internationaux et être accompagnés dans leur parcours. Côté entreprises, Gebeya garantit un accès à des profils vérifiés, disponibles et adaptés aux besoins du digital africain et mondial.
6. Recrut (Sénégal)
Recrut est une startup qui exploite l’intelligence artificielle pour optimiser le processus de recrutement en Afrique francophone. Son algorithme matche les candidats et les entreprises en prenant en compte des critères de compétences, de préférences et de disponibilité. La plateforme offre un espace personnalisé aux recruteurs pour poster des offres, gérer les candidatures et automatiser les préqualifications. Pour les candidats, Recrut propose des tests et un accompagnement pour améliorer leur employabilité.
7. Shortlist (Kenya)
Shortlist est une plateforme de recrutement digital qui combine technologie, évaluations automatisées et expertise humaine. Les entreprises peuvent y publier leurs besoins, faire passer des tests en ligne aux candidats, et accéder à une base de profils qualifiés. L’objectif est d’accélérer le processus de recrutement tout en assurant une meilleure compatibilité entre les postes et les compétences. Active principalement en Afrique de l’Est, Shortlist se distingue par sa méthode d’évaluation par simulation de compétences.
8. TalentQL (Nigeria)
TalentQL forme, gère et externalise des développeurs africains pour des clients internationaux. Elle crée des hubs de talents régionaux, notamment à Lagos et Kigali, où les talents peuvent être accompagnés dans leur montée en compétences et leur intégration à distance. En facilitant l’accès à des missions globales, TalentQL démocratise l’emploi tech à l’échelle du continent et positionne l’Afrique comme un vivier stratégique pour le numérique mondial.
9. Workpay (Kenya)
Workpay fournit un système de gestion des ressources humaines adapté aux besoins africains. Ses solutions intègrent la paie, la gestion des congés, la conformité fiscale et la gestion de la performance. La plateforme est conçue pour les entreprises opérant en Afrique avec des équipes distantes ou multi-sites. Workpay permet aussi de gérer des collaborateurs en freelance ou en contrat temporaire tout en assurant le respect des règles locales.
10. Talenteum (Ile Maurice)
Talenteum est une startup HR Tech qui permet aux entreprises du monde entier de recruter des talents africains prêts à travailler à distance. Spécialisée dans le portage salarial international, Talenteum agit comme un facilitateur entre les entreprises et les professionnels basés en Afrique, garantissant conformité, gestion administrative, et accompagnement RH. En plus de son modèle hybride, elle s’inscrit dans une logique d’impact social en valorisant les talents sous-représentés et en contribuant à l’émergence d’une classe moyenne africaine connectée au marché global.
Ces 10 startups incarnent la transformation en cours du paysage RH en Afrique. En misant sur l’innovation technologique, l’inclusion et la formation, elles permettent de répondre à des défis structurels majeurs : chômage des jeunes, fuite des cerveaux, accès inégal à l’emploi formel et complexité administrative pour les entreprises. Grâce à elles, le travail devient plus accessible, plus flexible, et plus connecté aux réalités économiques actuelles.
Qu’il s’agisse de plateformes facilitant le travail à distance, de solutions d’IA pour le recrutement ou de hubs de talents certifiés, ces HR Tech redéfinissent les standards en matière d’emploi. Elles ouvrent de nouvelles perspectives à une génération de jeunes africains brillants et souvent sous-exploités. Pour les entreprises, elles offrent une alternative stratégique et durable pour attirer des talents compétents, motivés et disponibles à l’échelle du continent.
L’avenir du travail en Afrique sera numérique, distribué, et fondé sur la méritocratie. Ces startups en sont les catalyseurs. Investisseurs, décideurs publics, entreprises et partenaires au développement gagneraient à les soutenir activement. Car à travers elles, c’est tout un écosystème économique et social qui se renforce. L’Afrique ne manque pas de talents. Elle a désormais les outils pour les connecter aux opportunités.
🌍 La 4e Conférence internationale sur le financement du développement (FFD4) des Nations unies évalue le besoin urgent d’accélérer la mise en œuvre de l’Agenda 2030 et de soutenir la réforme de l’architecture financière internationale.
« Transformative Scaling » au cœur de cet événement parallèle est une réponse à ce besoin urgent : il s’agit d’une méthodologie d’intervention pour les gouvernements, les agences de mise en œuvre et les bailleurs de fonds qui se situe entre les approches basées sur les projets et les programmes. Avec OECD-OCDE, Enabel, AFD – Agence Française de Développement, Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, Scaling Community of Practice, United Nations Department of Economic and Social Affairs.
📢 Transformative Scaling #FfD4 Side Event – 📅1st july,
🌍 The 4th International Conference on Financing for Development (FFD4) by the United Nations assesses the urgent need to accelerate implementation of the 2030 Agenda and to support reform of the international financial architecture.
➡ La démarche de passage à l’échelle c’est permettre l’augmentation de l’impact durable à un niveau systémique et transformationnel, visant à éliminer les obstacles et à créer des conditions favorables à l’investissement solidaire
C’est le titre de l’ouvrage des édition Télémaque écrit par Etienne Giros Président du Conseil des Investisseurs Français en Afrique, le CIAN, la préface est de Patrick Achi.
ESSAI ENTHOUSIASTE POUR DÉCONSTRUIRE LES PRÉJUGÉS.
En 54 points : un bréviaire optimiste pour les entrepreneurs qui veulent s’implanter en Afrique.
L’auteur : Étienne Giros a travaillé 30 ans avec l’Afrique pour les groupes CFAO et Bolloré. Président du CIAN depuis 10ans, il accompagne les sociétés qui se développent sur le continent.
Préface de Patrick Achi (ancien premier ministre de Côte d’Ivoire).
Le Continent africain et ses 54 pays : autant de clichés et d’idées reçues qui ont la vie dure. Cet essai à contre-courant les passe au crible !
» Oui, on peut investir en Afrique ! Oui, les entreprises françaises réussissent en Afrique !
Non, l’exploitation des matières premières n’est pas un obstacle au développement ! Non, il ne faut pas mettre fin à l’aide publique au développement !…. «
À l’heure où, plus que jamais, l’Afrique est le continent de la croissance, de la vitalité démographique et économique, il est urgent pour la France et ses entrepreneurs de ne pas céder au découragement.
En 54 points : un bréviaire optimiste pour les entrepreneurs qui veulent s’implanter en Afrique.
Par Thierry Barbaut Expert en innovation numérique, passage à l’échelle et partenariats pour le développement – Afrique et international
Introduction : Le numérique, un levier stratégique pour le développement
Le numérique est devenu un vecteur incontournable de transformation dans les pays en développement, en particulier en Afrique. Il offre des opportunités sans précédent pour améliorer l’accès aux services essentiels, stimuler la croissance économique et renforcer la gouvernance. Toutefois, ces opportunités s’accompagnent de défis majeurs, notamment en matière d’infrastructures, de compétences et de régulation.
Plateformes numériques et transformation des services
2.1 Services essentiels Les technologies numériques permettent de surmonter les barrières géographiques et économiques, facilitant l’accès à l’éducation, à la santé et aux services financiers. Pendant la crise du COVID-19, de nombreuses applications ont permis la continuité des services publics dans les zones rurales.
2.2 Inclusion économique Le numérique favorise l’émergence de start-ups et de PME innovantes dans les domaines de la fintech, de l’agritech ou de la healthtech. Ces initiatives contribuent à la création d’emplois, en particulier pour les jeunes et les femmes.
2.3 Gouvernance et transparence Le numérique permet de renforcer la redevabilité publique via des outils de participation citoyenne, de suivi budgétaire ou de signalement en ligne.
Cas concrets d’initiatives numériques à fort impact
3.1 PortailSolidaire.org Plateforme développée pour l’Agence des Micro Projets de l’ONG La Guilde en 2017, elle facilite la mise en relation des OSC (associations ou Organisations de la Société Civile) françaises et africaines avec des bailleurs de fonds. Elle intègre la dématérialisation complète des appels à projets, le suivi évaluatif, une cartographie interactive et une communauté active de plus de 20 000 acteurs. Le portail a permis de financer plus de 1 000 projets dans 25 pays africains. Ce dispositif est non seulement unique et précurseur mais il permet également de viser la pérennité des projets menés en moins de 3 années qui est un critère d’éligibilité. En ce sens c’est un levier puissant pour identifier les projets prédisposés au passage à l’échelle ou démarche de Scaling qui est plébiscité par les bailleurs de fonds depuis 2024.
Le Portail Solidaire, plateforme d’appel à projets, de financement et de suivi de projets de solidarité internationale
3.2 Do4Africa.org Plateforme d’observatoire et de cartographie des projets numériques africains, co-conçue avec Tactis et Smart Africa. Elle regroupe plus de 800 projets classés par type de structures (entreprises, fondations, états, ONG, …) de secteur (santé, éducation, villes intelligentes) et met à disposition des jeux de données ouverts. Elle renforce la visibilité des innovations et facilite leur réplication.
DO4Africa, plateforme de projets made in africa en open data porté par Tactis, Smart Africa et Digital Africa
3.3 Cafés de la Cybersécurité Initiative du Togo animée par Cyber Defense Africa. Il s’agit d’espaces de dialogue et de renforcement des compétences pour les professionnels africains de la cybersécurité. Elle illustre comment des formats légers peuvent structurer un secteur stratégique à travers la co-construction et la formation continue.
3.4 AfricaTech Awards à VivaTech Dispositif international de repérage et de soutien aux start-ups africaines à fort impact dans la greentech, la healthtech et la fintech. En associant grands groupes, bailleurs, investisseurs et entrepreneurs, cet outil permet de structurer un pipeline de solutions à fort potentiel de scaling.
Recommandations stratégiques pour les bailleurs
4.1 Intégrer les plateformes comme infrastructures de développement Les plateformes doivent être reconnues comme des leviers systémiques, à la fois pour structurer les chaînes de valeur et pour améliorer la gouvernance.
4.2 Soutenir les modèles réplicables Les bailleurs doivent financer l’évolution des plateformes vers des modèles hybrides : capital patient, licensing public, API ouvertes, mutualisation des données.
4.3 Renforcer les capacités locales Favoriser l’émergence d’opérateurs locaux, appuyer la formation continue, créer des réseaux d’expertise en Afrique.
4.4 Créer des cadres de régulation inclusifs Les agences comme la Banque mondiale ou Enabel doivent soutenir les cadres éthiques, les politiques de données souveraines et la transparence des algorithmes.
Conclusion
Le numérique ne doit pas être pensé comme un outil, mais comme un régime d’intervention pour le développement. Les plateformes citoyennes, les observatoires d’impact ou les incubateurs tech ne sont pas des « projets » : ce sont des briques essentielles du contrat social de demain. Leur intégration dans les stratégies des bailleurs est aujourd’hui un enjeu d’efficacité, de redevabilité et de souveraineté.
L’Afrique du Sud et le Nigéria dominent, mais les ambitions panafricaines émergent
L’Afrique du Sud et le Nigéria dominent une fois de plus le classement du Financial Times des entreprises à la croissance la plus rapide du continent, représentant plus de la moitié des 130 entreprises répertoriées dans l’édition 2025. Ce classement, désormais dans sa quatrième édition et réalisé en partenariat avec Statista, évalue les entreprises en fonction de leur taux de croissance annuel composé (CAGR) entre 2020 et 2023.
Avec 51 entreprises sud-africaines et 28 nigérianes, cette liste reflète la maturité et l’envergure relative de ces deux économies. Mais cette concentration met également en lumière les défis structurels auxquels font face les économies plus petites pour développer des entreprises à l’échelle continentale. Malgré une digitalisation croissante et un esprit entrepreneurial en plein essor, construire une présence transfrontalière en Afrique reste difficile, en raison de la fragmentation réglementaire, du manque d’accès au capital et des lacunes en matière d’infrastructures.
Talenteum reconnu parmi les champions de la croissance africaine
Parmi les 130 entreprises figurant dans le classement, Talenteum, plateforme bien connue de portage salarial (EOR) et de recrutement, rejoint les champions de la croissance africaine dans le rapport FT–Statista 2025.
Fondée avec pour mission de connecter les professionnels africains à des opportunités internationales, Talenteum propose des solutions d’emploi à distance permettant aux talents de travailler pour des entreprises mondiales sans quitter leur pays d’origine. Son inclusion dans le classement du Financial Times souligne la pertinence croissante des plateformes d’emploi numérique dans la transformation du marché du travail en Afrique.
« Notre conviction est simple : le travail à distance est un puissant levier d’inclusion, de performance et de transformation à long terme », affirment Nicolas Goldstein et John Benatouil, cofondateurs de Talenteum, actuellement à l’origine d’un nouveau projet : Breedj.com, une plateforme propulsée par l’IA visant à automatiser encore davantage le recrutement international de talents.
Ils ajoutent :
« Un grand merci à nos équipes, partenaires et clients qui font vivre cette mission chaque jour. Ce classement valide notre vision… mais le plus ambitieux reste à venir. »
L’importance du classement FT
La liste des entreprises africaines à la croissance la plus rapide constitue à la fois un baromètre du dynamisme économique du continent et un témoignage des secteurs émergents. On y retrouve des entreprises issues de secteurs variés : tech, logistique, finance, énergie, mais aussi de plus en plus de solutions RH et de sous-traitance digitale.
Bien que les grandes économies soient logiquement plus représentées, la présence d’entreprises comme Talenteum, basée à l’île Maurice, montre un changement de paradigme. Les entrepreneurs issus de petits États prouvent qu’il est possible de créer des entreprises évolutives et à fort impact, en dépit d’obstacles structurels en misant notamment sur le travail à distance, les plateformes digitales et les réseaux panafricains.
Perspectives
Alors que l’Afrique poursuit sa reprise post-pandémie, le continent continue de faire face à des défis persistants allant des infrastructures insuffisantes au manque de financements, en passant par une réglementation morcelée, sans oublier la nécessité urgente de créer des millions d’emplois pour une jeunesse croissante.
Et pourtant, une nouvelle génération d’entreprises africaines émerge, avec des ambitions audacieuses et sans frontières.
Le classement 2025 du Financial Times met en lumière ces innovateurs. Qu’ils transforment des secteurs traditionnels ou créent de nouveaux marchés, ces entreprises redéfinissent ce que signifie « croître depuis l’Afrique vers le monde ». De Lagos au Cap, et désormais de Port-Louis à l’Ile Maurice avec Talenteum, elles développent des solutions à portée mondiale tout en gardant un ancrage local fort.
Ce changement ne reflète pas seulement une croissance économique : il marque une transformation de la manière dont l’entrepreneuriat africain est perçu et mis en œuvre. En s’appuyant sur le numérique, les modèles de travail à distance et les pratiques de recrutement inclusives, ces entreprises positionnent l’Afrique non plus seulement comme un marché, mais comme un fournisseur mondial de talents, de technologies et d’innovations.
En tête de file, ces champions offrent un aperçu de ce à quoi pourrait ressembler l’avenir d’un continent plus connecté, résilient et riche en opportunités un avenir façonné de l’intérieur, avec une vision tournée vers le monde.
À l'évocation de l’intelligence artificielle (IA), on pense souvent aux grands modèles de langage qui font les gros titres des médias — des systèmes massifs,...
La Banque mondiale publie des projections économiques semestrielles pour chacune des régions du monde en développement : Afrique subsaharienne, Asie de l’Est et Pacifique, Europe...