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Fer : BHP Billiton arrache Belinga aux Chinois

La victoire de BHP Billiton sur les Chinois de CMEC est aussi celle de l’intelligence économique. Car en plus de vendre la valeur ajoutée de l’anglo-australien, il a fallu de longs moins de veille et d’investigations pour montrer à Libreville que le contrat signé en 2007 avec la China Machinery & Equipement pour l’exploitation du gisement de fer de Belinga n’était pas rentable pour les Gabonais.

Officiellement, les Chinois n’ayant pas respecté leurs engagements, l’État gabonais s’est résolu, le 1er décembre dernier, à résilier la convention minière dont bénéficiait la Compagnie minière de Belinga (Comibel), filiale à 75 % de la CMEC. Un arrêté a été signé à cet effet par Magloire Ngambia, le ministre gabonais de l’Économie, et Alexandre Barro Chambrier, ministre des Mines, du Pétrole et des Hydrocarbures.

L’arrêté explique en effet qu’ «il a été constaté que, depuis le 12 décembre 2007, date d’attribution du titre minier d’exploitation jusqu’à ce jour, Comibel n’a fourni aucun rapport d’activité, preuve de l’absence d’activité sur le terrain» et de conclure un peu plus loin «il est décidé de suspendre les termes de la convention annexée au décret portant attribution d’une concession minière valable pour le fer à la Comibel, en attendant l’abrogation dudit décret.»

Situé au Nord-Est du Gabon et découvert en 1895, le gisement de fer de Belinga qui est l’un des derniers grands gisements de fer inexploités de la planète avec une teneur de 64% et des réserves estimées à un milliard de tonnes, n’a donc pas chômé après cette mise à l’écart des Chinois.

«Un accord a déjà été conclu entre le gouvernement gabonais et BHP Billiton sur l’exploitation du minerai de la mine de fer de Belinga par ce groupe (BHP), après l’expulsion de Comibel», a confié, à l’agence de presse Reuters, Sosthène Nguéma Nguéma, un membre de la délégation gouvernementale gabonaise en charge de la supervision du projet Belinga.

«Tout ce qui reste est de conclure un accord officiel qui sera signé par les deux parties», a ajouté Sosthène Nguéma, sans donner plus de précisions sur le moment ou la valeur de la transaction.

Pour rappel, l’exploitation de ce gisement de fer par les Chinois nécessitait la construction entre autres d’un port en eau profonde, d’un barrage hydro-électrique et d’un chemin de fer de 560 kilomètres. En 2007, on annonçait 1.600 milliards de francs CFA d’investissements.

Des organisations non gouvernementales de défense de l’environnement dénonçaient, fin 2007, les dégâts considérables que devait provoquer la réalisation d’un barrage hydroélectrique visant à ravitailler en énergie le projet dans le parc national de l’Ivindo. Le projet est resté en stand-by après le décès en 2009 du président Omar Bongo, avant de faire l’objet d’un nouveau tour de table en mai 2010 au lendemain de la visite du président Ali Bongo à l’Exposition Universelle de Shanghai.

Fondé en 1895 en Australie, Broken Hill Proprietary (BHP), est le 1er groupe minier mondial. Producteur de bauxite, charbon, diamant, fer, manganèse, pétrole et uranium, notamment, BHP est devenu le leader de son secteur en 2001 grâce à sa fusion avec le britannique Billiton. Bien que le groupe soit un acteur important du projet de développement du barrage hydro-électrique d’Inga III, en République démocratique du Congo (RDC), ses deux principaux marchés en Afrique (avant le Gabon) sont l’Algérie (pétrole) et l’Afrique du sud (manganèse et diamant).

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Thierry BARBAUT
Thierry Barbaut - Directeur des financements solidaires chez 42 www.42.fr - Spécialiste en nouvelles technologies et numérique. Montage de programmes et de projets à impact ou les technologies et l'innovation agissent en levier : santé, éducation, agriculture, énergie, eau, entrepreneuriat, villes durables et protection de l'environnement.
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