Comment accompagner durablement la croissance africaine

La dynamique africaine n’est plus à démontrer. Le continent connaît une croissance à la fois inclusive et résiliente.

Mais, les défis restent nombreux et il est nécessaire de maintenir les efforts d’ores et déjà consentis, notamment en termes de réformes et de collaboration intra-africaine, pour construire un avenir économique durable et enclencher le cercle vertueux de la croissance. Des leviers restent encore à actionner, des fondations doivent être solidifiées.

L’Afrique n’est plus à la croisée des chemins, elle est indubitablement sur le chemin de la croissance économique mondiale

Pour 2016, le FMI (Fonds monétaire international) prévoit des taux de croissance pour les pays d’Afrique subsaharienne à faire pâlir les pays développés : 8,5 % pour la Côte d’Ivoire ou encore 6,5 % pour le Sénégal.

La croissance africaine est ininterrompue depuis plus d’une décennie avec un taux moyen de 5 %. Sans compter que le continent possède le taux de retour sur investissement le plus élevé au monde, selon la Banque mondiale. De l’ordre de 24 et 30 %, quand les pays développés plafonnent à 18 %.

Alors que tous les regards sont tournés vers l’Afrique, que nombre de décideurs se demandent comment une telle croissance est encore possible, que les Cassandre prédisent les soubresauts d’une évolution trop rapide, il est temps de penser aux lignes directrices qui aideront à faire se lever l’Afrique de demain.

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Pendant de nombreuses années, l’Afrique a été dépendante de subsides lui venant de l’extérieur. Les partenaires étrangers ont cru que ce serait une solution pour activer les économies. Mais cette politique est un échec, pour de multiples raisons qui ont déjà été analysées. Qu’importe en fait ce qui a été. L’important est que le décollage économique africain modifie tous les équilibres. Les forces sont en train de s’inverser et les énergies de se libérer.

Six piliers pour une construction durable

Il nous faut donc, à notre humble mesure, accompagner ces attentes et ces ambitions pour permettre que chaque femme et chaque homme s’approprient et contribuent à cette aventure exceptionnelle du XXIe siècle. Il importe de poser les bases solides d’une construction durable pour l’Afrique de demain, en étayant les fondations grâce à des piliers qui ont fait leurs preuves comme la valorisation de l’entrepreneuriat, l’intégration, le libre-échange, la bonne gouvernance, la protection des investisseurs ou encore la prévisibilité de la règle et de la norme.

L’un des premiers réflexes consiste sans doute à ce que l’Afrique se pense comme un marché, ce qui impliquera plusieurs effets : le choix des partenaires avec lesquels l’avenir se construit ; la préoccupation constante des besoins des peuples en terme d’éducation, de santé, de logement ou d’infrastructures ; le respect de la parole donnée et la prise en considération des objectifs de long terme à grande échelle ; la construction de projets durables dans leur conception et dans leur impact pour l’environnement ; la poursuite constante d’ambitions élevées, libérées des contingences politiques, et dictées par les aspirations supérieures des nations. Les décideurs africains ne doivent jamais oublier que leur premier marché est et doit être l’Afrique elle-même.

Pour servir les attentes des populations, il convient sans doute de renforcer la collaboration économique internationale intra-africaine, de continuer à faire tomber les barrières douanières et de faciliter les échanges, de multiplier les zones de monnaies communes et de libre-échange, d’oublier les querelles d’hier pour regarder demain et faire œuvre nouvelle, sans a priori. Toutes ces hautes aspirations ne pourront pas être atteintes sans une régulation nationale et internationale forte et inspirée.

Le droit, l’une des briques pour bâtir un environnement business friendly

Le droit est le ciment des civilisations, il protège les acteurs locaux comme les investisseurs internationaux en leur offrant la prévisibilité dont ils ont besoin pour oser entreprendre et participer à la croissance par l’initiative locale. Point n’est besoin d’inventer de nouvelles institutions mais, sans doute, d’améliorer celles qui existent et de moderniser quelques réglementations pour accompagner un mouvement déjà en marche, tout en s’assurant que la transparence et la conformité sont prises en considération et respectées.

Enfin, n’oublions pas, qu’au cœur de ce mouvement se situe l’entreprise. Que nous soyons conseils, institutions, États ou autorités publiques, nos énergies doivent converger vers l’accompagnement de l’entreprise par qui vient la richesse sur laquelle se construit une économie. Conduite dans un environnement de croissance inclusive et de redistribution locale, à travers le salaire, l’impôt ou l’accompagnement de projets sociaux, cette libération des forces de l’entreprise structurera l’Afrique. Car il n’est pas de grande nation sans emplois, sans ressources, sans dynamique économique à même de permettre à chacun de vivre pour lui-même et pour les siens.

Benoit Le Bars
Benoît Le Bars, co-fondateur et associé gérant du cabinet LAZAREFF LE BARS, représente ses clients sur toutes questions liées à l’arbitrage international, à la médiation et aux modes alternatifs de règlement des conflits. Il est régulièrement nommé président de tribunaux arbitraux, arbitre unique ou co-arbitre dans le cadre de nombreux arbitrages internationaux. Benoît Le Bars est expert dans les domaines du droit des contrats et projets internationaux, du droit du commerce international. Son expertise s’étend au droit OHADA au sujet duquel il a, en 2011, publié un ouvrage, Droit des sociétés et de l’arbitrage international – Pratique en droit de l’OHADA.