Contrebande ce cancer de l’industrie aurifère burkinabé

D’après les données publiées par les douanes burkinabés, en 2024, les exportations aurifères sont passées de 57 228 à 64 674 kilogrammes ; ce qui correspond à une hausse de 13,0 % par rapport à en 2023. Ces exportations ont généré 4,642 milliards de USD, soit environ 2 813 milliards de FCFA. L’or demeure donc une ressource importante pour Ouagadougou, puisque cette matière première contribue à elle seule à plus de 70 % aux exportations. C’est d’ailleurs dans ce sillage que le gouvernement burkinabé a lancé en 2023 la construction d’une raffinerie aurifère dont la mise en service est attendue d’ici la fin de l’année 2025. Cette installation ayant pour objectif de mettre fin à l’exportation de l’or brut, elle permettra de créer de la valeur ajoutée locale avant l’acheminement vers les marchés internationaux. Hormis cette évolution, il y a également lieu de souligner l’adoption d’un nouveau code minier en 2024 qui renforce le rôle que l’Etat doit jouer dans ce secteur. Malgré ces changements notables, la question du contrôle de la production, de la commercialisation et de l’exportation reste entière. A cet égard, une étude menée par la Brigade Nationale Anti-Fraude de l'Or en 2023 a estimé que seuls 30 % de la production artisanale sont captés par les comptoirs officiels et qu’il existe des circuits illicites d’exportation vers les pays voisins. De plus, cette instance estime entre 9 et 25 tonnes l’écart entre les exportations réelles et celles déclarées. Cette problématique est effectivement ressortie lorsqu’on compare les balances commerciales du Burkina Faso avec celui des pays concernés (Suisse, Emirats-Arabes Unis, …) Données du Burkina (kg) Données des importateurs (kg) Ecart (kg) Ecart (%) 2017 46 396 53 879 7 483 16% 2018 52 518 61 976 9 458 18% 2019 50 808 61 706 10 898 21% 2020 62 672 79 915 17 243 28% 2021 67 360 80 381 13 021 19% 2022 58 191 71 944 13 753 24% 2023 57 238 68 195 10 957 19% 2024 41 044 49 627 8 583 21% Il y a lieu de souligner qu’il n’est pas inhabituel d’observer que les chiffres à l’importation et ceux à l’exportation ne soient pas identiques, en raison notamment : de la différence de précision entre les instruments de mesure utilisés, des erreurs de reporting, du décalage entre la date de chargement et celle de déchargement ainsi que des propriétés physiques du produit concerné. Toutefois, tous ces facteurs ne suffissent à expliquer des différences systématiques de plus de 16 % toujours en la défaveur de l’exportateur et les écarts observés indiquent probablement de la contrebande. En effet, dans ce cas de figure, des quantités importantes portant l’estampille du pays d’origine ont été acheminées jusqu’aux ports d’arrivée, représentant en 2024 une perte d’environ 373 milliards de FCFA pour le Burkina Faso uniquement en ce qui concerne le flux vers la Suisse. La question de la lutte contre la fraude et la contrebande est donc essentielle pour permettre à Ouagadougou de dynamiser son industrie aurifère locale et ainsi en tirer tous les profits attendus de l’exploitation de cette pierre précieuse.
D’après les données publiées par les douanes burkinabés, en 2024, les exportations aurifères sont passées de 57 228 à 64 674 kilogrammes ; ce qui correspond à une hausse de 13,0 % par rapport à en 2023. Ces exportations ont généré 4,642 milliards de USD, soit environ 2 813 milliards de FCFA. L’or demeure donc une ressource importante pour Ouagadougou, puisque cette matière première contribue à elle seule à plus de 70 % aux exportations. C’est d’ailleurs dans ce sillage que le gouvernement burkinabé a lancé en 2023 la construction d’une raffinerie aurifère dont la mise en service est attendue d’ici la fin de l’année 2025. Cette installation ayant pour objectif de mettre fin à l’exportation de l’or brut, elle permettra de créer de la valeur ajoutée locale avant l’acheminement vers les marchés internationaux. Hormis cette évolution, il y a également lieu de souligner l’adoption d’un nouveau code minier en 2024 qui renforce le rôle que l’Etat doit jouer dans ce secteur. Malgré ces changements notables, la question du contrôle de la production, de la commercialisation et de l’exportation reste entière. A cet égard, une étude menée par la Brigade Nationale Anti-Fraude de l'Or en 2023 a estimé que seuls 30 % de la production artisanale sont captés par les comptoirs officiels et qu’il existe des circuits illicites d’exportation vers les pays voisins. De plus, cette instance estime entre 9 et 25 tonnes l’écart entre les exportations réelles et celles déclarées. Cette problématique est effectivement ressortie lorsqu’on compare les balances commerciales du Burkina Faso avec celui des pays concernés (Suisse, Emirats-Arabes Unis, …) Données du Burkina (kg) Données des importateurs (kg) Ecart (kg) Ecart (%) 2017 46 396 53 879 7 483 16% 2018 52 518 61 976 9 458 18% 2019 50 808 61 706 10 898 21% 2020 62 672 79 915 17 243 28% 2021 67 360 80 381 13 021 19% 2022 58 191 71 944 13 753 24% 2023 57 238 68 195 10 957 19% 2024 41 044 49 627 8 583 21% Il y a lieu de souligner qu’il n’est pas inhabituel d’observer que les chiffres à l’importation et ceux à l’exportation ne soient pas identiques, en raison notamment : de la différence de précision entre les instruments de mesure utilisés, des erreurs de reporting, du décalage entre la date de chargement et celle de déchargement ainsi que des propriétés physiques du produit concerné. Toutefois, tous ces facteurs ne suffissent à expliquer des différences systématiques de plus de 16 % toujours en la défaveur de l’exportateur et les écarts observés indiquent probablement de la contrebande. En effet, dans ce cas de figure, des quantités importantes portant l’estampille du pays d’origine ont été acheminées jusqu’aux ports d’arrivée, représentant en 2024 une perte d’environ 373 milliards de FCFA pour le Burkina Faso uniquement en ce qui concerne le flux vers la Suisse. La question de la lutte contre la fraude et la contrebande est donc essentielle pour permettre à Ouagadougou de dynamiser son industrie aurifère locale et ainsi en tirer tous les profits attendus de l’exploitation de cette pierre précieuse.

D’après les données publiées par les douanes burkinabés, en 2024, les exportations aurifères sont passées de 57 228 à 64 674 kilogrammes ; ce qui correspond à une hausse de 13,0 % par rapport à en 2023. Ces exportations ont généré 4,642 milliards de USD, soit environ 2 813 milliards de FCFA.

L’or demeure donc une ressource importante pour Ouagadougou, puisque cette matière première contribue à elle seule à plus de 70 % aux exportations. C’est d’ailleurs dans ce sillage que le gouvernement burkinabé a lancé en 2023 la construction d’une raffinerie aurifère dont la mise en service est attendue d’ici la fin de l’année 2025. Cette installation ayant pour objectif de mettre fin à l’exportation de l’or brut, elle permettra de créer de la valeur ajoutée locale avant l’acheminement vers les marchés internationaux. Hormis cette évolution, il y a également lieu de souligner l’adoption d’un nouveau code minier en 2024 qui renforce le rôle que l’Etat doit jouer dans ce secteur.

Malgré ces changements notables, la question du contrôle de la production, de la commercialisation et de l’exportation reste entière. A cet égard, une étude menée par la Brigade Nationale Anti-Fraude de l’Or en 2023 a estimé que seuls 30 % de la production artisanale sont captés par les comptoirs officiels et qu’il existe des circuits illicites d’exportation vers les pays voisins. De plus, cette instance estime entre 9 et 25 tonnes l’écart entre les exportations réelles et celles déclarées. Cette problématique est effectivement ressortie lorsqu’on compare les balances commerciales du Burkina Faso avec celui des pays concernés (Suisse, Emirats-Arabes Unis, …)

 Données du Burkina (kg)Données des importateurs (kg)Ecart (kg)Ecart (%)
201746 39653 8797 48316%
201852 51861 9769 45818%
201950 80861 70610 89821%
202062 67279 91517 24328%
202167 36080 38113 02119%
202258 19171 94413 75324%
202357 23868 19510 95719%
2024[1]41 04449 6278 58321%

Il y a lieu de souligner qu’il n’est pas inhabituel d’observer que les chiffres à l’importation et ceux à l’exportation ne soient pas identiques, en raison notamment : de la différence de précision entre les instruments de mesure utilisés, des erreurs de reporting, du décalage entre la date de chargement et celle de déchargement ainsi que des propriétés physiques du produit concerné. Toutefois, tous ces facteurs ne suffissent à expliquer des différences systématiques de plus de 16 % toujours en la défaveur de l’exportateur et les écarts observés indiquent probablement de la contrebande. En effet, dans ce cas de figure, des quantités importantes portant l’estampille du pays d’origine ont été acheminées jusqu’aux ports d’arrivée, représentant en 2024 une perte d’environ 373 milliards de FCFA pour le Burkina Faso uniquement en ce qui concerne le flux vers la Suisse.

La question de la lutte contre la fraude et la contrebande est donc essentielle pour permettre à Ouagadougou de dynamiser son industrie aurifère locale et ainsi en tirer tous les profits attendus de l’exploitation de cette pierre précieuse.


[1] Concerne uniquement la Suisse, les données notamment des Emirats Arabes Unis n’étant pas encore disponibles