RDC: plus rentable, le porc remplace l’élevage traditionnel

De plus en plus, l’élevage domestique du porc se popularise dans le grand nord de la province du nord Kivu (RD Congo). Faces aux difficultés économiques, elle est plus rentable que les chèvres et poules élevées pour des valeurs traditionnelles dans la région

On remarque que le nombre des maisonnettes aux coins de parcelles s’augmente dans la plupart de quartiers. Ces derniers ne sont ni des niches pour chiens ni étables pour chèvres mais des porcheries. Elles ne prêtent même pas à confusion car elles sont plus grandes. Et surtout, ne reposent pas directement sur le sol. Elles sont surélevées car soutenues par quatre poutres dans chaque coin.

Question d’hygiène

« L’élevage de porc demande beaucoup trop d’hygiène sinon on aura trop souvent de problème avec les voisins » indique Maitre Bokasa, avocat près du tribunal de paix de Butembo, qui pratique l’élevage à domicile. En effet, le porc consomme beaucoup trop. Ce qui fait qu’il éjecte aussi trop. Si on ne prend pas soins l’odeur nauséabonde inondera tout le quartier, prévient Kakule Siviri, tenancier d’une officine vétérinaire dans le quartier Lumumba, en ville de Butembo. Ce pourquoi, Maitre Bokasa se réveille très trop le matin pour nettoyer la porcherie, recouvrir les parois de centres recueillis dès brasiers afin d’inhiber l’odeur nauséabonde dégagée par les excréments des porcs.

elevage-porc-rdc

L’argent n’a pas d’odeur ni de honte.

« Le port rapporte sérieusement. C’est grâce à mon élevage de porc que j’ai pu construire ma maisonnée semi-durable qui m’a couté près de 4 000$ que je ne pouvais jamais gagner avec mon salaire de vendeur » témoigne fièrement Kambale Richard, vendeur dans une boutique des divers dans le centre ville de Butembo. Pour y arriver, Kambale doit troquer ses habits contre les salopettes chaque matin et soir. En effet, les variétés de porcs souvent élevées à domicile sont sédentaires durant tout leur période de croissance. Donc il faut leurs apporter la nourriture dans leurs cages. « J’ai déjà informé la plupart de restaurants près de là où je travaille et où l’on ne prépare pas la viande de porc, qu’ils doivent garder moi les épluchures des bananes, des patates douces, colocases, tous les déchets des tubercules et plantes comestibles. », nous informe Simon Kahongya, infirmier dans un centre hospitalier de la place. Avant d’ajouter que son fils récolte ceux des voisins dans le quartier après les cours.

«  Nous n’avons presque pas le choix. Quand on réalise qu’on a à peine un salaire de 80 000 Fc (80 $) et qu’on a une famille à nourrir, dont on est sensé payer les frais médicaux, habiller et surtout payer les frais de scolarité voire d’université, il faut bien être un magicien pour y arriver avec un salaire si médiocre et irrégulier » s’indigne Katembo Kahasa, enseignant dans une école secondaire. Il renchérit qu’il suffit qu’un porc mette bas 4 à 8 petits pour être riche. Car un petit de quelques semaines revient à 40$. Et un porc d’une année ne coute pas moins de moins de 200$. Ce qui fait que même étant enseignant avec un salaire de 80 000fc, je parviens à payer les frais académiques de mon fils ainés, s’exprime-t-il fièrement.

Au début, raconte Jonas Kambere, ma femme n’arrivait pas à me comprendre. J’ai travaillais dans une micro finance. J’avais un salaire au dessus de la moyenne. Et j’avais un moyen de déplacement offert par le service. Mais la micro finance est tombée en faillite. On a mis les clés sous la porte sans aucune indemnité. Aujourd’hui, l’élevage du porc a permis que je constitue un petit capital pour ma femme. Elle vend de pagnes au marché. Et moi, je m’occupe de l’élevage et des champs. On ne vit pas mal. Car tous nos 5 enfants vont à l’école. « Je rappelle toujours à ma femme sa colère des premiers jours quand elle me voyait revenir à la maison avec un sac de tourteaux sur ma motos et ensuite demander à nos enfants de faire le tour du quartier pour récupérer les déchets des diners.  », se rappelle-t-il en souriant.

Vulnérables aux parasites

« Les porcs sont omnivores. Ce qui les rends vulnérables aux attaques des plusieurs maladies. C’est pourquoi le suivi par un vétérinaire s’avère d’une nécessité indispensable. », Explique Kakule Siviri, vétérinaire. Avant d’ajouter que la plupart des éleveurs ont au moins un vétérinaire. Mais comme ils ne sont pas nombreux, ils indiquent aux éleveurs comment administrer certaines piqures aux porcs et les doses des comprimés qu’ils doivent prendre régulièrement. Néanmoins, quand la peste porcine sévit dans la région, les éleveurs n’ont pas de choix. Ils abattent les porcs. Car un porc mort de la maladie ne peut pas être consommé. « Tout de même l’abattage de n’importe quel porc requiert l’avis d’un vétérinaire reconnu par les services de l’agriculture, pèche et élevage. Sinon l’éleveur s’expose à des pénalités », renseigne Kawa Ndaghala, chef de service urbain de d’agriculture, pèche et élevage.

Par Hervé Mukulu, RD Congo