Burundi, manifestation contre le troisième mandat ce mercredi

Tension maximale à Bujumbura

Cinq partis d’opposition à savoir le MSD, l’UPD, le Frodebu, le Cndd et le Frodebu Nyakuri, en collaboration avec quelques ténors du Cndd-Fdd dernièrement exclus ou suspendus de ce parti, appellent tous les citoyens opposés au troisième mandat du président Pierre Nkurunziza à manifester ce mercredi 15 avril 2015.

«Il faut défendre la démocratie, il faut s’opposer contre ce coup de force », appelle l’ancien porte-parole du Cndd-Fdd, Onésime Nduwimana, exclu de ce parti.

Selon Léonce Ngendakumana, le président du parti Sahwanya Frodebu, en même temps président de l’ADC-Ikibiri, cela ne fait plus l’ombre d’un doute, le chef de l’Etat brigue un troisième mandat.

Leonce-Ngendakumana

Ces partis appellent les Forces de l’ordre à être neutres et à protéger les manifestants.

L’ex-président Pierre Buyoya, considéré comme le principal artisan burundais des accords de paix qui avaient ouvert la voie à la fin de la longue guerre civile du pays en 2006, a mis en garde vendredi contre un troisième mandat du chef de l’Etat actuel Pierre Nkurunziza.

Le major Buyoya, un militaire tutsi qui est arrivé deux fois au pouvoir par un coup d’Etat mais qui a toujours passé la main de son plein gré, les deux fois à des Hutu, estime que les accords d’Arusha, signés en 2000, sont clairs sur la question:

« Nul ne peut exercer plus de deux mandats présidentiels », a-t-il martelé devant la presse, estimant que la Constitution ne le permettait pas. « Pour moi il n’y a pas de débat et je ne suis pas le seul à l’avoir dit et répété ».

Le Burundi organise des élections générales sous tension en mai (législatives et communales) et juin (présidentielle).

Les débats se focalisent sur la question d’un éventuel troisième mandat de Pierre Nkurunziza, au pouvoir depuis 2005.

Les opposants au troisième mandat le jugent inconstitutionnel et contraire aux accords d’Arusha. Le camp présidentiel estime le contraire.

« On est à un tournant », a ajouté M. Buyoya. « Si on prend le bon tournant, ce sera pour longtemps ». En revanche si Pierre Nkurunziza brigue un troisième mandat, « personne ne sait (ce qui va se passer), ça sera un saut dans l’inconnu direct ».

Société civile et médias avaient appelé à plusieurs reprises le major Buyoya, très réservé sur les questions de politique intérieure malgré son siège de sénateur à vie en tant qu’ancien chef de l’état, à donner son avis sur la question du troisième mandat.

Pierre Nkurunziza fait l’objet de pressions croissantes pour renoncer.

L’opposition, une grande partie de la société civile et des médias, mais aussi la très influente église catholique ont ouvertement pris position contre une nouvelle candidature. Pierre Nkurunziza fait aussi face à une fronde croissante au sein de son propre parti le Cndd-FDD.

Mais le chef de l’Etat est également sous pression internationale, notamment de la part de l’Union européennes, des Etats-Unis et de l’Union africaine.

L’histoire récente du Burundi est marquée par des massacres interethniques et une longue guerre civile (1993-2006) dont le petit pays d’Afrique des Grands Lacs se remet à peine. L’approche des élections fait craindre aux observateurs de nouvelles violences à grande échelle.

Nzigamasabo Leonidas, pour Info Afrique en direct du Burundi