4 milliards pour stocker les énergies renouvelables

  • Le Groupe de la Banque mondiale lance un programme pionnier d’un milliard de dollars afin d’accélérer les investissements dans le stockage de l’électricité sur batterie. L’objectif est de soutenir le déploiement à un coût abordable de cette technologie dans les pays à revenu intermédiaire et en développement, et accompagner ainsi la croissance de certaines des économies les plus dynamiques du monde.
  • Les énergies éolienne et solaire pourront être exploitées à plus grande échelle grâce à la possibilité de stocker l’électricité puis de la restituer en temps utile.
  • Le programme, qui devrait mobiliser quatre milliards de dollars supplémentaires, contribuera à propulser les pays vers une nouvelle ère technologique et à améliorer leur sécurité énergétique et la stabilité de leurs réseaux électriques, tout en appuyant les efforts de la communauté internationale en faveur de la transition vers des énergies propres.

Le système énergétique mondial subit une transformation majeure. Le coût attractif de l’éolien et du solaire et les dernières innovations en la matière, du solaire flottant aux toits photovoltaïques, constituent pour de nombreux pays une offre convaincante, qui a le mérite en outre de contribuer aux efforts mondiaux de lutte contre le changement climatique.

En 2016, les sources d’énergie renouvelable ont représenté près des deux tiers des nouvelles capacités électriques installées dans le monde (a), frisant les 165 gigawatts. Et les prévisions tablent sur une capacité supplémentaire de 920 GW sur la période 2017-2022.

Si l’adoption des énergies solaire et éolienne progresse, il n’existe guère de solution largement répandue pour stocker l’électricité produite et la restituer en temps utile. Le stockage de l’électricité, sur batterie notamment, permettrait de lever cet obstacle.

Ces technologies coûtent cher et leur application à une échelle industrielle demeure très limitée. Le manque de financements est particulièrement criant dans les pays en développement, où le potentiel éolien et solaire est pourtant important, où la demande en énergie va croissant et où de larges pans de la population sont privés d’une source d’électricité fiable et abordable.

C’est pour remédier à ce manque que le Groupe de la Banque mondiale a mis en place le « Programme d’accélération du stockage de l’électricité sur batterie au service du développement ». Cette initiative sans précédent aidera les pays en développement et à revenu intermédiaire à exploiter davantage les énergies renouvelables, accroître la stabilité des réseaux et passer directement aux technologies énergétiques du futur.

Le Groupe de la Banque mondiale s’engage à investir un milliard de dollars dans ce programme, comme l’a annoncé son président Jim Yong Kim, lors du One Planet Summit à New York. Il ambitionne de lever un milliard de dollars sous la forme de financements concessionnels pour l’action climatique des Fonds d’investissement climatique, par le biais notamment de structures telles que le Fonds pour les technologies propres (FCT), et de mobiliser au moins trois milliards de dollars supplémentaires auprès des secteurs public et privé. L’objectif est de financer 17,5 gigawattheures de capacités de stockage d’ici 2025, ce qui viendrait tripler les 4-5 GWh actuellement disponibles dans l’ensemble des pays en développement.

« Alors que les prix des énergies solaire et éolienne atteignent à l’heure actuelle des niveaux historiquement bas, les pays veulent exploiter ces technologies aussi largement que possible pour répondre à leurs besoins énergétiques. Cependant, pour tirer pleinement parti de ces énergies, nous avons besoin d’un stockage sur batterie massif et à un coût abordable. Notre objectif est de créer de nouveaux marchés qui permettront de réduire les coûts et de faire de ces accumulateurs électriques une solution de stockage viable dans les pays en développement. »

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Riccardo Puliti
directeur principal du pôle Énergie et industries extractives à la Banque mondiale

La Banque mondiale, qui a déjà pris les devants pour relever ce défi, a financé à ce jour plus de 15 % de la capacité de stockage sur batterie déjà opérationnelle ou en cours d’installation dans les pays en développement. Ces opérations comprennent notamment un projet solaire en Haïti, une centrale solaire pour les situations d’urgence en Gambie, sans oublier le développement de nombreux mini-réseaux dans le monde.

Au cours des dernières années, la Banque a également travaillé avec d’autres pays pour soutenir le déploiement de batteries couplées à une production d’électricité d’origine solaire et éolienne, et des projets sont en préparation en Afrique, en Asie du Sud, en Amérique latine, dans les Caraïbes et le Pacifique.

Avec son nouveau programme, le Groupe de la Banque mondiale s’attachera à appuyer des investissements dans des projets d’énergie renouvelable (centrales solaires hybrides, mini-réseaux) qui permettront de réduire le coût et les risques associés aux composants entrant dans les installations de stockage de l’électricité sur batterie.

Mais le programme a aussi pour objectif d’accompagner l’élaboration des politiques nécessaires à l’intégration de ces installations et à l’instauration de modalités de passation des marchés publics qui favorisent les technologies respectueuses de l’environnement et les programmes de recyclage.

Enfin, il donnera lieu à la constitution d’un groupe de réflexion mondial dédié au stockage de l’électricité sur batterie. Celui-ci regroupera des laboratoires nationaux, des instituts de recherche, des organismes de développement et des organisations philanthropiques dans le but de favoriser la coopération technologique internationale nécessaire pour promouvoir et adapter de nouvelles solutions de stockage aux besoins et au contexte des pays en développement.

Thierry BARBAUT
Thierry Barbaut - Directeur des financements solidaires chez 42 www.42.fr - Spécialiste en nouvelles technologies et numérique. Montage de programmes et de projets à impact ou les technologies et l'innovation agissent en levier : santé, éducation, agriculture, énergie, eau, entrepreneuriat, villes durables et protection de l'environnement.