3000 personnes souffrent de bégaiement au Cameroun, dit un orthophoniste

Président fondateur de l’Association Voix parole bégaiement du Cameroun(Avopabec), Dr Soh organise des campagnes de sensibilisation dans les écoles et centres de santé, oriente les patients vers les spécialistes, mène des recherches, forme depuis 2000 pour réduire les effets néfastes du bégaiement au Cameroun.

 

Mais, la tache n’est pas facile étant donné que les pouvoirs publics même ne s’y intéressent pas encore.
En attendant, l’Avopabec, partenaire de plusieurs organisations internationales, cible la journée mondiale du bégaiement pour se faire entendre et attirer l’attention sur la maladie.

Ce 22 octobre encore, cet ancien bègue et son équipe ne vont pas rater l’occasion d’expliquer le bien fondé du thème de cette 15eme commémoration « une voix et des choses à dire ».
Nous l’avons rencontré, il parle…sans bégayer.

Docteur, C’est quoi le bégaiement?

Le bégaiement est l’incapacité des organes phonatoires d’accomplir leur fonction normale pendant l’acte verbal, de pouvoir articuler un son. Une perturbation parfois du rythme de la parole qui peut s’accentuer par des répétitions, des interruptions, des interjections et même des rejets.

Quelle est la forme de bégaiement la plus compliquée?

C’est un bégaiement avec troubles associés. En fait, le bégaiement est classé en quatre groupes. Il y a le bégaiement léger qui n’empêche pas une communication mais s’accompagne de répétitions et des hésitations. Ensuite, le moyen avec des répétitions avancées et des perturbations à l’affluence normale. Le bégaiement profond empêche parfois toute communication. Enfin, le bégaiement sévère empêche non seulement toute communication mais il s’accompagne de troubles associés. Pour parler, la personne est obligée parfois de fermer les yeux, de taper les pieds par terre ; selon les études, le bégaiement touche trois sujets masculins pour un féminin.

Quel est l’état du bégaiement au Cameroun ?

Au Cameroun, nous avons recensé plus de trois mille personnes souffrent de bégaiement. Ici, la forme la plus courante est le bégaiement moyen. Depuis que nous sensibilisons, les gens se rendent compte de leur situation.

Quelles sont les difficultés à l’accès aux soins pour les couches défavorisées ?

Les difficultés se situent à trois niveaux. Il y en a qui ne savent pas ce que s’est que le bégaiement, ceux qui ne savent pas qu’il y a un traitement contre le bégaiement et considèrent la maladie comme une fatalité ;  Il y a la classe moyenne qui comprend et court vers le traitement ; mais comme le traitement varie d’un patient à un autre, certains commencent et abandonnent le traitement à cause notamment de la durée. Ceux qui sont membres de l’association ont la possibilité de payer la moitié de la facture. Il faut de la volonté pour atteindre les objectifs de traitement. La classe aisée prise en charge par des bons et autres assurances vont au bout du traitement. Les parents sont conscients que c’est un handicap à l’épanouissement des enfants. Notre souhait est que d’ici à 2035, qu’aucun camerounais ne souffre de troubles de langage.

  Propos recueillis par El Christian